Chapitre 25 : SUS À L'ENNEMI !
Le lendemain, Irwin, Karel, Angela, Pjotr, Leno, Flamel, Marzel et l'armée de Feu se mirent en route.
Ils trottaient dans les montagnes de Tétala lorsqu'un éclaireur arriva précipitamment, lançant son cheval au galop.
— Je... Ils sont là ! cria-t-il.
Derrière lui, un bataillon de trois-cent-cinquante soldats environ le talonnait, empoignant lances, épées, haches de guerre, fléaux d'arme et autres. Un archer banda son arme et décocha une flèche. Le cheval de l'éclaireur s'écroula, et ce-dernier chuta et périt, son cou ayant été rompu.
— Oh, le pauvre, dit Angela.
— « La chute n'est pas un échec. L'échec, c'est de rester là où tu es tombé. » Socrate.
— C'est pas le moment, Karel, le morigéna Irwin.
Son visage était crispé par la concentration. Ils avaient beau être les derniers à devoir se battre, l'angoisse n'en restait pas moins présente.
Un soldat ennemi, qui avait réussi à s'infiltrer jusque là, s'apprêtait à provoquer Pjotr en duel.
Irwin, qui l'avait vu, s'était saisi de l'un de ses couteaux à lancer et hésitait à le lancer par la pointe. Il n'eut pas le temps de prendre sa décision : un autre couteau tournoya quelques instants dans les airs avant de se ficher dans la nuque de l'Inconnu. Celui-ci s'écroula et il y eut un son de vertèbres qui se brisaient. Flamel, qui venait de tuer l'Inconnu, surgit alors et transperça le corps avec un épieu abandonné sur le sol, avant de s'en aller.
— Wouao, il l'a tué jusque'à ce qu'il soit tellement mort qu'il ne puisse plus vivre jamais ! s'exclama Karel. Tué par la mort, TCHAH !
— Confidence pour confidence : un quart d'heure avant sa mort, Napoléon était toujours en vie, répondit Irwin sans se retourner.
Laissant son ami méditer sur ce qu'il venait de dire, il s'éloigna.
Au terme de de l'affrontement, Irwin avait réussi à se recouvrir entièrement de poussière. Ses cheveux étaient collés à sa nuque par la sueur et ses mains étaient toutes écorchées. Angela était échevelée, ses vêtements étaient dans un triste état et sa bouche état sanguinolente comme si quelqu'un l'avait violemment frappée. Pjotr avait une tempe recouverte d'une étrange masse de sang coagulé et une estafilade sur l'avant-bras. Karel avait une plaie sur le cou et ses cheveux étaient collés par le sang. Ses mains étaient noires de poussières, ses habits maculés de sang et il avait un gros hématome sur la joue.
La bataille avait été largement perdue, et les soldats souhaitaient se retirer.
— Il est temps d'y aller, décida Flamel.
Ils reprirent leur chemin, et, quelques minutes après leur départ, Marzel se retourna d'un seul coup. Les Inconnus attaquaient de nouveau. Elle dégaina son arme : c'était une épée qui possédait, semblait-il, deux gardes, mais un manche était trop court pour que l'on puisse mettre une main dessus. La lame ondulait comme celle d'Excalibur.
— Mais, wesh, c'est quoi, ce truc ?! s'écria Karel.
— Une flamberge, répondit Marzel.
Karel siffla d'admiration.
— Calme-toi, dit Irwin.
— Mais c'est trop stylé, mon vieux ! s'excita Karel.
— Calme-toi, répéta calmement Irwin.
— Tout baigne, répondit Karel.
— À mon commandement, à l'attaque ! s'exclama Flamel.
— Ça roule ! fit Karel.
— À L'ATTAQUE ! cria Flamel.
— OUAAAIS ! hurla Karel. À L'ASSAUT ! SUS À L'ENNEMI ! FI DONC, FIEFFÉS COQUINS ! OUI, MANANTS, C'EST BIEN MOI, KAREL LE MAGNIFIQUE, POURFENDEUR DES MAROUFLES DE L'HOMME MASQUÉ QUI TENTE D'ENTRER CÉANS PAR LA FORCE ET CHERCHE À VOUS OCCIRE ! HA HA ! TAS DE BOUGR...
— C'est bon, Karel, on a compris, le morigéna Leno, hilare.
Cette bataille ne fut pas bien différente de la première. Les soldats de Flamel tombaient comme des mouches, et le Chef fut blessé. Marzel n'eut pas d'autres choix que de déclarer forfait.
