𝟼 | 𝚁𝚘𝚗𝚊𝚕𝚍, 𝚏𝚊𝚗 𝚒𝚗𝚌𝚘𝚗𝚝𝚎𝚜𝚝𝚎́ 𝚍𝚎 𝙼𝚎𝚛𝚌𝚞𝚛𝚢

⚠︎ Attention, Edward fera un dessin un peu sanglant ⚠︎

Avant de partir, Edward tenait à remercier Malicia Mockingowl. Bon, ce souhait se traduit en « je dois faire quelque chose, je reviens », à Mr. Sunshine, mais au moins, il put traverser le restaurant sans inquiéter la mascotte. Et sans ses lunettes, Mr. Sunshine lui avait proposé de les surveiller (évitons d'être trop encombré devant Malicia).

Seulement, c'était bien beau de ne pas inquiéter Mr. Sunshine, mais où étaient les cuisines ? Edward aurait dû être plus concentré, Malicia était sans doute partie en cuisine et lui, il avait ignoré cette information.

Je suis pathétique.

Lui qui voulait remercier une femme, il n'était pas foutu de se repérer, et même s'il la trouvait, il lui dirait quoi ? Des bégaiements ? Pire encore, il pleurerait ?

Non, non, non...

C'est certain que tu vas pleurer.

Comme pas possible.

Edward se frappa les joues, il ne devait pas y penser. Il regarda autour de lui : pour l'instant, il était toujours entouré de tables, tables majoritairement réparties sur la piste, aux balcons pour les plus riches. Le jeune garçon s'éloigna du centre, il s'approchait du hall d'entrée qui n'avait pas grand-chose à mentionner à part les têtes et sculptures de clowns plus nombreuses que les clients.

En voyant deux portes battantes en pleine étreinte — acier inoxydable et avec des hublots si Edward devait être précis — sous la « Galerie » du 2ᵉ étage (qui n'en était pas vraiment une puisque cette zone accueillait des clients comme sur la piste) au-dessus desquelles il y avait le mot « Cuisines » en vieux bois. Edward prit une bouffée d'air.

Vint ensuite l'hésitation. Alias, un des pires ennemis du garçon, avec l'asthme et la timidité, évidemment.

C'est impoli d'entrer dans un endroit où tu travailles pas, tu sais, c'est comme se pointer à une fête où tu es, normalement, pas invité.

L'image était plus cruelle que le fait de remercier quelqu'un, elle n'était, néanmoins, pas si éloignée de ce qu'il s'apprêtait à faire.

Tu y vas ? Ou tu n'y vas pas ?

Non, il ne pouvait pas faire quelque chose d'aussi impoli, mais ça l'était tout autant de ne pas remercier cette femme.

Allez, en av...

Non, ça va pas ! fit-il à son esprit.

Donc tu n'y vas pas ?

Si... enfin... non

— Tu vas rester planté là encore longtemps ?

Un frisson parcourut tout son corps. Edward se retourna en priant qu'il ne s'agissait pas d'un employé ou mieux encore, qu'on ne parlait pas à lui.

Et bah non, c'était un rouquin, avec une crinière de boucles en guise de cheveux.

Oh, ce n'était pas le rouquin de tout à l'heure ?

Ce rouquin-là portait le t-shirt Hide and Out, comme...

Celui de tout à l'heure !

— T'es un stagiaire ?

Edward fut déstabilisé par la question. Mais en soi, est-ce qu'il était obligé d'y répondre ? Pas vraiment non, il avait une alternative.

— Je... je cherche une femme... elle s'appelle Malicia Moc...

Sa voix se brisait comme de la porcelaine, Edward détestait ça.

— Ah elle ! Bah, j'peux t'emmener la voir vite-fait, mais vite-fait hein, ça vaut mieux pour moi et pour toi.

Ce dernier point ressemblait à une menace.

— Oui... C'est très rapide.

Le rouquin poussa les portes qui avaient donné tant de mal à Edward en deux secondes. En le suivant, le garçon eut une syncope des narines ; l'odeur de pain grillé était mille fois plus marquée, aussi celle du gras de cuisson.

Mon Dieu, quelle chaleur !

Curieusement, il n'y avait pas un amas de cuisiniers, équivalent au nombre de pots d'épices dévorant les étagères en inox. Il y avait plutôt un nombre équivalent à la hotte, soit une seule personne. Un homme qui ébranla Edward par son masque de cerf violet aux cornes jaunes. Cet homme, en plus d'avoir la même carrure qu'Ali, traînait derrière lui une longue tresse noire et portait un uniforme similaire à celui de Malicia. Il était concentré et suivait une file indienne de bonds interminables.

