✭16✭
Quel...
... jour...
... est...
... on ?
Vendredi ! Yes ! Ce soir, c'est le week-end !
Je tombe de mon lit à force de gigoter, me lève tant bien que mal, tente d'exécuter une danse de la joie, me prends la couette dans les pieds, rechute, fais le dab, me cogne à une étagère, me casse à nouveau la figure, et abandonne.
C'est ça, aussi, d'être trop grande. On se cogne partout. Et moi, avec mes trop grandes jambes et mon trop grand cou, quand je tombe en avant, je frôle la mort.
- Ça va, là-haut ? me parvient la voix de ma mère, en bas.
Oups. À force de faire n'importe quoi, j'ai dû alerter mes parents.
- Oui, ça va ! je crie.
- OK ! On a entendu des bruits...
Tu m'étonnes, Simone...
J'enfile à toute vitesse un jean déchiré (je vais me geler, mais tant pis) et un T-shirt avec un motif que je n'arrive pas à identifier : symbole anarchiste, ou pentacle ? Honnêtement, je sais pas ce que je préfère, aussi je décide de le recouvrir d'un pull. On sait jamais. Y a peut-être des néo-punk et des sorciers sataniques qui se promène dans les couloirs du lycée.
Je descends, avale mes céréales, me brosse les dents, bla bla bla. Vous connaissez. Puis je quitte la maison en n'oubliant pas mon sac, cette fois. Sur le chemin, je croise Dev.
- Salut ! me fait-il.
- Hey ! je réponds. Tu habites où ?
- Là-bas, m'indique-t-il.
Parfait. À l'opposé de chez moi. Je ne pourrais donc pas allez le chercher chez lui avant d'aller en cours. Dans tous les cas, j'en avais pas l'intention.
- Tu n'as pas froid ? je demande.
Il ne porte qu'un sweat à capuche bleu-gris ouvert sur un T-shirt blanc faisant ressortir sa maigreur, ainsi qu'un petit foulard autour de son cou fin.
- Si, il me répond. J'ai oublié mon blouson chez moi, ça m'arrive souvent.
- Ah bon ? je m'étonne en riant. Pourquoi ? Tu es amnésique ?
- Non, il répond. J'ai un TDA.
Mince, c'est quoi, ça, déjà ?
- Trouble du Déficit de l'Attention, m'explique-t-il comme s'il lisait dans mes pensées.
- Ah, je fais.
Ça laisse un blanc dans la conversation. Encore une fois, Ashton Porter aurait mieux fait de se taire.
- Et ça consiste en quoi ? je demande, l'air un peu perdue.
- Ben, j'ai souvent du mal à me concentrer et un rien me met dans la lune.
- Aaah... c'est tout ?
- Ouais. Parfois, chez certaines personnes, le H de hyperactivité vient s'incruster, ce qui fait que tu as une certaine impulsivité.
- Je sais, j'ai une sœur hyperactive.
Nous passons le portail et arrivons (en retard) en cours de géo.
- Pourquoi êtes-vous en retard ? nous demande-t-elle sévèrement, en nous regardant comme si on était des nigauds, pour changer.
- Hum... j'étais en train d'écouter Garbage, je réponds.
Bon sang, qu'est-ce qui m'a pris de dire un truc aussi stupide ? De un, ce n'est pas une bonne raison, de deux, je ne sais même pas d'où je sors ce groupe, et de trois, "garbage", ça veut quand même dire "déchet".
- Très bien, si c'est pour se moquer de moi ainsi, vous pouvez très bien revenir de là d'où vous venez.
Pfff, la prof a vraiment une dent contre moi...
Nous revenons sur nos pas, l'air penaud, et nous croisons Edward.
- Qu'est-ce que vous fichez là ? s'étonne-t-il.
- On est exclus, je réponds.
- Et toi, tu fais quoi ? demande Dev.
- Je sèche, répond nonchalamment Edward. Je vais aller faire un petit tour et vous laisser, tous les deux.
Il s'en va en nous faisant un signe de la main.
Insolent, va.
Qu'est-ce qu'il entend par "tous les deux" ? Il faut se mêler de ses oignons, parfois.
Bon, on dirait que je suis condamnée à aller en étude avec la merveilleuse compagnie de Dev Callahan. OK. Soit.
L'heure se passe plutôt bien pour nous deux. Il sort une feuille et dessine une grille de morpion. Au début, c'est lui qui remporte chacune des victoires, jusqu'à ce que je découvre sa technique, puis chaque partie se solde par un match nul.
- Ah ! Tu m'as roulé ! dit-il alors que j'aligne trois cercles.
- C'est grâce à mon very big brain, je réponds en ricanant mesquinement.
