𝐈𝐗 | 𝐅𝐚𝐭𝐡𝐞𝐫𝐬

Cr. artist : Lemsyeming


Convaincre Jungkook de patienter jusqu'à l'aube avait été une épreuve ardue pour Namjoon.

Catastrophé, déterminé et fébrile, Jungkook avait brûlé de percer le mystère de la présence du portrait de cet homme dans cette école, et dont la ressemblance avec lui-même était si déconcertante.

À maintes reprises, Namjoon avait dû user de force pour le retenir, l'empêchant ainsi de se ruer vers les appartements du doyen à cette heure de la nuit. Finalement, las, mais résolu, il s'était cloîtré avec Jungkook dans sa chambre, veillant sans relâche, l'esprit en alerte, redoutant qu'il lui échappe dans la pénombre.

À peine l'aube teignait-elle le ciel de ses premières lueurs rosées que Namjoon comprit qu'il ne pouvait plus le retenir. Résigné, il déposa les armes et accompagna Jungkook vers le bureau du doyen Jeong Yakyong.

Là, ils sollicitèrent une audience auprès du secrétaire du vieil homme, qui, d'un ton sec, les éconduisit, évoquant des affaires d'une importance supérieure à traiter.

Les voix s'élevèrent et résonnèrent à travers les murs, attirant l'attention de Jeong qui ouvrit sa porte, intrigué.

« Jeon Jungkook, serait-ce ta voix que j'entends s'élever sur mon seuil ? On croirait qu'une armée entière campe devant ma porte ! s'exclama-t-il, surpris.

— Jeong-nim, je suis profondément désolé. Ces deux insolents... commença le secrétaire, mais le doyen le fit taire d'un geste.

— La situation doit être assez sérieuse pour te tirer du lit si tôt, n'est-ce pas, Jeon ?

— C'est peu de le dire, répondit Jungkook d'un ton défiant, les bras croisés et le regard féroce. Vous vous souvenez lorsque vous êtes venu me chercher chez moi pour m'emmener dans cette école ?

— En effet, dit le doyen, un sourcil levé avec amusement.

— À l'époque, vous m'aviez fait une promesse. Il est maintenant temps de l'honorer. »

Frappé de stupeur, Namjoon ouvrit de grands yeux devant une telle audace. Que Jungkook soit impertinent avec le doyen, il le savait, mais le voir...

« Surveille ton langage, misérable voyou ! s'écria le secrétaire.

— Ça suffit, Kang, vous pouvez nous laisser.

— Mais...

— Ne vous inquiétez pas, répondit le doyen en ouvrant sa porte plus largement. Ce jeune homme et moi avons une discussion de la plus haute importance à mener. »

Confus et débordant d'excuses, l'homme se retira discrètement. D'un geste invitant, Jeong fit signe à Jungkook d'entrer dans son bureau qui obéit tout en maugréant quelques mots inaudibles, encore irrité par le secrétaire.

Namjoon resta figé dans le couloir, incertain. La porte restait ouverte, mais une hésitation le clouait sur place. Était-il approprié de s'immiscer dans une affaire aussi intime, touchant de près Jungkook ?

Il brûlait pourtant d'assister aux révélations imminentes.

Au même instant, Jungkook se retourna et lui lança un regard interrogateur.

« Namjoon ? Viens, l'appela-t-il d'un ton plus doux.

— Tu es sûr ? hésita-t-il. C'est personnel.

— Oui, ça me rassure de savoir que tu es là. »

Namjoon dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas esquisser un large sourire idiot. Pourtant, face à l'éclat amusé des yeux de Jungkook, il comprit que sa transparence était démasquée. Il toussota, cherchant à fuir ce regard, mais ses lèvres rebelles gardaient un pli légèrement souriant qu'il ne pouvait contenir.

« Kim, ne reste pas ainsi figé devant ma porte. Entre, mon garçon », lui intima aimablement Jeong.

Il obéit et fit doucement coulisser la porte derrière lui. Déjà installé à son bureau, le doyen les attendait.

La pièce était baignée par la lumière douce de l'aube qui se frayait un chemin à travers les fenêtres de papier de riz. Les murs de bois sombre et poli étaient ornés de calligraphies confucéennes et de peintures de paysages, symboles de sagesse et de sérénité.

Au centre trônait un bureau en bois de pin, large et impeccablement ordonné. Sur sa surface reposaient des rouleaux de parchemin, des pinceaux et un encrier en pierre d'argile. Aux coins, des livres reliés en soie témoignaient de l'érudition et des responsabilités administratives du directeur. Une lanterne en papier finement décorée pendait au-dessus du bureau, inondant l'espace d'une lueur chaleureuse et apaisante.

Derrière le meuble, une grande étagère en bois abritait une multitude de textes confucéens, de registres administratifs et de documents officiels, soigneusement organisés. Un paravent en bois gravé de motifs complexes représentant des scènes naturelles et des philosophes en méditation séparait l'espace de travail du reste de la pièce, procurant une intimité feutrée.

Près du mur opposé, un tapis en bambou était étendu, accompagné de quelques coussins pour les invités. C'est là que Jungkook et Namjoon se tenaient, leurs regards fixés avec une attention respectueuse sur le directeur Jeong.

