4 |
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 4 : 𝐒𝐏𝐄𝐂𝐓𝐑𝐄𝐒
꧁𖧷꧂
Janvier 2018
Ça lui était déjà arrivé, étant gamine.
De se réveiller entourée de noir, le cœur tambourinant si vite dans la poitrine qu'il pouvait exploser, ou bien dont les pulsations étaient si faibles qu'elle aurait crû qu'il s'arrêtait de battre.
De se retrouver oppressée par une vague de cryptides déchirant ses entrailles, tandis qu'elle était seule et sans défense face aux ténèbres, bataillant furieusement pour parvenir à ouvrir les yeux.
De sentir son corps bouillir, transpirer et tressauter dans un mouvement incontrôlable, sans qu'elle ne soit maître de rien, tandis que l'air lui échappait et que ses poumons se remplissaient d'hémoglobine.
Elle avait crû mourir.
À l'époque, elle en avait eu peur.
Maintenant, c'était un désir qui devenait parfois difficile à réprimer.
Mais elle savait, oui, elle savait bien que ça ne suffisait pas pour avoir raison d'elle.
Que ce n'était pas ce bruit-là, qui résonnait quand on était aux portes de la mort.
Meurs.
Meurs, meurs, meurs, meurs.
Non ? Alors ouvre les yeux. Vite, ouvre-les, et échappe-toi.
Réveille-toi.
Si tu ne te lève pas, tu vas faire un cauchemar. Un très vilain rêve.
Tu ne veux pas ? Tu ne peux pas ?
C'est parce que tu es faible.
Très bien. Reste silencieuse et contemple ton propre désastre.
⁂
Elle voyait rouge.
Écarlate, rubicon.
Du sang.
Du sang, du sang, du sang.
Sur ses mains, collé à ses vêtements, par terre.
Ses yeux étaient vitreux.
On croyait voir deux membranes verdâtres s'étaler par-dessus des billes ternes et dépourvues d'éclats.
Sous son teint blafard, bien loin du cuivre élégant qui la caractérisait d'ordinaire, le corps de la jeune fille semblait plus frêle que jamais.
Elle suffoquait.
Ses cheveux emmêlés et poisseux lui tombaient sur le visage, réduisant sa vision à un point ridicule qui la terrifiait.
Elle sentait des regards.
Ils la scrutaient, elle et son corps parcouru de spasmes, comme si elle était l'incarnation de la plus exécrable des chimères.
Ils la détestaient tous.
Ils allaient la tuer, parce qu'elle était maudite.
Et ils en seraient ravis.
Kojirô n'aurait plus à faire semblant de l'apprécier, ni d'être gentil avec elle. Ça serait le seul qu'elle regretterait.
Non, c'était faux.
Elle se détestait de l'admettre, mais elle regretterait Maman.
Même si c'était bien normal, après tout. Personne ne voulait d'un monstre à ses côtés, même si ce n'était qu'un enfant.
Elle sentit une tape sur son épaule et releva brusquement la tête, suppliante, l'air d'attendre qu'on lui dise que tout allait bien, que ce n'était qu'une plaisanterie, qu'il ne s'était rien passé.
Mais ça n'arriva pas. L'homme la saisit par la main, redressa la jeune fille et lui colla la tête contre son torse, laquelle s'enfouit dans les pans lisses de son kimono.
Ses yeux ne cillèrent pas à ce contact, et elle agrippa fermement la taille de son sauveur.
Il glissa sa tête contre son oreille, et de sa voix de velours, lui souffla :
《Tu te détestes, n'est-ce pas ? Tu es fatiguée de souffrir. Demande-le-moi, et j'abrègerai ta vie, petite.》
Elle hocha la tête.
《C'est bien, Rin. Tu es une enfant intelligente. 》
Il lui caressa la tête, écarta délicatement les bras de la jeune fille de sa taille.
Se plaça en face d'elle, lui sourit.
Et sans qu'elle ne bronche, un filet d'énergie transperça son ventre.
Elle eut un haut-le-cœur.
D'une percée, le sang dévala sa bouche pour ricocher contre le sol, pluie torrentielle de liquide coulant si abondamment de son estomac qu'elle forma une mare d'hémoglobine à ses pieds.
Du sang.
Du sang, du sang, du sang.
Elle voyait rouge.
⁂
Dans un sursaut, Rin ouvrit enfin les yeux.
La chamane respira encore et encore, inhalant par bouffées tout l'oxygène qu'elle pût, jusqu'à ce que ses halètements se fassent moins virulents, son rythme cardiaque plus régulier.
