CHAPTER 24

⸻ ❝ 𝚂𝙷𝙸𝙽𝙸𝙽𝙶 𝙹𝙴𝚆𝙴𝙻 ❞ ⸻

⸺【 🜲 】⸺

























DANS LA SALLE DE SURVEILLANCE, Jinpachi Ego était assis, les bras croisés, son expression déjà sévère encore plus marquée. Devant lui, les écrans retransmettaient en temps réel ce qui se passait dans l'infirmerie, mais son regard restait fixé sur un point invisible, profondément perdu dans ses pensées. Anri se tenait à côté de lui, visiblement inquiète, ses mains jointes nerveusement.

« Une fièvre causée par le stress et l'angoisse, hein ? » murmura le bigleux, sa voix rauque et teintée de mépris.

« D'après le médecin, oui, » répondit la rose d'un ton calme, bien qu'elle essayait visiblement de cacher sa propre inquiétude.

Ego lâcha un soupir exagéré, appuyant son dos contre le dossier de sa chaise.

« Ridicule. Le stress et l'angoisse ne sont que des barrières mentales que les faibles s'imposent eux-mêmes. Et Dojima Yomamuki, celui qui prétend être le numéro zéro, s'écroule à cause de ça ? Pathétique. »

Anri fronça les sourcils à ses paroles.

« Ego, ce n'est pas simplement une question de force mentale. Même les meilleurs joueurs peuvent succomber à la pression, surtout dans un environnement comme celui-ci. Tu le sais aussi bien que moi. »

Le noiraud pivota légèrement sur sa chaise, dirigeant vers elle un regard perçant.

« Anri, la pression est une constante dans le monde du football de haut niveau. Un joueur qui s'effondre avant même d'atteindre ce sommet n'a rien à faire ici. Et toi, tu es trop douce. »

Elle ouvrit la bouche pour protester, mais il leva une main pour la faire taire.

« Écoute-moi bien. Dojima est peut-être talentueux, mais il n'est pas irremplaçable. Personne ne l'est. Et s'il n'a pas les tripes pour supporter ce que je lui impose, alors il peut partir maintenant. Parce qu'au-delà du talent, ce que je veux, c'est un monstre. Un joueur qui transcende même ses propres limites, pas quelqu'un qui s'écroule comme un château de cartes. »

La belle femme serra les poings, mais elle se retint de répondre avec colère. Elle savait qu'Ego était dur, souvent cruel, mais elle voyait en lui une détermination à forger les meilleurs. Pourtant, elle ne pouvait pas ignorer ce qu'elle venait de voir ces derniers jours.

« Ce n'est pas aussi simple que ça, Ego, » rétorqua-t-elle finalement, plus fermement. « Tu vois en Dojima un joueur qui a tout pour réussir, mais tu refuse de reconnaître qu'il est humain. Tu lui en demandez trop, trop vite. Si tu continue comme ça, il ne pourra jamais devenir le monstre que tu veux. »

Ego éclata d'un rire sec et sans joie.

« Humain ? Anri, les humains sont faibles. Ce que je veux, ce sont des monstres. Des joueurs capables de dévorer le monde, d'écraser leurs propres faiblesses. Si Dojima veut prouver qu'il mérite sa place, il devra le faire malgré son état. S'il se repose sur des excuses comme le stress ou l'angoisse, il n'aura jamais ce qu'il faut. »

Il se leva de sa chaise, posant ses mains sur la table devant lui, ses yeux fixant intensément Anri.

« Mais je vais te dire quelque chose. Je ne vais pas l'abandonner pour autant. Parce qu'au fond de moi, je sais qu'il peut surmonter ça. Il a ce qu'il faut pour devenir un monstre. La seule question est : combien de temps lui faudra-t-il pour s'en rendre compte lui-même ? »

Elle croisa les bras, soutenant son regard.

« Et si, au lieu de le forcer à devenir ce monstre, tu essayais de comprendre ce qu'il traverse ? Peut-être qu'il n'a pas besoin de plus de pression, mais de quelqu'un pour lui montrer comment avancer. »

Ego resta silencieux un moment, un sourire énigmatique se dessinant sur son visage.