Du moins pour Namjoon ; Jungkook fusillait presque le doyen du regard.

Les doigts entrelacés, Jeong les scrutait de son regard perçant, tel un aigle veillant sur son territoire.

« Je t'écoute, Jungkook », dit-il d'un ton encourageant.

Jungkook ne se fit pas prier sous le regard curieux et bienveillant de Namjoon.

« Il y a le portrait de mon père au temple. Pourquoi ? »

Namjoon fronça les sourcils, prêt à lui reprocher son insolence. Mais il ne pouvait nier que cette audace contribuait à son charme. Il réprima un sourire, écoutant son cœur qui s'emballait sous l'emprise de cette facette indomptable.

Alors que face à lui, il était si obéiss...

« Mon jeune ami, tu n'y vas pas par quatre chemins », dit-il, un brin amusé.

La réalité frappa Namjoon qui se fustigea silencieusement, embarrassé.

« Je veux une réponse franche et concise, daesaseong*. Rappelez-vous, vous me l'avez promis. »

Jeong ferma brièvement les yeux, laissant une brume éphémère envelopper ses pensées. Lorsqu'il les rouvrit, son regard se perdit dans un lointain teinté de mystère et de nostalgie.

« La première fois que je t'ai vu, tu avais de la boue jusqu'aux genoux et tes vêtements étaient en lambeaux. Tu venais de te défendre contre une bande d'insolents qui se moquaient de la pauvreté de ta famille sans savoir de qui tu es le fils. Pourtant, un seul regard m'a suffi pour te reconnaître. Même si tu n'avais que sept ans, la ressemblance était indéniable.

— Alors, vous étiez déjà venu avant mes quinze ans, constata Jungkook, le regard vide. Vous confirmez que le portrait est vraiment...

— Jeon Dongwon, confirma le doyen en l'interrompant. Oui, c'était ton père. »

Lorsque le nom de son père résonna à ses oreilles, Jungkook sentit son cœur s'emballer comme un oiseau affolé. C'était la première fois qu'il entendait ce nom depuis si longtemps. Une vague émotive le submergea.

Une vague glaciale parcourut son dos, s'insinuant sous sa peau comme une brise d'hiver. Tout à coup, le passé flou s'éveilla en lui, troublant ses pensées et bouleversant son âme.

La tête baissée et les poings fermés sur ses genoux, il luttait contre les émotions vives et complexes qui l'envahissaient sans répit. La colère, l'incompréhension, la peur, le désir de savoir. Il inspira profondément, sentant le regard inquiet de Namjoon glisser sur son profil, puis redressa la tête. Le doyen perçut sans peine le soupçon de détresse qui marquait le visage de Jungkook, mais il n'en laissa rien paraître.

Pourtant, en son for intérieur, son cœur se fissurait pour cet enfant que Dongwon lui avait confié d'une certaine manière, juste avant de disparaître.

« Vous avez parlé de lui au passé... dit-il d'une petite voix hésitante, son esprit focalisé sur le mot était. Pourquoi ? »

Jungkook déglutit. Il ne savait pas s'il voulait entendre la réponse. Son âme lui semblait glacée, trahissant une angoisse qu'il ne pouvait plus ignorer. Voulait-il vraiment entendre la réponse ? Des années durant, il s'était résigné à croire que son père les avait abandonnés de son plein gré, lui et sa mère...

« Il est mort. »

Il se figea, l'air soudain trop lourd à respirer. Son cœur d'ordinaire si vaillant, semblait s'être tu.

Le Jungkook assuré qui avait franchi le seuil de ce bureau n'était plus.

Devant le poids de la vérité, il n'était désormais qu'un enfant égaré, orphelin de son père, arpentant les sentiers tortueux du doute, en quête désespérée de réponses pour apaiser enfin les tourments de son âme.

Namjoon luttait contre l'élan qui le poussait à attirer Jungkook contre son cœur. Sa tête baissée, ses poings serrés sur ses cuisses, son regard voilé de trouble le déchiraient un peu plus, creusant en lui une douleur désagréable.

« Depuis quand ? souffla Jungkook en relevant la tête.

— Quatorze ans », répondit Jeong d'une voix lourde de réminiscences.

Namjoon serra les poings, les souvenirs de l'exécution de son père se mêlant à cette époque noire, rendant son cœur lourd de chagrin et de colère. Jungkook et lui avaient alors sept ou huit ans.

Pour Jungkook, la nouvelle agit d'abord comme une résonance lointaine, sans prise sur son cœur. À ses yeux, son père était déjà mort depuis longtemps, réduit à une figure sans éclat, vide de tout intérêt. Et pourtant, s'il s'avouait la vérité, il sentait malgré lui son cœur se tordre douloureusement dans sa poitrine.