Le rouquin vint à sa hauteur, il attrapa une feuille de boucher orpheline, l'homme lui jeta une rapide œillade, « je t'ai vu morveux », semblait-il dire.

— Ta visite me fait plaisir, Ronald, seulement...

Il lui arracha la feuille de boucher et lui donna un couteau à beurre en substitut. Edward nota de grandes mains métisses couvertes de bandages larmoyants de sang.

— ... Évite de jouer avec ça.

— Tranquille Drew, mais il cherche Mal, répondit Ronald en montrant Edward du menton. Qui s'appelle...? C'est vrai qu'on s'est pas présenté.

— Hum... Je m'appelle Edward... Tu es Ronald, c'est ça ?

— Exact, tu sais ouvrir tes oreilles au moins.

L'homme se tourna vers le jeune garçon. Un rire léger émana de son masque.

— Salut petit, Mal est pas ici pour l'instant.

L'hésitation avait eu raison cette fois-là. Edward se sentait comme un parasite, il s'était en quelque sorte joué de la situation pour son propre intérêt et voilà qu'il glandait sur des carreaux noircis qu'il n'avait, normalement, pas le droit de fouler.

Il ne pouvait pas esquiver, qu'allait-il dire maintenant ?

— Vous... vous êtes blessé...

Il esquivait... Froussard.

— C'est le risque du métier, déclara Drew en nettoyant son plan de travail.

Pire encore, sans doute croyait-il pouvoir attendre Malicia, Edward continua sur sa lancée :

— Vous... Vous ne faites pas de pause ?

Ronald chercha quelque chose.

— Comptoir de gauche, Ronald, deuxième tiroir.

— Cimer.

L'adolescent se pencha, attrapa le sachet de pain-de-mie, un pot de beurre de cacahuètes à moitié vide et n'hésita pas à se faire un sandwich.

Le masque rit à nouveau.

— Petit, si je fais une pause, le restaurant s'écroule.

Il n'était plus question de culpabilité, à cet instant, Edward était réellement confus.

— P-pourquoi ? Quelqu'un pourrait vous remplacer...

Drew secoua la tête en levant la friteuse. Il égoutta les frites avant de se munir d'un saladier.

— Tous les cuisiniers que tu as vus, aucun d'eux ne sait blanchir des frites, encore moins tenir une cuisine. Il n'y a que Mal qui sache, il n'y a que Mal et moi qui sache faire, mais on a pour contrat de rester ici, d'ignorer les plaies et les appropriations des autres demeurés, chacun dans un resto. Je ne suis pas toujours ici, mais elle si. Nous faisons tous les plats du parc, en oubliant évidemment les food-truck indépendants.

Une claque. C'est une claque qu'Edward reçut, elle le conforta également sur le fait qu'il n'avait rien à faire ici. Pentaire n'avait plus tant l'air d'un monde merveilleux, un peu haut-perché sur un Olympe de technologie et de couleurs. Son cœur se déchira, il n'arrivait pas à saisir comment des personnes pouvaient tirer profit d'autres — le fait que Drew sale les frites au saladier et que Ronald mâche comme une vache ne lui apportait pas grand soutien à la réflexion non plus. Ce concept l'attristait tout autant qu'il le mettait dans une position indescriptible.

Il ne pouvait pas accepter ça.

C'est injuste.

Peut-être que si Edward en parlait à Mr. Sunshine, il serait en mesure d'aider Drew et Malicia ?

— C'est quoi cette tête ? Tu sais, ce n'est pas si navrant. Je ne vis pas pour la reconnaissance, tant que les gens mangent correctement, je considère ma tâche comme accomplie.

— T'inquiète Drew ! intervint Ronald la vache. Il m'a l'air de prendre cette histoire beaucoup trop à cœur.

Beaucoup trop à cœur ?

Edward sentit le rouge de honte lui monter. Il prenait les choses trop à cœur ?

Pourtant, la situation était bien injuste ? Drew et Malicia devraient prendre la place des autres, sur le devant de la scène !

Les mains de Drew lui faisaient très mal. Inconsciemment, Edward les imaginait en train de crier.

— Je... Je pourrais vous remplacer.

Là, on le regarda comme s'il portait pour la première fois le pull moche, mais en version scintillante et avec un panneau « frappez-moi ».

— Dis pas de conneries, petit.

