〥 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟼

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Je ne bougeai pas.

Je fixai simplement la place qui m'était désignée.

Etait-ce un piège ? Un teste ? Je me mis à chercher les réponses sur le visage des autres personnes présentes dans la pièce. Ils semblaient tous retenir leur souffle. Mon regard se posa alors sur Astaria qui me scrutait, son sourire toujours accroché aux lèvres. Je me décidai finalement à prendre place à la table, mais ne touchai à rien, attendant de voir ce qui allait arriver. Etonnamment, il ne se passa absolument rien, les domestiques chargé du service se contentèrent de reprendre ce qu'ils faisaient quelques instants auparavant. Une assiette aussi bien garnie que celle des deux autres femmes présentes à la table me fut servie. De délicieuses odeurs vinrent me chatouiller les narines, ça changeait de la bouillasse infâmes que j'avais dû ingurgiter pendant des jours.

Encore sur mes gardes, je jetai des coups d'oeil vers les parentes, cherchant la moindre trace de duperie. Mais rien, elles se contentaient de manger calmement. Je m'emparai alors du couteau et de la fourchette pour me mettre à mon tour à manger, malgré que je le fasse avec une lenteur toute calculée. Pendant un moment, les seuls bruits que l'on put entendre furent ceux des ustensiles contre la porcelaine de l'assiette. Je fus celle qui brisa ce silence.

— Votre passe-temps ici c'est la chasse à l'humain ? demandai-je soudainement sans lever le nez de mon assiette.

Probablement que les menaces n'avaient aucun effet sur moi. La chose la plus sage à faire aurait été de me taire. Du coin de l'oeil, je me mis à mirer la maîtresse de maison, attendant une réaction ou une parole de sa part. Je la vis déposer ses couverts avant de s'emparer de sa serviette pour légèrement s'essuyer la bouche.

— Ce n'est pas un passe-temps, c'est un commerce, répliqua Astaria.

— Alors cette chose que j'ai vu était réelle ?

— Tout dépend de ce que tu as pu voir.

— Un monstre difforme à la peau grise.

— Ah, oui, c'était bien réelle. Ce sont les monstres qu'utilise les traqueurs pour vous piéger là où ils veulent. Ils font plus peur qu'ils ne sont méchants.

Comme si on était sensés le savoir ça.

— Donc je suppose que vous êtes des monstres aussi dans cette maison.

— Monstres, répéta-t-elle d'une voix presque amusée, oui, c'est un des nombreux noms que vous nous donnez, vous, les humains. Vous mettez toutes nos espèces dans le même sac.

— Pour ma part, ce n'est pas votre nature qui me pousserait à vous appelez ainsi, dis-je en relevant finalement les yeux vers elle.

— Je te demande pardon ? Je ne suis pas certaine de comprendre.

— C'est pourtant très simple. Vous arrachez des gens innocents à leur famille, à leur foyer pour ensuite les traiter comme des bêtes et les acheter comme on achète un vulgaire objet sans que cela ne vous pose le moindre problème, il n'y a que des monstres pour faire des choses comme celles-là.

— Comment oses-tu ?! cracha l'un des deux servantes derrière Astaria.

Tiens, je les avais oubliées...

Elles étaient tellement silencieuse depuis le début qu'elles en devenaient presque invisible. Ces deux-là se ressemblait comme deux gouttes d'eau, des jumelles vraisemblablement. Cheveux coupés au carrés, le visage fin à l'air malicieux, des yeux à l'anormale couleur orangée, la peau aussi pâle que la mienne, de taille moyenne et minces. Je me demandais quelle genre de créatures elles étaient.

— Madame, permettez-moi de punir cette... !

La mère d'Aphrodisia la fit taire d'un geste de la main. Elle ne m'avait pas lâchée des yeux et la lueur qui y brillait n'était pas rassurante, mais pas non plus annonciatrice d'une colère soudaine.

