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Un manoir...

Qu'est-ce que je faisais devant un manoir ? J'étais dans la rue un peu plus tôt. Je donnai un coup d'oeil par dessus mon épaule pour voir une belle voiture noire d'époque. Je ne pouvais pas identifier le modèle, je n'y connaissait absolument rien en voiture. Je ne me rappelai pas non plus être montée à l'intérieur. Ce qui s'était passé n'était pas très dur à comprendre, j'avais dissocié.

— Merde...

À cause de cela, je n'avais pas mémorisé le chemin que nous avions emprunté. Ma « propriétaire » me dépassa sans m'adresser un mot ou même un regard, je l'observai s'avancer vers l'escalier et le gravir calmement. Une main dans mon dos me fit vivement tressaillir et je tournai la tête de l'autre côté, tombant sur un jeune homme d'origine asiatique. Ses yeux sombres me scrutèrent un instant avant qu'il ne fasse doucement pression dans mon dos pour m'inciter à grimper l'escalier à mon tour. Chose que je fis en silence. Je passai la grande porte pour me retrouver dans un hall absolument gigantesque. Comme le reste de cet endroit, la décoration était sombre et froide, même si quelque touche de rouge venait réchauffer la pièce par endroit. Des tableaux de la femme qui m'avait achetée étaient suspendus au murs, mais aussi ceux d'un homme aux aires arrogants et d'une autre femme, cette dernière avait également la peau mate, bien que légèrement plus clair que celle de la maîtresse des lieux. Mais elle n'en était pas moins belle, au contraire, cette peinture – très réaliste – ne gâchait en rien sa beauté.

Il ne me fallut que très peu de temps pour faire le lien entre les personnes représentée sur ces toiles. Une mère, un père et une fille, voila ce qu'ils étaient.

— Mori, appela la femme.

— Oui, madame ? répondit le garçon qui se tenait juste derrière moi.

— Sois un bon garçon et accompagne-la jusqu'à une chambre libre qu'elle puisse se laver et avoir l'air un peu plus présentable. Même si ses idiots y sont aller fort, je peux encore distinguer les traces sur elle alors que cela doit faire des jours. Et n'oublie pas de lui donner des vêtements propres.

Je releva légèrement mes avant-bras pour pouvoir les observer, il était vrai que j'avais encore certaines marques. Ils s'étaient fait plaisir... enfin, il avait certainement eu un certain élément qui les avait encourager dans ce sens. Le dénommé Mori me poussa à nouveau dans le dos, même si il était très doux dans ses gestes. Il me guida à travers plusieurs couloirs, il y avait énormément de pièces dans ce manoir, s'y retrouver ne devait pas être une partie de plaisir, je n'avais pas hâte de m'y retrouver seule. Mon accompagnant s'arrêta devant une porte qu'il ouvrit et m'invita à entrer à l'intérieur. C'était une chambre bien moins riche que le reste de la demeure, mais tout de même spacieuse, il y avait un lit deux places avec des couvertures sombres, une table de chevet avec une petite lampe, une armoire plutôt grande, une chaise dans un coin et une coiffeuse. Je fus surprise de découvrir qu'il y avait également une salle de bain adjacente à la chambre.

— Comment tu t'appelles ? me demanda Mori.

Je lui glissai alors un regard en coin, j'en profitai pour le détailler. Il avait une chevelure blonde tirant sur le cendré, des yeux bleus en amande, une paire de lunettes et un nez droit. Je m'arrêtai un instant sur sa bouche, pour un homme, il avait des lèvres vraiment charnue et roses, c'était assez surprenant, mais pas laid, quant à la forme de son visage, il était assez rond, bien que quand on l'observait de profil, sa mâchoire était tout de même bien dessinée. Il n'était pas très grand non plus, mais semblait avoir une musculature plutôt développée, même si ça restait harmonieux et plutôt doux. En fait, ce garçon avait une apparence globale très douce. Même son aura dégageait de la douceur.

— Sombra, finis-je par répondre.

— C'est original, j'avais jamais entendu quelque chose comme ça, mais c'est très joli.

Il m'adressa un petit sourire, mais je ne pus m'empêcher d'être méfiante vis à vis de ce trop plein de douceur. On passait d'un endroit sombre, froid et humide à... ça ? C'était louche.

— T'essayes de faire quoi là en fait ? lâchai-je d'une ton presque acerbe.

Son sourire disparut et il me fixa, visiblement, surpris par mon attitude. Il détourna ensuite le regard et se frotta la nuque, soudainement mal à l'aise.

— Excuse-moi, fit-il d'une petit voix, je voulais pas te froisser. Je pensais seulement être sympa...

— M'en veux pas, mais on m'a kidnappée, enfermée, frappée et ensuite achetée comme on achète un animal de compagnie. Tu crois pas que c'est un peu normal que je me méfie ?

— Oui, oui, je comprends, mais justement, je me suis dis qu'un peu de sympathie te ferait du bien après tout ça. T'avais l'air tellement... vide quand t'es montée dans la voiture que j'ai pas pu m'empêcher de m'inquiéter.

Je le fixai, scrutant ses expressions. Il avait l'air sincère, mais il était quand-même préférable que je reste un peu sur mes gardes, on était jamais trop prudent. Néanmoins, je pouvais peut-être en profiter pour gratter quelques informations.

— Je suis où exactement ? Et pourquoi on m'a kidnappée ?