Elle était brûlante entre ses draps, réalisa-t-elle, le torse luisant de sueur.
La jeune femme n'avait jamais chaud.
Machinalement, elle tenta d'apposer un bras sur son front moite, mais fût contrainte de l'observer retomber mollement contre le matelas à travers son regard brumeux.
Ses muscles l'avaient lâchés.
Quelle veine.
Du rire sans joie qui s'échappa des lèvres de la jeune femme ne résonna qu'un sifflement étranglé.
Sa gorge devait brûler de flammes plus fortes que celles du purgatoire, au moins, ironisa-t-elle en son fort intérieur.
- Hé.
La chamane toussa de surprise, et au prix d'un effort surhumain, inclina la tête en direction de son interlocuteur.
L'exorciste se tenait avachi sur une chaise en bois au chevet de la jeune femme, vêtu d'une chemise assortie à ses cheveux et d'un élégant pantalon de velours dont le prix était tellement exorbitant que Rin ne voulait pas l'imaginer.
Satoru lui adressa un sourire lorsqu'elle le remarqua.
Sa silhouette élégante s'imprima doucement sur la rétine de la chamane, dévoilant son visage caractéristique à la blancheur immaculée, reposant sur le corps longiligne et tonique du professeur.
Ses traits altiers s'étalèrent à sa seule vue, ses cheveux de cotons retombant négligemment sur son visage, les mèches rebelles s'étirant en épis pour contourer sa tête.
Seul fut refusé l'accès à ses yeux, soigneusement protégés par une paire de lunettes solaires corbeau.
Et, serpent s'enroulant autour de sa proie, étranglant doucereusement sa victime avant que le sang ne lui monte à la tête, la panique s'empara de Rin.
Instinctivement, elle esquissa un mouvement de recul si coûteux qu'il lui arracha un gémissement de douleur, accentué par le claquement sourd de son dos heurtant l'angle mural du studio.
La jeune femme dévisagea l'exorciste d'un air farouche.
Il n'avait jamais l'air honnête. Bien qu'elle ne prétendait pas déchiffrer l'esprit de l'enseignant, la chamane percevait les contours qu'il avait façonné autour de sa conscience.
Sa nonchalance, cette frivolité qui semblait le caractériser.
Ces barrières qui empêchaient de plonger dans la marée azurine de ses yeux, pour en sortir la vérité.
Et dans les temps tempétueux...
Elle déferlait pour laisser froidure et terreur sur son passage.
En ce point, peut-être étaient-ils similaires.
Rin fût prise de violents frissons, le cœur au bord des lèvres.
À cet instant, l'exorciste la terrifiait.
Elle était terrifiée à l'idée de montrer ne serait-ce qu'une poussière de ses émotions, un millième de seconde où elle flanchait, à qui que ce soit.
Et elle était là, plus faible, plus démunie que jamais, face à un homme qui avait le pouvoir de raser la planète entière si l'envie l'en prenait.
Satoru perdit son sourire. Le sarcasme qu'il destinait à la semi-classe un s'envola en la considérant.
Là, perdue entre ses draps, le corps en alerte mis sans dessus-dessous par la crainte et la fièvre qui l'habitaient.
Il apercevait le satin de sa peau luire de la transpiration qui l'imprégnait, dévoilé par le bras agrippant désespérément la couette, elle-même recouvrant ses jambes délicates repliées en une posture défensive.
L'ovale de son visage tremblait dans l'obscurité, couvert de mèches humides balancant au gré des spasmes de la jeune femme.
Au-dessus de légères tâches de rousseur, des cernes creuses ornaient ses sclères rougies, cerclées des cils fournis qui la caractérisaient.
Et ce qui le frappa le plus fut bien ces orbes félines, dont les fluorines vertes ne le lâchaient pas une seconde tandis qu'il la surveillait.
Elles le dévisageaient avec terreur et agressivité, comme le regard d'un chat apeuré le défiant d'avancer un pas de plus sur son territoire.
La jeune femme semblait avoir eût une nuit difficile.
Était-ce son cauchemar qui l'avait mise dans un état pareil ? Où bien lui ?
Cela le contrarierait.
Ce n'était pas le genre d'impression que Satoru voulait laisser à la chamane.
Cependant, même acculée, elle présentait un certain charme, s'amusa-t-il.
- Qu'est-ce qui un jour, a pu vous faire croire que je vous octroyais le droit d'entrer chez moi quand bon vous semble ? Gronda Rin d'une voix enrouée.