— Parce que vous ne le faites pas peut-être ? me questionna-t-elle.

— Ce n'est pas ce que j'ai dis, les humains qui font ce genre de chose n'en sont plus non plus à mes yeux. Ce sont aussi des monstres. Des monstres qui se cachent dans l'ombre et qui attendent seulement le bon moment pour vous arrachez votre vie et vous réduire à l'état de produits consommables.

Elle me scruta et se pencha légèrement vers l'avant.

— J'ai une question pour toi : sais-tu seulement ce qu'est la peur ?

— Comme tout le monde.

J'avais compris la menace qui se cachait derrière cette question. Il fallait que j'arrête de parler ou ça allait mal tourner. Je n'insistai pas plus et me remis à manger. Les gens pensaient très souvent que j'étais dénuée d'émotions, ce qui était parfaitement faux. Je savais juste les cacher à la perfection. Il ne fallait pas croire, j'avais peur. Peur de ce qui allait pouvoir arriver dans cette maison et ce que cela risquait d'engendrer dans le futur. Quelque chose me vint alors à l'esprit, mais je m'abstins d'en parler tout de suite, j'avais fait assez de vagues pour le moment. Le reste du repas se passa donc, pour ma part, dans le silence, je me contentai de manger. Il y avait un peu trop pour moi, mais je me forçai à manger plus que d'habitude, parce que j'étais certaine que ce ne serait pas de sitôt que je remangerais quelque chose d'aussi riche.

Néanmoins, je fus tout de même incapable de tout finir. Je déposai mes couverts sur la table et restai assise calmement en fixant un point invisible dans mon assiette. Même si je sentais un regard insistant sur moi depuis que j'avais cessé de parler. Je relevai les yeux et plongeait directement dans le regard d'Aphrodisia. Elle parut ravie que je le remarque et sans que je ne sache réellement pourquoi, je me sentis frémir face à ce regard appuyé. Il trahissait un certain intérêt, je ne savais pas si c'était bon ou mauvais, ce qui le rendait inquiétant... et hypnotisant. J'eus d'ailleurs beaucoup de mal à m'en détacher. Astaria était belle, c'était un fait, mais je trouvais sa fille absolument somptueuse. Sa peau était plus claire que celle de sa mère, ses cheveux étaient très très courts et blancs, une pupille marron trônait au milieu de ses yeux légèrement en amande. Un joli bijou décorait son nez juste au dessus d'une bouche gourmande et bien dessinée. Elle avait un visage plutôt rond, un cou gracile et semblait assez mince, mais je ne pouvais pas l'affirmer vu que je ne voyais que le haut de son corps.

Je me remis à fixer mon assiette, préférant ne pas trop m'attarder sur elle, je ne voulais pas provoquer de quiproquo. Mais je pouvais toujours sentir son regard sur ma personne. Tant pis pour la fin du repas, je m'adressai à nouveau à Astaria.

— J'aurais besoin de chaussures, déclarai-je sans détour.

— Tu en auras seulement si tu le mérites. Mori, raccompagne-la à sa chambre, sa journée commencera demain, on lui trouvera bien quelque chose à faire.

— Elle peut venir s'occuper de moi ? questionna soudainement Aphrodisia.

J'eus des frissons dans le dos soudainement. Je ne fis aucun commentaire, mais je ne sentais pas du tout cette idée. Astaria sembla réfléchir quelques instants à la question, puis elle se remis à sourire et acquiesça. Mori me tapota gentiment l'épaule pour que je me lève et le suive, ce que je fis en silence. Je me levai silencieusement et me mis à suivre le jeune homme hors de la salle, mais avant qu'il referme la porte, la maîtresse de maison s'adressa à nouveau à lui.

— Réveille-la demain matin, Mori.

— Bien madame, répondit respectueusement le jeune homme avant de fermer la porte.

Il me dévisagea ensuite, chose que je fis également.