« Jeon était l'un des hauts dignitaires de la cour, un jeune homme émérite, enthousiaste et travailleur. Il était le ministre de la Justice. Quelques mois avant sa disparition, il avait été envoyé à Sungkyunkwan pour servir le pays et former les futurs fonctionnaires. Cet exil déguisé, dont il ne m'a jamais révélé la raison, l'a vu devenir un professeur respecté de ses collègues et adoré de ses élèves. Hong Ji Su, l'un de ses disciples les plus fervents, pourrait en témoigner. Tout semblait bien se passer, Dongwon paraissait s'épanouir parmi nous. Puis, un jour d'hiver, nous avons retrouvé son corps sur les bords gelés de la rivière. Les magistrats ont conclu à un accident : l'infortuné avait glissé et s'était noyé dans les eaux glaciales. »

Tout au long du discours, Jungkook avait observé le doyen avec une attention soutenue, le cœur affolé, compressé, et les mains tremblantes. Il ne put s'empêcher de remarquer la légère grimace qui froissait le visage du doyen, comme si chaque mot prononcé écorchait sa langue.

« Comment se fait-il que je n'aie jamais su cela en grandissant ? Pourquoi personne n'en parle ? »

Le tremblement dans la voix de Jungkook était perceptible, bien que léger. Namjoon se mordit l'intérieur de la joue.

« Il était aimé du peuple. Sa mort aurait causé un chagrin national. Mais ce n'est pas uniquement pour cela que sa mort a été soigneusement dissimulée, bien que son certificat de décès mentionne cette cause. Le royaume entier le croit simplement disparu, car plus personne ne l'a vu ni entendu. Certains faisaient le lien avec l'exécution de Kim Taejoon, dans le même mois. Mais seuls quelques rares privilégiés connaissent la vérité. »

Namjoon se tendit.

« Mais pourquoi tant de secrets ! », s'exclama Jungkook, désemparé, entre frustration et fébrilité.

Même la main apaisante de Namjoon sur son épaule ne lui suffit guère.

« Vous ne semblez pas croire à la version donnée par les magistrats, intervint Namjoon, la mine grave.

— Je ne crois pas aux coïncidences. Quelques jours avant le drame, Dongwon m'avait confié, à demi-mot, qu'il se sentait en danger. »

Jungkook tiqua.

« Vous suggérez qu'il aurait été assassiné ? demanda Namjoon.

— Le doute est permis. J'ai toujours pensé que Dongwon avait laissé des indices sur les raisons qui l'avaient conduit à Sungkyunkwan. J'ai longtemps cherché des preuves pour soutenir mes hypothèses et apporter des réponses au général Kim Seungmin, le ministre de la Guerre, mais mes recherches n'ont jamais abouti.

— Le père de Kim Taehyung ? murmura Jungkook, perplexe.

— Il s'efforce de dévoiler les raisons qui ont conduit vos pères à la mort, en vain.

— ...Pourquoi ? interrogea-t-il, confus.

— Ils étaient des amis chers, et leur perte soudaine et rapprochée l'a profondément bouleversé. Il a juré de les venger. Cette époque-là, pour la première fois depuis que je le connais, je l'ai vu fondre en larmes. »

Namjoon battit des paupières, désemparé. Sa conversation avec Hoseok et Taehyung au temple lui revint en mémoire.

« Donc il continue vraiment de chercher, même après quatorze ans ? intervint-il.

— Oui, il est inflexible. C'est une affaire complexe, mon garçon. Je ne suis pas censé vous le dire, mais il est ardu d'obtenir des preuves quand une partie du gouvernement est gangrenée par la corruption. »

Jungkook fronça les sourcils, alarmé.

« Un instant, je ne suis pas certain de comprendre. Qui était ami avec qui, exactement ?

— Vos pères et Kim Seungmin », répondit ce dernier avec un léger sourire, le regard songeur.

Déconfit, Jungkook regarda Namjoon.

« Tu savais que nos pères se connaissaient... ?

— C'est... Je sais que mon père était proche du général, mais l'idée qu'il ait également connu le tien ne me semble plus si surprenante, maintenant qu'on en parle.

— ...C'est-à-dire ? souffla-t-il, dépassé.

— Je ne sais pas, Jungkook.

— Tu n'as pas de souvenirs ?

— Plutôt une intuition... », répondit-il en haussant une épaule, songeur.

Le regard perdu dans le vide, Jungkook acquiesça lentement. Il était venu chercher des bribes de vérité, et voilà qu'il apprenait que son père avait autrefois partagé une amitié forte avec celui de Namjoon et Taehyung.

Quelle étrange ironie du destin.

« Ils étaient un trio inséparable durant leurs années d'étudiants à cette école... reprit Jeong. À l'époque, j'enseignais l'éthique et la morale. Ils étaient studieux, certes, mais à eux trois, ils pouvaient devenir des terreurs... »

Jungkook et Namjoon échangèrent un regard, éberlués.

« Pourriez-vous nous en partager quelques fragments ? », demanda Namjoon d'une petite voix.

Jungkook tiqua et fronça les sourcils, lançant à Namjoon un regard noir, troublé, sur le point de lui rappeler qu'ils n'étaient pas là pour ça. Namjoon lui rendit un regard implorant.

Résigné, Jungkook détourna les yeux, tiraillé entre l'envie de connaître le passé de son père avec celui de Namjoon, et celle de renier son passé. Pour ne pas s'attacher. Ne pas l'aimer comme il l'avait aimé jusqu'à ses sept ans. Jusqu'à l'abandon.

