⁷ | ⌫
⁷ | 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚂𝚎𝚙𝚝
•
²² ⁰⁷ ²⁰²³
²⁰²³
•
¹⁵¹² ᵐᵒᵗˢ
___
|• 𝓑𝓸𝓷𝓷𝓮 𝓛𝓮𝓬𝓽𝓾𝓻𝓮 •|
__
•
LEE JENO
29 Novembre
•
ÇA N'A PAS PRIS UN MOIS pour que l'enthousiasme qu'il y avait envers Jaemin ne s'efface sans, pour autant, que lui ne s'efface aussi. Ça a pris une semaine tout au plus. Une semaine qu'on croyait infinie. Sept jours qui sont passés en un simple claquement de doigts.
Tout est rapidement retourné dans l'ordre la semaine qui a suivi l'arrivé de Jaemin. Je passais ma journée avec mon groupe d'amis à tenir parfois la main d'Hye-Sun dans la mienne.
Il y avait, certes, une petite chose qui était là en plus de l'origine mais rien de bien choquant.
J'aimais bien regarder le monde avant qu'il n'arrive mais maintenant qu'il était là j'avais pris l'étrange habitude de le regarder lui.
Parfois.
Trop souvent.
Je n'écoutais pas souvent ma copine quand elle me parlait de quelqu'un du lycée que je ne côtoyais pas personnellement mais, quand il s'agissait de lui, c'était bizarre. Je me mettais tout seul à porter plus d'importance à cette discussion qu'elle animait toute seul.
Même quand c'était pas franchement beau à entendre.
Je me demande ce qui l'était, avec lui.
Les profs ne l'aimaient pas beaucoup car il venait d'un lycée à la réputation pas ouf mais les élèves ne faisaient pas mieux.
Au début, tout le monde aimait lui parler entre deux cours. Certain l'ont même aidé mais, très vite, les gens se sont désintéressés de lui.
Je crois savoir pourquoi.
Car lui, il ne leur rendait pas cet intérêt.
Il s'en foutait qu'un tel vienne lui parler et qu'un autre gars vienne lui donner de l'aide pour les cours.
Ça se voyait à sa manière de leur parler, de les regarder. Il s'en foutait de leur plaire comme il s'en foutait de leur répondre méchamment quand il en avait marre.
— La hype qu'y avait sur lui est vite passée on dirait.
C'est Chenle qui a parlé.
On est installé sur un banc placé sous un préau, lui et moi. Mark est assis les jambes croisées en face de nous, quelques cailloux font la gueule sous son poids mais lui la fait encore plus en dévisageant son cahier de cours qu'il a ouvert sur ses cuisses.
Donghyuk et Renjun ne sont pas là. Jisung est porté disparu avec eux.
Mark a arrêté de rapidement triturer son stylo quatre couleur quand il a entendu Chenle parler, son visage s'est dressé dans notre direction alors que moi, je cherchais le premier concerné par cette prise de parole.
En fait, si Chenle parle de Jaemin, c'est car il l'a vu quelque part, qu'il l'a vu graviter autour de nous à distance raisonnable.
Et c'était le cas.
Jaemin était là. Il était installé à quelques dizaines de mètres de notre banc, dans un espace vert où quelques arbres sont mis sous terre.
J'arrive à savoir qu'il s'agit de lui ( comme Chenle l'a sûrement fait) grâce à la grosse parka noir qu'il traîne sur lui depuis une poignée de jours. Elle cache son uniforme comme les vestes de la moitié des étudiants le font aussi.
Les températures ont chuté et le temps grimace plus qu'avant.
Ça ne l'empêche pourtant pas de traîner dehors, au beau milieu d'une cours où plus personne ne se risque depuis un petit moment. Les gens restent dans les bâtiments ou sous les préaux.
Il est juste le seul idiot qui se plaît à être différent.
Il est couché par terre, l'ombre de l'arbre caresse les traits de son visage. Il ne fait pas très beau mais, autour de lui, j'ai l'impression qu'il y a un soleil constant.
D'aussi loin que je suis, j'arrive à entendre quelques échos de phrases chantées. Sa musique résonne à côté de lui, le son probablement assez fort pour qu'on puisse l'entendre d'ici. Comme si personne d'autre ne peuplait cette foutue terre à part lui.
— Il a surtout tous dû les remballer.
C'est la réponse que Mark à a fournir à Chenle.
Ils venaient à peine de le voir.
Je crois que je l'avais vu bien avant eux, mais moi, je n'ai fait aucun commentaire.
Je l'ai simplement regardé sans qu'il ne le sache. J'étais un voyeur ou un espion pas très discret. Mais comme personne ne faisait vraiment attention à moi, je pouvais l'être sans que personne ne le remarque.
