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¹⁸ | 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝙳𝚒𝚡-𝙷𝚞𝚒𝚝

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³⁹⁴⁴ ᵐᵒᵗˢ
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|• 𝓑𝓸𝓷𝓷𝓮 𝓛𝓮𝓬𝓽𝓾𝓻𝓮 •|








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NA JAEMIN

16 Décembre









Donghyuk


Aujourd'hui 14:36

| Jeno veut faire une soirée ciné t'es chaud ?


Jeno ? Et il m'invite ? |


| Bah oui pq mdr ?


Où ? Au ciné ? |


| chez lui tkt pas que tu vas confondre sa télé avec un cinéma
| D'ailleurs tt le monde c'est juste Mark, toi, Jeno, moi et junnie ( lele et Jisung sont pas disponibles)







IL Y A UN CD ROUILLÉ QUI TOURNE EN FOND, les voix des chanteurs sont parfois incompréhensibles tant elle sont aspirées sous une épaisse couche de fumée. C'est illogique parce que l'odeur de cigarettes sort du petit tube et que la musique se dégage d'une radio toute pourrie. Je me demande s'il s'agit des CDs qui sont rayées par le temps ou s'il est question du lecteur qui aime parfois laisser trainer en longueur les notes entêtantes.

Le son n'est pas coréen, il a des consonnances anglaises donc j'imagine qu'il s'agit d'un groupe ancien qui traine encore sur quelques étagères.

La voix des chanteurs est déréglée, cassée, brouillée par le volume qui ne résonne que quelques fois.

C'est juste une brume qui s'invite dans la pièce comme cette fumée de tabac alors que la fenêtre est grande ouverte vers l'extérieur.

Mais j'aime ça.

J'aime cette ambiance brûlée, brumée qui gâche la vision mais qui pend souvent juste sous mon nez.

Je me contente de fixer ce type, accroché aux rebords de sa fenêtre dans l'optique de faire disparaitre la mauvaise odeur.

De tabac.

De sexe et de tabac.

Il a son regard pendu sur l'extérieur, il s'imagine un monde meilleur qui grignote parfois ses yeux sombres. Je crois qu'il aimerait quitter cette chambre, sa chambre sans regarder derrière, sans faire attention à qui il a bien pu laisser dedans.

Mais il ne le fait jamais.

Personne ne le fait jamais. Plus maintenant, ça fait longtemps que c'est comme ça.

Qu'il n'y a pas de nous mais qu'on est quand même là comme deux cons parce qu'on sait rien de la vie et que la découvrir, ce serait pire.

Parfois j'me demande si sans cigarette à la gueule s'il serait plus beau, moins fatigué et moins crevé.

Parce que oui, une clope entre les lèvres on a toujours un visage plus mort qu'un autre.

Ses traits ne sont pas très froids pourtant, j'crois même qu'ils sont plus chauds qu'une nuit d'été mais la fumée de la nicotine pend sous ses yeux, sous ses lèvres, sur son corps.

Il a pas le poids du monde sur le dos mais je pense que ce qu'il traîne derrière lui est plus chiant à porter que ce qui traîne sur un malheureux dos.

Il s'en veut parfois.

Pas parce que le monde n'est pas très beau, pas parce qu'il n'est pas assez p'tit ou pas assez nouveau.

Mais parce qu'il fait chuter d'autres types avec lui.

- J'vais te laisser. J'ai des amis qui m'ont invité chez eux.

J'ai aucune idée du pourquoi je précise ça. Sûrement car j'ai envie qu'il sache que je ne suis pas comme lui, qu'il y a un fossé entre nous.

Même s'il n'y a pas de nous, qu'on est juste deux cons parmi des centaines d'autres.

Ça a attiré son attention et ses billes noires ont pénétrées les miennes. Il n'a fait aucun rapide commentaires, ne m'a adressé aucun regard superflus par dessus celui-là qui prend trop de place dans la pièce.

Il s'est juste tourné vers moi, son torse nu qu'il cachait par la fumée, son bâton de nicotine traînait entre deux de ses doigts, à se désagréger lentement sur une brique orangée du rebord de sa fenêtre.