« C'est là toute la différence entre toi et moi, Anri. Toi, tu veux les comprendre. Moi, je veux les briser pour voir ce qu'il en ressort. Si Dojima veut survivre dans ce système, il devra se reconstruire à partir de ses propres cendres. Et si ce n'est pas le cas... eh bien, il n'était jamais destiné à être ici. »

Anri détourna le regard, exaspérée par l'obstination d'Ego. Mais au fond d'elle, elle savait qu'il n'avait pas entièrement tort. Dojima Yomamuki devait affronter ses démons. La seule question était de savoir s'il pourrait en ressortir plus fort, ou s'il finirait par s'y perdre.



























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Le souvenir était flou, mais toujours aussi oppressant. Une salle immense, presque vide, si ce n'était la longue table de bois vernis au centre et les lourds rideaux qui laissaient passer une lumière tamisée. Dojima, à peine âgé de 5 ans, se tenait droit, ses petites mains crispées contre son pantalon parfaitement repassé. Face à lui, son père, Takayuki Mitsuru, assis dans un fauteuil imposant, le fixait de ses yeux perçants.

« Répète après moi, » ordonna Takayuki, sa voix froide comme un couperet. « Le succès n'attend pas. Les faibles trébuchent, les forts avancent. Et moi... »

Le jeune Dojima déglutit difficilement, ses lèvres tremblant légèrement alors qu'il hésitait à parler.

« ... Et moi, je ne recule jamais, » murmura-t-il d'une voix cassée.

Le brun se leva brusquement, sa silhouette imposante se dressant au-dessus de son fils.

« Plus fort. Je ne veux pas d'un fils hésitant. »

Le petit noiraud ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Sa gorge se serra, et il sentit les larmes monter malgré lui. Il avait envie de fuir, de courir hors de cette pièce, loin de cet homme, mais il savait que ce serait pire.

Takayuki s'approcha, saisissant le menton de son fils avec une poigne ferme, presque douloureuse.

« Regarde-moi dans les yeux, fils, » siffla-t-il. « Si tu ne peux pas répéter ces mots avec conviction, alors tu ne mérites pas de porter mon nom. »

Le jeune garçon cligna des yeux, une larme solitaire roulant sur sa joue.

« Le succès... n'attend pas... » commença-t-il à voix basse, sa voix tremblante.

« Encore. »

« Les faibles trébuchent... les forts avancent... »

« Plus fort ! »

« ET MOI, JE NE RECULE JAMAIS ! » hurla Dojima, sa voix brisée résonnant dans la pièce vide.

Takayuki recula, un sourire glacé étirant ses lèvres.

« Voilà, » dit-il, se retournant pour quitter la pièce. « Apprends à dominer tes émotions, mon fils. Les hommes faibles sont destinés à l'échec. »

Dojima resta seul dans cette salle immense, son petit corps tremblant de rage et de tristesse. Ce jour-là, il avait juré qu'il ne laisserait jamais personne, pas même son père, le briser complètement.





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Dojima ouvrit soudain les yeux, son souffle court, comme s'il venait de courir un marathon. La lumière tamisée de la chambre remplaça la froideur du souvenir, mais son cœur battait encore à tout rompre.

Son regard se posa sur le plafond, puis il tourna la tête doucement. Sur un petit futon installé à côté du sien, Himejima dormait profondément, son visage serein malgré les derniers jours tendus. Kiki, blotti contre elle, poussait de petits sifflements apaisants dans son sommeil.

Il bougea légèrement, et son regard se posa sur un panier non loin. Kojima, la plus jeune de la famille, dormait paisiblement, un léger sourire aux lèvres.

Le contraste entre le cauchemar et la scène devant lui était saisissant. Ses muscles tendus se relâchèrent un peu, mais une douleur sourde persistait dans sa poitrine. Il se redressa légèrement, s'appuyant sur ses coudes, fixant la pièce silencieuse.

Un soupir s'échappa de ses lèvres, et il passa une main tremblante dans ses cheveux ébouriffés.

« Pourquoi... est-ce que je continue à voir ça... » murmura-t-il pour lui-même, presque inaudible.

Il baissa les yeux vers ses sœurs et Kiki. Malgré leur présence réconfortante, il ne pouvait s'empêcher de sentir le poids de son passé peser lourdement sur ses épaules. Mais en même temps, la douceur de ce moment le rappelait à une vérité qu'il avait trop souvent ignorée : il n'était plus seul, pas comme avant.

