CHAPTER 29
⸻ ❝ 𝚂𝙷𝙸𝙽𝙸𝙽𝙶 𝙹𝙴𝚆𝙴𝙻 ❞ ⸻
⸺【 🜲 】⸺
[ RESTART — KICK OFF ]
LE COUP D'ENVOIE EST DONNÉ, et l'intensité explose aussitôt. Les tribunes hurlent, le stade est en feu. Les supporters sont debout, secouant drapeaux et écharpes, les flashs des téléphones scintillent dans la nuit. Chaque souffle, chaque cri fusionne en un ouragan sonore qui s'abat sur la pelouse. La tension est palpable, électrique, comme si le moindre mouvement pouvait faire basculer le match. Sur le terrain, le Blue Lock Eleven se repositionne instantanément.
Rin récupère le ballon et l'expédie vers Isagi, qui le réceptionne proprement avant de lui renvoyer. L'échange est rapide, tranchant comme une lame. Ils avancent en tandem, alternant leurs passes avec une fluidité déroutante. Leur jeu est prévisible en apparence, mais leur synchronisation parfaite empêche toute lecture évidente.
Le bleuté tourne autour du jeune prodige, s'adaptant instinctivement à chaque micro-mouvement de son coéquipier. Il ne pense plus, il ressent. Rin lève un instant la tête, ses yeux s'illuminent d'une lueur froide. Une fraction de seconde plus tard, il balance une passe en arrière. Un geste imprévu, un choix audacieux. Deux défenseurs se figent, pris de court. La balle fuse et atterrit dans les pieds d'un joueur dont la présence sur le terrain est un danger constant.
Dojima.
Un sourire moqueur étire ses lèvres alors qu'il accueille la passe avec une aisance désinvolte.
— « Nice, mes mignons garçons~ »
Sans perdre de temps, il enclenche son dribble. Un premier défenseur tente de l'intercepter, mais le noiraud l'efface d'un simple changement d'appui. Le second plonge vers lui, mais il est trop lent. Il pivote et s'échappe, glissant à travers la défense avec une facilité insolente. Devant lui, Rin et Isagi sprintent en direction des cages. Puis, sans prévenir, ils se séparent. Un choix qui divise la défense, créant une brèche exploitable. Dojima évalue ses options en un clin d'œil et décide d'envoyer une passe brutale en direction du vert.
Mais au moment d'armer son geste, un détail lui saute aux yeux.
Il se fige une fraction de seconde.
Son regard capte la posture de Rin.
Sa position.
Ses intentions.
Une veine bat violemment à sa tempe, et un frisson d'agacement traverse sa colonne vertébrale.
'Il est pas sérieux ?! Quel gamin !'
Son instinct prend le relais. Son corps bouge avant même qu'il n'ait pleinement analysé la situation. Il accélère, prêt à rattraper la catastrophe qui s'annonce. Rin, enfermé près du corner, s'apprête à déclencher une frappe insensée.
Il tente de reproduire exactement le tir de son frère. L'audace est suicidaire.
Le ballon fuse, traçant une trajectoire vicieuse. Le gardien réagit d'un réflexe inhumain, se détend de toute sa longueur et parvient à effleurer la balle du bout des doigts. L'impact contre la barre transversale résonne dans tout le stade. Le cuir rebondit avec violence... et retombe directement dans les pieds de Dojima.
Un sourire carnassier fend son visage alors qu'il récupère le ballon d'un contrôle net.
— « Ça t'apprendra, imbécile de cap' ! »
Il fusille le garçon du regard avant d'armer son tir. Mais une ombre surgit devant lui.
Neru Teppei. Hah. Again lui.
Dojima serre les dents. L'agaçant gamin lui barre encore la route, mais il ne panique pas. Ce scénario, ils l'ont déjà travaillé. Tout se déroule comme prévu.
Derrière lui, Isagi passe en trombe, se positionnant sur la droite. Un échange de regards furtif, et le plan s'exécute. Le jeune homme feinte sur la droite, entraînant Neru avec lui, avant de filer avec le ballon.