Je suis persuadé que la brique doit être dans un état lamentable, les seules larmes de pluie qu'elle voit, sont celles des cendres de ces stupides clopes.

- T'inquiète. Rentres bien.

Je lui ai souris, rapidement parce-que je le trouve gentil, qu'il a l'air ailleurs mais qu'il est quand même là alors qu'il aurait juste pu ne plus l'être.

Il s'est tourné, sans me répondre, le lit sur lequel je suis est bordé par quelques vêtements retournés.

J'en ai pioché quelques uns, au hasard en sachant pertinemment qu'il n'y avait aucun hasard là dedans.

Juste de l'habitude.

Je fais passer rapidement une jambe puis l'autre, j'enfile mon t-shirt blanc qui sent l'odeur pestilentielle de l'air.

Je crois que je pourrais m'en dégoûter si je n'y étais pas déjà préparé.

Je me suis lentement levé, tirant sur la languette de ma chaussure pour pouvoir la mettre correctement. Quand j'ai levé mon regard vers la porte, il m'attendait devant, ma parka entre ses dix doigts.

J'ai vu sa main piocher dans un tiroir de sa chambre, ça n'a pas fait de bruit, pas plus que le CD qui tourne encore derrière.

Il a glissé un quelque chose dans l'une des poches de ma veste, même si le vêtement est à l'envers et retourné, je sais qu'il s'agit de ma poche droite intérieure.

Ici aussi, il n'est question d'habitude.

Je lui adresse un rapide regard alors que ma veste tombe entre mes bras, je la revêt avec automatisme alors que j'entends en fond un long soupir suivie de quelques ressorts tendu, le lit ne fait doucement plus de bruit afin qu'une respiration calme s'installe par à-coup régulier dans la pièce, entre la musique et le brouillard environnant.

Ce brouillard là est léger mais opaque, il est plus désagréable qu'agréable mais je sais qu'avec d'autre personne que moi cette brume ci est différente.

Elle englobe bien la pièce parfois ou parfois pas. Souvent, elle traîne juste sur une table.

Je crois qu'il agit différemment d'eux à moi, sûrement car je suis plus jeune, que j'ai moins d'année de mauvais comportement derrière moi et que les seuls délits que j'ai commis, ce sont les quelques insultes que je dis à mon père et aux quelques abrutis des lycées où j'ai foutus les pieds.























Donghyuk m'a envoyé une adresse, j'ai eu une certaine satisfaction à ce que ce soit celle de Jeno. Je ne sais même pas pourquoi, juste parce que c'est le cas. Je me demande combien de personnes ont du mettre les pieds là bas, et cette fois, le fait que ça allait être moi était beaucoup plus extraordinaire.

J'ai la sensation de faire une mauvaise chose en me pointant chez lui, l'impression d'être un voleur ne me quitte pas mais j'ai aucune idée de ce que je pourrai voler.

Rien. Évidemment.

J'allais juste emprunter quelqu'un plutôt que quelque chose.

Parce que j'ai des questions à poser et qu'elles trottent dans ma tête comme un troupeau de bêtes affamées.

Je me suis changé en rentrant chez moi, mon père étant absent, j'ai pris un certain temps à trouver la clé qui traine sous un pot de fleur à l'entrée.

La fleur est moche, déshydratée, cramée par un soleil autant agacé que moi par sa présence.

Mais elle est là, sous la lumière du préau qui parvient à l'éclairer la nuit tombée, alors je l'aimais bien.

Mon téléphone entre les mains, j'ai inscrit l'unique ligne que j'ai reçu. Ça m'a envoyé vers un endroit presque au centre de la ville sans y être totalement, c'est un peu en retrait et pas si loin que ça d'où j'avais croisé Donghyuk la première fois.

C'est un endroit où j'ai encore jamais foutu les pieds.

J'y ai sans doute déjà déposé un regard mais ne m'y suis jamais vraiment attardé.

La maison est grande, le portail loin de la porte d'entrée et il y a un boîtier électronique sur le côté où plusieurs mots sont écrits. Il s'agit d'une maison relativement riche qui dort depuis sans doute pas mal d'années dans le prestigieux quartier riche de Séoul.

Je crois que je n'imaginais pas Jeno comme ça, qu'il n'y avait pas un aussi grand cratère entre lui et moi.

