Chapitre 68 : N E W - Y O R K

En sortant de chez mon père, je me sentais comme après un moment charnière, ce genre de moments que l'on sait importants avant même de les avoir vécu. Une page venait de se tourner, et ce bien plus délicatement que ce que je l'aurais cru, sans se déchirer ou même se froisser, s'effriter. Et quand je respirais, c'était comme si mes poumons se remplissaient d'air pour le première fois, comme si tout était devenu indéniablement plus simple. Andrea et moi sommes rentrés chez ses grand-parents et avons tout de suite préparé notre valise pour aller chez son frère, dans quelques jours. Et ce voyage me paraissait beaucoup moins effrayant à présent, je me sentais prêt à épauler Andrea pendant celui-ci, comme il l'a fait pour moi avec mon père.

Nous prenons l'avion cet après-midi et Andrea en est tout excité. Il adore l'avion. Moi, ça me fait flipper. Son papy nous a proposé de nous déposer à l'aéroport en temps voulu. Soit quelques heures qui passent rapidement, nous laissant juste le temps de manger un plat de lasagnes préparé par Andrea. Selon lui, c'est la recette de son ami Kayssi et c'est aussi la meilleure qu'il n'ait jamais gouté. Il a raison, elles ne sont vraiment pas mauvaises.

Arrivées à l'aéroport, Andrea et moi allons faire enregistrer notre unique valise puis empruntons le couloir qui mène à la porte d'embarquement trois. On s'assoit, sur les chaises inconfortables en métal froid qui remplissent la salle, et Andrea pose sa tête sur mes genoux.

« Ça ne te dérange pas si je dors un peu ? On va avoir pas mal d'attente. »

« Non, vas-y. »

Je passe une main dans ses cheveux châtains et il ronronne presque de plaisir en fermant les yeux. Parfois il m'arrive d'oublier à quel point il peut se montrer adorable, et d'en être pris totalement au dépourvu. Je continue mes petits mouvements sur son cuir chevelu et demande :

« Combien de temps dure le vol ? »

« 11h. »

« Autant ? Alors on va passer la nuit dans l'avion ? Et il y a des toilettes ? »

« Oui. »

« Oui à quoi ? »

« A tout. »

« Et si il y a des turbulences ? »

Il lève son regard vers moi en riant.

« Tu as peur ? Les grosses turbulences sont rares, ne t'en fait pas. Et puis si tu as peur, je te tiendrais la main. »

Je dépose un baiser sur sa joue.

Quelques temps plus tard, alors que la nuit commence à tomber, la voix mécanique de l'hôtesse annonce que notre vol vient d'arriver.

Je réveille doucement Andrea en le secouant par l'épaule et je l'aide à se relever.

« C'est l'heure. »

Il acquiesce en baillant et nous avançons vers le couloir des embarquements. Nous traversons une sorte de d'accordéon qui débouche directement contre la porte de l'avion. Andrea entre le premier et montre les tiquets à l'hôtesse de l'air qui nous indique l'emplacement de nos sièges. On est juste derrière les ailes, et Andrea me laisse la place près du hublot. Quelques minutes plus tard, après les consignes de sécurité qui ressemblent plus à une énumération sans fin de toutes les pannes et problèmes que l'on est susceptibles de rencontrer, l'avion se met à doucement rouler sur le tarmacadam pour rejoindre la piste de décollage. Il prend peu à peu de la vitesse et je dois dire que je ne suis pas trop en confiance, puis il commence à s'incliner, et décolle du sol. Je regarde par la petite fenêtre ronde notre ville et ses lumières s'éloigner, et je ressens comme une petite euphorie en moi. C'est la première fois que je vais voyager, que je quitte la France, et j'ai l'impression d'être un enfant la veille de Noël. Et quelque part, ça fait du bien.

Le voyage ne me parait finalement pas si long que ce que j'aurais pu l'imaginer, en réalité, j'ai dormi pendant presque tout le vol, une fois qu'Andrea m'ait assuré que l'on n'allait pas se crasher et mourir à cause d'éventuelles turbulences.

Je relève le petit volet du hublot et remarque que le ciel est teinté de rose, d'orange et d'un peu de grenat et je retire tout ce que j'ai pu dire sur les coucher de soleil, les gens ont raison, ce sont des moments magiques emplis d'une beauté brute comme l'on en trouve plus. Parmis les nuages, je vois percer la statue de la liberté, et j'en ai le souffle coupé. Ça y est. Nous y sommes. Je me tourne vers Andrea qui se réveille seulement, sûrement à cause des rays de lumière qui passent par le hublot et viennent lui chatouiller timidement le nez. Je regarde les ombres portées que créent ses cils sur ses jolies joues rebondies, tels des éventails ajourés et sublimes. Une annonce au microphone faite par une hôtesse nous apprends que nous allons atterrir dans moins d'une demi-heure.