— « Good BabyBoy, Yoichi. Je t'en dois une. »
Il arme une frappe puissante. L'instant semble figé. Mais Aiku se jette et bloque le tir in extremis. Le ballon est toujours en jeu. Darai fonce pour le récupérer, mais Otoya jaillit comme un éclair, arrachant la possession d'un geste chirurgical. Il tire sans hésiter, mais Niō contre la frappe d'un réflexe magistral.
La balle rebondit encore.
L'action n'est pas terminée.
Un cri fend le chaos ambiant.
— « Nagi ! »
Isagi hurle son nom, et instantanément, tous les regards convergent vers lui. L'opportunité est parfaite. Deux défenseurs se ruent vers Nagi pour le marquer, mais il ne bouge pas, imperturbable. La passe lui arrive. Il l'amortit d'un contrôle divin. Il s'arrête net.
Le stade entier retient son souffle.
Puis, d'un geste félin, il envoie la balle rebondir sèchement sur le terrain.
Un saut.
Un 360° en plein vol.
Son mouvement est fluide, irréel, comme une danse. Suspendu dans les airs, ses yeux croisent ceux des cages.
— « Enchanté, le Japon. Je m'appelle... Nagi Seishiro... »
Il frappe. La balle part comme un missile, le filet tremble sous l'impact.
[ GOAL !!! ]
U20 |1–2|Blue Lock Eleven
Sur le terrain, le blanc commence à retomber après son tir prodigieux. Mais il ne touche jamais le sol. Dojima le rattrape dans ses bras avec aisance, Nagi cligne des yeux, l'air perdu.
— « Tiens ? Je me suis planté dans ma présentation... ? »
Le noiraud le fixe un instant, amusé, avant de lâcher avec un sourire satisfait.
— « Pas du tout.»
Puis, une explosion sonore.
Le stade éclate dans un rugissement de pure hystérie. Les supporters hurlent, les bancs tremblent sous l'excitation. Les remplaçants du Blue Lock bondissent, criant leur euphorie. Himejima lève les bras au ciel en hurlant de joie, les poings serrés.
— « PUTAIN DE MERDE !! OUAAAAAAAAIS !!!!! »
Nagi descend lentement des bras de Dojima, ses pieds touchant à nouveau la pelouse encore vibrante du choc du but. Pendant une seconde, il reste immobile, comme s'il n'avait pas encore réalisé l'ampleur de son exploit. Puis, avec cette nonchalance qui le caractérise, il lève le poing en l'air.
L'effet est immédiat.
Les tribunes explosent une fois de plus, le stade tremble sous la puissance des acclamations. Les cris redoublent, les supporters hurlent son nom, emportés par l'euphorie.
Le jeune homme, toujours à côté de lui, le fixe un instant avant de l'attirer brutalement contre lui. Il lui ébouriffe les cheveux avec force, un sourire amusé sur le visage.
— « Putain, Seishiro, t'as vraiment un don pour ce genre d'entrée en scène. »
Le garçon grogne, tentant de repousser sa main, mais le geste est plus symbolique qu'autre chose. Il n'a même pas la motivation de se dégager réellement.
— « Arrête ça... » marmonne-t-il en plissant les yeux, visiblement peu habitué à tant d'effusion.
Mais il ne lâche pas, le secouant légèrement comme un grand frère fier avant de finalement relâcher son emprise.
— « Enchanté, le Japon, hein ? Tu sais que t'es dramatique quand tu veux ? »
Nagi cligne des yeux, un brin perplexe, avant de hausser les épaules.
— « C'était spontané... »
Après avoir bien féliciter Nagi, le laissant à Chigiri et Isagi, le noiraud s'avance nonchalamment vers Rin, un sourire carnassier aux lèvres, son regard incandescent trahissant l'excitation du match. Arrivé à sa hauteur, il passe un bras possessif autour de son cou, le tirant légèrement vers lui tandis que son autre main s'accroche à sa mâchoire avec fermeté.
