5. Une Semaine
Tae m'a montré une chambre d'ami qui est plutôt spacieuse, avec un bureau, un dressing qui ne me servira que peu et une salle de bain. Je déballe le peu d'affaires que j'ai et les range. Quand j'ai fini, je sors de la chambre et vais dans la cuisine, en bas. En entrant, je tombe nez à nez avec James. Je m'approche doucement de lui, pendant qu'il me fixe.
- Excuse-moi pour tout à l'heure... déclare-je en baissant les yeux gênée.
J'ose relever très légèrement mon visage pour voir si ses traits sont durcis ou au contraire adoucis et surtout s'il compte me répondre.
- Ne recommence pas, c'est tout, fait-il simplement.
Je hoche la tête et me décale pour prendre un verre d'eau que je bois en quelques gorgées. La maison est plutôt calme, à part les pas des autres qui résonnent, il n'y a presque aucun dialogue. Je remonte les escaliers et regarde un peu la maison, pour prendre mes marques. J'ouvre quelques portes et retourne dans ma chambre. Dans celle-ci, j'ouvre mes fenêtres pour faire passer de la lumière.
- Baaa ! crie une voix dans mon dos.
Je crie de peur en me retournant lorsqu'une main vient sur ma bouche immédiatement. Je regarde et vois deux yeux bridés. Je mets une grosse claque sur son épaule et souris.
- Ta tête était... moua... rit-il.
Je le dévisage un instant et en tailleur, je m'assois sur mon lit.
- Tu fais la tête Ava ?
- Non, dis-je sèchement.
- Mytho !
- Arrête, c'est bon ! Je-ne-te-fais-pas-la-tête ! raille-je en insistant sur les derniers mots.
- Bon parle moi de toi alors.
- Il n'y a rien à dire sur moi.
Ma voix est fermée, je n'ai pas envie d'avoir de la pitié pour moi, ou n'importe quelle autre forme de peine, et puis j'ai pas non plus envie de passer pour le cas de la maison.
- Tu crois que je n'ai pas vu le bleu sur ta main.
Je tire sur ma manche comme pour cacher cette foutue tache.
- J'ai refermé une porte sur ma main, mens-je.
- Tu me prends vraiment pour un amateur. Regarde, tu vois ces cicatrices sur ma joue. Et bah, je me les suis faites.
Je regarde un peu ses cicatrices et remarque que ce ne sont pas des cicatrices faite avec des points de suture, c'est juste la peau qui s'est refermée par-dessus ce qui fait une bosse.
- Comment tu te les es faites ? demande-je curieuse.
- Tu le sauras plus tard. Alors dis moi qui t'a fait ça ?
- Non, je n'en ai pas envie. Je sais comment ça se passe quand tu dis des choses comme ça, les gens ont pitié et je n'en ai pas besoin, surtout si je dois rester ici, affirme-je toujours fermée.
- Bon alors...
Il semble chercher une question.
- T'as quel âge ?
- dix-neuf ans et toi ?
- vingt.
- Tu viens d'où ? Enfin, je veux dire tes origines ? le questionne-je.
- Je viens de Corée. Et toi ?
- Tennessee.
Il hausse les sourcils en entendant mon état d'origine, mais ne dit rien. Cependant, quelqu'un toque à la porte ce qui nous interrompt. Je me lève et ouvre, je vois Aaron, le plus calme de tous. Il regarde par-dessus mon épaule afin d'apercevoir Tae-ho sûrement.
- Tae viens, réclame-t-il.
Il s'exécute et sort, les deux se dirigent vers le salon, mais Aaron se retourne vers moi.
- Ava reste ici.
Je le regarde perplexe, mais acquiesce, ne sachant pas trop comment me comporter devant lui. Je retourne à mon lit et m'allonge en pensant à des milliers de choses. Notamment à ma fugue. Au couvent de la Sainte, quand on emploie le mot « évadé » ou « fugue », tout le monde reparle de cette rumeur comme quoi l'un des garçons se seraient évadés il y a quelques années de ça déjà. Si cette rumeur est vraie, il y a une fille à présent.
Ma vie n'a jamais été facile, mais m'envoyer là-bas n'a rien arrangé. Le prêtre est un malade comme sa femme. Oui parce que même si Dieu est contre, Père Daniel est avec Sœur Agatha, ils se cachaient plutôt bien jusqu'au jour où je les ai vus descendre dans le sous-sol, ils s'embrassaient. Juste l'image me donne la nausée.
Au fur et à mesure, ils m'ont fait des choses que je ne souhaiterais même pas à mon pire ennemi. Tout ça a vraiment commencé quand j'avais douze ans, Daniel venait plus souvent et il me parlait aussi plus souvent, très souvent. Agatha, elle trouvait toujours un truc pour me punir. Au fur et à mesure, ils m'ont fait des choses que je ne souhaiterais même pas à mon pire ennemi.
J'ai peur qu'ils me retrouvent parce que si c'est le cas, je serai finie, et personne n'y pourra rien. Agatha me l'a si bien répété : « Si tu crèves le monde s'en foutra, tu n'es qu'une simple vie, une minable parmi tant d'autres qui brillent.». Les couvents sont censés aider, ne pas détruire. Je mettrai ma main à couper que je ne suis pas la seule.
Je sors un instant de mes pensées pour regarder mon portable. Ça fait des années que je ne l'ai pas utilisé.
Aucun message.
Que c'est étonnant !
Mais sans m'y attendre alors que je vais pour le reposer, il sonne :
Tu auras beau courir, partir... Tu reviendras, Daniel et moi t'attendons. Si tu ne reviens pas d'ici une semaine, nous viendrons te chercher nous-même où que tu sois.
Mon portable tombe au sol, je suis pétrifiée. Je me lève, raide, et choquée mes jambes vacillent. Je me sens tomber contre le parquet, mes yeux s'éteignent.
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