➳ Chapitre 3

 — Y se passe un truc entre toi et mon frère ?

Surprise par cette question, je levai les yeux en direction de ma correspondante assise en face de moi dans la cuisine, alors que tout le monde était parti se coucher. Il fallait dire que depuis ma petite sortie avec Min-Ki, nous étions tout les deux fourrés ensemble dès que nous en avions l'occasion. Il m'avait montré son travail et m'avait même expliquer les bases, c'était plutôt intéressant ou peut-être que c'était lui qui parvenait à rendre ça intéressant. J'étais sortie plusieurs fois avec Choon-Hee, mais avec elle, je ne me sentais pas aussi à l'aise qu'avec son cadet, elle semblait si... parfaite. Ça me mettait un peu mal à l'aise, avec elle, c'était plus facile quand un écran nous séparait. Alors je n'attendais qu'une chose de ces sorties : rentrer pour retrouver Min-Ki.

Je fixai encore un peu Choon-Hee avant de sourire de manière gênée et secouer négativement la tête, faisant ainsi danser mes boucles sombres.

— Non, bien sûr que non, on s'entend bien, c'est tout.

— Vraiment ? insista-t-elle. Non, je te demande ça parce que tu le regardes d'une manière qui me laisse croire que tu ressens quelque chose pour lui.

Je sentis mes joues chauffer brusquement, je ne sus que dire face à cette remarque de Choon-Hee, je baissai alors le nez pour fuir son regard. Je l'entendis ensuite glousser légèrement, ce qui me fit pincer les lèvres, je ne sus pourquoi, mais ce rire ne me plut pas du tout.

— Ne t'amourache pas de lui, dit-elle en se levant pour aller déposer sa cuillère dans l'évier, c'est un bon à rien.

— Pourquoi est-ce que tu sembles autant le détester au juste ?

J'avais relevé la tête pour la fixer. Mon ton avait été aussi un peu plus acide que ce que j'aurais voulu. Mon regard croisa celui de ma correspondante et la lueur que j'y décelai me fit frissonner, c'était si... sombre.

— Parce qu'il attire constamment des problèmes. Il ne sait faire que ça, je ne sais pas comment tu vois Min-Ki, mais crois-moi que tu as une vision erronée de lui. Je suis sa sœur, je le connais, contrairement à toi.

Sa tirade me fit taire. Elle avait raison, je ne connaissais pas vraiment son frère cadet contrairement à elle, mais il ne m'avait pas sembler être un mauvais bougre. J'avais l'impression qu'il était incapable de faire du mal à une mouche, alors l'imaginer causer des problèmes, c'était très dur pour moi.

— Enfin bref, lâcha-t-elle, demain tu sors avec lui, je suis occupée. Mais ça doit te faire plaisir.

Son ton me fit tiquer de manière plutôt visible, je pouvais y sentir du mépris à peine dissimuler. Elle me fit un sourire faux avant de quitter la cuisine pour regagner l'étage et aller se coucher, me laissant seule dans la cuisine. Un malaise s'empara de moi au même titre que la culpabilité. Je m'en voulais de l'avoir vexée – je pensais que c'était le cas –, ça n'avait pas été mon but, pas du tout. Mais je n'aimais pas son attitude vis à vis de son frère, c'était plus fort que moi. En y pensant, peut-être qu'elle n'avait pas tord, peut-être bien que je commençais à ressentir quelque chose pour Min-Ki. Cette idée me donna des palpitations et je sentis à nouveau mon visage s'embraser.

— Arrête tes bêtises, murmurai-je pour moi-même avant de me lever de ma chaise. Tu ne peux pas tomber amoureuse de lui.

Remettant la chaise à sa place, je me regagnai ma chambre pour aller me coucher moi aussi. Je pensais m'excuser au près de Choon-Hee le lendemain, il fallait que j'arrête de me mêler des querelles de la fratrie Oh, je n'étais qu'une invitée, rien d'autre.

***

— Je suis prête, annonçai-je en pénétrant dans le salon, on peut... Min-Ki ?

Il était posté près de la fenêtre et fixait l'extérieur avec un regard vide et la mine sombre et triste. Cette vue me fit frémir, surtout qu'il ne semblait pas m'avoir entendue alors que je n'avais pas spécialement chercher à être discrète. Je m'approchai de lui jusqu'à venir délicatement posé ma main sur son bras, mon contact l'arracha à l'espèce de transe dans laquelle il était plongé. Il tourna la tête vers moi et on se fixa silencieusement, je voyais bien que quelque chose le tourmentait, mais je ne saurai dire quoi exactement. Sa main se posa sur la mienne et il la serra délicatement avant de me sourire, même si son regard exprimait toujours cette tristesse.

— Tu es ravissante, me complimenta-t-il. Je sais qu'on devait aller en ville, mais j'aimerai t'emmener ailleurs, tu veux bien ?

