𝟸 | 𝚂𝚕𝚞𝚗𝚝𝚢, 𝚐𝚞𝚒𝚍𝚎 𝚍𝚎 𝙿𝚎𝚗𝚝𝚊𝚒𝚛𝚎
— AAAAAH ! ATTENTION VER-DE-TERRE !
En attendant, c'était lui le ver-de-terre. Le cœur d'Edward décrocha quand il découvrit qui il avait bousculé. Une peluche aux traits humains, aux cheveux bruns, aux yeux verts, ajoutons une taille de sourcils non négligeable et une allure bien particulière ; veste de costume baroque aux nombreux points de sutures, jean délavé et chaussures timberland en cuir marron. Du visage au grain de beauté, cette peluche conçue à base de laine (les fils cousus les uns aux autres se distinguaient de loin) était trop... vivante.
Avant d'en dire davantage sur cette prouesse technologique ou abomination, Edward n'était pas arrivé ici par l'entrée principale, et heureusement. Elle était bondée, la queue partant de l'arche de clown de douze mètres jusqu'aux tourniquets, soit une distance de 700 mètres environ, pouvait témoigner. Mais ça n'avait plus d'importance, les lumières du parc inondèrent les yeux du jeune garçon, ses oreilles ne furent pas pour autant épargnées avec les cris des feux-follets bien plus clairs et bon sang, ces odeurs !
Une attraction attira son attention, ou plusieurs, difficile à dire. Deux immenses tours, l'une semblant sur le point de s'écrouler, elle piquait dangereusement sur le côté, en la voyant, Edward eut une impression de vertige. Composée d'un drakkar au sommet, cette tour était entourée de fausses vagues au niveau des flancs, sans oublier la titanesque hache de viking plantée à côté du drakkar qui importait un certain charme rustique à l'ensemble. L'autre tour était bien plus fantaisiste avec son énorme face de chat plantée sur sa tête, un chat brun souriant aux yeux verts luisants comme deux lanternes. D'un certain angle, son sourire s'étirant jusqu'à ses joues avait un petit air sarcastique.
Mr. Sunshine commença à marcher vite, alors Edward détourna les yeux des tours. L'allée était surplombée de sapins et de réverbères. Quelque chose bougeait à l'intérieur, le garçon n'en était pas certain, il s'approcha un peu. Et tout à fait, il y avait des sortes de minuscules peluches horrifiques, toutes robotisées, répétant le même manège, entourées de cadeaux et de neige artificielle. Un minuscule spectacle dans une sphère, sympa ?
Mr. Sunshine entraîna Edward dans « La Réserve », une cabane un peu effrayante avec une animatronique de bûcheron à la tête de clébard ou plutôt un clébard arborant une tenue de bûcheron ? Bref, cette animatronique guettait tel un chien de garde, heureusement que ce n'était qu'une animatronique.
L'intérieur de la cabane prenait nettement plus d'espace qu'à vue extérieure. Et de sens, aussi. Le confort d'un chasseur occasionnel se payait correctement ici : bois parsemant mur, sol et plafond s'avérant être de bonne qualité, joli salon pouvant gagner sa place dans un magazine immobilier écologique et quelques guirlandes lumineuses ayant sacrément marqué leur territoire. De grandes baies vitrées donnaient sur un lac, elles embellissaient le lieu d'une façon qu'Edward ne parvenait pas à décrire. Mais pas le temps d'admirer le décor, Mr. Sunshine parlait à une dame un peu flippante. Femme aux dents comparables à celles d'un casse-noisettes et aux yeux blancs pénétrants, elle soutenait un horrible sourire, étirant sa mâchoire. Son costume se résumait à un blazer à revers, descendant sur une jupe midi fourreaux, terminant sur des talons à aiguilles. Ce n'était pas un robot, non. Derrière un vieux comptoir à peine dépoussiéré, l'hôtesse de l'air jouait parfaitement son rôle abominable, ces dents si réelles... Edward avait un certain mal à détailler ce sourire qu'il regretta éternel.
Après un hochement de tête presque cynique, la dame apporta un carton.
Oh, c'est là-dedans qu'Edward trouva son pull moche de Noël. C'était ridicule et pas du tout approprié à la saison, mais ça dépannait le temps que ses vêtements sèchent.
C'est quelques mètres plus loin de la cabane qu'Edward bouscula quelqu'un.
Le type se releva et le regarda dans les yeux.
Edward lâcha un petit cri qui alerta Mr. Sunshine.
