Chapitre 27 : UN NOUVEAU PLAN
Hello ! Étant donné que je me suis absentée pendant plus d'un mois, ce dont je suis fort désolée, je vous rappelle ce qui vient de se passer : Marzel vient de quitter le Delta du Mage d'Améthyste, chez qui elle a laissé Flamel durant sa convalescence. ce chapitre-là ne va pas être très dojo, mais bref... bonne lecture ! ;)
Revenons plus tôt, lorsque Marzel quitta les autres.
Pendant qu'elle prenait congé d'eux, Leno, Irwin, Karel, Angela et Pjotr enfourchèrent leurs montures et trottèrent vers Ljuba. Ils y arrivèrent après Marzel, qui leur raconta son périple. Aussitôt après, Leno, Marzel, Lanz, Hadwin, Hamish, Howela, Detroit et Laszlo se réunirent pour discuter d'une nouvelle offensive.
— Il nous faut bien réfléchir, dit Marzel. La dernière fois, nous nous sommes fourvoyés en pensant que nous réussirions à les vaincre facilement.
— Pourtant, vous avez été triomphants lors du premier affrontement, répondit Detroit.
— Ce n'était qu'un bataillon, observa Leno. Nous avons ensuite eu affaire à une véritable armée.
— C'est juste, répondit Hamish.
— Il nous faudra donc des guerriers plus nombreux et mieux expérimentés, dit Laszlo.
— Comme par exemple nos Guerriers, dit Howela.
— Qu'en dis-tu ? demanda Saoirse, s'adressant à Lanz.
— Eh bien, c'est une idée tout à fait envisa..., commença le Roi.
BRAOUM !
Lanz bondit de son siège, ouvrit la porte de la salle de rassemblement et demanda à l'elfe ayant l'air préoccupé qui se tenait devant lui en fouillant distraitement dans un dossier comportant plusieurs pages :
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Alors, euh, théoriquement, étant donné qu'un boulet de trébuchet se trouve dans la salle de trône, le ravageant et projetant des gravats partout sur..., commença l'Elfe sur un ton monocorde.
— QUE SE PASSE-T-IL, BON SANG DE BONSOIR ?!
L'elfe ouvrit plusieurs fois la bouche pour la remuer vaguement.
— Un boulet de trébuchet du Clan de l'Air a dévasté la salle de trône.
— Crénom de bougre de diable ! jura Lanz.
— Il claqua la porte et se dirigea vers Leno, Marzel, Hadwin, Hamish, Howela, Detroit et Laszlo.
— Changement de plan, déclara le Roi d'une voix dure. On contre-attaque.
Il se dépêcha de quitter la pièce afin d'enfiler sa cuirasse.
En tant que générales, Howela et Saoirse se levèrent pour réunir les troupes.
Pendant ce temps, Lanz avait couru dans la salle de trône pour se rendre compte des dégâts. Celle-ci avait été dévastée par une grosse boule grise qui gisait sur le sol. Des morceaux de meubles jonchaient le parquet, y compris dans l'antichambre.
— C'était destiné à me tuer, comprit le Roi.
— En effet. Le Clan de l'Air et celui de la Terre ont tenté un attentat, répondit une voix.
Lanz fit volte-face et se retrouva nez à nez avec un tout petit elfe.
— Je suis un messager de Lenka, révéla-t-il. J'ai été chargé de vous mettre au courant de la mise à feu et à sang de ma ville.
— Nom de nom !
Le Roi se jeta par terre et laissa libre cours à son désespoir. Il éclata en sanglots, ses pensées tourbillonnant dans son cerveau.
Ils n'avaient pas eu le temps de mettre au point un plan d'attaque, ils n'avaient rien vu venir, comme des débutants. Ils risquaient tous de perdre la vie. Son fils aussi...
— Il nous faut vos ordres, monseigneur, dit un gnome qui venait d'arriver.
— Si les Écuyers... ne veulent pas combattre... dîtes-leur qu'ils en ont le droit. Cachez-les... évoquez tout le monde...
Le visage inondé de larmes, Lanz se releva :
— Je dois y aller.
Il s'éclipsa.
*
Angela marchait d'un pas vif, la main posée sur la garde de son arme.
— Attends ! entendit-elle.
