Elle sursauta violemment, se rattrapant de justesse au dossier du fauteuil avant de goûter à ce fantastique parquet.

- Je ne voulais pas te faire peur. Désolé, lança platement Sirius.

Il semblait à moitié perdu dans ses pensées, à moitié intéressé par la situation. Néanmoins, il semblait des millions de fois plus calme qu'à l'accoutumée.

- Non, c'est moi. Je suppose que c'est mal vu de descendre en pleine nuit dans le salon de personnes qui t'offrent l'hospitalité sans te connaître réellement.

Il la regarda quelques secondes, puis posa une première question.

- Pourquoi es-tu réveillée à cette heure ?

La lionne haussa les épaules.

- Comme toujours. Un cauchemard.

Il se pencha vers elle, qui était assise sur le fauteuil voisin.

- Je me demande ce qu'il a bien pu t'arriver dans ta vie pour que tu fasses autant de mauvais rêves.

Une leur s'était allumée dans des yeux, et Hermione n'arrivait plus tout à fait à détacher son regard du sien.

- Pourquoi Sang de Bourbe ? interrogea t-il, avec un mouvement de tête en direction de son poignet.

Elle baissa son regard vers sa manche, et réfléchit quelques instants avant de donner une réponse trop compromettante.

- Je... Avant que mes meilleurs amis meurent, la plus fidèle acolyte de leur meurtrier m'a torturée, et elle en a profité pour me graver ça sur le poignet. Autant te dire que ce n'est pas un très bon souvenir, déclara t-elle en grimaçant, et que ça n'en sera jamais un.

Son interlocuteur leva un sourcil puis laissa à nouveau son regard se perdre dans les flammes.

- Parle moi de tes amis. Ils m'intéressent. Je veux dire, je me demande quel genre de personne étais-tu avant d'arriver ici totalement brisée -n'essaye pas de me persuader du contraire- et détruite.

Il riva son regard au sien.

- Tu m'intrigues, Hermione.

Sans plus se poser de questions, en modifiant les noms, les lieux et les dates, elle se mit à fouiller dans ses souvenirs.

Et elle raconta leur histoire commune comme elle ne l'avait jamais fait pour personne d'autre.

*. *. *

- Et, tu vois, le pire dans tout ça, c'était que Hugo était amoureux de Guilène, la petite sœur de Romain !

Ils eclaterent tous les deux de rire, en veillant à rester silencieux par égard pour leurs camarades endormis.

- Wow. On pourrait vraiment adapter toutes ces histoires en un bon roman !

Elle l'obsevra du coin de l'œil.

Il n'est pas si indifférent et hostile qu'il me semblait au premier abord...

Ses cheveux noirs en bataille couvraient une partie de son visage, ses yeux gris étaient allumés d'une étincelle d'amusement bien réel et un sourire rendait son visage encore plus lumineux.

Il est plutôt pas mal...

Il allait devenir le parrain d'Harry, certes. Mais il fallait se concentrer sur l'instant présent, non ? Jamais elle ne serait aussi proche du fils des Potter qu'elle l'avait été à son époque. Et puis, il fallait le dire franchement, il était assez attirant. Beaucoup, même.

Sauf qu'il a une fâcheuse tendance à jouer avec chaque fille qui croise son chemin.

Le nez d'Hermione se fronça à cette pensée. Elle n'allait tout de même pas succomber au beau regard de Sirius Black comme la bande de cruches qui l'observaient toujours lorsqu'il passait dans les couloirs.

- Je comprends mieux pourquoi James t'apprécie autant. Une vraie mauraudeuse dans l'âme, notre Hermione, et personne n'était au courant ! Tu devrais venir avec nous durant l'une de nos expéditions nocturnes. Ça serait drôle.

Ils se sourirent, jusqu'à ce que la voyageuse du temps ne se mette à bailler, bercée par la voix du jeune homme.

- Et donc, ce jour là, j'ai décidé d'arrêter de...

