➳ Chapitre 5-1
Je passai ma main sur le miroir recouvert de vapeur d'eau chaude pour pouvoir regarder mon reflet. J'avais mauvaise mine malgré la douche, enfin, n'importe qui aurait certainement une tête d'enterrement dans pareille situation. Je m'étais habillée d'un large T-shirt gris et d'un jogging blanc, je m'étais aussi brossée les dents mais ça avait été compliqué à faire de la main gauche, parce que c'était mon bras droit que mon kidnappeur avait blessé. Et il fallait que je sèche mes cheveux, mais impossible dans mon état, il y avait bien une solution, mais elle me révulsait. Cependant, je ne pouvais pas prendre le risque de tomber malade, il ne faisait pas particulièrement chaud dans le sous-sol et avoir les cheveux humides là-dedans n'était clairement pas une bonne idée. Hésitant encore quelques instants, je finis par me résoudre – à contre coeur – à quitter la salle de bain pour rejoindre Tae-Oh dans le salon.
Je le vis devant la baie vitrée, main dans les poches à scruter l'extérieur. Il avait l'air tellement normal, c'était déstabilisant.
Tout les plus grands serial killers de l'histoire ressemblaient à des messieurs tout le monde.
Ted Bundy, Jeffrey Dahmer, John Wayne Gacy et bien d'autres encore. Tae-Oh en était un, il m'avait avoué qu'il y avait eu d'autres filles avant moi et il n'y avait pas à débattre sur leur sort : elles étaient toutes mortes. Je ne pus m'empêcher de frissonner de peur à cette pensée, frisson qui s'amplifia quand mon regard croisa celui de Tae-Oh. Il s'était retourné de trois quart, les mains toujours dans les poches, nous nous fixâmes silencieusement pendant un petit temps.
— Qu'est-ce que tu veux ? me demanda-t-il finalement.
— ... Faudrait que tu sèches mes cheveux, avec mon bras, je peux pas le faire...
Il bascula un peu la tête sur le côté, son expression était totalement neutre, impossible de deviner ce qui se passait dans sa tête. Cela me mit un peu plus mal à l'aise encore, je détournai le regard et mes doigts se crispèrent sur le tissu de mon pantalon. J'ouvris la bouche pour lui dire que, finalement, ce n'était pas la peine, mais il ne me laissa pas le temps d'articuler.
— Va chercher ta serviette.
— Hum, non, j'ai un sèche cheveux...
Je n'avais pas envie de lui tourner le dos, mais ma valise était derrière moi. Je pivotai avec prudence pour relever le couvercle de l'objet à roulettes, qui était toujours à terre, je ne mis pas très longtemps à trouver mon sèche cheveux.
Ils ont même mis ça dedans...
Cette constatation me tordit les boyaux, ils s'étaient vraiment débarrasser de tout ce qui me concernait. Comme si je n'étais jamais passée chez eux. Enfin, ce n'était pas vrai, mon ordinateur et mon téléphone étaient absents et ça n'avait rien d'étonnant, ils auraient été idiots de me laisser la possibilité de pouvoir envoyer un message de détresse. Je fis un gros effort pour retenir mes larmes alors que je ne pus m'empêcher de repenser à Min-Ki, la douleur de sa trahison était au moins aussi fort que la peur qu je ressentais depuis que je m'étais réveillée dans cette maison. Je respirai un grand coup en me redressant, mais je manquai d'échapper le sèche-cheveux en me retrouvant nez à nez avec Tae-Oh. Je ne l'avais pas entendu s'approcher, ce qui me confirma que ce type était définitivement extrêmement dangereux. Il me prit l'objet des mains et me fit signe d'aller m'asseoir sur le canapé. J'obtempérai docilement, la douleur dans mon bras me rappelant qu'il était préférable d'être coopérative si je ne voulais pas qu'il s'en prenne à moi.
Je pris place sur le canapé en cuir et attendis sagement. Je le regardai brancher le sèche cheveux avant de venir vers moi et l'allumer.
— Comment je fais ?
— Lève mes cheveux et mets le diffuseur en dessous.
Je ne pus m'empêcher de tressaillir en sentant sa main se poser sur mes cheveux, si je n'aimais déjà pas qu'on y touche en temps normal, ici c'était pire. J'étais terrifiée malgré sa douceur, en fait, le fait qu'il soit si doux et accepte de m'aider sans rien demander en retour me poussait à me méfier de ce qu'il pourrait faire. Rien ne me disait qu'il n'allait pas m'agripper les cheveux soudainement pour tirer dessus ou quelque chose de similaire. Les minutes passèrent et il n'arriva rien. Pourtant mon angoisse ne cessait de grandir, j'avais l'impression que des heures s'écoulaient.