Un filet de sang s'échappa de sa bouche quand elle prit la parole, laissant l'exorciste aperçevoir une marque aiguisée sur la langue de la jeune femme.
Son angoisse était telle qu'elle s'infligeait la douleur pour conserver un minimum de sang-froid. Il soupira.
- Et bien, je ne suis pas mauvais professeur au point de laisser mes élèves agoniser seuls alors que je suis présent, répondit-il simplement.
Pas une once d'ironie dans sa voix ni dans son attitude en prononçant ces mots.
Rin le toisa avec défiance, les yeux n'ayant pas quitté l'enseignant depuis qu'il l'avait interpellée plus tôt.
Une minute passa sans qu'elle ne pipe mot, le scrutant se revêtir de son habituel mimique narquoise pendant qu'elle sentait sa tête tourner, prise d'une bouffée de chaleur.
- J'ai dormi combien de temps ? formula-t-elle à contrecœur.
- Depuis ton évanouissement, il y a une douzaine d'heures, l'informa l'exorciste. Une vraie Belle au bois Dormant.
- Oh.
Satoru la considéra un moment avant de pousser un soupir où s'entremêlaient amusement et résignation.
- Megumi t'a surveillé toute la journée, au point que les secondes l'obligent à se reposer cette nuit, reprit-il. Moi, je suis là parce que je t'ai entendue hurler comme une hystérique dans ton sommeil.
Une demi-heure d'affilée, ça commençait à faire beaucoup, tu comprends.
La jeune femme pinça ses lèvres les sourcils froncés, aussi confuse de la révélation que par le ton familier qu'employait l'enseignant à son égard.
- Je plaisante, la rassura-t-il. Par contre, tes miasmes occultes se manifestaient de manière bizarre.
Ça faisait des pics d'énergie si élevés que je suis passé voir si t'allais pas bientôt rendre l'âme.
Rin toussota.
- Merci de l'attention, mais c'était pas la peine articula la chamane d'une voix pâteuse. J'aurais qu'à passer à l'infirmerie et puis tout ira bien, affirma-t-elle en se redressant.
La semi-classe un fit basculer une jambe hors de ses draps. Chancelante, elle prit appui sur ses bras flageolants fermements agrippés à la couette, mais dérapa à la seconde où ses pieds eurent touchés le sol.
Rin souffla en attendant l'impact qui n'arriva jamais, puisque l'exorciste attrapa son bassin d'un geste nonchalant et l'assit sur le lit.
Leurs souffles se rencontrèrent et la jeune femme s'empressa de repousser les mains du professeur, se laissant retomber lourdement le plus loin de son vis-à-vis qu'elle pût.
- Bien sûr qu'on t'a amené à l'infirmerie, rétorqua Satoru. Shoko a limité les dégâts, mais de ce que je constate, ta fièvre n'est pas retombée. Même ta taille est encore chaude.
Il l'observa silencieusement, tressautant sur sa couette, dans un t-shirt immaculé trop grand pour elle, nageant au point qu'il en recouvrait presque le short sombre qui l'habillait.
- Qu'est-ce que tu essayais de faire, en sachant pertinemment que tu risquais de te casser la figure de manière magistrale ? reprit-il d'un ton railleur.
- Me chercher à boire, répondit la chamane dans un souffle.
Elle ferma les yeux et tourna la tête face au mur sous les yeux d'un Satoru inquisiteur.
Le professeur se pencha, appuya fermement ses coudes contre le matelas de la jeune femme, et laissa doucement reposer sa tête contre ses poings fermés.
Lentement, il retira son bandeau.
Exposant les orbes aigue-marine de ses yeux entre les quatre murs de la chambre étudiante.
Rin retint son souffle.
- Je te fais peur ?
La voix roucoulante de l'exorciste sonna, résonnant comme un gong dans toute la pièce.
La jeune femme prit soin de masquer toute trace d'affect dans les paroles de l'enseignant avant de tourner la tête, puis ses pupilles émeraude plongèrent à corps perdu dans les joyaux bleuets de l'Exorciste Suprême.
Elle ne répondit pas à sa question.
La semi-classe un attendit que Satoru prenne l'initiative, l'invitant à prendre la parole comme elle l'avait déjà fait au cours de leurs précédentes interactions.
Car la chamane préférait observer d'un œil de glace plutôt qu'oser faire ne serait-ce qu'un pas au-devant du danger.
Le flou. L'inconnu. L'imprévisible.