C'est comme si j'avais oublié qu'il sortait avec une meuf plus thunée que la capitale. C'est faux, évidemment, mais exagérer et partir dans des hyperboles c'est ce que j'aime faire.

Au delà d'aimer trainer proche de Jeno.

Si on m'apprenait que Hye-Sun et Jeno sont en couple car leur parents les ont marié à sept ans, j'en serais même pas un peu étonné.

C'est comme si leurs sourires débiles à tous les deux quand ils restent ensemble le crie.

Le portail blanc a fait un bruit métallique, je me demande si ma tête s'est affichée en gros plan sur une caméra quelque part dans la maison. Que j'ai été reconnu par le propriétaire et que la petite entrée s'est alors gentiment ouverte.

J'ai poussé l'un des barreaux en fer blanc vers l'intérieur, il n'a pas fait un seul bruit, aucun grincement désagréable ni même un léger coulissement. C'était juste le silence complet parfois importuné par les graviers bousculés par l'ouverture du portail.

C'était trop parfait pour vraiment l'être.

Blanc. Tout est blanc. Les murs de la maison et même les fenêtres ont un aspect blanc qui doit sans doute rendre l'intérieur encore plus pâle.

Il n'y a pas de voiture mais un garage fermé sur le côté gauche. Je me demande si, ce garage là, il fait pas la taille de chez ma mère ?

C'est la tête de Mark qui m'a montré que je ne me suis pas trompé de maison, son front s'est légèrement plissé à ma vision et je sais que c'est pas le soleil qui le dérangeait.

Je lui ai rendu un sourire alors qu'il se décalait pour me laisser entrer.

J'ai pas eu le temps de me sentir déçu que ce ne soit pas Jeno qui soit venu m'ouvrir et de pouvoir trop regarder autour de moi que la voix de Donghyuk m'a crié quelques mots enthousiastes :

- Nana ! Tu tombes bien !

Sa tête dépassant d'une ouverture qui mène au salon, j'avais l'impression qu'un soleil tout entier avait fusionné avec lui.

Comme si la gomme qui lui avait effacé chacune de ses émotions avait fait son retour pour tout lui rendre.

Mark aussi l'a remarqué, la preuve, il souriait derrière moi.

- Les autres veulent pas regarder "Rebelle", dis leur que c'est génial !

J'ai jamais aimé ce film. J'ai jamais aimé les films en général, quand j'en regardais c'était chez ma mère, sur son fauteuil noir avec mon père dans un coin de la pièce. S'ils se disputaient pas pour la télécommande et pour le programme, c'était pas une soirée normale.

- Ouais. C'est cool "Rebelle".

Ses lèvres se sont ouvertes en grand, ses dents blanches se sont exposées alors qu'il festoyait tout seul sur le canapé.

Il avait l'air stupidement heureux.

- Nana je t'aimeuh merci !

Dans le coin de la porte où je suis avec Mark, ce dernier est déjà en train de tirer la gueule. Mark ne m'a jamais regardé amicalement, avec cette joie typique qu'on est sensé avoir en retrouvant un ami.

C'est pas qu'il avait pas cette expression dans son dictionnaire d'expression. La preuve, dès qu'il voyait Donghyuk ou n'importe qui d'autre, il souriait comme un idiot.

Sans doute que c'est juste moi, que je l'agace.

Il s'est décalé légèrement pour rejoindre son meilleur ami, j'étais là, debout au beau milieu d'un couloir qui ouvrait sur le salon à chercher autre chose.

Tout autre chose.

Il y a des cadres par-ci par là, sur les murs ou sur les commodes. Beaucoup de Jeno. Je crois qu'il est enfant unique.

J'entends en fond Renjun qui débat avec Donghyuk pour lui prouver qu'il a des goûts pas très palpitant.

Ils se disputent souvent et Mark les regardent comme s'ils sont étranges.

Je me suis avancé vers le salon, je sais même pas ce que je cherchais mais je l'ai quand même trouvé.

Il souriait avec ses yeux, sur un canapé, une télécommande à la main.

Je crois qu'il n'avait rien de spécial là tout de suite, que personne n'a jamais rien de spécial dans l'immédiat si ce sont de mes yeux qu'ils sont observées.

