J'ouvre doucement les yeux. Comment j'ai pu dormir dans un moment pareil ? J'ai mal à la tête putain. J'essaye d'apporter ma main à mon crâne, mais elles sont liées entre elles dans mon dos. J'essaye de voir autour de moi, mais il fait noir. Je suis sur une chaise en métal, avec les pieds accrochés aux barreaux de celle-ci. Je tente de défaire mes poignets, mais le nœud est affreusement serré. J'ai l'impression d'avoir les jambes découvertes, comme si je portais une jupe alors que je suis censée porter un jean noir.

D'un coup, la lumière s'allume alors je ferme instantanément mes yeux qui n'y sont pas habitués. Je les ouvre plusieurs fois avant de tomber nez à nez avec Savannah. Savannah était ma voisine de lit dans notre dortoir. On s'entendait plutôt bien, mais elle ne savait pas ce que j'endurais avec Daniel et Agatha. Je baisse donc les yeux pour pouvoir élucider le problème de la tenue. Effectivement, je suis en jupe, mais pas une jupe banale, c'est la jupe du couvent de la Sainte Vierge.

Je relève mes yeux vers Savannah qui tient uniquement un morceau de pain dans sa main.

- Savannah... Qu-Qu'est-ce que je fais ici ?

- Tu sais Daniel et Agatha ont eu peur pour toi ! Nous aussi ! Quelle idée de partir dans un autre État !

- Savannah laisse moi partir s'il te plaît ! la supplie-je en reconnaissant les lieux.

- Non ! Tu vas repartir loin ! Et tiens, c'est ton repas, enfin ce qu'Agatha m'a donné.

- Je n'en veux pas ! Laisse-moi sortir.

- Non Ava ! Dieu est humble, il te pardonnera.

On dirait qu'elle est possédée. Sa voix, son attitude, rien ne lui ressemble vraiment.

- Je me fiche de Dieu Savannah ! Il ne m'a jamais aidé dans cette merde de couvent ! m'agite-je.

- Ne parle pas comme ça Ava ! surgit une voix qui me fait angoisser.

C'est trop tard...

Agatha entre dans la pièce, cheveux toujours attachés en un chignon bas et gris, une tenue toujours impeccable et posture digne d'une reine. Cette femme est effrayante.

- Savannah retourne à tes occupations, lui dit-elle avec un beau sourire.

Savannah sort de la pièce en baissant la tête. Je suis donc seule avec cette folle.

- Je t'avais prévenu Ava ! hurle-t-elle en m'infligeant une gifle.

Une mèche de mes cheveux vient sur mon visage, je souffle dessus en la regardant de pitié.

- Tu es une pécheresse Ava !

Une autre gifle.

- Tes parents doivent avoir honte !

Une autre. Je laisse mes larmes dévaler le long de mes joues. Lâcher prise est la seule chose que je peux faire à présent que ma vie est redevenue un calvaire.

- Tu pleures ? dit-elle.

J'ouvre les yeux et les plonge dans les siens.

- Tant mieux ! pouffe Agatha.

Je rebaisse ma tête.

- Je vais appeler Daniel, me dit-elle, il va être ravi.

Je lève automatiquement ma tête, mes larmes s'arrêtent net.

- Non...Non ! Laissez-moi ! crie-je.

Agatha n'y prête pas attention et part sûrement chercher Daniel. Je suis seule entre ces murs et je n'ai aucun moyen de m'en échapper.

La porte s'ouvre, et doucement, la silhouette de Daniel se trouve en face de moi avec sa tenue de prêtre et sa grande croix autour du cou.

- Alors je t'ai manqué ? s'esclaffe-t-il.

Juste sa présence me dégoûte et me met dans une rage folle. J'ai l'impression que ça ne s'arrêtera jamais.

- Tu penses réellement que tu vas me manquer ? déclare-je narquoise.

- Où est donc passée ta politesse ? ose-t-il me demander en passant son doigt sur ma cuisse.

- Je voudrais bien te le dire, mais ça risque de ne pas plaire à Dieu.

- Sale petite conne !

Sa main s'abat sur ma joue. Mon visage dérive sur la gauche. Par la suite, il empoigne mes joues et pose sa bouche sur la mienne. Je me débats, mais il attrape mon cou. Daniel s'assoit sur mes cuisses et passe son autre main sous ma jupe, il retire le côté de ma culotte. J'essaye de me débattre, mais l'once de courage que j'avais quelques minutes plus tôt, s'est comme évaporer, envolée, dispersée. Il soulève tant bien que mal mon haut et passe la même main sur mes seins.

- Non... Arrête ! hurle-je en pleurant.

- Tu m'avais manqué ma chère Ava.

Il tire sur mon soutien-gorge pour le retirer, et attrape mon sein. Oh mon Dieu, mais qu'ai-je fait pour mériter un tel châtiment. Je hurle, je pleure, je me débats, mais malgré tout, Daniel continue.

- Mais lâche moi ! Au nom de Dieu ! S'il vous plaît ! l'implore-je.

Soudain, une porte s'ouvre laissant Savannah apparaître. Quand elle voit Daniel sur moi, elle s'empresse de venir le pousser. Dieu m'a entendu, mais je ne le remercie pas parce que je suis encore ici. Savannah s'approche de moi et retire les cordes de mes jambes.

Daniel se relève et pousse fortement Savannah. Son crâne frappe violemment le sol.

Je m'éloigne de Daniel, mais il me rattrape. Sans réellement comprendre ce qui m'arrive, je me retrouve à me battre avec lui. Je lui envoie des coups de pied, pour l'éloigner et me rapprocher des murs de roche. Quand je lui envoie un gros coup qui le propulse au bout de la pièce, j'en profite pour râper la corde des poignets dans mon dos contre le mur. Au bout de quelques essais, je retrouve ma liberté grâce à une pierre assez pointue.

Je m'empresse de courir vers Savannah. Son corps est inerte. Je lui secoue le visage, et lui inflige des petites tapes. Ses yeux s'ouvrent. J'ai tellement eu peur.

- Lève-toi, lui intime-je rapidement.

Elle s'exécute avec de la difficulté.

- Commence à monter, je m'occupe de lui. Tu viens avec moi.

Elle hoche la tête et tente de remonter. Daniel me charge contre un mur, je lui mets un nouveau coup, mais cette fois-ci avec mon coude.

Il tombe par terre et la bouche en sang avec un rire de psychopathe.

- Tu auras beau changer de planète, tu seras toujours à moi Ava. Personne ne pourra te protéger.

Je me retourne et pars aider Savannah qui monte difficilement les escaliers.

- Tu en sais trop. Viens avec moi.