— « Honnêtement, t'as quoi dans le crâne, mon petit RinRin ? Une pastèque vide ?! » grogne-t-il, son ton oscillant entre l'amusement et l'exaspération.
Il secoue légèrement le verdâtre comme pour lui remettre les idées en place, mais ce dernier reste impassible, à peine dérangé par l'intervention du mannequin. Son regard perçant est braqué droit devant, indifférent à la remontrance. Il le laisse parler, ne répondant que par un léger soupir, comme si ce genre d'échange entre eux était devenu une routine.
Tandis que Dojima continue à le maintenir ainsi, un peu plus loin, dans les rangs adverses, une tension bien plus inquiétante se développe.
Sur le banc de touche des U20, une aura meurtrière se dégage lentement d'un joueur en particulier. Assis en retrait, les coudes appuyés sur ses genoux, Shidō observe la scène avec un regard sombre et brûlant. Ses yeux suivent chaque mouvement de Dojima, chaque contact, chaque geste qu'il adresse à Rin.
Ses doigts tapotent nerveusement sa cuisse. Un rictus tordu étire le coin de ses lèvres.
'Enfoiré de faux cils...C'est MON Dojima.'
La pensée claque dans son esprit comme une vérité absolue.
Mais ce n'est pas que la proximité entre les deux qui l'énerve. Ce qui le fait véritablement frémir, ce qui l'électrise jusqu'au bout des doigts, c'est cette expression sur le visage de son « petit amour sociopathe ».
Dojima, ce monstre d'arrogance et d'adrénaline, celui qui semble toujours en contrôle, est en train de se laisser totalement aller. Il s'amuse. Il vibre.
Et bordel... ça le rend fou. Il ne sait pas comment il n'a pas tâcher son pantalon de survêtement, le but du jeune mannequin l'ayant tout retourné. Le faisant presque jouir sur place.
Il a eu le temps d'y réfléchir, loin du Blue Lock, lorsqu'il avait été sélectionné par Sae. Il s'en est rendu compte bien trop tard, mais c'est devenu une évidence : Dojima lui manque. Atrocement
Ce n'est pas juste une rivalité. Ce n'est pas juste une obsession. C'est bien plus primaire, bien plus sauvage.
C'est de l'amour.
Un amour dérangé, incontrôlable, brûlant. Un amour qu'il veut hurler au monde entier et imprimer dans la chair de Dojima.
Il se lèche les lèvres, son regard flamboyant toujours fixé sur lui.
'Dojima, tu vas voir... Je vais te récupérer bébé~'
[ RESTART — KICK OFF !!! ]
__________
⸻ 𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 29 ⸻
:
Nostalgia ; Retrouvailles Des Destructeurs
Le coup de sifflet retentit, annonçant enfin la mi-temps.
Le stade est en fusion, les cris de la foule résonnant comme un ouragan alors que le tableau d'affichage brille d'un 3-1 en faveur du Blue Lock Eleven. Ce dernier but, marqué par Rin, a marqué un tournant, brisant l'élan des U20 et imposant la domination d'une équipe que beaucoup sous-estimaient encore.
Les joueurs regagnent les vestiaires, certains le souffle court, d'autres encore gonflés d'adrénaline.
Dojima, lui, s'avance nonchalamment, retirant son serre-tête d'un geste fluide tout en passant une main dans ses cheveux trempés de sueur. Il sent la tension de l'équipe, ce mélange d'excitation et de concentration, et il savoure ça. Mais alors qu'il lève les yeux, un détail capte instantanément son attention. Himejima.
Elle s'approche de lui, une bouteille d'eau dans une main, une serviette dans l'autre. Elle a ce même sourire habituel, un peu espiègle, un peu moqueur, celui qu'elle arbore toujours après une action impressionnante de son frère.
Mais le noiraud voit immédiatement ce qu'elle cherche à masquer. Ses yeux sont légèrement rouges. Gonflés. Comme si elle avait pleuré.
