Chapitre 4 : L'homme avec un petit « h »

Quand je suis dans la rue, que je marche tranquillement en laissant mes pensées vagabonder plus loin, dans les nuages colorés, et que la réalité me frappe en plein fouet : celle du groupe d'homme devant lequel je viens de passer, je ne peux que ravaler ma salive et continuer de marcher en baissant les yeux.

Et j'ai peur. Oui j'ai peur. Car je suis une femme, ou plutôt une fille. Car je sais très bien ce qui arrive aux imprudentes. Car je sens leurs regards indiscrets -et bien plus qu'assumés, aux bord de la fierté- sur mon corps. Puis finalement, car je sais qu'à leur yeux je ne reflète que l'objet de certains de leurs désirs malsains.

Bien sûr, je ne sais pas -et suis loin de savoir-tout ce qu'ils imaginent, mais je ne veux pas en avoir un aperçut non plus.

Dans ces moments là, mon seul vœu est de disparaître. Et le plus vite possible.

Je n'ai pas peur de tous les hommes, évidemment qu'ils ne sont pas tous comme ça. J'ai un père aimant et sain, des amis dignes de confiance et quelques professeurs très engagés dans la lutte féministe.

Enfin, cela n'a pas de rapport direct mais étrangement lorsque je vois monsieur géographie parler avec passion de l'égalité des sexes et des changements à adapter à notre société patriarcale, je ne me sens pas en danger.

Mais quand monsieur anglais me regarde d'un mauvais œil et m'annonce juste après -et bien fort pour que toute la classe l'entende- d'enfiler ma veste car mon « décolleté » le gêne, je me sens simplement dans une pièce remplie de potentiels prédateurs.

Parfois, ça m'arrive de me demander depuis quand notre société actuelle a prit la forme de patriarcat. Depuis quand une majorité d'hommes sont machos, sexistes et tiennent des propos déplacés envers -et uniquement envers- les femmes. Depuis quand dans la langue française on utilise le mot « Homme » pour désigner l'humain.

Ce n'est pas comme si l'homme était supérieur, et encore moins comme s'il avait tout découvert tout seul. Nombres de femmes ont contribué à un changement radical de l'environnement ou de la société. Et pas que pour des causes féministes d'ailleurs. Marie Curie est un exemple flagrant ! Écoutez ce qu'elle a à dire, écoutez son histoire et son périple. Il en surprendra plus d'uns -et peut être même d'unes-. Puisque c'est une femme après tout.
Et puis n'oublions pas Simone Veil, qui a permit à toutes les femmes de droit à l'avortement -chose fondamentale-.
Et Gisèle Halimi, cette avocate incroyable qui a défendue dur comme fer les droits et les libertés.
Simone de Beauvoir, et son fameux livre « le second sexe » !

Il y a encore tellement de femmes qui ont participé à rendre ce monde meilleur... pourquoi ne les connaissons nous pas ?

C'est aberrant de voir qu'aujourd'hui encore il faut porter une attention toute particulière au sexe des personnes. On écoutera forcément moins une femme politique qu'un homme; car elles sont évidemment « moins sérieuses » qu'eux. 

Ces choses là, qui font parties de notre quotidien, depuis combien de temps durent-elles ? Et combien temps allons nous les accepter ?

L'égalité homme-femme ne signifie pas tout pareil, car de toute évidence un homme et une femme sont différents. Génétiquement parlant déjà. Mais aussi, et malheureusement, dans leur traitement. Et c'est justement cela qu'on veut élever au rang d'égalité.

Est-ce normal qu'une femme faisant le même temps d'heures de travail qu'un homme soit moins rémunérée ? Est-ce normal que les serviettes hygiéniques aient été à un moment considérés comme un produit de seconde nécessité -donc de luxe- et taxées à 20% ? Est-ce normal que la plupart des violences -conjugales ou pas- soient faites majoritairement aux femmes ? Est-ce normal que le viol soit aussi répandu, et prenant souvent en victimes les femmes ou filles -là je ne dis pas que les hommes ou garçons ne sont pas atteints par ça, mais je dis qu'ils restent une minorité- ? Est-ce normal que seulement 2% des plaintes faites à ce sujet aient un aboutissement vers une peine ?

Toutes ces choses que je viens d'énumérer, elles sont de toutes évidence inacceptable et délirantes. Pourtant, elles sont vrai.

Pourquoi tant de différence dans le traitement d'une femme comparé à un homme ?
Pourquoi même dans le vocabulaire officiel les choses s'avouent sexistes ? Pourquoi un chauffeur c'est simplement un gars qui conduit un bus, un taxi ou une voiture, et une chauffeuse c'est une pute, allumeuse ? D'ailleurs, pourquoi cette insulte existe-t-elle ? Pourquoi une prostituée est ainsi traitée ? N'oubliez jamais que la plupart de ces femmes et filles sont forcées à faire ce genre de « travaux ». Ce sont de pauvres dames à qui ont a volé les papiers et ont promet un avenir radieux qui n'a en réalité aucun horizon.
N'oubliez pas l'origine du mot « con* », la douleur d'un avortement, la douleur des mots, la douleur des actes et la douleur du simple fait d'exister parfois.
Arrêter de dénigrer les choses les plus normales soient-elles ayant un quelconque lien avec les femmes. Arrêtez de juger les gens de par leur apparence et de par leur sexe. Une personne ne se résume pas qu'à ça.

Il y a tellement de choses à changer dans ce monde défaillant. Et là, en l'occurrence, je mets sur le devant de la scène la condition misérable des femmes à l'heure actuelle. Comment peut-on encore traiter de cette façon un humain ? Une humaine. Elle appartient à la même espèce, elle n'est pas très différente. Elle n'a rien de bien dangereux. A quoi bon encore s'acharner sur quelque chose comme celle ci ? Est-ce trop demander de les laisser tranquilles, de les laisse respirer ne serais-ce qu'un instant ?

Les gens sont fous.

J'espère honnêtement qu'un jour tout puisse changer. J'espère qu'un jour je puisse me balader dans la rue -peut importe ma tenue du jour, peut importe ma coiffure ou quoi que ce soit d'autre- sans ressentir de l'oppression provenant de tous les côtés possibles et imaginables.

Mais espérer, à quoi bon ? Je suis une fille, je deviendrai une femme, et je refuse de devoir vivre plus longtemps comme ma mère vit ou comme n'importe quelle autre femme vit. Alors non, je ne me laisserai pas faire. Et non, je ne deviendrai pas une grande politicienne féministe engagée.
Peut importe ce que je serai, caissière à Carrefour ou super star mondiale, peut importe mon âge et l'état du monde, je ne lâcherai rien. Je ne cesserai jamais de me battre, de balancer des pavés à la figure du monde, ou du moins ce qu'il reflète, et de déchirer avec force la toile bien peinte -aux yeux de certains seulement- de la société. Je serai une femme.

Une femme sans nom qui se battra parmi tant d'autres, je ne sais encore de quelle manière, mais qui ne cédera pas son avenir aux mains des hommes.

Pas aux mains des hommes avec un petit « h ».

* con est à la base le vagin de la femme. Donc quand vous traitez quelqu'un de con, vous le traitez littéralement de vagin (source : Arte)

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