Elle se retourna et son épée chuinta en quittant son fourreau. L'Écuyère s'arrêta lorsque le tranchant de l'arme se posa sur la gorge de... Karel.
— Tu m'as fait peur, dit Angela en rengainant son épée. Tu viens avec moi ?
— Euh... OK, répondait Karel.
Il y eut un silence gêné.
— Angela, on... on a arrêté. Irwin, Pjotr et moi, on a arrêté.
— De quoi ?
— Euh... on n'est plus Écuyers... Lanz nous a donné... il nous a donné son autorisation.
— Oh, d'accord.
Karel hésita.
— Tu n'es pas trop... déçue ?
— Quoi ? Oh, non non non, je m'en fiche complètement, tout ce qui m'importe, c'est que...
Elle s'arrêta subitement dans sa marche et dans sa tirade. Elle détourna les yeux, le rouge lui montant aux joues. Karel chercha son regard, rougissant lui aussi jusqu'aux oreilles. Lorsqu'il le trouva enfin, elle lui jeta un étrange regard et le serra dans ses bras. Karel finit par se détacher, les joues en feu.
Angela lui sourit, pressa son épaule et commença à s'en aller.
— Angela...
Celle-ci se retourna.
— Ne meurs pas, s'il-te-plaît.
Il sembla hésiter une seconde.
— Je...
— Moi aussi, Karel. Moi aussi.
*
Leno faisait partie des citoyens désertant la ville. Il ne savait pas se battre — il n'avait jamais appris.
Ses pensées se tournèrent machinalement vers Irwin, Karel et Pjotr. Eux n'avaient pas encore été évacués puisqu'ils savaient plus ou moins manier les armes. Ils avaient pour l'instant été dissimulés dans quelques passages secrets du château.
Son cœur se serra lorsqu'il songea à Seth. Était-il toujours enfermé ? Sans doute. Peut-être se faisait-il torturer, voire pire ? Impossible de savoir...
Quand cette bataille serait terminé, il irait le chercher. Leno s'en fit la promesse.
*
— Vous pouvez aller vous changer ! ordonna Howela.
Son ordre était parfaitement inutile, étant donné que tous les Guerriers étaient toujours en tenue de combat, mais tous obéirent, sachant qu'elle préférait être seule aux écuries.
Alors qu'elle s'agenouillait pour vérifier l'état de son cheval, elle entendit une voix légèrement déprimée dans son dos :
— Cette bataille sera décisive.
— Pourquoi dis-tu cela ? demanda Howela en s'interrompant dans ses gestes.
— Tu as bien entendu ce qu'a dit Leno, nous risquons plus sérieusement nos vies que jamais, répondit Saoirse.
Cette fois-ci, Howela se retourna.
— Ne dis pas ça. Nous avons survécu à tant de batailles, pourquoi pas celle-ci ?
— Howela, je...
Howela lui lança un regard qui la fit taire.
— S'il-te-plaît, on en reparlera plus tard, lui dit-elle.
— Comme tu...
Saoirse s'interrompit de nouveau. Howela venait de lui prendre la main et la serrait doucement.
— À bientôt, fit-elle avec un clin d'œil.
Saoirse se retira lentement. En réalité, Howela avait quand même des doutes quant à l'issue de la bataille mais... elle ne pouvait faire autrement que de rassurer Howela.
*
Son stylet à la main, Lanz se trouvait devant l'armée entière des elfes. Il s'était entraîné sans relâche sur des mannequins et il était déjà essoufflé. Ses yeux étaient rouges et ses pleurs avaient collé ses longs cheveux bleus sur ses joues. Le reste de sa chevelure voltigeait autour de ses épaules, lui donnant un air furieux. Pourtant il semblait très calme, étant donné que sa poitrine se soulevait doucement à un rythme régulier. Sa voix sonore et mesurée, le Roi exhorta un ordre. Lorsque le combat commença, ce fut exactement deux heures après l'attaque dans la salle du trône.
Lanz conduisait l'armée des elfes et celle des Guerriers. Il fut le premier à être attaqué, et le seul à décapiter un Inconnu d'un coup de stylet. Sans jeter un regard au cadavre qui s'étalait à ses pieds, Lanz essuya le fil de son arme.