Il plisse légèrement les yeux, tendant la main pour récupérer la serviette qu'elle lui tend, sans pour autant la quitter du regard. Il se souvient d'un détail qui lui avait échappé sur le moment : après le but de Rin, elle avait disparu des tribunes.
Il s'essuie le visage, buvant une gorgée d'eau avant de murmurer, assez bas pour que seuls eux deux entendent :
— « Hime, t'as pleuré ? »
Elle sursaute légèrement avant de détourner le regard, serrant les doigts autour de la bouteille. Puis elle hausse les épaules avec un sourire qui se veut léger.
— « Hm ? Mais non, pourquoi tu dis ça ? »
Le jeune homme ne répond pas immédiatement. Il penche légèrement la tête, détaillant son visage. Elle ment. Il le sait.
Mais elle ne veut pas en parler maintenant.
Il finit par lâcher un soupir, ébouriffant doucement ses cheveux du bout des doigts, avant de sourire à son tour.
— « T'es vraiment nulle pour mentir. »
La noiraude lève les yeux au ciel, lui tapant doucement l'épaule, feignant l'exaspération.
— « Occupe-toi de ton match, idiot. »
Mais Dojima le sait. Quelque chose la tracasse.
Il était resté sur le terrain après avoir discuté avec sa sœur, savourant encore l'effervescence de la première mi-temps. À ses côtés, Chigiri sirotait son eau, le regard levé vers les tribunes.
Soudain, ce dernier esquissa un soupir étranglé. Suivant son regard, Dojima aperçut une femme et une jeune fille installées en hauteur dans les gradins. La plus âgée, visiblement la mère du rouquin, tenait son téléphone, capturant l'instant avec un air fier. À côté d'elle, une femme à la chevelure flamboyante, semblable à la sienne, lui adressait un large signe de la main.
À peine quelques secondes plus tard, Otoya s'approcha.
— « C'est qui, cette beauté ? »
Chigiri rougit légèrement, ramenant sa bouteille contre son torse avant de tourner un regard agacé vers lui.
— « C'est ma sœur. »
Karasu pose une main autour de ses épaules, observant la scène avec amusement.
— « la beauté, c'est un truc de famille. »
Le sprinter grogna en détournant le regard, tandis que le mannequin, témoin de la scène, esquissa un sourire en coin.
Mais l'instant fut brusquement interrompu par des voix graves et puissantes qui s'élevèrent du côté des tribunes opposées.
— « DOJIMA ! DOJIMA ! DOJIMA ! »
Ce n'était pas des cris de supporters classiques. Pas des voix féminines hystériques ni même l'enthousiasme habituel des spectateurs du Blue Lock. C'était plus rauque, plus rude.
Dojima sentit un frisson d'exaspération le parcourir. Il porta une main à son front avant de tourner lentement la tête vers l'origine du vacarme.
Une bande d'hommes se tenait là, agitant des éventails traditionnels et des banderoles sur lesquelles étaient inscrits en grands caractères calligraphiés des slogans aussi absurdes que bruyants. Le pire, c'est qu'ils avaient l'air sérieux.
Le noiraud soupira profondément en plissant les yeux, déjà lassé par le spectacle.
— « Putain... bien sûr qu'ils sont venus. »
Otoya, Karasu et Chigiri tournèrent la tête à leur tour, avant d'observer la scène avec un mélange d'incrédulité et de pur amusement.
— « Attends... c'est qui ces tarés ? » demanda le ninja, un sourcil levé.
— « Tsk, ça se voit pas ? C'est la fanbase officielle de JiJi. » ricana Karasu.
— « Ah... c'est eux, les fameux Yakuza dont tu nous as parlé ? » souffla le rouquin, plus intrigué qu'autre chose.
Dojima ferma brièvement les yeux, massant ses tempes.
— « Ouais... la fine équipe. »
Et évidemment, ses trois coéquipiers n'allaient pas manquer une occasion en or pour le taquiner.