— Tu devrais sérieusement faire attention à ce que tu dis, sinon tu risques vraiment d'avoir des ennuis.

— Parce que je n'en ai pas déjà ?

— Alors ne t'en rajoute pas !

Il soupira et me fit signe d'avancer, je me mis donc à marcher et il me dépassa assez rapidement, prenant le chemin qui menait à ma chambre. Je le mémorisai du mieux que je pus, me doutant qu'il ne serait certainement pas toujours là pour me ramener à ma chambre.

— Au fait, fit Mori en me regardant par dessus son épaule, t'as besoin de quelque chose ? Me demande pas de chaussures, je peux pas t'en donner, mais d'autres choses ? J'ai déposé le nécessaire de toilette dans ta chambre, mais il manque peut-être quelque chose.

— Des crayons et du papier pour écrire, lui répondis-je sans hésitation.

Il parut un peu sceptique, mais hocha finalement la tête. C'était quelque chose de particulièrement important pour moi, encore plus que d'avoir des chaussures. Mori se décala et m'indiqua la porte de ma chambre avant d'incliner légèrement la tête.

— Bonne nuit, lui lançai-je calmement.

— Bonne nuit.

Il me fit un petit sourire. Je l'observai quelques secondes avant de rentrer dans ma chambre et fermer la porte derrière moi. J'entendis alors le bruit du verrou, je ne m'en formalisai pas, je m'y attendais un peu. Je me débarrassai de la robe que je portais et la déposai sur la chaise qui se trouvait là. Je me glissai sous mes couvertures et soupirai doucement d'aise, la fatigue vint me frapper de plein fouet et il ne me fallut pas très longtemps pour sombrer dans un profond sommeil.


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Ce fut des coups à la porte qui me tirèrent des limbes du sommeil. Je me redressai mollement dans mon lit, encore un peu endormie, j'eus un peu de mal à réaliser où est-ce que je me trouvais. Il me fallut quelques instants pour me rappeler des évènements de la veille, j'aurais tellement aimé que ce soit un foutu mauvais rêve.

— Sombra, raisonna la voix de Mori de l'autre côté de la porte, est-ce que je peux entrer ?

— Vas-y.

Il déverrouilla la porte et pénétra dans la pièce, des vêtements propre à la main. Ses yeux bleus se posèrent sur moi et il m'adressa un beau sourire qui fit remonter ses joues et presque disparaître ses yeux. Je ne pus nier que c'était particulièrement mignon, il ressemblait vraiment à un enfant ainsi.

— Bonjour, tu as bien dormi ?

— Oui.

— Voilà, des vêtements propres.

Il les déposa au fond du lit et je vis alors apparaître du papier et deux crayons. Mon regard s'illumina à cette vision.

— Et je t'ai amené ça aussi.

— Merci beaucoup, Mori.

— Je t'en prie, mais tu devrais te préparer, je t'ai réveillée en avance pour que tu puisses te laver, petit-déjeuner et ensuite aller rejoindre Aphrodisia.

Je hochai la tête et attendis qu'il sorte avant de me lever et récupérer mes affaires pour aller à la salle de bain. Je fis ma toilette avant de me vêtir, il m'avait apporter une robe noire aussi simple que la veille, tout comme les sous-vêtements, à la différence que celle-ci était plus près de corps. Je revins dans la chambre et m'emparai des feuilles et du crayon pour écrire un résumé des évènement de la veille, je déposai ensuite le tout sur la coiffeuse avant de sortir de la chambre. Le blondinet m'attendait, évidemment, devant la porte. Il me guida ensuite jusqu'à la cuisine, les employés mangeait là, ce qui s'était passé la veille était bien entendu exceptionnel. Il n'y avait que lui et moi pour le moment, ce qui m'étonna un peu.

— Il n'y a personne d'autre ?

— Non, me dit-il, ils sont déjà tous entrain de travailler.

— ... Il est quelle heure ?

— Neuf heures trente.