Mais avant même que Namjoon ne puisse demander au doyen de remettre le récit à plus tard afin de ne pas incommoder Jungkook, Jeong s'empara de l'instant et commença son histoire.

« Je me rappellerai toujours que, dans cette même salle où vous êtes assis maintenant, vos pères échangeaient des idées avec passion et rêvaient d'un monde plus juste.

Sa voix était teintée de nostalgie.

« Seungmin était toujours le plus fougueux des trois, toujours prêt à remettre en question les traditions, à défier ce qu'il appelait "l'immobilisme des anciens". Vos pères avaient beau être studieux et respectueux, Seungmin avait une façon de les entraîner dans toutes sortes de débats et de... mésaventures. »

Il lâcha un souffle rieur.

Namjoon croisa le regard de Jungkook, une étincelle de surprise agréable dans les yeux, un petit rictus, impatient de découvrir une autre facette de son père qu'il n'avait jamais connue.

Jungkook était partagé entre entêtement et curiosité, se laissant doucement emporter par le flot des souvenirs du doyen.

« Des mésaventures ? », demanda Namjoon.

Le doyen hocha la tête, ses yeux pétillant d'un amusement contenu.

« Oh oui. Comme cette fois où ils ont décidé qu'il serait amusant de libérer les poules du jardin du directeur au beau milieu de la nuit. Évidemment, ils avaient quinze ans, je vous rassure », dit-il avant de partir dans un rire désabusé et nostalgique.

Namjoon lâcha un souffle rieur et ahuri, tandis que Jungkook arquait un sourcil, surpris par l'esprit taquin de ces hommes. Il se surprit à penser qu'il aurait fait exactement la même chose avec ses propres amis.

« Les poules ? Il y avait des poules à l'institution ? répéta Namjoon, essayant d'imaginer la scène.

— Pour les cuisiniers, acquiesça le doyen. Seungmin avait parié avec vos pères qu'il pourrait semer la panique parmi les domestiques sans se faire attraper. Ils ont donc libéré une douzaine de poules dans le jardin. Ils pensaient qu'elles iraient simplement se percher sur les arbres, mais les choses ont vite dégénéré. Elles se sont infiltrées dans le dortoir des étudiants, dans celui des professeurs, dans les salles de classe puis dans la cuisine. Elles avaient causé un véritable chaos comme on n'en a jamais vu à Sungkyunkwan. »

Malgré lui, Jungkook ne put s'empêcher de s'esclaffer en imaginant les poules déambulant dans les couloirs, et le regard d'effroi des élèves, des professeurs et des domestiques surpris en pleine nuit.

« Le directeur était furieux ? », demanda Namjoon, amusé.

Le doyen éclata de rire, un son rare et chaleureux qui résonna dans la salle.

« Furieux ? Il était hors de lui ! Mais avant qu'il ne puisse identifier les coupables, vos pères et Seungmin avaient déjà tout nettoyé. Ils avaient même dressé une liste des failles dans la sécurité de l'école, prétextant qu'ils avaient trouvé les poules là par hasard et avaient agi pour la sécurité de tous. »

Namjoon pouffa et Jungkook clignait des paupières.

« Ils ont réussi à retourner la situation à leur avantage ? demanda Jungkook, incrédule.

— Exactement, répondit le doyen en souriant. Le directeur a été si impressionné par leur... initiative, qu'il leur a ordonné de mener une enquête sur la sécurité de l'école. Et, ironie du sort, ils ont fini par en profiter pour organiser une escapade nocturne en dehors des murs sous prétexte de tester la vigilance des gardes. »

Jungkook mordit son sourire, tandis que Namjoon éclatait de rire, imaginant son père, plus jeune, dans des escapades improbables.

« Ça me fait penser à quelqu'un, tiens, plaisanta Namjoon en bousculant légèrement Jungkook d'une main sur son épaule.

— Oh, tais-toi », grommela Jungkook en lui rendant son geste, amusé.

Il ne se formalisa guère du fait que Namjoon, avec une nonchalance désarmante, venait d'évoquer ses nombreuses escapades nocturnes devant le doyen, comme si cela n'avait plus la moindre importance.

Le vieil homme les observa avec bienveillance, avant de croiser ses mains sur son bureau.

« Depuis ce jour, la présence d'animaux est strictement interdite, sourit Jeong.

— Et comment avez-vous découvert leur version des faits ? demanda Namjoon, captivé par l'histoire.

— Dongwon m'a finalement confié la vérité, lorsqu'il enseignait ici. Sans cela, j'aurais continué à croire qu'ils étaient les sauveurs de ces pauvres poules. »

Le sourire de Jungkook disparut. Il baissa la tête, ses poings se serrèrent sur ses genoux. Un voile d'amertume assombrit ses traits, teinté de mépris.

Ainsi, il préférait consacrer ses journées à enseigner et à conter ses périples plutôt qu'à veiller sur sa propre famille ? Et je devrais pleurer sa mort ?

« Je ne connaissais pas cette facette de mon père, murmura Namjoon, les yeux scintillants d'une émotion douce-amère. Ça me fait plaisir de savoir qu'il avait cet esprit aventureux. Il m'a toujours paru sérieux... mais aimant. »

Ses paroles s'éteignirent en un souffle, son sourire s'évanouissant comme une vague se retirant du rivage.

