- Chapitre 5 : Nouveau présent, Nouvelle ville -
Lia et Maya n'eurent aucun mal à trouver et suivre le ruisseau. Elles marchaient depuis plusieurs heures ; Lia sentait des ampoules se former dans ses chaussures usées. Cachant sa douleur derrière un sourire encourageant, elle marchait en tête.
S'aidant de son pouvoir élémentaire, elle éclairait faiblement le passage, un arc électrique entre chaque doigt. Pratique, mais épuisant, à la longue. Lia sentait ses forces diminuer au fil des heures.
Maya la suivait en silence. De temps à autre, Lia l'entendait trébucher. Quand ça arrivait, la jeune femme se retournait. Et, à chaque fois, elle rencontrait le visage lisse de toute émotion de son amie.
Lia ne pouvait pas s'imaginer ce qu'elle ressentait. Cela faisait quatorze ans que Maya n'avait pas vu la lumière du jour.
Quatorze ans.
Lia passait en revu tout ce qui s'était passé depuis toutes ces années. La technologie. Les gens. La ville. Beaucoup de choses avaient changées. Maya était-elle prête à faire face à tous ces changements ? Et ses enfants ? Il avait grandi. Beaucoup. Et ils avaient dû s'habituer à vivre sans leurs parents. Peut-être eux aussi n'étaient pas prêts à faire face à un tel bouleversement.
Soudain, une terrible pensée lui traversa l'esprit.
Et si Jay et Laya s'étaient eux aussi habitué à sa soi-disant mort ? Et s'ils avaient fait leur deuil ?
– De... de la lumière ! Là ! fit Maya, interrompant le cours des pensées de la maîtresse de la foudre.
Lia redressa la tête et se rendit compte que son amie disait vrai : à une trentaine de mètres devant elle, des rayons lumineux venaient terminer leur course sur le sol rocheux.
*****
Nya ne s'était pas amusée comme ça depuis longtemps. Elle avait mal aux joues à force de sourire et la gorge enflammée d'avoir tant crier de joie et de peur.
Marchant aux côtés de Jay, elle dégustait une barbe à papa.
Cet endroit avait l'étonnant pouvoir de la faire retomber en enfance. Mais une enfance modifiée, modelée à son image, où s'entremêlait joie et insouciance.
– Quoi ! Il est déjà dix-huit heures ! remarqua-t-elle en consultant son Smartphone. Le parc ferme dans un quart d'heure...
Jay la gratifia d'un clin d'œil.
– Juste le temps de faire une dernière attraction ! Les montagnes russes, ça te dit ?
Comment résister à un tel sourire ? Nya le lui rendit en acquiesçant énergiquement.
*****
Les premiers graviers crissèrent sous les pieds de Maya. Bientôt, ils furent rejoints par des brins d'herbes verts pâles qui émergeaient d'une terre brune.
Maya pris une grande bouffée d'air et se mit à sourire. Comme en réponse, le vent passa dans ses cheveux noirs et lui embrassa le visage.
Elle ferma les yeux, se délectant de la douce sensation qu'était celle de la liberté.
Libre.
Elle était libre.
Personne pour la menacer.
Personne pour la terroriser.
Personne lui barrant la route.
Maya s'agenouilla dans l'herbe légèrement humide et caressa le sol de ses doigts.
Elle releva la tête pour profiter des rayons du soleil.
Ce bon vieux soleil. Il lui avait tant manqué.
Lia s'accroupit à ses côtés, un de ses éternels sourire scotché sur le visage. Elle, contemplait la ville qui s'étalait, plus loin.
Maya tourna les yeux et aperçut à quelques mètres ce qu'elle avait toujours craint de voir. Lentement, elle se releva et s'avança vers la stèle qui trônait là, au milieu de l'herbe, entourés de quelques pissenlits mêlés aux primevères.
Elle frôla la pierre glacée et ses yeux bleus glissèrent sur l'inscription.
Maya et Ray Smith.
En dessous, leur date de naissance suivit de celle de leur décès.
Maya se rendit compte qu'elle ne savait même pas comment elle était censée être morte. Qu'avait-on dit à Kai et Nya ? Un accident de la route ? Un attentat ? Un criminel ?
Elle vit Lia la rejoindre. Son amie posa la main sur son épaule et jeta elle aussi un œil à la stèle.
– Il faut... il faut qu'on parte, annonça Lia d'une petite voix.
Elle avait perdu son air assuré qui la caractérisait si bien.
Maya se retourna et fixa avec inquiétude les gratte-ciel qui s'élevaient au cœur de NinjagoCity.
Ce n'était pas la ville qu'elle connaissait. Celle-ci lui paraissait froide et hostile. Où était passé les petites maisons ? La verdure ? Les prés ?
Désormais, tout n'était que bâtiments lisses et voiture filant à toute vitesse.
– Maya ? Tout va... tout va bien ?