— N'aies pas peur, c'est seulement Slunty. — La mascotte connaissait cette phrase par cœur, comme le « bienvenue à Pentaire ». Il est chargé de guider les visiteurs dans le parc.
— Hééééé ouais ! C'est ton client Sun ? répondit le concerné en dépoussiérant son pantalon.
— Si on veut. Tu tombes bien, ça te dérangerait de rester avec Edward le temps que je prépare le tu-sais-quoi de ce soir ?
Edward déglutit.
— Bien sûr que non ! Viens ici, petit macaron ! Je vais te montrer pleins de trucs !
— Fais attention.
— Oh ça va ! Il a pas quatre ans ! T'as pas quatre ans ?
Edward secoua la tête.
— Tu vois ? Il est entre de bonnes mains !
Slunty éclata de rire avant d'entraîner Edward dans une allée.
— Bon, j'espère que tu es doué en escape game, mon gars.
Edward suivait Slunty dans les allées, sans vraiment savoir jusqu'où il le traînera ainsi. Stand de hot-dogs, montgolfière prête à décoller et même un cirque en verre ! Edward avait l'impression d'avoir fait mille fois le tour du parc. Quelques visages le fixaient comme un fou, mais comment ne pas s'y attendre avec une horreur pareille sur le dos ? Le pull, évidemment, pas Slunty.
Bon, un peu quand même.
— Comment ça ?
— Quoi ? — Slunty s'arrêta net, Edward manqua de le percuter à nouveau. Bon sang, ce qu'il était minuscule !
— Je... je veux dire par rapport à ce que tu as dit.
— Bah t'as intérêt à être bon en escape game, je l'ai bien dit, non ? Parce que mon petit, c'est pas moi qui vais sauver le groupe !
Il lâcha un rire avant de reprendre sa marche folle. Une question brûlait les lèvres d'Edward et excitait la lamproie dans son ventre. Il ne résista pas bien longtemps :
— C'est quoi le tu-sais-quoi ? — La lamproie se calma.
Slunty pivota.
— Un truc.
Edward passa devant Slunty.
— S'il te plait.
Il joint ses mains devant lui, un signe de prière mêlé à la supplication. Il appuya même sur le nez du renne de son pull pour le faire clignoter. En tout cas, ça anéantit le devoir de silence de Slunty puisqu'il cracha le morceau :
— C'est un graaand spectacle avec Mr. Sunshine, ses copains, oh et les Little Big, surtout les Little Big ! Tu vas kiffer ta race.
— Les Little Big ?
Slunty sortit de sa poche une affiche un peu froissée, mais parfaitement lisible. Un assortiment de robots y était exposé sur un fond violacé.
— Les gars veulent qu'on dise que ce sont des « bioméca ».
— Bioméca ? répéta Edward, les yeux rivés sur l'affiche. Comme des cyborgs organiques ?
Slunty haussa les épaules. Il posa son doigt sur une tigresse blanche aux grands yeux bleu clair, aux oreilles de tigre et à la queue hyper développée.
— Alors, là, tu as Toundra.
Ses implants étaient visibles au niveau de son dos et de ses griffes. Elle portait un perfecto rose, brodé de nombreux stickers, avec une jupe haute en denim de la même couleur.
— Ici, Buff.
À côté d'elle, il y avait un énorme husky, un gros mastodonte aux cornes de taureau mécaniques. Ses yeux luisaient d'un rouge ardent. Il avait des implants aux bras. Il portait un t-shirt noir, en dessous d'une veste militaire et au-dessus d'un pantalon cargo.
— Oh, et là, c'est Coin et Peach !
Plus loin, une chauve-souris et une girafe. La chauve-souris avait une peau organique violacée, des yeux orange en implants, des dents acérées et d'immenses ailes repliées. La girafe, elle ou lui, avait des implants au cou, un cou d'ailleurs minuscule pour une girafe, mais des tâches qui ne manquaient pas. Le premier arborait un pull en maille noir épais ras le cou et un pantalon de la même couleur ajusté. Ce monstre était une boutique à bijoux sur pattes avec ses nombreuses chaines et bagues argentées. La girafe était vêtue d'un t-shirt oversize avec plein de citations trop petites pour qu'Edward puisse les lire, avec un jean clair.
— Et le meilleur pour la fin, le leader des leaders, Merrrrrrrrrrrcuryyy ! Mercury !
Il parlait du plus grand de l'affiche. Positionné au-dessus de tous, un lion biomeca aux yeux blancs, à la crinière flamboyante balayée vers l'arrière. Il portait un t-shirt beige clair, décontracté, à col bateau. Par-dessus, une veste à carreaux en laine, dans des tons marron et beige, avec un col à revers large, légèrement effiloché. Son corps était coupé à partir de sa poitrine, alors pas possible de savoir ce qu'il portait en dessous.