— C'est pas... Je peux le faire, sérieusement.

— Tu sais cuisiner ? Tu as suivi des cours ? Une formation ?

— Oui...

— Oui quoi ?

— O-on m'a appris un peu...

Ronald posa son sandwich. Étonnant qu'il ne l'ait pas encore fini depuis le temps.

— T'es sûr de toi ? T'étais pas censé être là pour voir Mal ?

— Mais... Mais il est blessé... balbutia Edward.

— T'en fais pas pour moi, petit garçon, garantit Drew, limite s'il souriait sous son masque. Va plutôt voir si Mal n'a pas tourné dans un autre resto du parc. Filez-moi de là avant que les Saisonniers passent.

Les quoi ?

Malgré tout, Edward ne comptait pas abandonner son idée, quitte à faire preuve d'insistance.

Toc-toc-toc.

Drew posa un peu trop violemment l'assiette qu'il tenait sous une lampe chauffante. Pour la première fois depuis l'arrivée d'Edward, il se tourna complètement vers eux.

— Bon sortez, ils sont là. S'ils vous voient ici... Peu importe, Ronald, montre-lui le débarras.

L'adolescent engloutit les restes de son sandwich et tira Edward par le bras. Il l'entraina derrière une porte située au fond de la cuisine. « Débarras », c'était un mot parfaitement choisi, on assistait à l'enterrement d'une plonge sous des pacotilles ou des briques de laits usées jusqu'à l'abysse. Même les couteaux les moins affûtés du tiroir seraient scandalisés en découvrant un tel bazar. Edward imaginait déjà les clients demander à-voir-le-responsable-nom-de-Dieu. Ronald le lâcha pour dégager des cartons nommés « marmelade ».

Les cartons cachaient une superbe sortie de secours, le voyant vert en rectangle au-dessus ne mentait pas. Edward en profita pour interroger Ronald.

— Qu'est-ce... Qu'est-ce que Drew appelle les... les « Saisonniers » ?

Ronald poussa la porte vers l'extérieur, il la tint paresseusement pour qu'Edward puisse au moins sortir. Les revoilà replongés dans l'animosité du restaurant, juste en dessous de la « Galerie ».

— Hmm, t'es pas d'ici, toi. De base, même les nouveaux visiteurs sont calés sur Pentaire.

Edward ne sut comment prendre cette affirmation. Il sursauta quand la porte du débarras claqua accompagnée d'un cliquetis.

Alors, elle ne s'ouvrait que de l'intérieur.

Ce qui expliquait pourquoi les clients ne tombaient jamais sur le bordel derrière, même par accident, c'était impossible.

Qu'est-ce que Ronald disait déjà ?

Ah oui, qu'il ne connaissait pas Pentaire !

— Je... Je connais les Little Big... — Voilà une défense qu'Edward regretta très vite.

— Ah, c'est parfait alors ! Non sérieux, mec, tout le monde connaît les Little Big, même les indigènes d'Amazonie en ont forcément entendu parler.

Il s'adossa contre le pauvre mur en bois d'ébène d'en face.

— Bref, les Saisonniers, c'est l'incarnation même de la chaise remplie de vêtements dans ta chambre.

— La... la quoi ? Il... il y a une chaise remplie de vêtements ?

L'adolescent retint un rire.

— J'vais me calmer, parce qu'en vrai, t'es chou. J'crois même pas que tu es de cette planète. Tu viens d'où ?

— Eh bien... Je... Je suis né en Russie mais... mais j'ai grandi au Texas.

— Ah c'est pour ça que t'es... particulier ? M'man dit que le Texas, c'est un autre monde. C'est le fait de pas être né ici qui te fait bégayer ou t'as une maladie ?

— Q-quoi ? — Edward changea de couleur.

— Passe. J'viens du Michigan, de Detroit si t'es curieux. Ma mère a eu une opportunité de poste en tant que gérante gouvernante d'hôtels de luxe, dans un domaine de la famille Terrebo, j'crois. Donc, en passant, j'me suis dit, pourquoi pas tenter Pentaire ?

Edward tourna sa langue mille fois dans sa bouche, il posa ensuite sa question :

— Comment... Comment tu as rencontré Drew ? Vous sembliez bien vous entendre.

Ronald eut un sourire en coin, ce qui rassura un peu le garçon.

— Drew et moi, ça va pas plus loin que la connaissance. M'an a pris la formule la plus chère avec le cuisinier particulier et la mascotte au choix. Bah, j'ai croisé Drew à l'hôtel et on a un peu papoté.