Maya regarda son amie. Elle, connaissait NinjagoCity. Elle y avait vécu ces dernières années. Peut-être qu'elle, ne comprendrait pas le malaise qu'éprouvait Maya.
Voyant le soleil commencer à décliner et virer à l'orange, Maya offrit un sourire à Lia et lui dit qu'elle était prête à partir.
*****
– Wouah, c'était d'enfer ! s'exclama Nya en remettant ses cheveux en ordre. Faut trop qu'on revienne !
Jay grimaça.
– J'sais pas... c'était pas si fou...
Nya le fixa, étonnée. Elle fut soulager de voir Jay éclater de rire avant de lui embrasser la joue.
– Je rigole ! C'était génial. Comme toi. Par contre faut vraiment qu'on parte... dit-il en désignant des membres du personnel qui les regardaient avec insistance. Parce que je ne sais pas toi, mais personnellement j'ai moyen envie de mourir écraser par une mascotte géante.
Nya se mit à rire en imaginant la scène.
– Alors on rentre au bateau. Allez, le dernier arrivé à la sortie doit poser la question du transport maritime Groenlandesque.
Avant même que Jay n'ai le temps de réagir au défi et à ce mot improbable, Nya partit en courant.
*****
– Tu sais au moins où on va ? s'inquiéta Maya en voyant le soir tomber peu à peu.
– Alors là-bas il y a le parc MégaMonstre, là le musée d'art... murmura Lia, au maximum de sa concentration.
Elle fut interrompue par des rires bruyants. Presque instinctivement, Maya se réfugia derrière un buisson, emportant Lia dans son geste.
– Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Lia, surprise par l'attitude de son amie.
– Il y a des gens... souffla Maya. Peut-être qu'ils sont envoyés par... par tu sais de qui je parle. On a été retrouvé ! Elles vont nous reprendre et nous enfermer ! Elles vont nous tuer !
– Calme-toi, calme-toi... la rassura Lia d'une voix douce, comme si elle parlait à une petite fille. On est dans une ville. Une très grande ville. Elles ne nous retrouverons pas. Il y a beaucoup de personnes, ici. Ils ne nous veulent pas de mal. (elle se releva pour regarder par-dessus le buisson. Regarde, c'est juste...
Silence. Lia ouvrit de grands yeux et resta figée. Interloquée, Maya se redressa lentement à son tour.
Son amie regardait ceux qui avaient fait peur à Maya. C'était deux adolescents qui se tenaient la main en parlant joyeusement. Un jeune couple, devina Maya.
Quelque chose la tracassait avec le garçon. Il avait quelque chose de terriblement familier... cette manie de se passer la main dans ses cheveux châtains, ce sourire, ce regard pétillant...
Ce n'est qu'en tournant la tête pour regarder Lia qu'elle comprit.
Ce devait être Jay. Le fils de son amie. Oui, maintenant qu'elle y pensait, ça ne pouvait être que lui.
Quand elle distingua la fille, son cœur s'arrêta et le temps stoppa sa folle course.
Ces cheveux, ces yeux bruns profond, ce rire, cette façon de se mouvoir...
Ce ne pouvait qu'être...
Nya.
Son bébé.
Juste là, à une dizaine de mètres.
Juste devant elle.
Maya avait tant rêvé de cette instant : la façon dont elle crierait son nom, les larmes de Nya quand elle aurait comprit, comment elle se précipiterait vers sa fille et qu'elle l'enlacerait...
Au lieu de ça, tout comme Lia, elle resta figée, incapable de faire le moindre geste.
Et sa fille passait, riant insouciamment avec Jay.
Elle n'avait jamais mentionnée un couple, dans ses lettres.
Le téléphone de Nya sonna. Maya sentit les larmes lui monter aux yeux en entendant sa musique préférée s'échapper du mobile de sa fille. Elle ne lui avait pourtant jamais fait écouter...
Après quelques secondes passer l'oreille collée à l'appareil, Nya le rangea dans sa poche et répondit au regard interrogateur de Jay :
– Kai m'a dit qu'on doit se ramener vite fait au bateau ; Lloyd est là.
Nouveau coup au cœur.
Kai.
Maya était si impatiente de le revoir, lui aussi... Il devait approcher de la vingtaine... elle avait tant manqué !
Son tout petit garçon.
Tout proche, lui aussi.
C'est en voyant les tourtereaux s'éloigner que le cerveau de Maya se remit en marche. Pas celui de Lia, apparemment.
– Viens ! Il faut les suivre ! s'exclama Maya en secouant Lia par l'épaule.
Celle-ci la regarda, visiblement encore chamboulée, et acquiesça avant de rabattre la capuche de son sweat-shirt usé.
– On me reconnaîtrait facilement, contrairement à toi, expliqua-t-elle. Tu as raison, il faut qu'on les suive. Marche à côté de moi et fait comme si tu savais parfaitement où tu allais.
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