Avec un soupire, il balaya du regard la tribune où se tenaient les membres du clan et son regard s'arrêta sur une silhouette familière.
Son oncle.
De dos, imposant comme toujours, vêtu d'un kimono sombre qui tranchait avec l'agitation du stade, il semblait en pleine discussion avec quelqu'un.
Un sourire sincère, plus lumineux que jamais, s'étira sur les lèvres de Dojima. Un sourire rare, dénué de sarcasme ou d'arrogance. Un sourire pur, presque enfantin. Son cœur se gonfla d'un sentiment qu'il n'éprouvait que rarement.
Il était heureux.
Heureux que son oncle soit là.
Qu'il soit venu le voir jouer.
Qu'il soit là pour le supporter.
Sans même s'en rendre compte, il leva vivement les bras, faisant de grands gestes dans sa direction pour attirer son attention. Ses joues, habituellement pâles, s'étaient légèrement empourprées sous l'effet du bonheur, tandis que ses yeux pétillaient d'une lueur presque innocente.
— « Oncle Babaaan ! » lança-t-il avec enthousiasme.
Mais l'homme ne se retourna pas immédiatement.
Dojima fronça légèrement les sourcils, mais son sourire ne faiblit pas. Il réitéra son appel, son excitation débordant presque.
Un enfant saluant fièrement l'un des piliers de sa vie.
Otoya et Chigiri s'éloignèrent, le brun n'abandonnant pas son harcèlement pour obtenir le numéro de la "beauté de sœur." Le garçon, visiblement exaspéré, lui donna une tape derrière la tête, ce qui ne fit qu'arracher un ricanement à Karasu, resté en retrait avec le beau noiraud.
Ce dernier, lui, continuait d'agiter les bras en direction de son oncle, un sourire agacé aux lèvres.
— « EH, LE VIEUX, T'ES DEVENU SOURD OU QUOI ?!? TU M'IGNORES MAINTENANT ?! REGARDE-MOI QUAND JE TE PARLE, BABAAAAN !! »
Baban ne réagit pas immédiatement, semblant toujours absorbé par sa conversation. Dojima haussa un sourcil, prêt à renchérir, mais son oncle bougea légèrement sur le côté... laissant apparaître la personne avec qui il parlait.
Et tout s'arrêta.
Son cœur rata un battement.
Il sentit son estomac se tordre dans une sensation aussi brutale qu'incompréhensible.
Sa mère. Elle était là.
Junko Yomamuki se tenait devant lui, droite, fière, radieuse. Comme si elle n'avait jamais été plongée dans ce coma. Comme si ces mois et semaines d'absence, d'inquiétude, de douleur, n'avaient été qu'un mauvais rêve.
Dojima ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Son corps, lui, refusait de bouger, figé sous l'impact violent de ce qu'il voyait. Ses doigts se crispèrent, ses ongles s'enfonçant légèrement dans sa propre paume gantée.
C'était irréel.
Et pourtant, il voyait tout avec une netteté déconcertante. Sa courte chevelure légèrement allongée par le temps, son regard perçant, ce léger sourire qui semblait lui être destiné.
— « Fiston... »
Sa voix lui parvint, douce, familière. Comme une caresse qu'il croyait avoir oubliée.
Quelque chose explosa en lui.
Il recula d'un pas, les jambes soudainement faibles. Ses poumons se comprimèrent, sa gorge se serra. C'était une sensation qu'il ne connaissait pas. Une émotion qu'il ne comprenait pas.
Sa mère était là.
Là, debout, devant lui, bien réelle.
Et lui... il n'arrivait pas à dire un seul mot.
Ses doigts tremblèrent légèrement avant qu'il ne lève une main, posant lentement sa paume contre son propre visage. Il inspira, cherchant à reprendre le contrôle, mais il sentit immédiatement la chaleur humide envahir le coin de ses yeux.
Un goût amer lui monta à la gorge.