Mais je sais pas, ça faisait bizarre, c'était chez Jeno que j'étais.

Il a levé son regard en ma direction, toujours souriant, il n'a pas quitté ce trait pour me saluer.

Jeno s'est levé de sur son fauteuil, Mark s'est installé à quelques minuscules centimètres de Donghyuk qui le tirait vers ses bras. Renjun était à côté, loin d'eux, lui aussi m'a regardé en souriant alors que je m'installais à mon tour sur l'un des canapés alentours. Il était en parallèle à celui de Jeno, à gauche du salon et d'une petite table en verre installé entre chacun des sièges.

Ici aussi, la pièce est blanche, il y a une grande télé qui trône sur un mur encadrée par une poignée d'enceintes. Ça doit coûter une blinde tout ça, sans compter tous les tableaux, tous les meubles qui ont l'air luxueux ou juste l'horloge qui trône sur une grande cheminée éteinte.

Il fait chaud ici et c'est chaleureux.

- Fanta ! Fanta !

Mon visage se dresse en direction de Donghyuk alors qu'il s'extasie en direction de Jeno qui sort tout juste de sa cuisine, situé derrière moi.

Il tient entre ses bras plusieurs boissons, surtout des canettes.

Donghyuk en a réceptionné une en vol puis Jeno s'est contenté de les laisser sur la petite table.

Il les a toutes posées, sauf une.

Ses yeux se sont immédiatement posés sur moi, il a fait le tour de mon siège et s'est glissé à côté de moi.

Tout proche de moi.

Il a glissé sa main en ma direction, m'a tendu la boisson que j'ai saisie d'un sourire.

J'ai pas tout compris.

Mais il était déjà reparti sur son assise à lui, à l'opposer de moi.

J'ai machinalement posé mes doigts sur la canette, il y avait quelques gouttes qui coulaient contre l'aluminium de la boisson.














Il fait sombre. La seule lumière qui éclaire la pièce provient de l'écran, tous les volets sont fermés et même l'éclairage qui provient normalement du couloir s'est fait aspirée je ne sais comment.

Il n'y a pas beaucoup de bruit. Quelques paroles parfois ou des mouvements de friction sur l'un des fauteuils.

Je ne sais pas trop de quoi le film parle, c'est Mark qui l'a choisit car Donghyuk et Renjun se disputaient à deux.

Moi, je m'en foutais.

Et Jeno semblait faire de même.

Ça fait bien une quarantaine de minutes que le film est lancé mais mon attention est happée tout ailleurs.

La silhouette de Jeno a caché un instant l'écran alors qu'il s'est rapidement levé pour quitter la pièce où l'on était, en direction d'un escalier qui commençait derrière lui et qui finissait certainement à un étage.

J'ai pas réfléchi à deux fois.

Donghyuk dort sur l'épaule de Mark et Renjun est concentré sur la télé.

Je me suis lentement levé, le coussin qui dormait contre ma poitrine a finit sur le dossier du canapé et je me suis discrètement éloigné.

Discrètement mon cul, j'avais certainement réveillé Donghyuk dans mon mouvement.

Je me suis juste dépêché de gravir marche par marche l'escalier de quelques mètres. Jeno disparu, certainement déjà dans l'une des pièces du couloir.

La plupart sont fermées, des bureaux, des chambres. J'en ai aucune idée mais ce qui est sûr, c'est que Jeno est rentré dans celle du fond dont la porte est grande ouverte.

Je me suis approché lentement sans trop faire attention aux tableaux, aux inscriptions accrochées aux portes.

Je sais que moi, je sens la cigarette et une odeur forte de lessive car j'ai jamais vraiment su combien il faut mettre de produit dans la machine.

Mais ici, dans cette pièce bleutée, ça ne sentait rien de tout ça.

La porte placardée contre le mur, on voit par l'ouverture un grand lit accolait au mur.

Il n'y a pas un seul poster, pas beaucoup de photos non plus mais il y a une odeur.

Je crois qu'il s'agit de ces petits bâtons qui s'imprègnent d'un parfum, qui sont posés sur une commode dans un coin de la pièce.