— Mascotte ? Tu... tu as choisi qui ?

— J'ai essayé Mercury, refusé, c'est pas une mascotte selon eux. À la place, j'ai pris Mr. Sunshine, mais il nous a largué aujourd'hui pour je sais pas quoi. Donc on a eu And, t'sais la fleur jaune.

Non, Edward ne voyait pas. Par contre, il avait une petite idée de pourquoi Mr. Sunshine « avait largué » Ronald.

Les larmes lui montaient aux yeux, il essaya de les refouler en évitant de cligner des yeux.

— Mercury ?

— Mercury des Little Big ! Me dit pas que tu connais pas !

— Si... Si je me souviens. Tu es fan de lui ?

Ronald tourna sur lui-même, Edward en profita : il passa sa manche sur ses yeux larmoyants. L'adolescent revint s'avachir contre le mur, Edward avait ramené son bras juste à temps.

— Je suis pas fan, je suis obsédé par lui ! J'ai tous les stickers, tous les posters, je connais toutes les chansons, j'ai même ramené mon t-shirt vierge pour qu'il le signe ! De toute façon, je serais dans le carré d'or ce soir, donc je le verrais de près !

Edward baissa son attention sur le fameux t-shirt. « Hide and Out », l'effet de la première fois était moins présent, toutefois, il ressentait un micro quelque chose en lisant ces lettres.

Dis comme ça, Edward ne s'attendait pas non plus à ce que le rouquin soit un fanatique de Mercury.

Il s'apprêta à lui demander de revenir sur les Saisonniers, seulement, il y pensa trop tard :

— Bon je te laisse... Edgar ? — Ronald se détacha du mur.

— Edward...

— Désolé. Edward, je te laisse, je vais finir mon repas moi, à plus !

— Au revoir, marmonna le garçon, même si, au fond, il était amer.

Les Saisonniers, voilà une question qu'il devait poser à Mr. Sunshine, en plus de lui parler de la situation de Drew et Malicia.

Oh et lui demander de l'aider à trouver Malicia.

Il avait de quoi déballer une longue conversation. Il se montrera enfin intéressant.

Naturellement, Edward retourna à sa propre table. D'abord, pour éviter les « Oh petit macaron, tu es perdu ? » — la remarque n'était pas du tout influencée par Slunty. Ensuite, Mr. Sunshine l'attendait, il scrutait indubitablement sa montre (Edward n'avait aucune idée de si Mr. Sunshine en portait une), peu importe, quelque chose qui donnait l'heure ; en y pensant, cette image le touchait énormément.

Le garçon devait se rendre à la troisième à partir du début de la piste, la première étant occupée par un homme à la peau rose et sa femme avec une pince bleu moucheté dans les cheveux ; la deuxième par les vaches à lait qui semblaient avoir manqué leur pause clope, ce qui rassurait Edward dans le sens où aller les voir lui-même lui foutait les jetons.

Sauf qu'en arrivant... la table était vide.

Edward ne pouvait pas se tromper, le concentrateur à côté de la chaise était la preuve indéniable.

Mr. Sunshine ?

Il le chercha uniquement dans sa tête au début, c'était plus évident. Un peu comme demander aux vaches à lait de ranger leur cigarette, le faire de tête était plus accessible. Edward regarda autour de lui, il scruta les tables une par une. Pas de Mr. Sunshine, ni de personne qui lui ressemblait suffisamment pour qu'il puisse le confondre.

Il est établi que chercher de tête est plus simple, mais l'efficacité est comparable à zéro.

Alors Edward commença à le chercher pour de vrai.

— Mr. Sunshine ? appela-t-il doucement. Mr. Sunshine ?

Ainsi, il ressemblait à un oisillon abandonné, personne ne l'entendrait. Il ne pouvait pas non plus hurler au milieu de tous ces gens. Edward décida de le chercher en dehors de la piste. Il parcourut l'entièreté du rez-de-chaussée. Il s'aventura même devant les cuisines et le débarras. Il serait évidemment monté à la « Galerie » si un type large comme un paquebot ne surveillait pas la présence de laissez-passer.

Edward le chercha partout, vraiment partout. Pas de Mr. Sunshine, personne.

Juste lui, tout seul, crotte de chien délaissé.

Il est parti sans moi ? Il a eu honte de moi ?

Plus il s'enquérait, plus Edward se raccrochait à cette idée comme à une bouée de sauvetage. Après tout, c'était la plus plausible.