Effectivement, ceci expliquait parfaitement le manque d'âmes présentes pour le petit-déjeuner. Je haussai finalement les épaules et me remis à manger la salade de fruit que m'avait donné Mori, il y avait d'ailleurs des fruits que je n'avais jamais vu avant et leur chair avait une couleur particulière pour certain d'entre eux, allant du bleu au violet. Je me doutai que ce n'était pas empoisonné puisque Mori mes les avait donné mais tout de même, ça surprenait.

— Tu es coréenne ? me questionna le jeune homme.

— Oui...

— Oh c'est génial, comme moi !

Il se mit alors à déblatérer en coréen, mais je ne compris absolument rien de ce qu'il pouvait raconter. Je le stoppai alors d'un mouvement de la main.

— Je parle pas coréen.

— Ah... désolé du coup.

Il eut l'air un peu déçu, ce qui me fit un petit pincement au coeur, il avait l'air d'être un gentil garçon, alors je ne voulais pas me montrer trop dure avec lui.

— C'est pas grave, j'aurais bien aimé, mais j'ai jamais eu l'occasion de vraiment apprendre.

— Tu veux que je t'apprenne ?

— Je ne sais pas si on en aura vraiment le temps.

Il pinça un peu les lèvres face à ce constat, mais je doutai vraiment avoir le temps pour l'apprentissage. Je terminai tranquillement mon petit-déjeuner, je fis alors signe à Mori de me conduire chez Aphrodisia, ce qu'il fit en bon guide qu'il était. Nous traversâmes presque tout le manoir pour parvenir aux appartements de la jeune femme, il me laissa alors devant sa porte.

— Voilà, souffla-t-il, essaie de ne pas trop la contrarier.

— J'essayerai.

Je ne pouvais pas lui promettre de ne pas le faire, je me connaissais, parfois je ne pouvais m'empêcher de dire ce que je pensais. Je frappai trois coups contre la porte et attendis qu'on m'autorise à entrer. Ce qui arriva quelques secondes plus tard. Je poussai alors la poignée pour pénétré dans la chambre et, clairement, cela n'avait absolument rien à voir avec la chambre que j'occupais. C'était une véritable chambre de princesse, un grand lit à baldaquin avec des draps noirs et blancs en soie, de grandes fenêtres, une coiffeuse imposante avec un grand miroir sur laquelle reposaient de nombreux produits de beauté, je ne parlerai même pas de la taille de l'armoire. Juste à côté se trouvait un meuble plus petit mais imposant quand-même. Et bien entendu, tout était en bois massif décoré avec de l'or pour certaines choses, ça transpirait l'opulence, même si toujours dans le sombre, à croire que c'était ne règle à respecter dans cette endroit.

— Tu aimes ? me demanda soudainement la voix de la propriétaire des lieux.

— Pas mon style.

Je tournai la tête pour la regarder, elle portait une longue robe noire brodée sur le haut et le bas était en tissu fluide et ouverte de chaque côté, révélant la peau de ses jambes. Je m'y attardais malgré moi avant de remonter vers son visage. Elle était maquillée, une couleur sombre au tour des yeux et un rouge à lèvre prune qui mettait en avant sa jolie bouche. Je me répétai probablement, mais cette fille était vraiment belle. Elle me scruta à son tour et parut un peu contrariée, ce qui me fit hausser discrètement un sourcil.

— Ah ça ne va pas du tout ! Tu ne peux pas passer la journée avec moi dans une tenue aussi terne ! Voyons voir...

Elle s'approcha de son immense armoire et ouvrit les portes en grand, m'exposant ainsi une quantité de tenues impressionnante et absolument magnifique. Pourtant en voyant cela, je retins mon souffle.

Oh non...


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Et voilà pour se chapitre 6, il est arrivé un peu en retard, mais bon, l'important c'est qu'il soit là. Comme toujours, j'attends vos retours, vos théories et autre. Je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt ~

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