¦2 ¦ 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟏
La tête d'Hermione la faisait atrocement souffrir.
C'était la seule chose qui semblait importer à ce moment précis: la douleur.
Rien ne s'était jamais comparé à cette douleur, pas même le sortilège Doloris.
Peut être était ce car la situation était encore plus importante. Bien que Bellatrix fasse peur, elle ne la terrorisait pas autant que Voldemort.
Cet homme- si il méritait encore ce qualificatif- avait une façon de lui parler particulièrement déconcertante.
Contrairement à Bellatrix, il ne le traitait pas comme une moins que rien. Il n'était même pas particulièrement violent par ses paroles.
Même si c'était une chose horrible à dire, Hermione comprenait pourquoi certains choissisaient de le suivre. Bien qu'il lui ait glacé le sang, il lui fallait avouer que Tom Jedusor semblait d'un calme si plat, et qu'un magnétisme tel s'effectuait autour de lui qu'Hermione comprenait tout maintenant.
On le suivait pour ça en dépit de son air fou.
Les gens sont vraiment illogiques, en soit.
Se concentrer sur autre chose que la douleur fonctionnait, mais de manière éphémère. Quand la voyageuse du temps sentit que Voldemort mettait plus d'énergie à pénétrer dans son esprit, la vague de douleur fut telle qu'elle la fit tomber à genoux.
Pourtant, il fallait tenir. Encore et toujours.
Les souvenirs étaient des choses précieuses et fragiles: pour sauver ceux qu'elle aimait, qu'ils viennent d'aujourd'hui ou de demain, elle avait besoin de les conserver intacts.
Ou alors Sirius, qui n'avait qu'une vague idée du problème général, serait le seul au courant de la mission d'Hermione.
Mais il ne savait pas qu'elle était allée chercher un crochet du Basilic.
Ni où elle l'avait caché.
Ni plein de choses, en fait.
Dumbledore possédait l'ensemble des cartes en main, techniquement. Mais quelque chose derrière son attitude conduisait Hermione à se demander si il reprendrait vraiment sa tâche très loin d'être achevée ou si il attentrait l'Elu, avec l'espoir qu'il ne meure pas comme précédemment.
La douleur allait bientôt arrêter d'être supportable.
Des millions d'aiguilles transpercaient son crâne: un bourdonnement permanent résonnait dans ses oreilles.
Et puis son corps, qui se révélait, sans aucune surprise, faible, allait la lâcher.
Ce fut donc avec surprise qu'Hermione sentit le chaos brusquement s'arrêter.
Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration erratique, et elle sentait la sueur qui recouvrait ses vêtements.
Puis elle leva les yeux vers Voldemort. Et l'état similaire au sien dans lequel elle le vit la deconcerra.
Lui aussi était fatigué. Il avait essayé de fournir de l'effort, mais il s'était vite rendu compte que ce n'était pas suffisant.
Pas suffisant du tout, même.
Merci Harry pour l'occlumencie.
Jedusor se redressa, ayant récupéré plus facilement qu'elle une expression et un air composé, rassemblé.
- Reconduisez-la à ses cachots.
Cette fois-ci, et même lorsqu'elle entendit le maitre de cette quantité de gens impressionnante parler comme si il se trouvait à mille kilomètres d'elle, aucun rire ne secoua l'assemblée.
*. *. *
Le reste ne fut pas agréable pour le moins du monde.
Rien de tout cela ne pourrait être agréable un jour, dans tous les cas, mais l'état d'épuisement physique d'Hermione à ce moment ne fut qu'aggraver les choses.
Elle qui avait un instant pensé que le fait d'être à moitié endormie ne l'a fasse se sentir comme anesthésiée et à mille lieues de là fut très vite détrompée.
La fatigue déculpait tout et la rendait plus consciente de la douleur.
Et puis il fallait aussi dire que Bellatrix était particulièrement énervée, ce jour là.
Le reste fut assez flou: elle revit Narcissa Malfoy quelque instants, avant que Lucius n'arrive et ne lui donne quelques coups.
Puis tout le monde partit, et la jeune femme se retrouva à nouveau dans cette position d'attente désagréable.
Tic tac.
Tic tac.
Le bruit des pas réguliers.
Les portes qui claquent.
Les conversations.
C'étaient ses repères. Elle avait été capable de dater la fin de la réunion, par exemple. Elle avait été d'une durée extraordinaire, mais Hermione avait pu sentir le moment où Voldemort avait quitté le Manoir.
La bâtisse elle même semblait avoir soufflé de soulagement.
Les conversations avait repris.
Hermione entendit même un elfe de maison.
Ce furent les dernières repères avant un long moment. L'heure n'était pas vraiment précise dans sa tête: elle attendait habituellement les repas pour essayer d'avoir un repère fiable.
Tout à l'heure, elle avait pu voir l'extérieur depuis les vitres du lomanoir. Il faisait jour.
Ce qui signifiait que, même si elle était à moitié endormie, ils s'approchant du repas du soir.
Mais la fatigue et la douleur eurent raison d'Hermione, qui se laissa tomber sur la paillasse qui lui servait de lit.
Elle s'endormit bien rapidement d'un sommeil sans rêve.
Heureusement que c'était un sommeil sans rêve, d'ailleurs.
Je ne veux pas risquer de voir Sirius. C'est au dessus de mes forces.
Elle ne constata pas que personne ne vint la nourrir ce soir là.
*. *. *
Les jours se suivaient, manifestement, et se ressemblaient tous.
Une routine s'était installée.
Hermione était réveillée par une personne quelquconque qui lui jetait un sortilège désagréable, elle ingérait son premier repas de la journée puis une autre personne faisait son apparition dans ce train train quotidien.