Une idée naïve lui traversa l'esprit : Mr. Sunshine reviendra, c'était fatal et il devait l'attendre à table. Edward suivit son idée. À côté de son concentrateur et en face de la nappe à carreaux, il eut une soudaine envie de dessiner. Pourquoi ? Va savoir. En tout cas, il ne voulait que dessiner. Sur la table, en colocation avec les couverts, il y avait une boîte de crayons de couleurs et un mini bloc-note. Edward construisait plus de robots qu'il ne dessinait, alors cette envie l'étonna un peu. Il tira le bloc-note vers lui et le déplia sur une page au hasard. Il commença à dessiner. Il ne choisissait pas les traits, sa main se baladait seule sur la feuille, un peu à la façon d'un roadtrip. Peut-être que le résultat sera moche, mais il avait besoin de se détendre un peu.

Il ne sut pourquoi il prit le crayon orange, ni pourquoi il coloria les boucles du personnage avec cette couleur. Il ne sut pourquoi il dessina une veste noire à ce personnage, ni pourquoi il le rendit si baraqué ; ne lui demandez pas non plus pourquoi il le dessina aussi menaçant.

Ni pourquoi il dessina un autre garçon qui lui ressemblait autant, ni pourquoi il ajouta des taches rouges à l'ensemble.

(NDA : J'avoue m'être légèrement emportée... ᕙ(⇀‸↼‶)ᕗ)

Edward posa son crayon noir, c'était particulier et ça reflétait en quelque sorte son cerveau débranché durant le dessin.

Cerveau débranché, certes... Non sérieux, ce dessin était terrifiant, Edward en avait les mains tremblantes. Ces deux garçons en plus... Non.

Ronald ?

Non !

Et le siège d'en face était toujours aussi vide. Il devait attendre encore un peu, dix minutes de dessin, ce n'était rien. La mascotte réglait sûrement l'addition. Edward pouvait par exemple... prendre l'air ! Oui, ça, c'est bien !

Il risqua de plier le dessin en mille pour le mettre dans sa poche, mais ça ne s'avéra pas être une bonne idée, alors il le glissa dans le bloc-note et emporta les crayons avec. Voilà ce que le garçon fera : il prendra l'air quelques instants, après reviendra à sa place. Son concentrateur empêchera la table d'être prise par d'autres clients.

Sauf qu'à côté d'une statue dégoûtante de serpent à la tête de clown, Edward se retrouva à contempler deux miettes de pains sur le parquet du hall.

Il avait encore bousculé quelqu'un, a priori, quelqu'un qui s'éloignait suffisamment de la morphologie de Slunty pour le mettre à terre, lui et ses crayons.

Deux yeux blancs sur une tête de lion mécanique s'infiltrèrent dans son champ de vision. Edward recula instinctivement. Ce qui fit plisser les oreilles de son interlocuteur très spécial.

— Bonjour toi, je suis vraiment désolé, je devrais faire plus attention à mes mouvements.

Mon dessin...

Edward resta immobile, il ne chercha même pas son dessin, à la fois effrayé et complètement... émerveillé ? En s'approchant, le robot écrasa un morceau de papier.

Mon dessin... !

Là non plus, Edward ne réagit pas.

— Comment tu t'appelles ?

Honnêtement, Edward était incapable de dire un mot. Encore une fois, il était effrayé.

Le robot le détailla longuement, à cette seconde précise, Edward se rappela son nom : Mercury. Slunty l'avait donné pour parler de ce lion sur l'affiche, Ronald en avait parlé, lui aussi. D'ailleurs, ce mastodonte portait les mêmes vêtements que sur l'affiche, son bas était finalement un jean beige à pattes d'éléphant, suivi de bottines mandarines doublées mi-hautes. Tout ça sous une épaisse ceinture en cuir.

« Bioméca », Mercury était un « bioméca ».

— Tu ne veux pas le dire, mh ?

Le garçon soubresauta. Mercury lui tendit sa patte.

— Ce n'est pas grave, je respecte ce choix, mais laisse-moi au moins t'aider à te relever.

Edward regarda sa patte, pour une raison qu'il peinait à expliquer, ses membres étaient roidis, ses joues piquaient au rouge vif, une fois de plus, et il avait envie de pleurer.

Il ne savait pas quoi faire.

— Je ne te ferai pas de mal... — Mercury retira sa main. En voyant ses yeux accablés, le cœur d'Edward se fractionna.