Tout le monde dit que j'ai tout le temps la tête dans la lune, je pense surtout qu'on ne fait pas attention aux même chose.
Ploc. Ploc. Ploc.
De fins traits d'eau glissent contre la vitre, il y a des tas qui se forment par endroits. Puis le tas se déplace lentement vers le bord de la fenêtre et de nouveaux filaments se créent entraînant de nombreuses gouttes à leur suite.
C'est infinis et ça dure tant qu'il continue de pleuvoir, même si, ce n'est qu'un peu de pluie.
Qu'un tout petit peu de pluie.
Je vois derrière la vitre, derrière cette pellicule d'eau qui s'est installée là, le gymnase et le terrain de sport. Personne ne cours dehors, personne ne joue au basket ou au football. Il n'y a pas âme qui vivent.
Il y a juste des flaques d'eau ça et là mais rien de plus.
- Vérifiez que la propriété est vrai au rang 0, ensuite, admettez que la propriété pour k soit vrai et démontrez qu'elle l'est au rang k+1.
Il n'y a pas un bruit. Seulement l'averse qui tombe.
Le professeur n'attend pas de réponse, il reprend sur un second point.
Sa craie crisse contre le tableau en ardoise. J'entends quelques murmures, des gens de derrière moi ou d'à côté de moi, de ceux devant moi ou de l'autre bout de ma place.
J'entends son prénom. Il est souvent prononcé ces derniers jours. Parfois discrètement, d'autre fois moins.
Ça ne me prend que quelques stupides secondes pour que je détourne le regard en sa direction.
J'ai traversé plusieurs tables du regard. Il y avait une fille qui jouait avec sa feuille à y dessiner quelques gribouillis au stylo, un autre garçon qui rêvassait sur sa table à compter les affiches accrochées dans la salle, tout autour de lui. J'ai même croisé le regard d'Hye-Sun qui cherchait à comprendre pourquoi je baladais la salle de classe du regard. Je ne sais même pas si je lui ai répondu d'un sourire avant de retourner à mon observation.
Je sais seulement que ses cheveux étaient attachés en une queue de cheval et qu'un trait léger dessinait joliment le contour de ses lèvres.
J'ai rapidement détourné le regard quand je me suis mis à la regarder trop longtemps. Pour finalement arriver à la table de Chenle puis à la sienne. A celle de Jaemin.
Chenle gardait ses yeux rivés sur ses feuilles de cours, les sourcils froncés à penser à je ne sais quoi. Jaemin avait le regard droit, la tête penchée vers le tableau à suivre la craie du prof d'un regard vide.
Jaemin a l'air ailleurs pendant les cours. Pas qu'il avait l'air d'être un grand bosseur mais c'était autre chose qui le rendait ailleurs. Il ne regardait pas par la fenêtre étant trop éloigné de cette dernière. Il ne dormait pas sur sa table à écouter d'une seule oreille ce qu'il se passait.
Il regardait bien ce qu'il se passait en face de lui, il écoutait la professeure parlait quand elle le faisait. Il entendait le professeur s'énerver quand ça l'agacait. Mais je ne sais pas, il n'était pas vraiment là.
Il a toujours ce bras qui maintient son visage. Son coude appuyé sur ses cahiers, ce poing qui écrase maladroitement sa joue et qui soutient son cou. Tout son poids.
En le regardant en biais, j'ai souvent l'impression qu'il porte tout son corps comme ça, qu'il porte le poid d'un monde tout entier qui l'écrase, qui le fatigue.
Mais ça ne dure pas longtemps.
Soit, c'est moi qui détourne le regard de sa silhouette pour me concentrer sur les cours, sur la fenêtre.
Soit, c'est lui qui se remet droit sur sa chaise, qui se réinstalle convenablement en esquissant un sourire comme si de rien n'était alors que personne ne le regarde.
Que personne ne vérifie s'il sourit bien.
Il le fait juste, il le fait juste par automatisme.
Enfin, je crois... Je suis pas sûr mais c'est ce que j'en ai déduis.
J'aimerais bien le voir sourire à quelqu'un, à quelqu'un qui n'est pas ce vide qui lui fait constamment face.
À quelqu'un d'autre mais je ne sais pas pourquoi.
Peut être car j'entends trop de bruit de couloir sur lui. Que je ne le connais pas et que même si tout le monde parle de lui, personne n'a vraiment l'air de le connaître.
Car même s'il est celui qui cris le plus et qui s'énerve en écoutant son prénom dans un couloir, il est celui qui sourit le plus aussi.
Peut être qu'il sourit pour de faux. Qu'il sourit le plus souvent avec arrogance entre deux insultes qu'il prononce. Mais il est quand même celui qui le fait.
___☀︎︎___
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top