Edward leva les yeux vers Slunty.
— Ils sont... du genre... vraiment vivants ? Comme... comme des humains ?
— « Humains », c'est un grand mot, mais yep, ils sont vivants, bien faits quoi !
— Wow. Je... je peux les voir ?
— Hé, c'est pas pour tout de suite, sont même pas dans le parc à l'heure où je te parle ! Si tu permets (il lui reprit l'affiche en la froissant encore plus).
Slunty se remit en route, l'esprit d'Edward divaguait entre les Little Big et le spectacle. Il avait tellement envie de les voir ! Oh purée, est-ce qu'ils avaient des réponses aussi précises qu'un humain ? Est-ce qu'ils interagissaient comme nous ? Oh et surtout, est-ce qu'ils pouvaient ressentir des émotions ? Edward était curieux de savoir comment ils ont été conçus. Il se rappelait des quelques robots très empiriques qu'il avait montés dans les bureaux de la protection de l'enfance au Texas, C.P.S.S (Child Protection Social Services), il s'en souvenait parce que c'était le seul et unique de l'état entier ! Mais ces vieux robots étaient petits et risibles par rapport à ces mastodontes !
— Creeeeveeeeette ! hurla Slunty.
Edward tressaillit. Sorti de ses pensées, il découvrit les mètres qui le séparaient de la peluche. Il se hâta de les rattraper.
Sur le chemin, Edward tomba sur un avis de recherche placardé contre un tronc de conifère — des conifères, il n'y avait que ça dans le parc. Un garçon aux cheveux blonds en batailles y figurait, il était atteint de vitiligo, son visage et ses bras tachetés ne pouvaient mentir. Edward trouvait ça magnifique.
— Bumbee Critter, lut le garçon. Treize ans, disparu le 02 janvier 1983, il y a tout pile un an.
— Roh lala ! On leur a pourtant dit de pas les coller ici !
Slunty remarqua le regard inquiet d'Edward, il se rattrapa à sa manière :
— Écoute, pamplemousse, je pense pas qu'on le retrouvera. En général, plus le temps passe, plus les chances qu'il soit vivant régressent. Pour éviter de souiller le moral des clients comme toi, on demande aux employés de plus coller les photos de Bumbee, mais apparemment, faut les virer pour qu'ils comprennent quelque chose.
Edward ne put s'empêcher de le contempler avec tristesse, il se dit qu'une famille le cherchait sans doute encore. D'autant plus qu'elle ignorait probablement ce qui lui était arrivé, une telle ignorance rendrait fou.
— BON ! On y va !
Et c'est reparti pour un marathon. En tout cas, Edward arracha l'affiche avant de la fourrer dans sa poche. Peut-être qui le verrait, et si ce n'était pas aujourd'hui, ce serait peut-être plus tard ou même dans quelques années.
Même si Edward basait toutes ces situations sur l'hypothétique, il voulait y croire.
❝ 𝚂𝚕𝚞𝚗𝚝𝚢 𝚎𝚜𝚝 𝚌𝚑𝚊𝚛𝚐𝚎́ 𝚍𝚎 𝚐𝚞𝚒𝚍𝚎𝚛 𝚕𝚎𝚜 𝚟𝚒𝚜𝚒𝚝𝚎𝚞𝚛𝚜 𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚕𝚎 𝚙𝚊𝚛𝚌 𝚎𝚗 𝚙𝚕𝚞𝚜 𝚍'𝚎̂𝚝𝚛𝚎 𝚞𝚗𝚎 𝚎́𝚝𝚛𝚊𝚗𝚐𝚎 𝚙𝚎𝚕𝚞𝚌𝚑𝚎 𝚑𝚞𝚖𝚊𝚗𝚘𝚒̈𝚍𝚎 ❞
꧁__________𝐇𝐈𝐃𝐄 𝐀𝐍𝐃 𝐎𝐔𝐓__________꧂
Heyyy !!!
C'est la fin du chapitre !!
Chapitre un peu court aujourd'hui, mais comme la suite est longue, je voulais pas tout mettre d'un coup :/
Sinon, vous arrivez à avancer sur vos projets ?
Comme vous pouvez le voir, je suis un peu à la bourre, il me reste beeeaucoup de chapitres à poster et les bannières sont pas toutes prêtes...
Je vais essayer d'aller au plus vite !
Au prochain chapitre !
Kiss ❤
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