Quand enfin ce fut terminé, je pus souffler. Je tournai alors la tête pour pouvoir regarder Tae-Oh. Il jouait avec une de mes mèches bouclée, l'observant avec attention, comme si c'était une chose totalement inconnue pour lui. Je dirigeai mon regard vers un autre point quand ses yeux se détachèrent enfin de ce qu'il avait entre les doigts. Une pression, suivie d'une vive douleur, se fit sentir sur mon bras droit, me faisant glapir de douleur avant que je ne serre les dents pour faire silence. Il scrutait mon bras silencieusement, puis il me relâcha pour se rendre dans la salle de bain, il revint quelques instants plus tard avec un bandage. Il reprit mon bras blessé et enroula le tissus blanc au tour avant de serrer assez fort, je dus faire un gros effort pour ne pas gémir à cause de la douleur qui irradiait dans mon membre.
— Ce n'est pas cassé, je pense que je t'ai juste fracturé le radius ou le cubitus, dit-il avec un ton désintéresser, comme si ce n'était rien du tout.
Juste...
Je détestai l'entendre dire ça comme si ce n'était rien. Le sentiment de n'être qu'un jouet n'était que plus présent quand il parlait ainsi. Je me renfrognai légèrement et baissai la tête pour qu'il ne voit pas mon expression, même si l'idée de le frapper par surprise pour ensuite m'enfuir faisait de plus en plus son petit bonhomme de chemin dans mon esprit. Je n'avais pas envie de mourir des mains de ce malade, en plus, personne ne me chercherait vu que je n'avais prévenu personne de mon départ. Je ne m'étais jamais sentie aussi idiote d'avoir fait cela, pour la première fois depuis bien longtemps, j'aurais aimé que mon frère soit au courant de ce que je faisais, au moins, il se serait inquiété de ne plus avoir de nouvelles après un certain temps.
T'es vraiment qu'une sombre idiote, ma fille.
La colère monta soudainement en moi, j'étais en colère contre Tae-Oh, mais aussi contre moi, les Oh et plus particulièrement contre leur fils en qui j'avais confiance.
Et si seulement il n'y avait eu que de la confiance...
Dans un élan de rage, j'assenai un coup de pied dans le genou de mon ravisseur qui échappa une exclamation de surprise alors qu'il perdait l'équilibre. Profitant de ces quelques secondes, je bondis sur mes pieds pour ensuite foncer en direction de la porte d'entrée. Je priai pour qu'elle soit ouverte et ce fut le cas, mais j'eus à peine le temps de créer un espace assez large que je me sentis saisie par les cheveux violemment et tirée en arrière avec hargne. Puis mon corps revint s'écraser contre la porte, mon front entra douloureusement en contact avec la surface avant que je sois jetée sur le sol.
— Franchement, vous êtes vraiment stupides, grinça Tae-Oh avec mépris, il vous suffit de rester tranquille pour que tout se passe bien.
Il m'asséna alors un coup de pied dans l'estomac me faisant me plier en deux alors que je sentis mon repas remonter le long de ma gorge. Au deuxième coup, je rejetai ce qu'il m'avait forcée à avaler quelques heures auparavant. Je l'entendis jurer face à cela, il donna un coup brusque dans mon flan à l'aide de la plante de son pied pour me pousser sur le côté, je me recroquevillai sur moi-même pour me protéger de tout autre coup qui pourrait arriver. Mais il n'en fit rien, il se contenta de me remettre debout pour me ramener dans le sous-sol et me remettre dans ma cage. Il m'enferma et quitta les lieux en éteignant la lumière, me laissant dans les ténèbres et le froid. Je restai immobile quelques minutes avant de rejoindre un des angles de ma prison et ramener mes jambes contre moi.
Les larmes roulèrent alors le long de mes joues, les trempant. Je ne fis pourtant aucun bruit, comme si quelque chose pouvait surgir du noir pour s'en prendre à moi si il m'entendait, s'il saisissait ma faiblesse à ce moment-là. Pourtant j'avais vu le monstre partir sans un regard en arrière pour moi avec un bout de mes ailes. Il ne les avait pas encore totalement coupée, mais il allait le faire et quand il aurait réussi, il se chargerait alors de me briser complètement jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une enveloppe sans vie.
J'ignorai combien de temps s'écoula mais le sommeil peina à venir, probablement que la peur et le froid repoussèrent son arrivée. Ce ne fut que quand mon corps et mon esprit n'en purent plus que Morphée daigna m'accorder une place dans ses bras.
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