Dojima se recoucha lentement, regardant le plafond à nouveau, son esprit tiraillé entre le poids du passé et les promesses du présent.







































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⸻ 𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 24 ⸻
:
Parie ; Renaissance


























Le matin venu, Dojima était assis à table, l'air absent, alors que Grands et Himejima s'affairaient à lui préparer le petit-déjeuner. Il n'avait aucune envie de manger, son appétit réduit en miettes par la fatigue et les restes fiévreux de la veille. Pourtant, sa sœur et la gouvernante ne lui laissaient pas le choix.

« Mange, JiJi, » ordonna la noiraude en déposant un bol devant lui.

Le jeune homme soupira, jetant un regard las à la nourriture.

« J'ai pas faim. »

« T'as pas le choix, » rétorqua-t-elle sans lui laisser le temps d'argumenter. « Tu crois qu'on va te laisser crever ici ? »

Grands, debout derrière eux, bras croisés, approuva silencieusement d'un hochement de tête. Il était cerné.

Himejima s'assit en face de lui, un sourire moqueur aux lèvres.

« Oh, au fait, Ego a retardé l'annonce des titulaires pour le match contre les U20, » lâcha-t-elle, amusée.

Dojima arqua un sourcil, relevant à peine la tête.

« Hm. »

« Ça veut dire qu'il te laisse une chance de te remettre en état, non ? Il veut pas l'admettre, mais il se soucie quand même un peu de toi~ »

Elle rit doucement, prenant une gorgée de son café. Mais avant qu'il ne puisse répondre, une voix glaciale coupa court à la conversation.

« Je n'ai aucunement l'intention de me soucier d'un joueur aussi pathétique. »

Jinpachi Ego venait d'entrer dans la pièce, son regard acéré se posant immédiatement sur le noiraud.

Le silence tomba. Himejima perdit instantanément son sourire et se tourna vers lui, visiblement agacée. Ego s'avança de quelques pas, ajustant ses lunettes.

« As-tu mangé ? » demanda-t-il, son ton impassible.

Dojima ne répondit pas, jouant distraitement avec ses baguettes.

Le binoclard ne perdit pas de temps.

« Vous deux, sortez. J'ai à lui parler. »

La jeune femme fronça les sourcils.

« Pas question. »

« Je ne le répéterai pas. »

Elle s'apprêtait à répliquer, mais Dojima leva lentement les yeux vers elle. Son regard était calme, mais lourd de sens. Un silence s'étira entre eux. Puis, à contrecœur, elle poussa un soupir agacé et se leva, serrant les poings.

« Très bien. »

Grands, silencieuse comme à son habitude, hocha légèrement la tête et suivit Himejima hors de la pièce.

La porte se referma derrière elles, laissant Dojima seul face à Ego.

Le silence s'installa aussitôt après le départ des deux. Le noiraud bigleux croisa les bras, toisant le mannequin comme s'il analysait une anomalie.

« T'es un véritable mystère, Yomamuki. »

Dojima ne répondit pas, se contentant de fixer le bol devant lui.

« Ton corps lâche en plein entraînement, ton esprit est ailleurs, et pourtant, tu continues à jouer comme si tout était normal. C'est pas qu'une question de fièvre. » Ego se pencha légèrement. « Qu'est-ce qui te bouffe à ce point ? »

Le noiraud serra les dents.

« ... Rien qui te concerne. »

L'homme sourit légèrement, mais c'était un sourire cruel, un sourire qui savait.

« Ah, vraiment ? Pourtant, je pensais que l'avenir du Blue Lock t'importait un minimum. »

Dojima arqua un sourcil.

« Où tu veux en venir ? Bien sûr que si. »

Ego ajusta ses lunettes, son regard devenant plus perçant.

« Tu sais qui veut le plus voir ce projet s'effondrer ? »

Il ne répondit pas tout de suite. Le noiraud plus âgé le fixa un instant avant de lâcher calmement.

« Ton père. Takayuki Mitsuru est l'un des plus grands opposants au Blue Lock. »

Un silence glacial tomba sur la pièce. Dojima ne broncha pas. Mais ses doigts, eux, s'étaient crispés sur ses baguettes.

Ego continua, implacable.

« L'idée qu'un projet comme le mien puisse façonner un attaquant qui ne correspond pas au idéaux originels l'écœure. Encore plus quand il sait que son fils participe à un tel projet... »

Le jeune homme sentit un frisson glacé lui remonter l'échine.