« J'aurais aimé en entendre plus, de sa propre voix. »

Le cœur de Jungkook se comprima. Il déposa sa main sur l'épaule de Namjoon, là où il aurait voulu l'étreindre fortement et lui murmurer des paroles réconfortantes. Il maudit son incapacité à faire plus.

« Seungmin sera en mesure de vous en conter bien davantage que moi. Je ne doute pas qu'il le fera avec plaisir. »

Jungkook et Namjoon échangèrent un regard, chacun enfermé dans ses propres tourments.

« Vous savez, vos pères avaient ce feu en eux. Ils voulaient changer le monde, le rendre meilleur, plus juste, reprit le doyen, redevenant plus sérieux. Je vois cette même flamme dans vos yeux – toi, Namjoon, dans ta quête de savoir, et toi, Jungkook, dans ta volonté de braver les conventions. Peut-être êtes-vous, en vérité, les héritiers de leurs rêves inachevés. »

Un silence chargé de non-dits s'installa, comme une lourde couverture posée sur leurs épaules.

Le regard de Namjoon se fit déterminé. Il pesait le fardeau d'un héritage qu'il se sentait prêt à embrasser.

Jungkook cherchait encore la trahison de son père tapie entre les lignes.

« Permettez-moi de vous demander, intervint Namjoon après un petit silence. Pourquoi avez-vous des difficultés à rassembler des informations ? Vous avez une position élevée, vous avez effectivement le rang et l'autorité nécessaires pour demander de telles informations, n'est-ce pas ?

— Seulement en théorie, mon garçon. Ça n'a malheureusement pas suffi. »

Le doyen se pencha légèrement, sa voix prenant les accents graves de la confidence. Les plus jeunes inclinèrent leur buste en réponse, curieux, intrigués et inquiets.

« Il y a diverses raisons possibles. Les preuves peuvent avoir été dissimulées ou détruites par des factions influentes de la cour pour éviter un scandale. Il se peut aussi que des dignitaires corrompus aient usé de leur pouvoir pour étouffer l'affaire. Les archives et documents officiels sont peut-être sous haute surveillance, nécessitant des autorisations spéciales pour y accéder. Ceux qui détiennent les informations pourraient avoir été menacés ou intimidés pour garder le silence. Enfin, certains pourraient choisir de rester loyaux à des factions ou individus spécifiques, préférant protéger leurs alliés plutôt que de révéler la vérité. Toutes ces raisons rendent l'accès à la vérité extrêmement difficile tant pour moi, que pour Seungmin qui est pourtant un ministre de la cour royale très haut placé.

— Ça prouve donc qu'il y a conspiration, n'est-ce pas, Jeong-nim ? », murmura Namjoon, l'air grave, s'attirant le regard intrigué de Jungkook.

Le doyen acquiesça, l'air tout aussi sérieux.

« Je vais te faire une confidence, Kim. Pour Seungmin et moi, il est possible que ton père ait été une victime plutôt qu'un traître. Seungmin en est certain, mais n'a aucune preuve. Le sort tragique de vos pères, dit-il, son regard se posant sur Jungkook, pourrait être lié. »

À nouveau, leurs regards se croisèrent : celui de Jungkook, vide et égaré, se fondait dans le regard flamboyant et résolu de Namjoon.

« Merci, Jeong-nim », souffla Namjoon en s'inclinant respectueusement, les mains à plat et le front touchant presque le sol avant de se redresser sur ses pieds.

Quant à Jungkook, il se leva lentement, fixa le doyen de haut, les yeux ternes, sous le regard réprobateur de Namjoon qui hurlait silencieusement à l'irrespect.

« Pourquoi il a fallu que je vienne vous voir pour enfin entendre parler de mon père ? demanda-t-il, le ton chargé de reproches. Pourquoi ne pas m'avoir laissé chez moi, tout en m'expliquant les raisons de son absence, plutôt que de m'emmener ici, à mes quinze ans ? Vous m'avez appâté. Vous saviez que j'accepterais d'en savoir plus. Pourquoi ce silence, jusqu'à aujourd'hui ? Vous auriez pu me dire qu'il était... »

Mort.

Il déglutit, le visage fermé, les poings serrés.

Le doyen adopta un air grave, et Jungkook, malgré tous ses efforts pour masquer sa détresse, sentit une inquiétude glacée s'insinuer en lui.

« En vérité, Seungmin m'a assuré s'être chargé d'annoncer le décès de Dongwon à ta mère. Pourtant, lorsque je suis venu lui présenter mes condoléances à tes sept ans, il m'a semblé évident qu'elle ne t'avait rien dit. Je ne saurais dire si c'était pour le mieux. »

Les lèvres de Jungkook se scellèrent dans un silence amer, tandis qu'une marée de rancœur montait en lui, dirigée vers sa propre mère.

« Puis j'ai fini par comprendre que garder le silence était meilleur pour ta propre sécurité, Jungkook. Je parle pour vous deux. Vous n'étiez que des enfants, et les ennemis de vos pères étaient, et sont toujours, des hommes puissants prêts à tout pour protéger leurs secrets. En t'emmenant à Sungkyunkwan, j'ai espéré t'offrir un abri, Jungkook. C'était aussi une volonté de ton père. »

Il se tut, perdu dans ses réflexions.