Il s'accroupit sur l'herbe, les genoux écartés, les coudes sur ses cuisses, la main couvrant toujours une partie de son visage.
Karasu, qui était resté à ses côtés, fronça légèrement les sourcils. Ce n'était pas normal. Pas avec lui. Ce mec était une énigme, une force brute qui ne laissait jamais rien transparaître. Et pourtant, là, devant lui...
Il posa une main sur son épaule, le contact léger, presque hésitant. C'est alors qu'il vit une larme couler lentement sur la joue de Dojima.
Un rire secoua légèrement les épaules du jeune homme, un rire étouffé, brisé, mêlé d'un souffle tremblant. Il renifla, passant une main sur son visage, effaçant la trace humide qui glissait sur sa joue.
— « Putain... » murmura-t-il dans un soupir, à peine audible.
Il venait de comprendre.
Himejima l'avait vue, elle aussi. Voilà pourquoi ses yeux étaient rouges. Voilà pourquoi elle avait disparu juste après le but de Rin.
Il se redressa lentement, posant une main sur son genou pour se stabiliser, avant de relever la tête, croisant enfin le regard de sa mère. Elle s'était avancée, posant ses mains sur la balustrade des gradins, l'observant avec une douceur infinie.
— « Dojima... »
Sa voix, encore.
Une chaleur douloureuse s'étira dans sa poitrine, mais il n'en montra rien. Il prit une inspiration discrète, puis, dans un geste brusque, il lui tourna le dos.
— «...Pas maintenant. »
Sans un mot de plus, il s'éloigna en direction des vestiaires, attrapant Karasu par le col pour l'entraîner avec lui. Ce n'était pas encore le moment. Pas ici, pas devant tout le monde, pas dans cette ambiance bruyante où les cris des supporters et les rires des joueurs semblaient appartenir à un autre monde.
Mais malgré ça...Il était heureux. Heureux à un point inimaginable.
Junko le regarda s'éloigner, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Il n'avait pas changé. Du moins, pas sur ce point. Fuir les émotions trop puissantes, trop incontrôlables. Les cacher derrière un mur d'arrogance et de détachement.
— « Toujours aussi...lui, hein. »
Baban, toujours à ses côtés, croisa les bras, un rictus amusé au coin des lèvres.
— « Au contraire, il a bien grandi. Mais il reste un sale gosse quand il s'agit de ses sentiments. »
La noiraude lâcha un léger rire, reportant son regard sur l'endroit où son fils avait disparu. Elle inspira profondément, fermant un instant les yeux. C'était étrange, cette sensation. Comme si elle retrouvait un monde qu'elle avait quitté trop longtemps. Comme si elle revenait à la vie après un long rêve.
— « Il m'a manqué. »
— « Ça, je n'en doute pas. »
Elle posa une main sur sa poitrine, ressentant encore le tremblement léger dans sa cage thoracique. Elle avait attendu ce moment pendant si longtemps... mais elle savait aussi que pour Dojima, c'était un choc. Il lui faudrait du temps.
Mais ça n'avait pas d'importance. Elle était là maintenant et elle comptait bien rattraper ces temps perdues.
Il ne restait que quelques minutes avant le début de la seconde mi-temps. Dojima avait réussi à reprendre son souffle, à remettre de l'ordre dans ses pensées après le choc de revoir sa mère. Il n'était pas encore totalement remis —comment aurait-il pu l'être ?— mais il était soulagé. Soulagé de la voir en bonne santé, rayonnante, comme si ces années de coma n'avaient été qu'un mauvais rêve.
Mais ce soulagement s'accompagnait d'autre chose. Quelque chose de brûlant, d'intense. Une détermination nouvelle.
Il allait tout donner. Pas seulement pour ce match, pas seulement pour le Blue Lock ou pour son propre plaisir.
Il allait lui montrer.
Lui montrer qu'il pouvait enfin jouer sans entraves, sans chaînes. Lui montrer qu'il était devenu un joueur capable de dominer le terrain, de se battre avec tout ce qu'il avait.
