- Chapitre 8 : Les Énergeantes -
Cole ne parvenait à détacher son regard des deux femmes.
La première marchait lentement, presque timidement, ses longs cheveux noirs se balançant légèrement à chacun de ses pas. Elle avait une manière de tout regarder comme si elle voulait se souvenir du moindre détail. Elle dégageait une telle lassitude... comme quelqu'un qui, atteint d'une maladie, ne sortait pas de la journée. Ses épaules étaient voutées, comme s'ils portaient tous le poids du monde. Ses vêtements paraissaient vieux et usés. Son pantalon était terne et déchiré par endroit, son pull, démodé, s'effilait.
La deuxième, elle, semblait être l'opposé.
Elle évoluait avec assurance, comme si elle avait passé des années ici. Tout en elle paraissait déborder d'énergie ; ses pas, ses mouvements...
Elle semblait plus jeune. Oh, rien de méchant, bien sûr. Mais son visage était moins marqué que celui de la première femme. Ses cheveux châtains coupés courts en mèches débraillées et ses yeux bleus lui étaient cruellement familiers. Pourquoi ? Cole n'aurait su le dire. Il était pourtant certain de n'avoir jamais rencontré cette femme.
Des maîtresses élémentaires, qu'avait dit Zane.
Elles voulaient voir sensei Wu. Peut-être le connaissait-elle ? Oui, c'était tout à fait possible.
Ils arrivèrent devant la porte de la pièce de sérénité du vieil homme. La femme aux cheveux courts semblait bouillir d'impatience, tapotant le sol du pied, trifouillant ses doigts et les ficelles de son sweat-shirt ; on aurait pu la croire hyperactive.
Zane toqua doucement et attendit. Pas de réponses. Il retenta. Toujours rien.
- On entre ? demanda-t-il à Cole.
Le maître de la terre acquiesça après quelques secondes de réflexions. Cela lui semblait assez important pour prendre le risque de réveiller le sensei.
Zane tourna délicatement la poignée et la porte s'ouvrit, sans aucun bruit.
*****
Maya suivit Zane sur la pointe des pieds. La pièce n'était éclairée que faiblement par des petites lanternes posées sur des petits meubles.
Le doute l'assailli ; et si maître Wu ne se rappelait plus d'elles ? Et si jamais il ne les croyait pas et qu'il ne les aidait pas ?
Ils trouvèrent le vieil homme endormi, en position de méditation. Les deux garçons avancèrent prudemment et touchèrent l'épaule du sensei.
- Hein, quoi ? s'exclama le sensei en se réveillant en sursaut. Ah. Cole et Zane, mes très chers élèves. Que faites-vous ici, en pleine nuit ?
- Il y a des personnes qui veulent vous parler, maître Wu, annonça doucement Zane en désignant les deux femmes. Elles disent être des élémentaires.
Cela dû éveiller la curiosité du vieil homme car il se leva et se tourna dans la direction de Lia et Maya.
Tous les doutes de la maîtresse de l'eau s'envolèrent aux premiers mots du sensei :
- Maya ? Lia ? Comment... comment est-ce possible ?
Ni l'une ni l'autre ne sut quoi répondre. Le sensei les invita à s'asseoir, elles et les deux garçons qui avaient l'air de vouloir rester.
- Vous... comment vous... bafouilla Wu, encore abasourdi.
- Ce n'est pas ce qui importe. Pas aujourd'hui. Il y a un danger. Un très grand danger. Et Ray en est prisonnier. Je vous en supplie sensei, vous devez nous aider !
Le vieil homme regarda Maya avec surprise.
- Ray ? Lui aussi... je... c'est incroyable. Mais... de quel danger vous parlez ?
- Les Énergeantes, répondit Lia d'une voix sourde. Les Énergeantes ...
Wu se figea.
- Vous voulez dire que... qu'elles existent vraiment ? Que ce n'est pas qu'un mythe ?
Maya et Lia acquiescèrent gravement.
- Elles sont terriblement puissantes. Elles... elles nous avaient repérées, il y a longtemps. Elles sont sans pitié... des véritables monstres. Elles ont tout planifiées et fait croire à notre mort, provoquant des accidents.
-Attendez, coupa Cole. Les Énerquoi ? De quoi on parle ? Et, sans vouloir être malpoli bien sûr, c'est qui ? Comment vous les connaissez ? Je ne comprends plus rien du tout, là.
Le sensei tourna les yeux vers lui et lui expliqua, d'une voix calme :
- Les Énergeantes. D'après un très vieux mythe, ce sont des créatures de cauchemar qui se nourrissent de puissance. Elles ont beaucoup d'impact sur l'énergie vitale qui nous anime tous. Et ces jolies demoiselles ont été mes élèves. Maya, maîtresse de l'eau, et Lia, maîtresse de la foudre.
- Attendez, quoi ? L'eau et la foudre... comme...
- Nya et Jay, oui. Zane, Cole, je vous présente les mères de Jay et Laya mais aussi de Kai et Nya.
*****
Une douleur fulgurante à l'épaule réveilla Lloyd.
Quand il ouvrit les yeux, il en croisa d'autres. Des pupilles à la fois luisantes et sombres comme une nuit sans lune. Il allait hurler mais on lui plaqua quelque chose de rugueux sur la bouche, étouffant son cri. Il comprit que cela devait être ce qui servait de main à la créature et sombra dans l'inconscience.
*****
Cole crut que sa tête allait imploser sous le trop plein d'informations.
- Vous voulez dire que... que... que... attendez mais c'est ouf ! Enfin pas la partie monstres et tout mais... waouh... vous êtes la mère de Laya et Jay et vous de Kai et Nya c'est... vous allez leur en parler quand ? Ils seront fous de joie ! Wha, j'en reviens pas... vraiment... le nombre de fois que Laya m'a parlé de vous et maintenant...
Il regarda Zane et s'aperçut que, lui, restait de glace, sans mauvais jeu de mots. Au bout de quelques secondes, il prononça seulement :
- Les probabilités que vous étiez encore en vie étaient extrêmement faibles, vous savez ? C'est incroyable.
- Comment on va en parler aux autres ? s'inquiéta Cole. On ne va pas balancer au petit déjeuner : Eh les gars, en fait, vos parents ne sont pas morts. Vos mères sont mêmes dans le bateau ! Je doute que ce soit très... fin.
- Je parlerai à Jay, Laya, Nya et Kai en premier, annonça Wu. Il est hors de question que vous évoquez le sujet, compris vous deux ? Maya, Lia, vous êtes d'accord ?
Les deux femmes, qui, jusque-là, étaient restées silencieuses, hochèrent la tête.
- Cela me semble optimale, déclara Maya.
- C'est une bonne idée, lâcha Lia. Mais euh... je peux juste vous poser une question, sensei ?
- Dis-moi, ma chère.
- Où est Ayden ?
Zane et Cole échangèrent un regard.
Aïe...
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