« J'en viens à penser que le destin a bien fait les choses en vous rassemblant à Sungkyunkwan, ajouta-t-il. Le temps que vous soyez assez forts et préparés pour affronter ces vérités. Vous en savez maintenant assez pour commencer à chercher vos réponses, mais sachez que la vérité est dangereuse. Je suis sûr que vos pères ont fait des choix pour vous protéger, et j'ai fait de même en les respectant. »

Jungkook s'humecta les lèvres, ignorant la douleur poignante de son cœur.

« Vous me dites donc que ma mère m'a caché la vérité.

— Il semblerait », souffla-t-il, navré.

Comme s'il avait été heurté, Jungkook tourna brusquement les talons et s'éloigna, les poings serrés.

Namjoon s'inclina une dernière fois avant de le suivre, le cœur lourd.

Tandis qu'ils passaient une autre porte en bois qui s'ouvrait sur un petit jardin intérieur, où des cerisiers en fleurs ajoutaient une touche de couleur et de vie à l'austérité du bureau, Jeong les observait, sérieux et pensif.

« Cela me semble improbable, mais ils réussiront peut-être à rétablir la vérité... C'étaient leurs pères, après tout. »



Namjoon et Jungkook franchirent les portes de l'édifice administratif, se dirigeant en silence vers le temple.

Face au portrait de son père, Jungkook demeurait mystérieusement silencieux.

« Je suis presque son portrait craché.

— Je confirme. »

Namjoon contempla le visage de son ami, déchiffrant dans ses yeux toute la colère et la souffrance qui l'habitaient. Cette vision le bouleversa profondément, au point que ses mains se mirent à picoter et que son sang sembla bouillir. Un désir ardent de dissiper cette expression torturée le consumait.

Il voulait lui arracher un sourire comme on cueille une fleur fragile sous un ciel capricieux.

« Cependant, je ne suis plus certain que le fils atteigne le niveau de beauté que le géniteur... »

Son ton taquin masquait à peine l'intensité profonde et dévorante de son œillade, fasciné par l'être qu'était Jungkook. Le contempler, c'était comme observer un peintre en pleine création : chaque coup de pinceau promettait une fin que l'on redoutait autant qu'on la désirait.

Un doux sourire éclot sur les lèvres de Jungkook, enchantant Namjoon dont la fierté d'avoir su dissiper sa mélancolie atteignait des hauteurs insoupçonnées.

« Ne dis pas de bêtises », le réprimanda gentiment Jungkook, provoquant un rictus sur les lèvres de Namjoon.

Jungkook scruta rapidement les environs, puis se lova contre lui en exhalant un long soupir.

Comme s'il avait pressenti cette venue, les bras de Namjoon s'étaient ouverts à l'instant où les yeux de Jungkook s'étaient fixés sur son torse, avant de s'abandonner complètement à lui. Son âme chantait des louanges à l'idée qu'il ait eu besoin de son étreinte. Il aima la façon dont leurs corps s'épousaient presque parfaitement.

Jungkook se détendait dans l'étau rassurant de ses bras. Il enfouit son visage dans le cou accueillant, inhalant profondément la douce senteur de patchouli mêlé à une touche de chrysanthèmes et de bois de santal, une fragrance qui à la fois l'affolait et l'apaisait.

« Mes condoléances, Jungkook. »

Ce dernier haussa simplement les épaules, désemparé, incapable de trouver sa place face à cette révélation funeste. Tout vacillait soudain, même la rancœur tenace qu'il avait si longtemps portée contre son père.

Mais alors, quelle était donc la raison de son absence deux ans avant sa mort... ?

Le lourd soupir qu'il exhala n'allégea pas une once du fardeau qu'il portait en son cœur. Il se blottit davantage contre le torse accueillant.

Namjoon resserra ses bras autour de son cou qui enveloppaient un Jungkook voûté cherchant du réconfort. Pourtant, son esprit tourmenté l'empêchait de savourer pleinement ce moment. La question qui le rongeait depuis leur départ du bureau du doyen refusait de se taire.

Il fut incapable de se contenir plus longtemps.

« Tu vas te lancer dans des recherches ? », murmura-t-il, son souffle effleurant les mèches à sa portée.

Jungkook se tendit. Puis un bref rire désabusé lui échappa, une secousse douce traversant leurs corps enlacés. Il se redressa légèrement, lançant un regard perçant à la peinture, tandis que Namjoon effleurait sa tempe du bout du nez, comme une caresse lénitive.

« Non.

— Pourquoi ? murmura-t-il contre sa peau. C'était ton père, tu ne souhaites pas en savoir plus ?

— Namjoon, j'ai longtemps cru que c'était un homme qui n'avait jamais pris la peine de se demander si quelque part, une femme et un enfant attendaient son retour après nous avoir abandonnés au fond de la campagne, répondit-il en le fixant enfin. Alors pourquoi devrais-je me soucier d'un inconnu ?

— Tu ne l'as pas connu ? souffla Namjoon, confus.