Soudain, un petit groupe de personnes s'émancipa tout autour de Mercury. S'émancipa ? Tout à fait. Ce petit groupe, armé de carnets, de voix très puissantes et de t-shirts mercurisés, se transforma très rapidement en une foule titanesque. Devant une telle menace, Edward se releva vivement. Des serveurs se précipitèrent pour empêcher les débordements ou d'étouffer le bioméca, même si au vu de sa carrure, ça restait un sacré défi. Lorsqu'un fan cria « SWEET CHILD O' MINE ! », Mercury remarqua qu'il avait écrasé une feuille. En levant le pied, il se rendit compte qu'il s'agissait d'un dessin plutôt joli, s'il ne prenait pas en considération cette scène sanglante. Immédiatement, il le ramassa et la foule brailla comme si c'était la plus belle chose au monde.

— C'est le tien ? dit-il à Edward.

Avec tout ce bruit et ce monde, Edward n'arriva pas à l'entendre, il remarqua surtout le chaos qu'il avait engendré, encore. Ses poumons se resserrèrent lentement, tout ce monde, c'était tout sauf supportable.

Mercury se pencha à l'oreille d'un serveur à proximité, celui-ci acquiesça machinalement.

Les lunettes.

Edward essaya de faire demi-tour, chose évidemment impossible dans cette marée humaine. Il paniqua intérieurement, ses yeux s'embuaient, son thorax poussait des petites colères qui se traduisaient en coup abominable. Il reçut des coups de coudes, d'épaules... Peu importe où il posait ses mains, il n'y avait que du vide. Jamais de mur, jamais de table.

Que du vide et une autre personne surgissait toujours. C'était infini.

Et s'il faisait une nouvelle crise ?

Personne n'était là, pas même Mr. Sunshine. Si une crise d'asthme refaisait surface.

Il mourait pour de vrai.

Un type aux lunettes ovales comme des roues de vélo bougea des lèvres, aucun son ne sortit. Edward hocha la tête et... Il se retrouva dans une pièce inconnue, aux cloisons jaunes, oranges et rouges.

Bon au moins, il était seul.

Mais ça va pas ! Je suis où ? Au secours !

Peluches Mercury, oreiller Mercury, baldaquin jaune pétant au-dessus d'un canapé vermeil. Outre le fait que la logique n'existait pas, cet endroit semblait être un QG dédié à Mercury. Sans parler des posters, du tapis qui s'est, lui aussi, métamorphosé en tête de Mercury et de la lampe de chevet en forme d'étoile, tellement tétanisée par ces personnalisations si poussées qu'elle s'est elle-même convertie à cette mode.

Edward se retourna pour sortir vite de cette chambre de fanatique, mais quelle ne fut pas sa surprise quand il vit Mercury, lui-même, faire irruption dans la pièce.

Aussitôt, le garçon se glissa sous le canapé, aussi tétanisé que la lampe-étoile.

Le voilà dans une nouvelle galère.

❝ 𝚁𝚘𝚗𝚊𝚕𝚍 𝚎𝚜𝚝 𝚞𝚗 𝚊𝚍𝚘𝚕𝚎𝚜𝚌𝚎𝚗𝚝 𝚊𝚞𝚡 𝚕𝚘𝚗𝚐𝚜 𝚌𝚑𝚎𝚟𝚎𝚞𝚡 𝚛𝚘𝚞𝚡, 𝚘𝚋𝚜𝚎́𝚍𝚎́ 𝚙𝚊𝚛 𝙼𝚎𝚛𝚌𝚞𝚛𝚢, 𝚋𝚘𝚗 𝚌𝚘𝚗𝚗𝚊𝚒𝚜𝚜𝚎𝚞𝚛 𝚍𝚎 𝙳𝚛𝚎𝚠 

__________𝐇𝐈𝐃𝐄 𝐀𝐍𝐃 𝐎𝐔𝐓__________

HELLLOOOOOO !!!!

Bon, à l'instant où je sors ce chapitre bien lourd, je me suis arraché l'ongle à cause de DE LA PORTE !

Vous inquiétez pas, j'ai engagé les avocats de Grand Frais contre elle. On va bien rigoler.

Ouiii j'ai mis tellement de temps à sortir ce chapitre !! J'en suis désolé 🙏 Pas beaucoup d'action mise à part la disparition de notre Sunshine, mais ne t'en fais pas, les choses sérieuses arrivent aaaah !

Breffou, j'espère que ce gros chapitre vous aura plu ! Moi je repars dans ma solitude !

Kiss ❤

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