Elle n'entendit jamais la fin de sa phrase, plongée dans les bras de Morphée.

*. *. *

Un bruit strident réveilla la jeune femme, qui se redressa brusquement de son confortable coussin.

Fichu sort de réveil...

A côté d'elle, elle ente dit le dit coussin s'étirer dans un baillement.

- Wow. C'est déplacé de dire que j'ai très bien dormi ?

À la seconde même où elle prononça cette phrase, elle fut submergée par la honte.

- Parle pour toi, Farrington, parle pour toi. J'ai l'impression qu'un Hippogryffe de trois tonnes m'a dormi dessus.

Oups.

Un gargouillement de ventre se fit entendre, et ils s'observent quelques instants dans un silence de mort.

- En plus, je crève la dalle, termina Sirius avant d'éclater de rire.

Ils se dirigèrent d'un même mouvement vers la cuisine, où l'on entendait déjà des voix.

*. *. *

Après un rapide petit déjeuner, Hermione se mit à explorer la maison, en quête d'un bon endroit pour travailler. Elle poussait des portes au hasard, s'enfoncait toujours plus dans la demeure jusqu'à arriver dans ce qui devait être la bibliothèque.

Magnifique...

Un bon millier de livres couvraient chacun des murs, de bas en haut. La pièce contenait plusieurs tables, quelques fauteuils devant la cheminée et un large canapé. Tout ici donnait envie à Hermione d'y passer le reste de ses jours. Il faudrait vraiment qu'elle demande à Fleamont comment sa famille avait pu amasser autant d'ouvrages, ça devait être intéressant.

Je me demande si toutes les familles de sang-pur ont une bibliothèque comme celle-ci.

En passant le plat de sa main sur la tranche d'un des livres exposés, elle se dit qu'elle n'avait jamais vu de bibliothèque de ce genre au square Grimmaud.

Pourtant, elle était persuadée qu'il y en avait une. 

- Tu cherches un ouvrage en particulier ? 

Elle se retourna vers Fleamont Potter, son air émerveillé toujours présent sur son visage.

- Non. En fait, je voulais trouver un endroit pour travailler tranquillement. 

Elle serra les lèvres quelques secondes avant de se tourner à nouveau vers son hôte. 

- Et puis... Je suppose qu'aucun livre ici ne parle de Magie Noire, ai-je raison ? C'est ce qu'il faudrait que je trouve, en fait. 

Il l'observa quelques instants, interdit, avant de lui faire signe de le suivre. 

- Ici, il n'y en a pas. Par contre, pour pas que James ne les trouve lorsqu'il était plus jeune, je les ai tous entreposés dans mon bureau. Sert toi de tout ce dont tu as besoin, mais évite de te balader partout avec. Ce serait mal vu, lança t-il en riant. 

Il l'entraina encore dans le dédale de couloirs, l'air jovial.

*. *. *

- Farrington ! Je vous veux opérationnelle dans cinq minutes !

Le Patronus de Maugrey qui était arrivé dans la bibliothèque du manoir Potter ne pouvait annonçer qu'une seule chose: un départ en mission. Elle courut quasiment jusqu'à la chambre qu'elle partageait avec Lily et entra en trombe, faisant sursauter son amie. 

- Wow. Tu m'as l'air pressée toi. Où est-ce que tu vas ?

Hermione sortait des vêtements de sa valise, sans répondre aux questions de Lily, toujours plus nombreuses. 

- Pas le temps, dit-elle avant de sortir de la chambre pour se diriger vers la salle de bain, le coeur battant à mille à l'heure. 

D'un côté, la jeune femme avait hâte de voir à quoi ressemblait une véritable mission de l'ordre. À son époque, elle n'y avait jamais participé, vu qu'elle était bien trop jeune pour ça. Dans son esprit, ce qui se rapprochait le pus d'une mission était la chasse aux horcruxes, comme elle aimait l'appeler, et elle n'en gardait pas franchement un bon souvenir. 