— J'ai... je l'ai connu, affirma-t-il d'une voix incertaine. J'ai des des souvenirs, mais j'ai grandi sans lui, à partir de mes six ans. Et je viens d'apprendre qu'il est mort deux ans plus tard, au même moment que ton père. J'ai passé mon enfance à me demander pourquoi il ne rentrait pas, pourquoi il nous avait emmenés si loin, pour ensuite disparaître. »

Sa voix se brisa légèrement, la rancœur affluant.

« Avec le temps, j'ai commencé à le détester en entendant presque chaque nuit les pleurs de ma mère. »

Il marqua une pause, se pinçant les lèvres au souvenir de sa mère.

« Elle avait osé me dire qu'elle n'en savait rien... Elle m'a laissé croire tant de choses sur lui, que nous avions été abandonnés, m'écoutant l'insulter avec un sourire triste. Elle ne le défendait pas. »

Il ferma les yeux un instant, la confusion et la douleur se mêlant sur son visage.

« Je ne comprends plus rien. »

Il prit une profonde inspiration, appréciant la douce caresse sur sa nuque, avant que sa voix ne se fasse glaciale.

« De ce que j'en conclus, durant ces deux années où il pouvait nous rendre visite, il a privilégié sa vie d'enseignant ici plutôt que de s'occuper de sa propre famille. De raconter ses déboires de jeunesse au doyen, sans se soucier que je déplorais son absence. »

La voix de Jungkook résonnait comme une mélodie brisée, habitée par la colère teintée de tristesse et de désespoir.

Le cœur de Namjoon se serra douloureusement. Avec délicatesse, il posa une main sur sa joue. Les paupières de ce dernier papillonnèrent, captivé par le regard bienveillant et ensorcelant de Namjoon qui semblait contenir toute la douceur du monde.

« Permets-moi de mener les recherches pour toi tout en continuant les miennes. Je conserverai les informations jusqu'à ce que tu souhaites les recevoir. Je peux procéder ainsi ? Tu m'y autorises ? »

Le cœur de Jungkook bondit, ses yeux s'écarquillèrent. La surprise mêlée à une profonde reconnaissance illumina son regard. Mais cette étincelle s'évanouit rapidement.

Namjoon fut témoin du petit sourire triste se dessinant sur ses lèvres, révélant une peine tenace qui brillait dans ses pierres d'onyx.

« Tu dis ça parce que le doyen a évoqué une possible connexion entre la disparition de nos pères au même moment ? souffla Jungkook.

— Oui, ça pourrait m'apporter les réponses que je cherche depuis tant d'années. »

Jungkook ferma les yeux, blottissant davantage sa joue contre la paume chaude, sa main pressant la main de Namjoon pour intensifier le contact. Un silence les enveloppa, tandis qu'il se perdait dans sa réflexion.

Namjoon patienta le temps que Jungkook lève la tête. Puis plongea dans le gouffre sans fin, intense et magnétique, que dévoilaient les prunelles brillantes de son vis-à-vis.

« Je crois finalement vouloir t'apporter mon aide. »

Un rictus en coin naquit sur les lèvres de Namjoon.

Je le savais.

« Tu en es sûr ? »

Jungkook saisit la raison de son sourire et lui lança un regard à la fois désabusé et amusé.

« Oui, pour toi. Je serai à tes côtés. Et ce n'est certainement pas pour cet homme qui est mon père », acheva-t-il.

Ses yeux lançaient des éclairs dédaigneux à son portrait craché, n'apparaissant qu'à l'éclat doré du soleil depuis les hauteurs sacrées du temple.

Namjoon laissa échapper un rire léger, ses yeux pétillants d'une admiration presque révérencielle. D'un geste délicat, il pinça son menton, emprisonnant ainsi leur regard dans une affectueuse complicité, tout en exhalant un petit soupir épris.

« Quel entêté, tu es, sourit Namjoon. Ta fierté te perdra un jour. »

Jungkook maugréa en détournant le regard, troublé par la tendre raillerie qui émanait des yeux de Namjoon.

Le cœur léger, il exultait de voir Jungkook accepter d'embarquer dans l'aventure qui les attendait. Il savait qu'il lui faudrait déployer toutes ses habiletés pour apprivoiser cet esprit obstiné, gonflé de fierté et d'arrogance, un mélange fascinant qui faisait battre son cœur avec intensité.

Il savait qu'au-delà de la force et de l'audace qui animaient Jungkook, se cachait une âme tendre et docile, prête à s'abandonner à lui. Jungkook accueillait avec une douceur innée tout ce que la nature mécène et bienfaitrice de Namjoon aimait lui offrir.

Une dynamique rare. Précieuse. Grisante.

Au-delà de cela, il savait que si Jungkook laissait passer cette chance que les cieux avaient placée sur leur chemin, il le regretterait, même si Namjoon lui avait promis de lui fournir toutes les réponses. Avec une certaine surprise, Namjoon réalisa que pour la première fois, il tenait à accomplir quelque chose pour quelqu'un d'autre que lui-même et son père.

Pour cet homme qu'il avait longtemps aimé en secret, avant de pouvoir enfin ressentir la chaleur de son étreinte.