- Ça, oui, tu es intelligente !
Je me mets à rigoler, avant de me rendre compte qu'il est sérieux.
- Euh... c'est une blague ? je fais. J'ai douze de moyenne.
- La moyenne, ça veut rien dire, rétorque-t-il. Et, d'après ce que m'a dit Edward, ta moyenne a simplement baissé depuis le collège.
- Edward dit beaucoup de bêtises..., je réponds, balayant le sujet.
- Et si tu restais objective ? propose-t-il avec un sourire.
- D'accord, je cède dans un grognement. Disons qu'il y a trois ans, j'avais facilement quatorze voire quinze de moyenne.
- Alors, pourquoi es-tu à douze ? insiste-t-il. T'en es capable, tu sais.
- Pourquoi tu dis tout ça ? je lance. T'es sûr ? Qu'est-ce que t'en sais ?
- Oh, oh, oh, du calme ! s'exclame-t-il. Parce que j'ai raison. Oui, j'en suis sûr et certain. Je sais plus de choses que ce que tu crois.
- OK...
Je tourne les yeux vers la fiche de morpions, quand une question traverse mon esprit.
- Dev ? j'hésite.
- Oui ? répond-il.
- Qu'est-ce que je représente pour toi ? je demande d'une traite, sans prendre le temps de respirer.
Son regard se détourne.
- Pour moi ? Tu es comme...
La sonnerie retentit, m'assourdissant les oreilles et noyant ses paroles dans le bruit.
- Comme ? je le presse.
- ... une sœur.
J'attrape mon sac et me précipite en cours de maths, où je n'ai absolument pas envie d'arriver en retard. Je m'installe à côté de Marilyn qui sort son cahier et l'ouvre à la bonne page pour montrer à tout le monde qu'elle a bien fait ses devoirs.
Je fais de même, et je ne peux m'empêcher de remarquer que j'ai zéro fautes à mon exercice, alors qu'elle en a une. Je ne le remarque pas à haute voix, ce qui serait très impoli, mais cette petite victoire intérieure me donne le sourire.
- Pourquoi tu souris ? me demande-t-elle.
- Parce que, je réponds.
Oui, enfin, ce n'est pas une réponse, mais ça fera l'affaire. Le prof entame le cours. Ce n'est pas le meilleur prof du monde, mais il fait l'affaire. Nous corrigeons un exo, il fait un peu de cours, nous donne encore d'autres exos. Marilyn et moi les finissons nos exercices rapidement. Elle sort un livre de son sac et se plonge dedans.
- C'est Divergente ? je demande un peu stupidement.
- Non, ça s'appelle Le Projet Alpha, elle me répond, sur le même ton que si elle parlait à la dernière des imbéciles.
- Ah, oui, je réponds.
En effet, c'est pas exactement la même taille de livre. Tant pis, c'est la vie.
Puis, après un autre cours de bio inintéressant, je me rends à la cafèt'. C'est alors que je vois Edward et Chris assis à la même table que Miss Madonna. Mais, euh. J'ai pas envie de manger avec elle, moi.
- Tu viens ? me propose-t-elle.
Bon, si, en fait.
- Ouais, ouais, je réplique avec mauvaise foi.
Je m'assieds puis poursuit :
- Où est Jennifer ?
- Elle est malade, répond Miss Madonna.
Dommage, je commençais à l'apprécier.
Miss Madonna a son téléphone posé à côté de son plateau et discute tranquillement avec quelqu'un par message. Elle envoie quelque SMS avant de ranger son appareil dans la poche arrière de son jean de marque.
Elle est habillée plutôt simplement, aujourd'hui, d'ailleurs. Jean, chemise entrouverte sur un débardeur, sneakers, mais tout est de grande marque. Les seuls éléments tape-à-l'œil sont ses grandes boucles d'oreilles et son rouge à lèvre. Je remarque aussi que ses cheveux sont légèrement plus clairs que d'habitude.
- Fini ! fait Edward en quittant la table.
Eh ! C'est méchant, de m'abandonner comme ça ! J'ai pas envie de me taper les deux parfaits du bahut ! Surtout si ils sortent ensemble !
- Pourquoi cet air énervé ? me demande Miss Madonna.
- Parce que, je répète.
J'avale vite fait quelques trucs et quitte la cantine avant qu'on ait le temps de me poser des questions.
Dev m'attends dans la cour. Ah. Je m'approche de lui en demandant quel est son problème.
- Ça te dit, une soirée SMS, tout à l'heure ? propose-t-il avec un sourire taquin.
- C'est d'accord !
Hey ! Chapitre un peu court, je crois... sinon, ça vous a plu ?^^
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