𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟷𝟽
J'entre en trombe dans l'hôpital de Marlborough, l'homme à l'accueil remarque ma panique alors il m'interpelle. Je m'approche rapidement de lui, déterminée à retrouver mes parents.
- Où est la famille Howard ? Ils ont eu un accident, proclame-je.
- Vous êtes de la famille ?
- Bah non idiot ! Bien sûr que si ! Je suis leur grande fille ! Gretchen Howard bordel ! m'enquis-je paniquée.
L'homme se renfrogne dans son siège et me dit d'aller m'assoir dans la salle d'attente puisqu'ils ne sont selon lui pas encore sortis de réanimation.
À l'entente de son dernier mot, je m'effondre et touche encore un peu plus le fond. Réanimation... Comment ce simple mot peut me détruire ? Alors ils sont au bord de la ligne... Alors mon mauvais pressentiment était véridique... Et alors j'aurai tellement préféré me tromper.
- Est-ce... Est-ce qu'il y a ma petite soeur ? lui demande-je la voix tremblante.
- Ouais mais elle s'en est sortie. En revanche, elle est toujours endormie mais plus pour très longtemps, ne vous en faites pas mademoiselle Howard.
Je me laisse tomber contre le sol blanc de cette hôpital de malheur. Je n'ai plus qu'à attendre le verdict final.
Une jeune femme vient m'aider à me relever et m'amène gentiment dans la salle d'attente où je m'effondre en larme.
~
- Mademoiselle Howard ? m'interrompt une femme avec une tenue de travail.
Je sèche mes larmes puis me redresse devant elle.
- C'est toujours compliqué à annoncer...
Plus aucune larme ne peut couler, je suis à rupture de stock et ça me désole. J'ai bien compris ce qu'elle va m'annoncer.
- Je m'excuse au nom de tous, nous n'avons pas réussi à les sauver, annonce-t-elle.
Moi qui croyais ne plus avoir de larmes, j'avais tout faux puisque je m'effondre une nouvelle fois. La femme reste droite en me regardant pleurer et en me répétant combien elle est désolée. Pathétique. Ce discours est le même pour chaque personne qui doit subir cette situation, je le sais.
- Je veux voir ma soeur... réclame-je.
- Bien entendu, suivez-moi.
Je me redresse et la suis au travers des couloirs tandis que je croise plusieurs personnes dans des brancards ou d'autres entrain de pleurer ou d'hurler.
Aucune joie dans cette hôpital et c'est ce qui est le pire dans tout ça. Rien ne peut donc remonter mon morale.
J'entre dans la chambre de ma soeur et la vois allongée, entourée de médecins qui finissent ses examens.
- Vous êtes sa soeur ?
Je hoche la tête en séchant mes dernières larmes.
- Elle est encore faible, vous pourrez repartir avec elle dans une heure sûrement.
- D'accord merci, dis-je avant de voir ma soeur.
Son teint est si pâle qu'elle en fait presque peur. C'est comme si toute sa lumière avait disparu parce que oui, du haut de ses 8 ans, June était notre petit rayon de soleil à Ladner, elle sait comment remonter le morale.
Les médecins quittent la pièce alors que je m'assois sur une chaise en attrapant sa main alors qu'elle me sourit faiblement.
- Est-ce que les médecins t'ont parlé de maman et papa ? lui demande-je doucement.
June hoche lentement la tête et récupère un air triste. J'essaye de paraître le moins affectée possible mais s'est compliqué, après tout, mes parents viennent de... de mourrir en venant me voir à Boston.
- Alors tu vas venir habiter avec moi, lui assure-je.
- Et la maison ? parvient-elle à dire.
- La famille va s'en occuper cette année. Le temps que je finisse l'école, après on y retournera toutes les deux, lui affirme-je.
June acquiesce alors que je contemple ma petite sœur de 8 ans. Étrangement, je ne pense même pas à comment je vais gérer ma double vie avec elle, si je continue de danser au Blum, je gagnerai encore de l'argent alors je pourrai assurer sa petite vie.
Mais je pense que je vais tout arrêter avec ça, ce n'est pas bien. June ne doit pas le savoir et encore moins me prendre pour exemple alors une fois à Boston, je couperai les ponts avec Daewin et je me trouverai un vrai boulot pour assurer nos vies.
En rentrant à Boston, je compte bien la remettre à l'école pour la rentrer. Il ne faut pas que ce qui vient de se passer empiète sur nos avenirs. Maman et papa n'auraient jamais voulu ça.
- Tu m'as manqué Rae, me dit June.
- Toi aussi mon ange, tu verras, tout ira bien à Boston, proclame-je.
Ma petite soeur me sourit alors que nous continuons de nous regarder dans le blanc des yeux.
~
Je complète les derniers papiers pour June et signe la feuille de sortie.
- Est-ce que vous voulez devenir sa responsable légale ? me demande la doctoresse.
Je regarde June qui serre ma main ce qui me décroche un sourire.
- Oui, bien sûr.
La femme me tend des papiers que je remplie et signe rapidement. Elle me donne une photocopie du dossier qui n'est que de trois pages que je récupère et glisse dans mon sac à main.
- Encore une fois, nous sommes désolé.
- Merci, dis-je pour écourter légèrement son futur discours aussi pathétique que ce centre hospitalier.
- Bonne continuation, nous dit-elle.
J'acquiesce et nous sortons de l'hôpital. Je monte dans ma voiture après avoir installé June et avoir vérifié qu'elle avait sa ceinture.
Nous nous engageons par la suite sur la route jusqu'à Boston dans un silence de plombs qui n'est pas gênant mais bien reposant.
C'est définitivement la pire journée de ma vie.
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