Chapitre 3



Papa m'a acheté un téléphone. C'est la seule fois que l'on s'est parlé. Quand je lui ai dit que le miens était cassé, et quand il m'en à offert un nouveau. Et c'est tout. Il passe la journée dans son bureau, pour les affaires. Ça fait trois jours que l'accident à eu lieu, et depuis je vis dans l'angoisse totale qu'il est arrivé quelque chose à Loïs. Je ne l'ai ni vu, ni eu au téléphone depuis. Mais ce qui m'angoisse encore plus, ce sont les journalistes qui ont annoncé "une centaine de morts dans le continent dans le tremblement". C'est pour ça que ce soir, je roule dans les rues pour aller voir Loïs. Je suis passé devant un de ces vieux immeubles, ou j'ai l'habitude de me reposer un peu, et j'ai vu qu'il était écroulé. Complètement. Comme s' il n'avait jamais existé. La plupart des ruines ont déjà été dégagées, mais il reste quelques preuves de sa vie, comme des éclats de verre qui reflètent avec les lumières des lampadaires.

J'ouvre la porte de l'appartement de Loïs ( Dieu merci intacte) et remarque tout de suite un changement. A la place de sa vieille télévision est installée de microscopiques petites bille de fer à peine visible. Je sais bien ce que c'est. Un lasécran. Je ne comprends vraiment pas pourquoi Loïs en a acheté un. Il parlait pourtant de cette invention en mal.

Il sort de la salle de bain, ses cheveux brun encore mouillés de sa douche. Il a l'air surpris de me voir. Sa bouche forme alors un grand sourire et vient se jeter dans mes bras. Putain, je deviens trop indépendant à lui...

 - Putain Alizé! Tu m'as fait peur! Après le tremblement, tu ne répondais plus au téléphone! Je croyais qu'il t'était arrivé quelque chose!

Il me prend le visage entre ses deux mains et cherche mon regard. Comme pour s'assurer que c'est bien moi.

 - Mon téléphone à eu un problème...

 - Bon. Le plus important c'est que tu es là.


Je vais me servir un verre d'eau et rejoins Loïs sur le canapé qui lui sert également de lit. Il fait tellement chaud... Le baiser qu'on échange me fait tourner la tête. C'est le premier garçon que j'ai aimé, et je sais que ce sera le seul. Lui a plus d'expérience. Il a un an de plus que moi, et est allé au lycée. Mais ça ne change rien au fait qu'il m'aime. Enfin je crois.

 - Tu as acheté un lasécran? Je lui demande.

 - Tu parles. Ce salaud de Welvove là, l'inventeur de cette merde m'a forcé à l'acheter!

Quoi?? Mais pourquoi papa aurait fait ça?

 - Il veut laisser place au progrès, et surtout qu'ils vont complètement arrêter la télé car ça ne sert à rien d'entretenir des réseaux de la télévision pour une poignée de gens! Je n'ai pas eu le choix! Ce connard m'a fait apporté cette merde en me retirant de l'argent sur mon compte. Mes derniers sous! Je n'ai plus un rond merde. Je vais le faire payer ce gars là! En plus, cette merde me donne mal à la tête! Putain ...

Je reste bouche bée. Comment papa aurait pu faire ça? C'est tellement injuste! Et en plus, je me sens coupable. Loïs ne sait même pas que je suis la fille de ce "connard".

D'un coup de rage, Loïs se lève et tape de toutes ses forces sur les lasers minuscules qui dans un grésillement plaintif se cassent.

 - Loïs calme toi! C'est vrai que ce mec est un vrai...con, mais là, tu viens juste de casser un truc qui vaut une fortune! On aurait pu le revendre!

J'attrape le bras de Loïs en mouvement, et le ramène sur le canapé. Il se rassoit en se prenant la tête dans les mains. Je ne peux pas voir son visage, mais devine qu'il pleure. Ses épaules le trahissent en tremblant.

 - Alizé...Je vais devoir vendre l'appartement. Je n'ai vraiment plus un sous. Je...je ne sais pas comment faire...J'ai plus mes parents, plus personne. Je n'ai plus que toi. Je, je pourrais m'installer chez toi le temps de trouver de l'argent? S'il te plaît...

Mon cœur bat à toute vitesse. Je ne sais pas quoi dire. Dire non serait cruel. Dire oui, c'est tout avoué à lui, à mon père. Mais là, ça sera Loïs qui ne voudra pas. Car il haï mon père sans le savoir.

 - Je, je ne sais pas. Je suis en colocation et je ne suis pas sûre que ma coloc soit ok...Je voudrais vraiment. Je vais lui en parler, tu veux bien?

Mentir, c'est tout ce que je peux faire de mieux pour l'instant.