Andrea se redresse sur son siège et m'interroge :

« Bien dormi ? »

« Pas tant que cela, mon dos me fait souffrir et j'ai un torticolis... »

« Désolé, c'est un peu de ma faute, j'ai pas remarqué que je m'étais complètement affalé sur toi. Si tu veux, une fois arrivé, je te ferais un massage. »

« Hum, j'en rêve déjà. » soupiré-je en étendant les bars pour faire craquer les os de mon dos endolorit.

Au bout que quelque temps, l'avion commence doucement sa descente, et instinctivement, j'attrape la main d'Andrea dans la mienne. Il me sourit adorablement tout en portant mes doigts à ses lèvres.

« Tu penses à quoi ? »

« A ce que je vais bien pouvoir acheter à ton frère. Je sais que je suis loin d'être irréprochable en matière de bonne éducation, mais venir les mains vides alors qu'il nous accueille ne serait pas un peu... Mauvais genre ? Déjà que ta mère me prend pour un délinquant. »

« Ma mère ne sera pas là. » Appuye-t-il comme pour s'en convaincre lui-même. « Et puis tu sais, la dernière fois que mon frère m'a invité chez lui, figures-toi qu'il habitait chez Kayssi, alors techniquement, si c'est toujours le cas, il ne nous accueille pas réellement. Mais si tu veux absolument amener un truc, on pourra toujours passer au marcher de Noël et prendre un petite babiole, tu sais mon frère est un grand enfant, un simple jouet ou une décoration ridicule lui fera plaisir. Ou si tu veux faire dans le plus classique, des chocolats ou du nougat sera parfait. »

Nous descendons de l'avion et, après de multiples contrôles de nos passeports, et autres barrages de sécurité, Andrea et moi récupérons notre valise sur le tapis roulant et nous quittons l'aéroport New-yorkais.

Immédiatement, je suis souffle par la beauté, mais surtout la grandeur de la ville. Elle est immense ! Moi qui n'ai jamais même visité la capitale de mon propre pays, me voila catapulté au cœur d'une des plus grandes villes du monde.

Le vent est insupportable, propulsé entre les grands édifices et soulevant les maigres flocons mélangés à un peu de pluie et nous les renvoyant en plein visage. En à peine quelques secondes, je me retrouve transi de froid, jusqu'aux os.

« Bienvenue à New-York ! » Rit Andrea qui m'avait pourtant prévenu de m'habiller plus chaudement. « Bon aller, viens, on va aller prendre un café, ton premier café new-yorkais, on va chez Starbucks. »

Il me tire entre les rues immenses bordées de buildings entièrement vitrés et s'arrête devant la célèbre enseigne verte foncée. Il commande pour nous deux et revient avec deux gobelets marqués de nos noms respectifs, et je ne peux m'empêcher, aussi cliché que cela soit, de les prendre en photo, côte à côte. Andrea sourit et gait fait comme s'il n'avait rien vu, en prenant une cuillerée de la chantilly de sa boisson, et finalement, ce Noël ne sera peut-être pas si désastreux que ce que je me l'imaginais, peut-être même qu'il pourrait avoir un dénouement heureux, qui sait. D'ailleurs, quelque chose me revient à l'esprit.

« Andrea, je viens de penser à un truc. Tu ne m'avais pas dit que tu habitait dans l'west ? Or si je ne suis pas trop une brèle en géographie, on est sur la côte Est. »

« Ouais, je sais, il n'y avait pas de vol direct jusque chez moi, alors on reprend l'avion demain, dans la journée. Et ce soir, on dort à l'hôtel. »

« Non, sérieusement ? A l'hôtel ? Alors c'est quoi, un parfait conte de fée, ou une caméra cachée pour un téléfilm de Noël cul-cul la praline ? »

« Même pas. Mais c'est vrai que cela se pourrait. » S'esclaffe Andrea. « Mais ne te fait pas trop d'idées, je n'ai rien du riche hériter, et comme tu n'es pas une princesse, c'est dans un hôtel F1 qu'on dort ce soir. »

« C'est déjà bien assez. »

Je lui embrasse la tempe et le remercie doucement. Personne n'en a jamais fait autant pour moi que lui, et j'espère que c'est en quelque sorte réciproque, au moins un tout petit peu.

_

Je sais, jai pris beaucoup trop de retard, et on est plus du tout dans la saison, cest un peu nul de poster cela maintenant, mais bon, j'espère que vous aimerez quand même ♡

Avec amour et dévotion,

Paradoxalementparadoxale.

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