Je le scrutai encore un peu avant d'acquiescer d'un mouvement de la tête. Il dodelina un peu de la sienne avant de m'entraîner vers l'extérieur, me tenant toujours la main, je ne fis rien pour rompre le contact entre nous, ça ne m'était pas désagréable. Et puis l'idée qu'il veuille m'emmener quelque part où nous ne serions que tout les deux me rendait, peut-être, un peu trop heureuse. J'avais la sensation d'aller en rendez-vous, ça ne m'était jamais arrivé avant alors j'étais un peu excitée et curieuse de ce qui allait se passer ensuite. Il m'amena dans un endroit plutôt à l'écart des habitations, même si ça restait plutôt rurale, mais l'endroit ne semblait plus habiter. Min-Ki se stoppa devant un grand bâtiment, je levai les yeux sur celui-ci et je ne pus m'empêcher d'avoir la chair de poule. L'édifice ne paraissait pas délabrer, mais les bâtiments abandonné, ce n'était pas mon truc.

— N'aies pas peur, on va juste monter sur le toit, tout est bonne état dedans.

— Tu es sûr ?

— Oui, m'assura-t-il en me souriant, je viens souvent ici. Je t'assure que tu n'as rien à craindre, la vue est jolie depuis en haut, je veux juste te la montrer.

Je lorgnai encore un peu sur le bâtiment avant de céder, je fis le choix de lui faire confiance. Jusqu'ici, il ne m'était rien arrivé et Min-Ki s'était toujours montré bienveillant envers moi, alors pas de raison que ce soit différent cette fois. Je le suivis à l'intérieur et comme il me l'avait dit, l'endroit était en bon état, la peinture s'écaillait seulement à certains endroits du plafond où des murs, il y avait aussi de la poussière, mais sinon, rien de dangereux. Aucun mur effondré, pas d'escaliers fracasser ou quoi que ce soit d'autre du genre. Ça ressemblait à une ancienne résidence, c'était quelque chose de commun en Corée du Sud et probablement en Asie globalement. Celle-ci semblait être composée uniquement de Goshiwon, s'était des petits chambres meublées de quelques mètres carrés – entre trois et huit – que les gens louaient, souvent des étudiants ou des jeunes travailleurs.

On grimpa les trois étages, tout main dans la main jusqu'à arriver devant la porte qui donnait sur le toit. Là, Min-Ki posa sa main libre sur la poignée avant de me lâcher, mon bras retomba le long de mon corps alors que j'observai le dos du frère de Choon-Hee, attendant qu'il ouvre la porte, mais il ne le fit pas. Ma bouche devint sèche et j'eus du mal à déglutir.

— Min-Ki ? l'appelai-je dans l'espoir de le faire réagir.

Pas de réponse.

Un mauvais pressentiment s'empara alors de moi et mon coeur se mit à battre plus vite. Je tressaillis quand je le vis bouger pour se retourner de trois quart vers moi, j'écarquillai les yeux en découvrant son visage tremper de l'arme et l'air désolé qui composaient son expression. Je fus incapable d'articuler quoi que ce soit, bien trop abasourdie par ce que je voyais. En fait, je ne comprenais juste pas ce qui se passait, il n'y avait rien qui justifie des larmes et pareille expression. Regrettait-il de m'avoir emmenée ici ? Ou peut-être...

— Kiele, dit-il entre deux sanglots, je suis vraiment désolé... pardonne-moi...

— De quoi...

Un choc violent à l'arrière du crâne me fit taire, mes oreilles se mirent à siffler et j'entendis vaguement Min-Ki dire quelque chose avant que mon corps n'entre en collision avec le sol et que devienne noir.

***

J'ouvris lentement les yeux et je dus battre plusieurs fois des paupières pour que ma vision se stabilise. Rapidement, une vive douleur à l'arrière de ma tête me fit couiner, j'y portai ma main, mais la retirai assez vite, c'était encore douloureux au touché. Je me redressai en position assise pour mieux pouvoir observer mon environnement et ce que je vis me glaça le sang.

J'étais dans une cage.

Je restai tétanisée de longues secondes avant de venir m'emparer des barreaux en face de moi, tirant dessus avec force, même si ce fut évidemment en vain. J'avais le souffle saccadé et mon coeur pompait à un rythme anormal alors que la panique me submergeait. J'étais enfermée dans une cage et aussi dans une cave visiblement, même si aucune odeur de moisi ne flottait dans l'air et qu'il ne faisait pas humide. C'était même très propre, plutôt surprenant, dans ce genre de situation, on avait plutôt tendance à imaginer un endroit glauque et sale, comme dans les films d'horreur. J'entendis un bruit de porte venant du haut d'une rampe d'escaliers dans le coin de la pièce. Je ne fis plus aucun mouvement alors que des pas se rapprochaient de plus en plus. Je levai lentement les yeux quand la personne descendit la dernière marche et mon coeur rata un battement alors que des tremblements s'emparèrent de chacun de mes membres.

— Enfin, je pensais que tu ne te réveillerais jamais, Kiele.


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