NDA : ce chapitre est à lire avec la versification, c'est à dire qu'il faut prononcer les e en fin de mots et détacher les syllabes. Bonne lecture !

J'ai peur.

J'ai mal.

J'ai dans la tête des milliers de chiffres qui tournoient, dansent sur une musique endiablée, se multiplient et se divisent sans logique aucune.

J'ai dans l'âme un froid inconnu, un froid de glace ou bien de marbre, que je ne sais comment nommer, qui gagne et gagne mon esprit, comme du matin la morne gelée.

J'ai dans la chair cette douleur, une douleur sourde et mesquine, une douleur d'un autre monde qui m'emprisonne et me taquine.

Je sens sur ma peau les écailles, les langues fourchues et les mailles, de centaines de fins reptiles, incolores et imperceptibles, glissant sur mon corps incolore telles des larmes de fumée.

Et je sens par-dessus, tout ce tapage silencieux, je sens mon cœur qui s'évertue à me retenir sous les cieux. Ce cœur si brave, si vaillant, qui malgré toutes ses entraves, continue à pomper mon sang.

J'ai peur !

J'ai mal !

Et je redoute la trahison !

Le passé ancré dans mes fibres qui résonnent à l'unisson, ce passé que je porte en moi telle une odieuse cargaison, tel un poison mortel et sûr, qui goutte à goutte sur mes blessures, répandant la haine et la peine, ce passé-là est bien trop lourd pour que je puisse m'ouvrir à l'amour.

L'amour qui fut au temps jadis, pilier de ma vie et son vice, car j'ai commis l'erreur d'aimer, et depuis lors j'ai regretté.

Car ceux qui m'aimaient ne sont plus, par ma faute ils n'ont plus jamais vu, la lumière du soleil écarlate sur la mer, ni celle des étoiles berçant l'éphémère, par ma faute ils ont rejoint les anges scelleurs de destins.

Aussi je ne peux pas aimer, car ce serait les condamner, ceux que j'aime et qui m'aimeraient, la malédiction les tueraient.