Chapitre 11 : MORDIERN ET CIE

Après avoir pris un repas dans une taverne, la petite compagnie reprit son chemin en quittant la ville.

Il y avait beaucoup de petits hameaux et ce fut là qu'ils rencontrèrent Mordiern.

— Bien le bonjour, bonnes gens ! s'écria-t-il.

Il était vêtu de vêtement colorés et rapiécés. Ses cheveux blonds et bouclés étaient coupés court, et il était bien rasé. Ses yeux bleu ciel pétillaient et il fumait un gros cigare.

— Si vous cherchez l'aventure, vous l'avez trouvée ! s'écria-t-il. Parbleu ! Je ne me suis même pas présenté. Mordiern ? Mordiern ? Mordiern, c'est moi !

Irwin et Karel échangèrent un regard.

— Que faîtes-vous en cette contrée perdue ? poursuivit-il.

— Nous pensions nous diriger vers la Forêt d'Extrême Est, répondit Leno Tampiar.

— Je vous le déconseillerai !

— Pourquoi ça ? s'étonna M. Tampiar.

— Des êtres étranges y vivent, vous devez le savoir. Ce sont des humains, sans nul doute, mais ils sont complètement coupés de la société et de la civilisation. Sian, c'est leur capitale; leur royaume s'étant sur quasiment toute la Forêt et même sur la partie de l'Océan adjacente à ladite Forêt. La Forêt est mille fois plus dangereuse maintenant que le Clan de la Terre et celui de l'Air ont chassé les créatures non-humaines ou non-gnomes vivant sur leurs territoires. Même la Cheffe Marzel a préféré passer par le Clan de l'Air, a pris un bateau à Col jusqu'aux Volcans, puis a parcouru cent-soixante kilomètres à pied jusqu'à Héphaïst. Mais, à Eolee, on multiplie les forces, si bien que vous ne pouvez plus passer par là.

— C'est pas vrai, mais c'est pas vrai..., soupira M. Tampiar.

— Cependant, intervint Mordiern, je peux vous aider. Où souhaiteriez-vous aller ?

— Nous nous rendons à Héphaïst auprès de la Cheffe du Clan de l'Eau, expliqua Pjotr.

— Vous avez l'air fort sympathique, fit Mordiern, si bien que je décide de vous conduire sur le territoire du Clan du Feu par la voie de l'Océan. Je vous y accompagnerai, j'en fais le serment, dussé-je affronter mille dangers. C'est d'aventures dont je me languis, or avec vous je n'en manquerai point. Je vous suivrai et vous épaulerai, nonobstant le fait que des guerriers de Sheelagh pourraient bien nous importuner. Je vous laisse une journée pour y réfléchir et je vous attends à Pta avec mon vaisseau, le Ptaïen flottant.

Sur ce, Mordiern les gratifia d'une élégante révérence et s'en alla d'une démarche chaloupée.

— Devons-nous accepter son offre ? demanda Pjotr.

— Ma foi, il n'a pas l'air bien méchant, et je me fie souvent à ma première impression, répondit Leno Tampiar. Ça ne coûte rien d'essayer.

Sitôt dit, sitôt fait; le surlendemain, alors que le soleil était au zénith, ils étaient au bord de l'Océan, à pas moins de dix kilomètres de Pta.

Mordiern était déjà là. Il était vêtu d'un large pantalon de lin et d'une chemisette entrouverte. Il avait un ruban attaché au poignet, signe qu'il s'attacherait les cheveux dès que ceux-ci seraient trop longs.

— Bonjour, bonnes gens ! s'écria-t-il joyeusement. Quels sont vos noms ? Je ne crois point en avoir été informé.

— Irwin, Karel, Angela, Pjotr et moi, Leno Tampiar.

— Leno Tampiar..., fit longuement Mordiern comme s'il connaissait ce nom. Bien. Je vous présente Mordiern et Compagnie; il y a moi, Mordiern fils de Morgad, ainsi que Pil, Fil, Pal, Tal, Hal, Kal, Kral, Fen, Den, Sen, Raïn, Graïn, Païn, Blal, Blol et Blul. La Compagnie; voici Leno et Compagnie. Nous serons donc... vingt-deux. Bon, tous à bord !

Le bateau était assez lent et, le lendemain, Mordiern reçut une missive par pigeon voyageur. Il la lut, puis annonça, déçu :

— Ma fille est tombée gravement malade, malade, nous devrons vous laisser près du fleuve Effi, aussi nous vous devons des excuses.

Mordiern déposa Leno Tampiar, Irwin Illif et ses amis à l'endroit où l'Effi se jetait dans l'Océan.
Les cinq compagnons descendirent le fleuve et arrivèrent à  la lisière de la Forêt d'Extrême Est.
Ils se regardèrent et, le cœur battant, s'enfoncèrent entre les arbres.

*

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