〥 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟻
𝑨𝒑𝒉𝒓𝒐𝒅𝒊𝒔𝒊𝒂
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— Maman a ramené une nouvelle ?
— Oui, mademoiselle, me répondit la domestique qui vidait la baignoire.
Un intense sentiment de joie et d'excitation m'emplit à cette information. Depuis le dernier humain, il s'était écoulé presque trois mois, ça manquait entre les murs de la demeure. Ma mère était particulièrement sélective quand il fallait acheter un mortel, le sexe n'avait pas une grande importance, mais elle les prenait jeune et il fallait qu'ils aient un certain... caractère, sinon elle ne s'y intéressait pas. Sur ce point là, j'étais plutôt d'accord avec ce critère, c'était toujours plus amusant quand ils ne passaient pas leur temps à pleurer ou s'apitoyer sur leur sort. Chose qui m'énervait au plus haut point.
Je terminai de me vêtir, un ensemble léger en soi blanche accompagner d'un long kimono en dentelle passé sur mes épaules. J'inspectai ma peau, même si elle était parfaite comme toujours, avant de mettre un peu de parfum. Même si la journée touchai à sa fin, j'aimais tout de même être bien apprêtée.
— Je te laisse terminer de ranger, dis-je à l'intention de la domestique, je m'en vais rejoindre maman et les autres.
— Très bien, mademoiselle.
Je quittai ma chambre pour traverser le manoir, ignorant les employés que je croisai de temps en temps, ils n'étaient pas bien différents de meubles à mes yeux, à la simplement différence qu'eux pouvaient parler. Je me rendis dans l'immense salle à manger où se dressait une immense table en bois sombre, sur laquelle se dressait une riche variété de plats, ma mère installée à son extrémité, ses deux domestiques attitrées placée derrière elle tel des statues. Je vins tranquillement prendre place à sa droite.
— Alors, commençai-je, comment est-elle ?
— Tu vas vite le savoir, me dit-elle sans lever les yeux du papier qu'elle lisait. J'ai envoyé Mori la chercher.
— Hum, soufflai-je déçue qu'elle ne me réponde pas. Pourquoi tu l'as choisie alors ? Elle s'est rebellée ?
— Non, au contraire.
Je haussai un sourcil en la fixant, encore un peu plus intriguée.
— Elle n'a rien fait de spéciale ? continuai-je à la questionner.
— Absolument rien, me répondit-elle en déposant la feuille sur la table vernie. Je n'ai jamais vu ça pour être honnête.
Elle posa ses coudes sur la table et entre-mêla ses doigts les uns aux autres.
— Pas un cri, pas une larme, pas même de tremblements. Elle n'avait pas non plus le regard fuyant ou du moins, pas comme une bête effrayée. Elle s'est même permise de me dire que si elle voulait, à cause de l'absence de liens, elle pourrait s'enfuir. Si ce n'est pas de l'arrogance, je ne sais pas de quoi il s'agit.
— Tu plaisantes ?
— Non, je te l'ai dis, je n'ai jamais vu quelque chose comme ça. Et pourtant, bien des mortels ont défilé entre ces murs.
Je ne pus m'empêcher de glousser. Non pas que je me moque de la situation, c'était seulement tellement improbable comme situation que cela m'avait échappé. C'était effectivement quelque chose d'inattendu. Habituellement même les plus téméraires n'osaient pas s'adresser ainsi à ma mère ou même à moi, ils se contentaient de regards noirs ou alors de tentatives de fuite, mais uniquement après être arrivés au manoir. Ce qu'elle me disait de cette fille me donnait vraiment envie de la découvrir, elle allait certainement être très amusante.
— Peut-être que c'est une psychopathe, suggérai-je sur un ton amusé.
— Hum, peut-être.