Celle là essayait de la faire parler, puis, constatant sa résistance qui ne faiblissait pas, finissait par lui annoncer que je prochain repas lui serait subtilisé.
Ensuite, elle attendait.
Et le dernier repas arrivait, et elle se recouchait, tout ça pour vivre la même journée le lendemain.
Le cercle recommençait.
La mécanique était bien huilée, pourquoi la changer ? Le dernier grand évènement de sa vie avait été de sentir du vetitaserum caché dans son verre d'eau et de le verser au sol.
Plus jamais, par la suite, elle n'avait senti le goût âcre de la potion dans quoi que ce soit qu'on lui donnait à boire, ou même à manger.
Hermione avait pris peur, quelques fois, en sentant qu'une certaine agitation prenait la maison.
Voldemort était revenu plusieurs fois; jamais il n' avait demandé à la voir.
Ce qui la contentait parfaitement bien, pour être honnête.
Certains jours, elle sentait une sorte de pitié s'installer chez les mangemorts les moins tenaces qui venaient pour lui apporter le repas: chaqun d'entre eux qui avait eu un regard humain sur elle n'était jamais revenu.
La mécanique était définitivement très bien huilée.
Ce fut ce qu'Hermione decouvrit lorsqu'elle se réveilla dans une pièce totalement étrangère, après une journée banale.
Puis que Lily apparut.
Comme ça, sortie de nulle part.
Pouf.
Son visage avait grandement manqué à Hermione. Ses cheveux roux comme les flammes et ses yeux doux lui paraissaient presque étrangers, maintenant.
Quelle ironie.
La voyageuse du temps pensait: elle ne réfléchissait pas à proprement parler. Elle se strouvait dans cet état aphatique qui la réduisait à être témoin, et non pas actrice, de ce qui se déroulait autour d'elle.
Il fallait garder de l'énergie pour les choses importantes.
Pourtant, ce moment était important.
Elle était dans cette salle.
Avec Lily.
Sauf qu'elle se sentait seule.
- Hermione ! J'ai eu tellement peur !
Un long moment de silence s'écoula.
Les paroles étaient vides. Tout sonnait creux.
Même le corps de Lily n'était pas vraiment similaire à celui de la véritable.
- Tu as percé le secret, hein ?
Sirius.
Il y avait une voix qu'ils n'avaient pas le droit d'utiliser, et c'était celle du jeune homme.
Des larmes se formèrent aux coins des yeux d'Hermione.
- Tu fais semblant d'être forte, mais tu ne l'es pas véritablement, après tout, n'est ce pas ? Tu es à bout.
Un sanglot sortit de sa bouche, puis deux. Ses genoux lâcherent, et elle se retrouva au sol.
- Si tu leur disait ce que tu savais, tu pourrais t'en aller. Ils te laisseraient partir sans rien te faire. Arrête d'être aussi fière. Ça ne sert à rien. Ils auront ce qu'ils veulent. Le Maître est trop fort.
C'était de loin la pire forme de torture qu'Hermione ait expérimentée.
La voix de Sirius avait suffi à la mettre dans tous ses états, et il lui semblait qu'elle ne pouvait plus réfléchir correctement.
Elle avait perdu son attache à la réalité. C'était ce qu'il ne fallait pas faire.
Vigilance constante. Vigilance constante, parce qu-
La brulura familière avait repris, et Sirius, en face d'elle, se transforma en un homme à la figure longiligne, au teint cireux et aux yeux de serpent.
Voldemort.
Il la regardait dans les yeux, avec beaucoup d'attention, cette fois ci.
Il la voyait déjà faible de toute façon.
Et il avait réussi à voir certaines choses.
Une bribe de conversation avec Dumbledore, qui lui parlait des vacances de Noël, James qui riait, son premier jours dans le dortoir des filles de septième année, le soir où Remus avait été bourré, et son premier baiser avec Sirius.
Il ne doit rien voit de plus. Il ne doit rien voir de plus. Il ne doit rien voir de plus.
Il ne peut pas.
La bataille dura un long moment; plus long encore que la dernière fois qu'ils s'étaient à donnés à cette activité.
La douleur était présente.
La rage de vaincre, encore plus.
L'envie de victoire.
L'espoir.
Je vais sortir d'ici.
Je vais m'en sortir.
Je vais m'en sortir.
Je vais m'en sortir.
Tout ira bien.
Ce fut ce à quoi Hermione pensa alors que l'intensité de l'attaque augmentait.
Il voyait des bribes de sa vie d' après.
Rien d'utile.
Des souvenirs de Poudlard.
Pas de membre de l'ordre.
Et la douleur restait là.
Puis tout se stoppa miraculeusement.
Tom Jedusor se tenait là, une main sur le cœur.
Effrayé.
Cela dura quelques instants, jusqu'à ce que l'ordre claque.
Implacable
C'est le destin, après tout.
- Demain matin, une fois que je serai parti... Tuez la le plus doucement possible.
Il émit un sifflement en Fourchelang, eut une courte conversation avec Nagini avant de déclarer:
- La fille ne servira à rien. Je te laisserai le loisir de la dévorer.
Puis elle sentit un poids s'abattre sur sa tête, qui n'était déjà plus en état de fonctionner, et Hermione sentit vaguement deux bras la saisir et la soulever comme si elle ne représentait qu'un poids infime.
Puis l'inconscience devint trop opaque et elle sombra dans un sommeil sans rêves.
*. *. *
"I can wipe the tears from my eyes but I can't wipe the pain from my heart"
-unknown
"Je peux essuyer les larmes de mes êtes mais pas effacer la douleur de mon coeur"
-inconnu
*. *. *
A.
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