 - Merci Alizé... Qu'est ce que je ferais sans toi.

Si il savait qui il remerciait réélement...

Je le prends dans mes bras, pour pas qu'il voit mon visage tordu par la culpabilité, et nous restons comme ça de longue minutes jusqu'à que je parte.

Seulement, quand je rentre, papa est sur mon balcon. Comme s' il m'attendait.

 - Je peux savoir ce que tu fais là?

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Que dire? Je ne m'attendais tellement pas à ce qu'il soit là...

 - Je, j'étais aller prendre l'air dans le jardin?

 - Avec un vélo et en escaladant le portail?

Ce qui me fait le plus peur, c'est que papa n'a pas l'air énervé. Et ça ne lui ressemble pas du tout. Il me regarde de haut, comme si j'étais une honte. Je déteste ça.

 - Je suis juste allé faire un tour, ok? Laisse moi.

 - Tu sais très bien que c'est dangereux dehors.

C'est ça, dangereux? Son seul argument c'est que je suis la fille d'une célébrité, donc facilement la cible des kidnappeurs.

 - Non papa, tu mens. Dehors, c'est la liberté. C'est la joie, c'est l'amour.

Ces mots sortent tout seul de ma bouche. C'est ce qui fait exploser mon père. La goutte d'eau qui fait déborder le vase.

 - Tu étais avec qui ?!!

 - Personne...

Mon père me prend le bras et plante ses yeux dans les miens.

 - Ça fait un moment que je me doute de quelque chose! Je n'ai pas élevé ma fille pour qu'elle aille faire la salope dans les rues la nuit!!

Je dégage mon bras d'un coup sec. J'ai juste envie de lui balancer les quatres vérités à la gueule.

 - C'est pas toi qui m'a élevé papa! J'ai grandi seule ok? Car tu n'as jamais été là pour moi. Tu ne t'en rends même pas compte! Il faut croire que tu es trop aveuglé par l'argent pour obliger à faire payer à des gens qui on pas un rond ton fichu lasécran! Ah oui et aussi, celui que je vois s'appelle Loïs, et lui au moins s'inquiète quand il y a un grand tremblement de terre et qu'il ne m'a pas vu. Maintenant sort de ma chambre.

Mon cœur bat à mille à l'heure. C'est la première fois que j'ai osé. Et ça fait du bien, vraiment. Mais mon père, lui, décomposé, ne bouge pas d'un centimètre. Il cherche ses mots, et me balance enfin au visage:

 - Si je ne fais pas attention à toi ces derniers temps, c'est pour toi Alizé. Car tu ne reverras jamais ce Loïs car je vais te sauver. On part de cette planète dans trois jours. Dit en revoir à ce monde.

Sur ce, il sort de mon balcon, traverse ma chambre et s'en va.

Dit en revoir à ce monde. Ce sont les derniers mots qu'il m'a dit. On part de cette planète. Mais qu'est ce que ça veut dire merde? Mon cerveau bloque. Il ne veut pas comprendre cette information. Alors que j'ai juste envie de trouver mon refuge de couette, je trouve sur ma table de nuit une enveloppe. Je la saisit, tremblante, et l'ouvre. Une écriture taper à l'ordinateur...mon père, forcément.

Alizé. Ce soir, tu passes ton avant-dernière nuit sur Terre. Personne n'a trouvé de solution pour sauver cette vieille planète. Si on reste ici, il ne nous reste pas plus de sept mois à vivre.C'est pourquoi nous avons trouvé une solution: Partie sur le vaisseau no return en direction d'une planète habitable pour l'homme, trouvé par des scientifiques. Le voyage coûte 100 000 milliards. Grâce à mon argent, on va pouvoir y aller ma puce!Nous et les dix autres familles chanceuses partirons samedi matin pour 11 mois de voyage, mais surtout une nouvelle vie!

Je jette le papier par terre et pousse un cri de rage et de désespoir. Mourir ou abandonner mon passé. Voilà le deal. Je comprends que mon père ait voulu me l'annoncer par une lettre, mais me l'a avoué différemment..

C'est sûrement pour ça que mon père à forcer au gens d'acheter son lasécran, pour gagner cette somme. Et c'est de ça que parlait papa au téléphone la nuit dernière...

Mais comment mon père peut croire une seule seconde que je serais heureuse de partir? Abandonner ma ville, Marie, Loïc? Certes, je n'ai pas d'autre attache sur cette Terre, mais je ne peux pas l'abandonner. Chaque chose du quotidien, le vent, le soleil, la pluie, les livres...Ça fait partie de mon quotidien. Je ne peux pas... Je ne peux pas. Dans un vaisseau, enfermé quasiment un an avec des con de riches, et rester le reste de ma vie avec eux? Hors de question. Je ne partirais pas. 

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