Les soldats combattirent tout le jour et toute la nuit, jusqu'à ce que le camp adverse ne demande un cessez-le-feu. Personne n'avait gagné de terrain, que ce soient les elfes ou les Inconnus. Le lendemain, ils reprirent les combats avec incessante, les lames devenant de plus en plus impatientes. Le troisième jour s'écoula de même, et le quatrième, le camp ennemi commença à avancer. Quant à la cinquième journée de bataille...
— Marzel, attention !
La Cheffe fit volte-face, leva sa flamberge, l'abaissa et son ennemi devint manchot, contemplant avec horreur son moignon sanglant. Lorsqu'il s'écroula enfin, hurlant de douleur, Marzel aperçut derrière lui un visage familier qu'elle n'aurait pas pensé revoir de sitôt.
— Flamel ! s'exclama-t-elle. Comment... pourquoi...
Marzel avait l'impression que le temps s'était arrêté, qu'elle était seule dans une bulle en compagnie du Chef. Les autres combattants étaient toujours en mouvement à côté d'elle, elle ne les sentait presque pas la bousculer, comme dans un rêve. La voix de Flamel lui parut aussi étonnamment sonore et aérienne lorsqu'il lui répondit :
— Le Mage d'Améthyste m'a libéré plus tôt, expliqua-t-il. Je guéris vite.
Avec un sourire, il leva sa main droite et découvrit, à l'endroit où aurait dû se trouver son pouce, une peau neuve. Comme s'il n'avait en fait jamais eu de doigt à cet endroit-là.
— Alors, ça, c'est..., commença Marzel.
SWOOOSH !
Ce fut le bruit que produisit l'énorme fragment de rempart lorsqu'il s'écrasa dans la boue, brisant la bulle imaginaire qui réunissait Marzel et Flamel.
Flamel cracha de la terre, et balaya autour de lui de son regard encore un peu maladif. La seule chose qu'il voyait était le morceau de mur qui s'était décroché... ainsi qu'un pied qui dépassait par-dessous. Un pied qui aurait dû être d'un blanc translucide, et chaussé d'une botte de cuir fin et souple. Un pied qui était maintenant d'une couleur rouge carmin, un pied qui gisait dans une mare de sang, qui était encore rattaché au corps sous le fragment de rempart.
— Oh non non non, Marzel...
Flamel se précipita derrière le morceau de mur. Ses cheveux, faits d'eau, étaient répandus autour de sa tête, laquelle baignait également dans une large flaque qui donnait la nausée au Chef rien que de la regarder.
— Non ! Marzel !
La Cheffe avait le regard étrangement vitreux. « Non, ce n'est qu'un tout petit morceau de rempart... » tentait de se persuader Flamel.
Les yeux exorbités, le visage couvert de sang, Marzel ouvrit la bouche et balbutia :
— Flamel, je... je suis désolée... j'aurais tellement voulu... tellement aimé que... toi et moi...
La vue de la Cheffe se brouillait, et pas seulement à cause des larmes.
— NOOON ! MARZEL ! hurla Flamel, rendu fou de désespoir.
Les pleurs surgirent tels le fleuve des sentiments du Chef. Il se releva d'un geste raide, et détourna les yeux du corps mutilé de la Cheffe.
Une flamme destructive s'alluma alors en lui et brûla son cœur, enflammant tout son être.
Son regard s'embrasa et, pendant un instant, il ne pensa qu'à trois mots.
« Tous les tuer. »
Il devait le faire. Pour Marzel. Pour lui-même.
« Tous les tuer. »
L'instant d'après, il s'était mis en marche, fendant les rangs de soldats sans aucun ménagement.
« Tous les tuer. »
Un nouvel instant plus tard, son coutelas pénétrait la chair d'un ennemi, le sang de l'Inconnu lui éclaboussa son visage devenu stoïque et presque insensible.
« Tous les tuer. »
Se répétant cette litanie dans la tête, comme une drogue dont il aurait été incapable de se passer, comme gagné par la folie, il laissa le feu démoniaque lui emplir tout son corps, créant le carnage le plus spectaculaire de l'histoire.
« Tous les tuer. »
« Tous les tuer. »
« Tous les tuer. »
*
Voilà ! J'espère que ça vous a plu (personnellement je suis assez contente de la façon dont j'ai retravaillé la fin). Je vous rassure, le prochain chapitre sera plus funky !
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