Pas du tout, en fait.

- Où est-ce que tu vas ? demanda James en la voyant arriver en bas des escaliers, essoufflée comme si elle venait de courir un marathon.

Elle tourna la tête vers lui, avant de regarder l'horloge du salon, puis d'à nouveau fixer son visage, essayant de former une phrase cohérente dans sa précipitation. 

- J'avais oublié qu'aujourd'hui était l'un de mes jours de stage. Si je ne suis pas là bas, dans cinq minutes, je serai en retard et... 

Son regard glissa sur le regard de chaque maraudeur pendant qu'elle essayait de trouver une excuse plausible. 

- Et je déteste être en retard !

Sans attendre leur réaction, elle ouvrit la porte, s'exposant brusquement à l'air froid de l'hiver, et transplana. 

Ce qu'elle n'eut pas le loisir de voir, ce fut le regard d'incompréhension partagé par ses amis dans le salon du manoir. 

*. *. *

- Bon. Votre ordre de mission est simple. Je veux que vous vous introduisiez chez Thierry Reagan, qui est un présumé mangemort. Nous savons par un contact fiable qu'il est en vacances dans sa famille maternelle pour Noël, le seul obstacle pour vous sera donc son elfe de maison. Cette mission est relativement simple. Tout ce dont nous avons besoin, c'est d'une preuve qu'il soit bien du côté de Vous-Savez-Qui.

Hermione observait son nouveau mentor avec un sérieux qu'elle n'avait pas utilisé depuis longtemps. Pas le sérieux avec lequel elle regardait ses professeurs, non. Le sérieux dont elle usait lorsqu'elle savait que ce qu'elle allait faire pouvait changer les choses, ne serais-ce qu'un petit peu. 

Le sérieux qu'elle avait utilisé si souvent avec Harry et Ron.

- Compris ?

La femme à sa gauche prit la parole. 

- D'accord, dit-elle d'une voix fluette. 

Maugrey les jaugea quelques instants avant de sortir ce qui semblait -aux yeux d'Hermione-, être sa phrase préférée. 

- Souvenez-vous, Vance. Cela vaut pour vous aussi, Farrington. Vigilance...

- Constante ! terminèrent-elle en choeur avant de se lever et de quitter la pièce.

Vraiment, elle appréciait bien Emmeline Vance.

Beaucoup, même.

*. *. *

- Tu préfères qu'on se sépare ? l'interrogea Emmeline alors qu'elles s'avançaient vers la maison, toujours sous l'effet d'un sortilège de désillusion. 

Se séparer serait pratique, c'était vrai. Elles iraient plus vite, mais le travail serait peut-être moins bien fait: les capacités d'observation de deux personnes drastiquement différentes valaient mieux que celles d'une seule. De plus, si quelque chose les attaquait, quelle qu'elle soit, il serait plus simple de se défendre à deux. Du moins, c'était ce que pensait Hermione.

- Il ne vaut mieux pas, non ? Je trouve que ce serait inconscient. On ne sait pas ce qui peut arriver, et on ne connaît pas le lieu. Il serait plus judicieux qu'on reste ensemble, il me semble.

- Bonne réponse, acolyte ! Tu sais, je suis plutôt favorable à ce que tu rentres dans l'Ordre. Tu m'as l'air d'être un plutôt bon élément.

Elles échangèrent un regard avant de se sourire. 

- Alohomora !

La porte de bois sombre s'ouvrit dans un craquement sec et elles se faufilèrent discrètement à l'intérieur. 

- Tant qu'on est sous l'effet du sortilège de désillusion, l'elfe ne pourra pas remarquer notre présence. Il sentira seulement notre odeur, mais pas suffisamment pour connaître notre position exacte, lança la lionne en récitant une phrase lue dans un livre de la bibliothèque de Poudlard. On commence par où ?