Autant de notions dont elle se méfiait.
Et l'exorciste compris le message, puisqu'il reprit sur le ton le plus sérieux qu'elle ne lui eût jamais connu :
- Je ne sais pas ce que tu crains et pourquoi c'est le cas, Miss, mais tu es devenue mon élève à l'instant où tu as posé les pieds à Shinjuku.
Et je prend toujours le parti de mes élèves, du moins jusqu'à ce qu'ils quittent l'école.
Un sourire railleur fleurit sur les lèvres de la jeune femme qui reprenait lentement le contrôle de ses émotions, cheminant son esprit pour se retrancher derrière les barrières mentales qui le fortifiaient.
Oui, elle en avait peur.
- Hm. Vous voulez quoi là, en fait ? demanda-t-elle d'un timbre de voix contrôlé, s'efforçant de contenir les tremblements de ses mains.
Satoru ricana.
- Ah oui, ton estime à mon égard à l'air d'atteindre des sommets dis donc.
Il souffla d'un air théâtral et dévisagea la souffrante d'un air entendu.
- Enfin, on ne peut rien te cacher apparemment. Même si je suis venu m'enquérir de la santé de ma chère étudiante, j'aurais des questions à lui poser maintenant qu'elle est réveillée. Donc ne tournons pas autour du pot : raconte-moi en détail ce qui s'est passé pendant votre escapade.
Shoko n'a pas réussi à supprimer l'énergie occulte qui te met dans cet état, et soyons honnêtes, tu n'es pas tombée malade à cause d'un coup de vent.
Rin ne ne perdit pas son temps à tergiverser.
Elle hocha faiblement la tête, et débuta son récit dans un raclement de gorge.
- On est entrés dans la forêt, et on s'est vite fait rejoindre par un escadron de têtes de mouches.
Ensuite le fléau qu'on cherchait est arrivé, on l'a exorcisé et on s'est mis sur le chemin du retour. Il était porteur de poison, ajouta-t-elle d'une voix enrouée, mais il ne nous a pas effleuré une seule fois.
L'exorciste hocha la tête, attentif, bien que l'exposé de la chamane titilla son amusement.
"Dans les détails".
Son discours était néanmoins efficace et concis avec l'avantage d'éliminer le superflu, et l'enseignant avait idée que ce n'était pas sans écho au tempérament de la demoiselle.
- C'est à ce moment-là que c'est parti en vrille, narra la jeune femme. Sur le retour, je veux dire.
J'ai vu du mouvement et je soupçonnais un humain, donc je l'ai suivi. J'ai récupéré du terrain et je l'ai attaqué, mais j'ai relâché ma vigilance. Et je me suis faite piquer par un fléau maraudeur, ce qui à laissé du temps à l'inconnu pour s'enfuir.
Sa voix, rendue rauque par la sécheresse de sa gorge, s'écrasa sur ces mots.
L'exorciste hocha la tête.
Il scruta la jeune femme d'une oeillade conjectureuse qu'elle lui rendit, l'animosité alimentée par les inquisitions du professeur.
- C'est tout ? l'enjoint-il nonchalamment. Aucune idée de la nature du poison, ni de l'identité de l'homme ? Tu n'as pas non plus l'air d'être du genre à laisser passer des attaques surprises.
Elle aurait pu prendre la mouche, le foudroyer du regard et lui faire remarquer son manque de tact vis-à-vis de son état, mais la jeune femme n'afficha que son habituelle indifférence face aux remarques désobligeantes du professeur.
Éreintée, elle dévisagea le presque-trentenaire d'yeux ternis par la fatigue et l'amertume en secouant négativement la tête ; qui retomba mollement dans le creux du coussin mis à sa disposition.
Ses oreilles sifflaient et les tressaillements reprirent sitôt que son corps arrêta de bouger, chose qui eût le don d'arracher un sifflement d'inconfort à la chamane.
Elle ne jeta pas un regard à l'exorciste quand il poussa un ostensible soupir en se levant de sa chaise, ni même quand il se dirigea vers sa salle de bain.
Rin n'eut que quelques secondes de répit avant d'entendre les pas de l'enseignant retourner dans sa chambre, puis de se voir dangereusement agiter un verre d'eau sous le nez.
La flegme de la jeune femme l'empêcha de s'en formaliser, et elle saisit le récipient d'une main vidée de toute énergie.
Toutefois reconnaissante, elle témoigna sa gratitude d'un faible "Merci" à l'exorciste.