« Namjoon. »

L'âme ondoyant joyeusement sous cette mélodie qu'est la voix douce et grave de son amant, Namjoon se pencha et substitua la chaleur de sa main par le doux contact de ses lèvres éthérées.

« Merci d'être là », souffla Jungkook, les yeux clos, savourant la douce caresse sur sa peau.

Si ses yeux avaient été ouverts, Jungkook aurait décelé dans ces obsidiennes, dans lesquelles scintillait une dévotion révérencielle, un respect proche du culte et un amour terriblement immense.

« Tout pour toi, mon doux », murmura-t-il tendrement contre sa joue rougie, avant de déposer un dernier baiser et de se redresser.

Devant ce qu'il contemplait, son cœur fit un bond, avant de danser une valse enivrante de sensations exquises.

Était-ce de délicates vagues de béatitude qu'il sentait émaner vers lui ? À en croire les étincelles dans ses yeux, son sourire timide, et son expression captivée, cela ne faisait aucun doute. Cette vision ravissante éleva son âme dans une euphorie douce, mais intense.

Namjoon sourit, ses yeux dansant avec malice.

Il adorait le rendre aussi pourpre qu'une rose rouge.

Jungkook détourna légèrement la tête, puis s'éclaircit la voix.

« Tu es proche du père de Taehyung ? », murmura-t-il.

Il ancra ses prunelles scintillantes dans celles tout aussi expressives de Namjoon.

« Disons qu'il veille sur moi du mieux qu'il peut.

— Et... tu l'as connu, enfant ?

— Oui, c'est ainsi que j'ai rencontré Taehyung, puis Hoseok. »

Petit silence. Il aimait la manière dont Jungkook regardait ses lèvres en mouvement. Namjoon fut captivé par le lent ballet de ses cils battant paresseusement.

« Et pas mon père... ? »

Le cœur serré, Namjoon percevait sa vulnérabilité ; sa voix portait la mélancolie de ses yeux, un relent doux-amer de tristesse.

« C'est possible, bien que je n'en garde aucun souvenir. Je suis désolé. »

Namjoon effleura sa joue d'un doux baiser. Le cœur de Jungkook vacilla, battant plus fort encore lorsque les lèvres de Namjoon se posèrent dans le creux de son cou de manière plus appuyée. Ses doigts s'accrochèrent instinctivement au haut de Namjoon, comme à un ancrage solide.

Ses lèvres frôlèrent son oreille, et le petit rire grave de Jungkook vibra doucement contre sa peau, effleurant la ligne de sa mâchoire.

Ce son lança les fossettes de Namjoon dans un sourire satisfait et épris.

Jungkook le fixait, comme s'il voulait lui transmettre un message. Namjoon se trouvait toujours désarmé par ce regard à la fois perçant et pudique. Pour Namjoon, ses regards étaient plus intimes que tous ses gestes. Sous ces yeux sertis de milliers d'étoiles, le monde entier s'effaçait pour ne laisser que Jungkook.

« J'ai l'impression qu'on est plus proches, maintenant que je sais que nos pères étaient amis, souffla Jungkook.

— Tu as raison. Et pas de simples amis, semble-t-il.

— Des amis très proches, oui. J'en suis encore bouleversé. »

Avec une tendresse timide, Jungkook déposa un baiser délicat sur le front de Namjoon, ses lèvres y demeurant un instant appuyées un petit moment, assez longtemps pour que l'âme de Namjoon en savoure chaque seconde, jusqu'à l'ivresse.

« Tu ne trouves pas ça étrange, Jungkook ?

— De ?

— Que le passé de nos pères nous rattrape, alors qu'on en ignorait tout ?

— Oh, j'ai renoncé à percer les caprices du destin. »

Ils sourient.

Namjoon savoura la façon dont les yeux de Jungkook fuyaient légèrement son regard intense et brûlant. Une fièvre l'anima. Mais seul le profond respect qu'il nourrissait pour Jungkook l'empêchait de céder à l'irrésistible désir de le dévorer là, dans ce temple.

Le cœur de Jungkook battait comme les ailes frémissantes d'un colibri, captivé par la lueur qui scintillait dans les yeux de Namjoon. En cet instant, il se demanda pourquoi chercher la beauté dans les étoiles, les aurores boréales, les galaxies, ou même les mystères de l'univers, quand tout cet infini semblait déjà résider là, dans ce regard.

Jungkook inspira profondément, comme s'il s'était laissé happer par l'immensité du cosmos.

« Il n'empêche que oui... C'est incroyable... », souffla Jungkook.

Namjoon le serra contre lui, avec une tendresse presque fiévreuse. Son visage se froissa par l'intensité soudaine de l'amour qu'il lui vouait. Cet amour qui venait de l'envahir tel un raz-de-marée destructeur.

Les paupières à demi closes, il leva les yeux vers le ciel, comme s'il y cherchait un répit à cette émotion qui le dépassait et le consumait.



Ce qui est incroyable, c'est que je peine encore à réaliser que tu es là, dans mes bras.



À suivre...


Pitié, la fin de ce chap est trop douce fbfjhbjbjhfd I'VE MELTED

Ton avis ? 🤭

L'intrigue ? 🤭

Des idées ? 🤭

À DIMANCHE ♡ 


𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤

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