Le murmure d'Emmelie aurait été inintelligible si elle ne s'était pas trouvée à seulement quelques centimètres de son oreille. 

- Le bureau. C'est là bas qu'on pourra trouver des traces de correspondance avec d'autres adeptes de la Magie Noire.

Elles s'élancèrent vers les escalier de marbre dans un parfait silence, et en tournant la tête vers le salon, Hermione put apercevoir un petit elfe de maison en train de dépoussiérer méticuleusement une table en bois. 

Un long couloir se présenta devant elles après leur ascension. 

- Maugrey avait des plans du manoir. Cinquième porte à droite, Farrington. 

Elle essaya de tourner la poignée, sans pour autant que cela ne déverrouille la porte. 

- Alohomora ! 

Rien ne se passa. 

- Alohomora !

Toujours rien. 

- Attends, je vais essayer, lança Emmeline  en se plaçant devant la serrure à son tour. 

Après plusieurs tentatives infructueuses, Hermione demanda à sa camarade de se reculer. 

Ça fait très Ombrage, cette méthode...

La voyageuse du temps insonorisa le couloir avant de lancer un nouveau sortilège sur la porte, qui céda immédiatement. 

- Bombarda Maxima !

Derrière elle, elle entendit un rire cristallin. 

- Pas sûre que Maugrey apprécie particulièrement cette technique, mais bon... Aux grands maux les grands remèdes !

Une fois entrées dans la pièce exigüe, elles jetèrent un sortilège d'insonorisation puis un rapide Reparo sur la porte qui se replaça dans son état initial. 

Découvrons ce que tu caches, Thierry Reagan...

*. *. *

- J'ai trouvé le tiroir dans lequel il range ses lettres, annonça Hermione. 

En sortit une liasse de parchemins du rangement. 

- Rien qui ne semble suspect pour le moment... Une correspondance avec un certain Félix Tottenham, mais rein de plus. D'après le contenu des lettres, ils s'envoient des relevés de comptes parce qu'ils sont associés. En fait, ça me revient maintenant ! Tu sais, la marque de potions contre les problèmes de peau, Tingthon ? 

Hermione secoua la tête de droite à gauche, signifiant clairement qu'elle ne connaissait pas. 

- Je pourrais jeter un coup d'oeil ? interrogea t-elle en avançant la main. 

- Ouais, bien sûr ! J'épluche le reste pendant ce temps.

L'écriture qui recouvrait les feuilles était rondes, alambiquée et assez petite. Très soignée. Sur la première feuille, on pouvait lire une conversation en somme plutôt classique, indiquant que les comptes qui suivaient s'agissaient de ceux du mois de novembre. 

Pourtant, sur les feuilles suivantes, quelques détails sautèrent aux yeux de la jeune femme. Certaines lettres et craints chiffres semblaient repassés plusieurs fois, comme si ils avaient été accentués intentionnellement. 

- Mmm... murmura t-elle, tentant de comprendre si ces lettres avaient de l'importance. 

Elle revint à la toute première feuilles couvertes de chiffres et pointa du doigt la première lettre en gras. 

T... R... A... F...

Au bout de deux minutes, elle avait pu reconstituer le message complet et interpella sa compagne. 

- J'ai quelque chose. Reagan est un mangemort. On jette un sortilège de copie sur les lettres et on peut retourner au quartier général. 

Elle expliqua vaguement Emmeline le pourquoi du comment et elles sortirent du manoir, à moitié réjouies par la réussite de leur mission et à moitié sonnées par ce qu'elles venaient de découvrir. 

Voldemort est un train de devenir de plus en plus fort... 

L'avenir semblait de plus en plus incertain.

*. *. *

"Sometimes you will never know the value of a moment until it becomes a memory."

- Dr. Seuss

"Parfois, vous ne saurez pas la valeur d'un moment avant qu'il ne devienne un souvenir."

- Dr. Seuss

*.  *.  *

A.