La cannelle. Peut être. Sûrement. Je sais pas.

Une poignée de vêtements sont entassés sur son lit, en tas droit certainement propre et prêt à être rangé.

Jeno est là, sur son portable qu'il tient du bout de ses dix doigts, contre le mur, branché à recharger.

Je me demande s'il est monté juste pour ça. Juste pour le mettre à brancher.

Peut être qu'il a reçu un message urgent.

Ou pas du tout.

Il tape un rapide message sur l'écran tactile, de dos, j'ai l'impression de lui voler une partie de son intimité.

Mais je ne me sens pas coupable en sachant qu'il a fait la même chose dans les vestiaires et un peu avant à cette soirée.

- J'aime bien ta chambre.

Je crois que c'est faux autant que c'est vrai.

Jeno est surpris de m'entendre, je vois ses quelques mèches bougées quand il se tourne en ma direction.

Il ne me regarde pas dans les yeux, moi je dévisage son visage rougis mais bleuté par l'atmosphère de sa chambre.

Ça prend un certain temps pour qu'il réponde en hésitant :

- Merci.

J'ai un sourire qui ne quitte pas mes lèvres. Heureux de le déranger dans ce qu'il faisait pour une raison stupidement inconnu.

Je me sens bizarre autant que lui doit l'être.

Quand on se voit d'aussi près, c'est souvent dans un endroit qu'aucun de nous ne connaissons personnellement.

Ici, on est dans sa chambre.

Je me pose dans un coin de la pièce, lui, il reste contre le mur, son téléphone qui s'est rapidement mis en vieille toujours dans ses mains.

Je sens mes lèvres être griffées par mes dents.

Je les mordille.

Frénétiquement.

- J'ai une question,

Son regard se braque rapidement dans le mien. J'ai la sensation que si c'est pas la salle qui allait exploser, ça allait être lui ou moi.

- J'te jure ça va être un peu gênant mais ça reste dans ma tête depuis j'sais pas quand.

Depuis l'un des premiers jours en fait, je crois.

Ou des derniers, qui sait ?

De toute manière, Jeno ne répond rien, il me regarde juste.

Un regard bizarre de chiot.

Il a pas envie de sourire ça se voit mais il n'a pas envie de partir non plus.

- T'es hétéro ? On est d'accord t'es hétéro ?

C'est étrange de le dire.

Sa réaction l'est aussi, j'ai la sensation que j'ai retourné quelque chose en lui, que j'ai tourné un truc qu'il ne voulait pas encore tourner.

Jeno ne répond toujours rien, il fait des mouvements rapides, hachés. Ses yeux balayent la pièce. Je crois qu'il est gêné mais il finit quand même par hocher de la tête.

Je rebondis rapidement sur cette réponse :

- Ok... Ok... Et, genre... T'es vraiment hétéro ? Genre vraiment vraiment ?

Jeno a rougi. Il a commencé à toucher son portable nerveusement.

J'avais besoin de savoir, d'insister.

Et je me demande s'il est assez en confiance avec moi pour me répondre. C'est pas comme si on était les meilleurs amis du monde, ni qu'on se côtoyait depuis assez longtemps pour parler de sexualité.

Mais il m'a quand même répondu.

- J'crois oui...

Il use d'une petite voix. Elle n'est pas timide, elle est juste et purement perdu.

J'avais pas envie de le perdre. Pas d'un aspect physique comme le fait de perdre quelqu'un de cher mais plutôt perdre dans le sens où un type se retrouve coincé dans un labyrinthe.

Mais j'avais envie de tellement de chose que je réfrénais continuellement. Et le voir là, seul avec moi, dans sa chambre qui plus est ça me tiraillait de l'intérieur.

Je n'ai aucune mauvaise attention envers lui, j'en ai jamais eu et j'en aurais jamais.

Mais j'avais besoin de l'approcher un peu. Juste un peu.

Si je ne le faisais pas, j'avais la sensation que j'allais asphyxier.

Je me demande ce que ça doit faire de son côté. Si c'est plus dérangeant qu'autre chose ou s'il y prend autant de sensations que moi.

Je me suis éloigné de la porte ouverte pour m'approcher du mur où Jeno est.