— Hum, revendre des humains ici n'est pas quelque chose d'étrange, ça arrive souvent, me répondit-il quelques peu mal à l'aise encore. Vous servez à divers choses on va dire. Et cet endroit s'appelle Reversia, c'est...

Il n'eut pas le temps de terminer de me répondre qu'on appela fortement son nom. Il s'excusa et quitta la chambre, mais j'ouïs tout de même le bruit du verrou. Cela me fit doucement soupirer, mais ça ne m'étonna pas, on ne laissait pas quelqu'un qui risquait de s'enfuir à tout moment avec une porte ouverte, c'était stupide. Lentement, je me dirigeai vers la salle de bain pour rejoindre la baignoire, j'actionnai les valves pour faire couler l'eau et l'amener à bonne température. Je bouchai alors le trou d'évacuation avec le petit bouchon en plastique noir relier à une fine chaine. Le temps que la baignoire en porcelaine blanche ne se remplisse, je me plantai devant le miroir pour scruter ce que j'y voyais. Ça faisait effectivement peine à voir. Les cheveux sales et gras, des cernes prononcées sous les yeux, la peau rendue terne parce que souillée par la crasse et des marques encore visible par endroits, heureusement, pas de plaies.

Un nouveau soupire me glissa entre les lèvres, je n'aurais définitivement pas dû accepter cette bande d'imbéciles, j'avais été encore plus idiote qu'eux sur ce coup-là. Il y avait assez de problèmes à gérer en dehors de ça, cette situation n'était aucunement nécessaire et je craignais le lot de problème qu'elles risquait encore d'apporter. Je retirai finalement le T-shirt usé qui me servait de vêtement et l'abandonnai sur le sol carrelé, tout comme mon sous-vêtement. Je coupai l'arrivée d'eau et me glissai ensuite dans l'eau chaude. La chaleur me picota la peau mais me fit également beaucoup de bien. Je me laissai un peu plus aller dans la baignoire, repliant mes jambes de manière à ce que l'eau puisse m'arriver sous le menton. Je fixai le haut de mes genoux qui dépassait hors de l'eau.

Je restai ainsi de longue minute dans le silence de la salle de bain, puis je m'immergeai, me coupant complètement du monde extérieur. Ce silence là était le plus apaisant que je connaissais, parce qu'il donnait la sensation d'être loin de tout danger, loin de toutes émotions.

C'était certainement à ça que devait ressembler le néant.

C'était rassurant.

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Sombra, j'ai peur, j'ai tellement peur...

— N'aie pas peur, calme-toi, je te promets que tout va bien se passer. Tu ne risques plus rien maintenant.

Je veux rentrer à la maison, je veux retrouver papa et maman...

— Je sais ma chérie, je sais, ne t'en fais pas tu vas les retrouver. Il faut que tu sois forte en attendant que ça arrive, ne t'en fais pas, je suis avec toi.

Oui, il fallait qu'elle reste forte, c'était la seule chose qu'elle pouvait faire pour le moment. J'aurais tellement aimé pouvoir en faire plus pour elle, la serrer très fort dans mes bras pour qu'elle n'ait plus jamais peur. Mieux encore, si je pouvais prendre toutes ses souffrances, je le ferais sans la moindre hésitation, je voulais seulement qu'elle soit heureuse. Qu'elle ne verse plus jamais une seule larme. Malheureusement, je ne pouvais pas, je ne pouvais qu'être une spectatrice et une supportrice qui lui redonnait du courage dans les moments où il ne semblait plus y avoir aucun espoir.

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Je sursautai brusquement en sentant une main se poser sur mon épaule. Levant les yeux, je tombai dans ceux couleur ciel de Mori. Je m'étais endormie sans m'en rendre compte après mon bain. Je ne m'étais même pas vêtue, j'avais seulement voulu m'allonger un instant et résultat, j'avais sombré dans un profond sommeil. D'un mouvement, j'échappai au toucher du garçon en face de moi et je me redressai en position assise sur le bord du lit, je portai une main à ma tête en fixant le sol un instant.

— J'ai dormir longtemps ? l'interrogeai-je sans lever les yeux.

— Deux heures environ, me dit-il. Tu devrais t'habiller, Lady Ombrage nous attends.

— Ah, Ombrage, c'est comme ça qu'elle s'appelle alors ?

— Pas exactement, son nom complet est Astaria Ombrage.

Je devais l'admettre, même son nom avait la classe et il lui collait parfaitement. Je me remis sur pied et m'emparai de la tenue qui avait été déposée au fond du lit, puis migrai vers la salle de bain pour m'habiller. Rien d'incroyable, de simple sous-vêtement noirs et une robe évasée à manches longues tout aussi sombre et sobre. Je me fondais parfaitement dans l'ambiance du manoir avec cette tenue. Je revins dans la chambre, pieds nus, aucune chaussure n'ayant été mise à ma disposition.

— Allons-y, dis-je me passant une main dans les cheveux.

Je paraissais pleine d'assurance, mais en vérité, j'étais aussi terrifiée que lorsque je me trouvais dans ma petite cellule. J'avais un mauvais pressentiment.

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Voilà pour ce chapitre 4 ! Comme toujours, impressions et théories ça  fait toujours plaisir. Et pour ceux qui se demanderait à quoi ressemble la femme qui a acheté Sombra, son avatar est Zoé Saldana. Sur ce, on se retrouve au chapitre suivant !