— AH NON ! BANDE DE...
— Karel ! s'écria Irwin.
— Dépêchez-vous ! commanda Marzel.
Elle tenait dans ses bras le corps inerte de Flamel et son visage était livide.
Irwin et Karel, qui étaient restés un peu en retrait, obéirent précipitamment.
Les survivants trottèrent quelques minutes. Au bout d'un moment, Marzel ordonna une halte. Leno, Irwin, Karel, Pjotr et Angela se rendirent près de Marzel qui avait déposé le corps de Flamel au sol.
— Il a perdu un pouce, dit-elle d'une voix étranglée.
— Pourquoi est-il inconscient, alors ? s'enquit Irwin.
— Enfin, intervint Pjotr, c'est évident, non ? Il s'est fait empoisonner !
— C'est vrai ? demanda Leno.
— Oui, répondit Marzel. La lame qui l'a touché avait été préalablement trempée dans de la sardionite, un poison n'ayant presque aucun antidote.
Elle écarta la masse de guerre et le coutelas de Flamel et saisit sa main. À l'endroit où aurait dû se trouver un pouce, il y avait maintenant une plaie qui semblait cautérisée et dont les bords étaient même brûlés. Une étrange senteur émanait de la blessure, une odeur douceâtre, comme de l'encens.
Angela serra les poings.
— Celui qui a fait ça, commença-t-elle, mériterait de mourir.
— Sais-tu qui est l'auteur de cette blessure ? interrogea Leno.
Marzel hocha la tête.
— Je me battais contre lui et j'ai réussi à enlever son casque, expliqua-t-elle. Il m'a échappé et j'ai vu sa claymore s'abattre sur la main de Flamel... Leno... ajouta-t-elle en se penchant vers lui. ... c'est Hamza...
Il y eut un silence.
— Euh... je suis censé le connaître ? demanda Leno.
— Voyons ! s'exclama Marzel. Hamza est un Elfe renégat, l'un des Inconnus les plus fidèles à leur chef, tout comme Sjang, par exemple, et c'est aussi...
Elle s'interrompit subitement.
— C'est aussi quoi ? la pressa Leno.
Elle le regarda avec un drôle d'air.
— C'est aussi le frère de Hadwin, Hamish et Howela, dit-elle.
Leno resta bouche bée et Pjotr estima nécessaire de faire dériver la conversation sur des eaux moins dangereuses.
— Et, euh, sinon, la sardionite, vous avez bien dit qu'il n'y avait presque aucun antidote ? demanda-t-il.
— Eh bien, en théorie, répondit Marzel, il n'y en a vraiment aucun, mais le Mage d'Améthyste serait en capacité de le guérir.
— Le Mage d'Améthyste ? demanda Angela.
— Un Mage qui veille à l'harmonie du monde, expliqua Marzel.
Brusquement, Leno s'assena une grande claque sur le front, ce qui fit sursauter tout le monde.
— Mais bien sûr ! s'écria-t-il. Le mot « sardionite » me faisait penser à quelque chose ! J'avais oublié de vous parler du Sardiomage !
Aussitôt, il baissa la voix et leur fit part de tout ce qu'il avait lu et ce que Seth lui avait dit, tout en passant son nom au silence.
— Le Sardiomage serait donc immortel ? s'enquit Karel.
— Comme le Mage d'Améthyste, murmura Marzel.
— On en est pas si sûrs, corrigea Leno, personne n'a jamais essayé de le tuer. On sait simplement qu'il est doté d'une longévité presque éternelle, et d'une protection infinie contre les maladies.
— Une protection infinie contre les maladies ? répéta Karel.
— Oui, c'est plus pratique que d'être immortel, répondit Pjotr.
— Oui, imagine que tu ne puisse pas mourir, mais que tu subisses toutes les maladies du monde sans succomber. Au bout d'un moment, la série grippe-infarctus-SIDA-cancer-Ebola-choléra, ça devient pénible ! dit Irwin.
— Il faut absolument emmener Flamel chez le Mage d'Améthyste, dit Leno, ignorant complètement les trois enfants.
— Bien sûr, répondit Marzel sur un ton teinté d'ironie. Tu as son adresse, peut-être ?
— Il habite au centre du Delta, répondit Leno sans se démonter, prenant Marzel au dépourvu.
Celle-ci ouvrit la bouche et marmonna quelque chose d'incompréhensible.
— Pardon ? s'excusa poliment Leno.
— C'est moi qui vais l'emmener chez le Mage.
*
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