Réajustant ses gants noirs avec un claquement sec, il avançait d'un pas assuré vers le terrain lorsque—
PAF !
Un grand coup dans le dos le fit légèrement vaciller en avant.
— « T'as repris des couleurs, Jiji ! »
Karasu, sourire en coin, l'avait rejoint, toujours aussi bruyant et envahissant.
Le jeune homme ne réagit pas immédiatement, se contentant de rouler des épaules pour atténuer la douleur de la claque. Puis, sans prévenir, il se tourna et, avec une fluidité implacable, attrapa le décoloré par le col avant de lui écraser son poing contre le sommet du crâne.
— « Tch. Arrête de gueuler dès le matin, espèce de corbeau surexcité. »
Karasu grimaça, frottant sa tête tout en ricanant.
— « Ouh, t'es de bonne humeur toi, ça fait plaisir à voir. Mais ont est le soir, abruti. J'espère que cette bonne humeur à pas déteint sur tes neurones...»
Dojima ne répondit pas, mais son regard brillait d'une lueur particulière. Une lueur que le corbeau reconnut immédiatement.
Celle d'un prédateur qui s'apprête à entrer en chasse.
— « T'as intérêt à nous ouvrir une voie pour marquer, crétin de prodige. » lança Karasu, le regard malicieux, tout en lui tendant son poing.
Le noiraud ricana légèrement avant de hausser les épaules.
— « Et puis quoi encore ? Je joue que pour ma poire, sale corbeau. Je suis un individualiste moi aussi, tu vois... »
Mais malgré ses paroles, il colla son poing contre celui de Karasu dans un geste complice, puis s'étira lentement, roulant des épaules avant de traverser les portes menant au terrain.
Dojima arqua un sourcil en apercevant une silhouette familière sur le terrain. Son sourire s'étira légèrement alors qu'il avançait d'un pas tranquille, observant la scène devant lui avec un intérêt amusé.
Shidō Ryūsei.
Il était là, debout au centre du terrain, son corps tendu comme un fauve en cage prêt à bondir. Son regard était braqué sur lui, brûlant d'une intensité déroutante, oscillant entre une excitation démente et une sorte de... manque ?
Il ne ralentit pas sa marche. D'un geste nonchalant, il passa une main dans les cheveux de Rin et Isagi en les dépassant, comme s'il ne prêtait pas vraiment attention à eux.
Puis, il s'arrêta devant le blondinet.
L'autre le fixait, son corps vibrant presque imperceptiblement, comme s'il peinait à contenir un trop-plein d'émotions. Ses pupilles étaient dilatées, son souffle légèrement court, et ses joues, étonnamment, paraissaient plus colorées que d'habitude.
Un silence s'étira.
Puis, Dojima sourit, pencha légèrement la tête et murmura, d'une voix suave et moqueuse.
— « Oh... On dirait que quelqu'un a souffert sans moi. »
L'effet fut immédiat.
Shidō frissonna, ses lèvres s'étirant en un sourire carnassier. Son rire, rauque et empreint d'une joie presque démente, s'échappa dans l'air, vibrant d'une intensité dérangeante.
— « Putain, Dojima... » Il passa une main dans ses cheveux en arrière, avant de la reposer sur sa hanche, son regard dévorant chaque parcelle du visage du brun. « T'as pas idée à quel point je t'ai attendu... »
Le mannequin haussa un sourcil, croisant les bras, clairement amusé.
— « Oh, je vois... » Il plissa légèrement les yeux, son sourire s'étirant davantage. « T'étais en manque ? »
Le blond aux mèches roses lâcha un ricanement, mordant brièvement sa lèvre inférieure avant de répondre, un éclat fiévreux dans le regard.
— « Grave...~»
Son ton dégoulinait de satisfaction malsaine, son corps légèrement penché en avant comme s'il se retenait de combler la distance entre eux.