Le concerné se trouvait déjà sur le palier du logement, s'apprêtant à prendre congé de la jeune femme.
- Tout le plaisir est pour moi.
Et sur le claquement sonore de la porte, Rin fut laissée seule à l'intérieur de son petit appartement.
《Bordel.》
Elle ferma les yeux, et passa sa main sur son visage dans un geste qu'elle ne sût pas interpréter.
Un mélange d'épuisement et de désarroi, peut-être.
La jeune femme rassembla ses forces dans un ultime effort, et, centimètre par centimètre, elle parvint à se traîner sur son bureau, accompagnée de la chaise que l'exorciste avait laissé derrière lui.
Là, elle s'écroula sur la table et laissa retentir le cri de désarroi retenu dans sa gorge depuis son réveil.
Ce cauchemar lui nouait les entrailles et lui donnait envie de s'enfuir, si loin que personne ne pourrait jamais la retrouver.
Il avait réveillé des sensations enfouies dans le cocon de la jeune femme qu'elle comptait bien ne jamais faire ressortir.
Et malgré l'état de choc, Rin était étonnement lucide.
L'énergie qu'elle avait ressentie dans la forêt... Et même son incapacité à réagir, ce n'était pas anodin.
La tête dans le creux du bras gauche, le droit pendant le long de son siège, la jeune femme resta ainsi de longues minutes avant d'être interpellée par les vibrations de son smartphone.
Bien que n'ayant aucune intention de répondre, Rin saisit cependant l'objet au bout de la troisième sonnerie et releva la tête, décidée à faire passer l'envie de la déranger à la personne qui la harcelait.
Elle ouvrit les yeux et coula un regard furtif à l'écran de verrouillage de l'appareil, qui se mua bien vite en une œillade adoucie dès lors qu'elle en vit le contenu.
La jeune femme pianota sur les touches du portable, fit glisser son doigt sur sa vitre de verre et le colla contre son oreille tandis qu'elle se redressait sur sa chaise.
La sonnerie eût à peine le temps de résonner à ses oreilles qu'elle laissait déjà place à son correspondant.
《Allô ?》
- Salut.
《Je ne voulais pas te déranger, mais ça fait longtemps qu'on a pas eu de tes nouvelles. Hikari ne dit rien, mais je vois bien qu'il s'impatiente...Moi aussi d'ailleurs.》
La jeune femme baissa la tête, et un semblant de sourire éclos sur ses lèvres.
- Désolée, j'aurais dû vous joindre plus tôt.
《Ne t'inquiètes pas, je sais que tu es occupée. Dis-moi plutôt, comment va ma fille chérie ? Tu t'adaptes ? 》
Rin retint un rire. Elle ne s'était jamais vraiment faite à l'appellation, mais ça lui faisait chaud au cœur.
- Ça va, je m'attendais à pire. Megumi est avec moi, c'est le principal. Et vous, comment ça se passe ?
《Et bien moi... Comme toujours, je suis débordé, mais je m'en sors. Et le petit, il fait de son mieux. Je veille sur lui autant que possible.》
Tu nous manques.
C'est ce qu'il aurait voulu lui dire, mais il n'en avait pas le droit. Il savait pertinemment que ça serait égoïste et injuste de sa part, alors la fin de sa phrase mourut dans sa gorge.
《Tu as une petite voix.》
Rin passa machinalement sa main dans son cuir chevelu.
- J'ai chopé la crève hier. Mais t'inquiètes, c'est rien. Juste de la fatigue.
Son correspondant soupira derrière le micro.
Rin n'attrapait pas de rhume, et cette concession était un aveu signifiant qu'il lui était arrivé quelque chose. Mais le ton de la chamane indiquait que c'était tout ce qu'elle voudrait bien lui livrer.
《D'accord. Je te laisse te reposer alors, rétablis-toi bien et préviens moi quand ça va mieux.》
- Hum.
《Je t'aime.》
La jeune femme renifla.
- Moi aussi.
Et la chamane ne tarda pas à s'endormir, effondrée d'épuisement sur le bois de son bureau.
꧁𖧷꧂
Hello ! Voici le chapitre de cette semaine, avec peu d'action mais non sans importance hehe.
De nouveaux personnages sont évoqués... Et puis c'est la première réelle interaction entre Rin et Satoru ! Je suis pas sûre d'avoir vraiment réussi à la gérer, j'attends votre verdict.
La prochaine partie sera une interlude, donc il n'y aura normalement qu'une semaine d'attente à la place des deux habituelles.
À plus tard,
Yuu
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top