chapitre 18
— Tu m'inquiètes beaucoup, murmura Tom. Si je n'avais pas eu cet antidote, tu ne te serais sans doute jamais réveillée, Eden. Tu serais morte.
— Est-ce que ça aurait été si terrible ? répondit Eden, le regard fuyant. Écoute, je te promets que je n'ai pas essayé de me suicider, je dis simplement que si j'en étais morte, ça n'aurait pas été si grave.
Tom la dévisagea, un flot d'émotions traversa son regard si souvent froid. Comment pouvait-elle dire cela ? L'idée qu'elle se fichait de mourir ou de vivre le mit en colère. Eden se mordit la lèvre et osa affronter son regard.
— Merci, dit-elle.
Sa rage se minimisa envers elle mais pas envers Mattheo. Peu lui importait que Cormac lui avait donné la potion de trop, c'était son petit frère qui l'avait initié à cette drogue. Le jeune homme leva la main et passa son pouce sur la joue d'Eden, un toucher léger qui, pourtant, la rassura. Voyant les yeux inquiets de Tom, elle regretta sa bêtise, il ne méritait pas de s'en faire pour elle. La rouquine se leva sur des jambes tremblantes et se réfugiea dans les bras du jeune professeur.
— Je suis désolée, pour tout. Pour avoir été distante, pour avoir tout gâché. Je suis désolée de ne pas être assez.
Eden se sentait las, elle savait que son but premier était de trouver le moyen de détruire Voldemort mais tout ce qu'elle souhaitait en cet instant, c'était de rester dans l'étreinte de Tom. Elle sentait qu'elle n'avait plus besoin de faire semblant. Il avait une emprise sur elle dont elle n'avait pas consicience au départ mais dont elle se rendait compte désormais.
Était-ce cela, de vraiment appartenir à quelqu'un ?
— Tu es assez bien, murmura Tom. Tu ...
Il se tut, troublé par les mots qui voulaient franchir ses lèvres. Des mots qu'il n'avait jamais prononcé mais qui voulaient désormais jaillir pour réconforter Eden.
— Je suis inquiet parce que tu perds pied, dit-il. Je te vois te faner devant mes yeux et je ... Cette vision est terrible, terrifiante. Je ne peux pas te promettre de tout arranger, de guérir tes maux mais je veux être là pour toi mais si tu continues à m'éviter, je ne pourrais pas.
Sa gorge se noua et il fronça les sourcils. Ce n'était pas de dire ces mots à voix haute qui le troublait, c'était le fait qu'il pensait chacun d'eux. Eden enfouit son visage dans la chemise du jeune homme et retint ses larmes. Il la voyait. Il la voyait comme personne ne l'avait jamais vu. Tom avait vu ses cicatrices, il les avait touchées du bout des doigts, sans jugement. Il l'avait serré contre lui et rassuré et par dessus tout, elle avait l'impression d'exister.
Elle n'était pas un poids, pas une ombre, non, elle était quelqu'un.
Tom resserra son étreinte et enfouit son visage dans la chevelure rousse d'Eden. Il inspira son parfum envoûtant et un frisson remonta le long de son échine. Une minute passa puis une autre mais aucun des deux ne recula.
— Reste, murmura Tom.
Il prit son visage entre ses paumes rugueuses et redressa la tête seulement pour l'embrasser. D'abord, ses lèvres touchèrent les siennes doucement mais le baiser devint plus urgent. Eden poussa un gémissement trop longtemps contenu, comme si cet échange était tout ce qu'elle avait toujours attendu. Elle agrippa la chemise de Tom, se pressant contre lui comme si elle voulait fusionner avec lui.
Les mains du jeune homme se perdirent dans les mèches d'Eden, les serrant passionnément. Il était attiré par elle d'une manière qu'il refusait de reconnaître. Il essaya de se convaincre que ce n'était qu'un moyen stratégique et alors qu'elle aurait dû penser la même chose, Eden s'abandonna totalement. Elle l'embrassa d'une manière désespérée, leurs langues s'enroulant dans une danse ardente.
Toute pensée ratonnelle quitta Tom. Il s'accrocha à la jeune fille, dévorant sa bouche comme un affamé puis, lorsqu'il dut reprendre son souffle, il recula, haletant et posa son front contre le sien.
— Reste avec moi, cette nuit, souffla-t-il. Je veux que tu sois là, je déteste quand tu m'ignores, j'ai l'impression de devenir fou.
Ces mots aurait pu venir d'un roman d'amour et cette pensée lui brûla la gorge. Il ne voulait pas s'affaiblir mais Eden était tout. Elle était le feu, la glace, le vent et la pluie. Elle était la mer furieuse et le soleil réconfortant. Tout le monde la convoitait, chacun pour des raisons différentes mais peu importait, on la voulait. Eden enroula un doigt autour de la cravate de Tom.
— D'accord, chuchota-t-elle. Je n'aurais pas dû être distante, tu m'as manqué. Je ...
Eden releva la tête, ses grands yeux cherchant les siens. Tom avait les lèvres gonflées et le cœur de la jeune fille s'emballa.
— Je t'appartiens, dit-elle. je suis à toi, Tom. J'aime être à toi.