« Il fait pression, il tente de nous faire tomber de l'intérieur... Mais surtout, il veut te voir échouer. » Ego sourit, une lueur carnassière dans les yeux. « Pour lui, t'es un pion qui aurait dû lui appartenir. Un fils forgé pour incarner son héritage, sa lignée. Et pourtant, te voilà ici, en train de jouer un jeu qui va à l'encontre de tout ce qu'il croit. » 

Le silence s'étira entre eux, pesant, électrique. Ego scrutait Dojima, son regard perçant chaque faille, chaque hésitation. Il ajusta ses lunettes du bout des doigts avant d'ouvrir la bouche, son ton tranchant comme une lame de rasoir. 

« Voilà ce qui va se passer, Yomamuki. »

Le noiraud arqua un sourcil, mais ne répondit pas. 

« Dans quelques jours, le Blue Lock affrontera les U20 du Japon. Ce match n'est pas qu'une simple démonstration de force. C'est l'épreuve décisive. La ligne entre l'existence et l'extinction. Et toi... » Ego marqua une pause, son sourire cruel s'étirant légèrement. « Toi, tu vas décider de ton propre sort. » 

Le jeune homme ne broncha pas, mais son regard s'assombrit légèrement. 

« Soit je te vois te lâcher complètement sur le terrain. Pas à moitié. Pas avec cette retenue pathétique qui te fait encore traîner tes chaînes. Je veux voir un Yomamuki Dojima qui s'abandonne à ce sport, qui joue comme s'il n'avait plus rien à perdre, qui dévore tout sur son passage... » 

Il s'appuya sur la table, réduisant la distance entre eux, et laissa tomber la sentence. 

« Soit je te vire. Directement. Pas d'excuse. Pas de seconde chance. Si je ne vois pas un monstre sur ce terrain, je te sors du Blue Lock avant même que le match ne se termine. » 

Le silence frappa comme un coup de massue. Dojima serra les poings, sentant un frisson glacé lui remonter l'échine. Ego n'avait jamais été du genre à faire dans la demi-mesure, mais là...c'était un putain de couperet. 

« ... Et si je réussis ? » demanda-t-il, la voix plus rauque que prévu. 

Un sourire étira les lèvres du stratège. 

« Si tu réussis... » Ego recula légèrement, reprenant son ton neutre et calculé. « Tu auras le contrôle total sur la prochaine sélection. Le programme, les épreuves, les joueurs éliminés ou promus... Tu en seras le maître. Tu pourras l'adapter à ton avantage, façonner Blue Lock comme tu l'entends... ou non. » 

Dojima haussa un sourcil. 

« T'es sérieux ? » 

« Tu crois que je plaisante ? » Ego croisa les bras. « Tu veux du contrôle ? Je te l'offre sur un plateau d'or. Mais seulement si tu me montres que tu le mérites. » 

L'idée même d'avoir un tel pouvoir entre les mains était vertigineuse. Le mannequin n'était pas du genre à rêver de domination, mais avoir la main sur un projet aussi immense que le Blue Lock, qu'importe si cela tenait seulement sur une infime partie...

C'était une opportunité qu'il ne pouvait pas ignorer. 

« Et une dernière chose, » ajouta Ego, un éclat cruel dans les yeux. 

Il marqua un silence, laissant planer un suspense suffocant, avant d'asséner le coup final. 

« Ton père sera aux premières loges. Bien évidemment.» 

Dojima tressaillit imperceptiblement. 

« Takayuki Mitsuru s'est arrangé pour être là en tant qu'invité de la fédération. Il assistera à chaque seconde de ton match. Et il n'attend qu'une chose : voir son fils échouer. » 

Un ricanement glacial s'échappa des lèvres du stratège. 

« Alors, Yomamuki... » Il le fixa droit dans les yeux, son regard transperçant. « Montre-lui ce qu'il rate. » 

Dojima ne répondit pas immédiatement. Son souffle s'était légèrement accéléré. Son cœur cognait dans sa poitrine, un mélange d'adrénaline et de colère grondant en lui comme une tempête. 

Il ferma les yeux un instant, sentant la tension dans ses muscles, la rage sourde qui menaçait d'exploser. Puis il les rouvrit, ses prunelles incandescentes brûlant d'un feu nouveau. 

Un sourire en coin se dessina lentement sur ses lèvres. 

« ...Tch. » 

Il se leva brusquement, sa chaise raclant violemment le sol. Dans sa main, ses baguettes s'étaient brisées sous la pression de ses doigts. Des éclats de bois tombèrent sur la table, mais il n'y prêta aucune attention. 

Ego sourit en voyant ça. 

« Bon choix. »























TO BE CONTINUE...

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