Rin, non loin, observait la scène avec une expression meurtrière, des veines pulsées contre ses tempes et son cou, tandis qu'Isagi, lui, avait du mal à comprendre s'il assistait à une rivalité de psychopathes ou à une scène de retrouvailles amoureuses tordue. Mais dans tout les cas, une jalousie évidente étaient dans ses yeux.
Dojima, quant à lui, étudia un instant Shidō, puis rit doucement.
— « C'est mignon... Mais pas sûr que j'aie le temps de jouer avec toi aujourd'hui. »
L'autre inclina la tête, ses yeux flamboyant d'un mélange de frustration et d'euphorie.
— « T'en es sûr ? Parce que moi... » Il fit un pas en avant, réduisant encore l'espace entre eux. « Je compte bien récupérer tout le temps perdu. »
Le noiraud lui lança un regard en biais, avant de passer négligemment une main sur son épaule, le poussant légèrement en arrière d'un geste fluide.
— « Si t'arrives à me suivre... On verra. »
Shidō rit à nouveau, un rire purement extatique, un frisson le parcourant alors qu'il reculait à contrecœur.
— « Oh, crois-moi... Je vais te coller au train, Bébé. Comme une putain d'ombre. »
Leur échange était électrique, une tension presque tangible flottant dans l'air. Alors que le jeune homme s'apprêtait à s'éloigner, un bras puissant l'agrippa soudainement et le tira brusquement en arrière.
— « Tsk. »
Il releva un sourcil, tombant presque contre Rin, qui le maintenait fermement par l'avant du maillot. Son regard glacial était braqué sur Shidō, une ombre assassine passant dans ses pupilles bleu nuit.
— « Dégage, la peste aux antennes. T'as assez parasité l'air ici. » Sa voix était tranchante, pleine de dédain.
Le blondinet, loin d'être affecté, éclata de rire, passant sa langue sur ses dents d'un air provocant.
— « Ooooh ? Qu'est-ce qu'on a là ? RinRin serait-il jaloux ? »
Mais derrière son amusement apparent, une tension évidente crispait ses muscles. Il n'aimait pas ça. Ce n'était pas le moment. Il voulait Dojima pour lui, juste un instant de plus, et ces foutus idiots lui arrachaient. Ses doigts tremblaient d'envie, l'envie violente de frapper les deux garçons, juste pour qu'ils dégagent et lui rendent SON homme.
Le vert serra les dents, ses doigts se crispant légèrement sur le tissu du maillot du noiraud, mais ce dernier, toujours nonchalant, soupira.
— « Je sais que je suis irrésistible, mais va falloir vous calmer. »
Avant qu'il n'ait le temps de s'écarter, une autre force le poussa soudainement en avant.
— « Avance, JiJi ! »
C'était Isagi.
Dojima perdit légèrement l'équilibre sous la poussée, mais il récupéra vite, tournant la tête vers le bleuté qui, contrairement au jeune Itoshi, affichait un sourire faussement détendu. Pourtant, ses yeux trahissaient une pointe de contrariété.
— « Sérieusement, arrête de flirter avec ce taré et viens te placer. »
Le beau mannequin plissa les yeux, amusé, tandis que Rin en rajoutait une couche en le forçant aussi à avancer, poussant contre son dos sans douceur.
— « T'as entendu. Bouge. »
Il roula des yeux mais se laissa faire, levant les mains en signe de reddition.
— « Ouais, ouais, je vois, c'est un complot. »
Derrière lui, Shidō avait stoppé son sourire. Il serrait les poings, son regard brillant d'un agacement violent. Il rêvait de leur écraser la tête contre le sol. Ils avaient tout gâché.
— « Hah... JiJi, tu fais tourner des têtes. C'est beau. »
Mais malgré son ton moqueur, une pointe de frustration vrillait dans sa voix.
Dojima ne prit même pas la peine de répondre, se contentant d'un léger rictus en s'éloignant. Mais intérieurement, il trouvait la situation bien plus drôle qu'il ne l'aurait cru.
TO BE CONTINUE...
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