Néanmoins, le sourire qui lui étirait le coin des lèvres me fit comprendre qu'elle ne croyait pas vraiment à cette théorie. Enfin, moi non plus, j'avais seulement dit ça sur le ton de l'humour. Nous continuâmes de converser jusqu'à ce que les portes de la salle à manger ne s'ouvre sur Mori et la nouvelle venue du manoir. Mes yeux se braquèrent directement sur elle, la scrutant de la tête aux pieds. Elle était petite et plutôt frêle, ses longs cheveux noirs encadrait un beau visage asiatique, ses yeux étaient plutôt grands mais cernés. Un joli petit nez trônait au milieu de sa figure et sa bouche était en forme de coeur. Le noir de sa chevelure et de la robe qu'elle portait rendait sa peau particulièrement pâle. Elle était belle, mais la fatigue qui tirait ses traits et ses cernes lui donnaient un air malade. Etonnamment, son expression trop calme, presque froide, ne lui enlevait aucun charme.
— Ah, vous voilà enfin ! s'exclama ma mère. Aphrodisia, voilà notre nouvelle possession, elle s'appelle...
Il y eut un moment de silence avant que ma chère mère ne s'adresse directement à la possession en question.
— Comment tu t'appelles d'ailleurs ?
Le jeune femme plissa subtilement les yeux en scrutant le visage de ma génitrice.
— Ce n'est que maintenant que vous posez la question ? répliqua l'humaine d'un ton calme mais incisif. N'est-ce pas la première chose à faire normalement ? Surtout quand on achète une personne.
Mori eut de la peine à déglutir et pâlit quelque peu, tout les domestiques présents dans la pièce cessèrent de bouger alors que je retins un rire. Je ne m'attendais pas à ça, cette fille était effectivement plutôt exceptionnelle. Le silence se prolongea, jusqu'à ce qu'un petit rire venant de ma mère ne s'élève dans la salle.
— Je ne sais pas si tu es inconsciente ou simplement suicidaire, articula-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine, mais au moins on ne peut pas dire que tu ne manques pas de cran. Je ne dirai rien pour cette fois, mais ce ne sera pas toujours ainsi. Cependant, j'avoue que j'aurais dû te demander ton nom dès le début, mais il y a une expression qui dit : « mieux vaut tard que jamais ».
Son sourire se fit un peu plus large, même si il était froid et pouvait facilement donner des frissons.
— Alors ? insista-t-elle envers l'arrogante.
— Sombra.
— Bien, donc voici Sombra.
— Ravie de faire ta connaissance, fis-je à son intention.
Son regard glissa vers moi pour me scruter avant de plonger dans le mien. On se considéra ainsi pendant de longues secondes avant qu'elle ne détourne les yeux sans me retourner un mot. J'en fus déçue, j'aurais aimé l'entendre encore un peu. Mori la dirigea, avec une main dans le dos, à venir se placer à notre hauteur, mais près des grande fenêtre qui donnaient sur le grand jardin envahit par la brume. Il resta près d'elle et elle se mit à regarder droit devant elle, donc dans ma direction. Même si bien vite, je compris qu'elle devait plutôt fixer un point derrière moi.
Le repas commença dans le calme, nous échangeâmes quels mots avec ma mère par moment. Ce fut ainsi jusqu'à ce que nous terminâmes l'entrée, nous n'eûmes pas l'occasion de demander à être servie des plats sur la table qu'un bruit d'estomac se mit entendre. Comme un même homme, toutes les personnes présentes dans la pièce dirigèrent leur regard vers la source du bruit qui s'avérait être Sombra. Elle ne bougea pourtant pas, restant droite comme un « i », toujours cet air impassible et cela même quand un nouveau bruit se fit entendre. Elle semblait avoir un calme à toute épreuve et être imperméable à la gêne.
Et là, il se passa quelque chose qui me fit légèrement écarquiller les yeux. Je vis ma mère indiquer gracieusement la place en face de moi de la main, avant de prononcer ces mots :
— Prends donc place, Sombra.
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Et voilà pour le chapitre 5 ! On fait la connaissance de la fille de Astaria, la belle Aphrodisia ! Qu'est-ce que vous en pensez ? Laissez vos impressions et autres théorie comme toujours, ça me fait toujours plaisir de les lires, à la prochaine.
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