Eden attrapa la main de Tom et y déposa un baiser sur ses doigts, puis sa paume. Lentement, sans le quitter des yeux, elle remonta ses lèvres le long de son poignet et repoussa sa manche. La marque des ténèbres ondulait doucement mais ça n'empêcha pas la jeune fille de l'embrasser. Elle fit courir sa bouche sur la peau du jeune professeur, sur sa main et vint mordiller un de ses doigts. Tom déglutit, serrant la mâchoire tandis qu'un feu rugissant parcourait son corps.
— Je suis tout à toi, dit-elle une nouvelle fois.
— Le jour où tu seras à moi, Eden, totalement à moi, je jure devant Merlin que tu ne pourras pas sortir de ma chambre pendant des jours.
La voix rauque de Tom provoqua une avalanche de frisson dans le bas ventre d'Eden. Elle n'était pas prête à s'offrir à lui mais ça ne l'empêchait pas de ressentir son désir.
— Je n'aime pas sortir, de toute façon, murmura-t-elle.
Tom prit sa main et la guida dans ses appartements. Ils étaient à côté de sa salle de classe, ce qui facilitait les choses. Eden entra dans la chambre et observa la pièce qu'elle n'avait pas pris le temps d'examiner les fois où elle y était venue. Tout était austère, du moins, le peu qu'il y avait. Le lit était dans un coin, entouré de rideaux qui donnait un côté victorien. Un bureau en bois massif, une armoire et c'était tout. Il n'y avait ni photos, ni couleurs, rien qui puisse trahir que quelqu'un vivait ici.
Eden fit quelques pas et s'approcha du bureau. Son regard fût attiré par un livre et, curieuse, elle le saisit et tourna quelques pages. Elle haussa les sourcils, surprise par le genre de romans qu'il lisait. Un sourire étira ses lèvres pleines. Elle aimait découvrir ces petits détails qui le rendait plus humain, des facettes qu'il cachait au reste du monde car, elle était certaine que Voldemort n'était pas au courant que son fils lisait des auteurs moldus. La rouquine effleura la couverture du doigt.
— «Vous m'apprenez maintenant combien vous avez été cruelle... cruelle et fausse. Pourquoi m'avez-vous méprisé ? Pourquoi avez-vous trahi votre cœur, Catherine ? Je ne puis vous adresser un mot de consolation. Vous avez mérité votre sort. Vous vous êtes tuée vous-même. Oui, vous pouvez m'embrasser, pleurer, m'arracher des baisers et des pleurs ; ils vous dessécheront, ils vous damneront. Vous m'aimiez... quel droit aviez-vous alors de me sacrifier? Alors que ni la misère, ni la dégradation, ni la mort, ni rien de ce que Dieu ou Satan pourrait nous infliger ne nous eût séparés, vous, de votre plein gré, vous l'avez fait. Je ne vous ai pas brisé le cœur, c'est vous-même qui l'avez brisé ; et en le brisant vous avez brisé le mien», récita Eden.
Ces mots ne faisaient pas encore écho en elle mais Eden avait devant elle, les prémices de leur propre avenir. Tom sourit et approcha, l'enlaçant par derrière. Il embrassa sa nuque, y laissant une trace humide.
— Je croyais que tu n'aimais pas les histoires d'amour, dit-elle.
— C'est le cas, répondit Tom en embrassant une seconde fois sa peau. Mais j'aime les mots et la poésie. Ce que tu viens de réciter et mon passage préféré.
— Le mien aussi, avoua Eden.
— Je croyais que tu n'aimais pas les histoires d'amour ? souffla Tom.
— Non, mais j'aime les mots et la poésie, sourit-t-elle en écho au jeune homme. Cette histoire ... Je l'ai lu tellement de fois que les pages se sont déchirées. J'ai toujours rêvé de trouver l'édition originale.
Eden se rembruni, tous ces classiques avaient été réduit en cendres dans l'incendie, la privant de sa passion.
— Je la trouverait pour toi, promit-il.
En voyant les yeux d'Eden se mettre à briller, Tom su qu'il venait de prononcer des mots qui signifiaient tout pour elle.
— Tu n'es pas obligé, dit-elle.
Pourtant, ses iris trahissaient une lueur d'espoir qui n'échappa pas à Tom. Il sourit doucement et se pencha pour ne plus être qu'à quelques centimètres de son visage,
— Je trouverai l'original, répéta-t-il.
Il prit le visage d'Eden et l'embrassa. Elle était comme un fruit défendu et plus il se rapprochait d'elle, plus il sentait qu'elle devenait sa faiblesse autant que son obsession et ça le terrifiait au point que la peur lui broyait les entrailles.
— C'est encore plus beau quand c'est toi qui le lis, reprit-il.
Les mots venaient naturellement, le troublant. Il embrassa de nouveau Eden puis, quand elle se mis à lire à voix haute, la réalité frappa Tom aussi brutalement qu'un coup de poignard en plein cœur.
Elle n'était pas simplement un pion.
Elle n'était pas juste une élève.
Eden était Eden.
Unique,
Irremplaçable et surtout ...
Sa Eden.
Il se sentit alors faiblir, comme si c'était possible de le ressentir physiquement. Tom devait affronter cette réalité déconcertante, quitte à tout remettre en question, à se perdre pour chercher qui il était sans Voldemort, sans ce qui lui avait été inculqué. Il observa Eden lire et su qu'il avait fait exactement ce qu'il avait reproché à Mattheo.
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