Il n'a pas bougé, gelé contre le mur.

Comme un programme qui freeze, qui cesse de fonctionner.

J'suis persuadé de ne pourtant pas être un virus.

Pas pour tout le monde.

J'ai lentement glissé mes mains vers lui, les ai laissé s'installer contre sa taille. Je les ai fait couler jusqu'à l'arrière de son dos, dans le creux de ses hanches.

Je l'ai senti frissonné, peut être que c'était moi.

Mon visage reste en face du sien, il est là, immobile, à me fixer.

- Parce que j'sais pas si tu l'avais compris mais moi j'le suis pas trop.

J'ai appuyé mon touché. Jeno s'est légèrement cambré.

Là, tout de suite, je ne sais pas de quoi j'avais envie mais Jeno, lui, était décidé à me fixer.

Il fixe mon visage, mes yeux, mon nez, mes quelques grains de beauté, mes lèvres. Tout de ce qui m'appartenait avait l'air d'être beau, tout avait l'air d'être admirable.

Il s'est arrêté un instant, a remonté son regard vers le mien.

- Je sais oui.

Il garde ses yeux dans les miens alors que je lui souris, amusé.

Tout le monde le savait de toute manière. C'est juste que personne ne le disait.

C'est drôle que ça soit lui le premier à l'avouer de vive voix, entre deux respirations, deux déglutitions.

J'ai vu ses lèvres bouger quand il s'est mis à parler, j'ai vu sa pomme d'Adam se tordre quand il m'a répondu.

Et je mentirai si je disais ne pas avoir envie de lui bouffer ses lèvres.

Mais je n'en fait rien.

Je ricane juste en fixant Jeno dans les yeux.

- P't'ain tes yeux Jeno.

J'ai envie de les voir fermer pour qu'ils arrêtent de me regarder. Ou justement qu'il les garde constamment ouvert pour ne plus les quitter.

Pourtant ils sont pas si différent des milliers d'autres qui existent.

Je crois qu'ils sont pas les premiers à me rendre perplexe tant leur intensité mais j'suis sûre qu'ils sont les seuls à l'être en étant autant banales.

Juste noir.

Totalement et purement noir.

Jeno a son visage vers le mien, je sais qu'il ne fera pas disparaître l'espace d'air qui nous sépare de lui même. Je sais que c'est pas lui qui va m'embrasser.

Mais sûrement que c'est pas lui qui dirait non.

Son visage est si beau. Si éthéré. Si agréable.

Je détourne mon regard du sien, mes doigts caressent ses côtes et je sens son t-shirt frotter contre sa peau nu.
J'ai envie de le toucher. , maintenant, tout de suite.

J'aime le sentir frissonner à travers un foutu t-shirt alors qu'il y a tellement de couche de vêtements qui le sépare de ma réel peau.

Mais je ne le fais pas.

Mon visage s'écrase contre son cou. Sa peau est brûlante, je sens l'humidité de sa nuque contre mon visage, contre ma joue. J'entends et je sens sa respiration qui bat contre l'air de sa chambre.

Je ne sais pas ce qu'il fait. S'il regarde juste sa chambre ou s'il me trouve bizarre de faire ça

Je sais juste que j'ai senti le visage de Jeno s'approcher discrètement de mes cheveux desquels il a humé rapidement l'odeur.

Cigarette. Clope. Cigarette. Clope.

Lessive. Aussi, peut être ?

Je ne sais pas s'ils sentaient vraiment bon mais il s'amusait en essayant de rester discret à y plonger un bout de son visage.

J'ai aucune idée de ce qu'on faisait mais ce qui est sûr, c'est qu'on le faisait vraiment.

Innocemment. Stupidement. Puérilement.

Le son du film s'est immiscée dans mes oreilles, la voix de Donghyuk qui criait, amusé, de la salle d'en bas avec.

Mais je n'entendais que ma propre respiration qui s'abattait désagréablement sur l'épaule de Jeno.

J'aimerai lui dire qu'il n'a pas l'air hétéro, là, tout de suite, mais j'aime pas être cette personne qui croit tout savoir.

Parce-que, moi, je ne sais rien si ce n'est pas lui qui le dit. Qui le pense.











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ATEEZ ???????????

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