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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 3: 𝐀𝐔𝐆𝐔𝐑𝐄𝐒
꧁𖧷꧂
Janvier 2018
- C'est ici ?
La fenêtre* acquiesça, tandis que les deux exorcistes émergeaient des portières élégantes de la voiture qui les avait conduits sur les lieux de leur mission.
Face à eux se tenait une imposante colline perdue dans le relief montagneux de la banlieue de Shizuoka, amas de verdoyance luxuriante parsemée d'arbres-dôme la bordant depuis son pied.
Leurs ramures de feuilles s'étaient parées de la toile laiteuse du givre matinal, et un mince brouillard recouvrait le site, fumée blanchâtre dont la signature vaporeuse imprégnait les reliefs d'une aura que les présences occultes ne faisaient qu'amplifier.
- Oui, le fléau devrait se trouver un peu plus loin, au niveau du temple.
Ah, il est aussi très probable qu'il soit entouré de congénères plus faibles, alors ne vous laissez pas distraire, les avertit le directeur adjoint.
L'agent, qui avait jusqu'alors parlé dos à ses interlocuteurs, se tourna dans leur direction.
Un éclat d'interrogation fugace scintilla dans le reflet de ses yeux lorsqu'il confronta ceux de Rin, glacials, comme à leur habitude.
- Je me demandais...esquissa-t-il à l'attention de la chamane, vous n'avez pas froid ? Ça m'a surpris à votre arrivée, et le temps n'est pas clément dans les montagnes.
Un rictus amusé découpa le visage de la jeune femme, qui esquissa un signe de main léger pour signifier sa négation.
- Du tout, je vous assure, affirma-t-elle en jetant un regard équivoque au ténébreux à son côté.
Elle décela avec amusement la lueur entendue qui survola ses pupilles.
C'est vrai qu'elle n'était pas vêtue comme on s'y attendrait pour le temps, avisa le jeune homme.
Il semblerait qu'elle eût opté pour l'aspect pratique, arborant un pantalon corbeau ample et léger, surmonté d'un épais col roulé assorti. Son élégant trench avait été délaissé dans l'automobile de leur encadreur, trop long pour ne pas entraver ses mouvements d'une façon ou d'une autre.
Et la surprise que la jeune femme suscitait quand elle choisissait d'abandonner ses artifices, Megumi en avait été témoins- et victime, de nombreuses fois.
Il fût cependant coupé dans ses réflexions quand la voix d'Ijichi résonna une nouvelle fois à ses oreilles:
- Continuez jusqu'au temple, j'invoquerai un rideau. Je vous attendrai dans la voiture, contactez-moi si vous avez un problème.
Les deux étudiants acquiescèrent,
puis s'engagèrent sur le chemin sinueux de la colline.
- Bonne chance.
L'encouragement lointain s'était perdu dans le sifflement du vent avant de leur parvenir, avertissement doucereux qui démentissait ses paroles.
Rin souffla du nez.
Elle était devenue douée pour flairer les mauvais présages.
Prestement, elle s'engouffra dans la barrière d'arbres gardiens du sanctuaire tandis que l'aura saturée du rideau enveloppait l'espace.
Et la jeune femme perdit son sourire.
Elle avait senti de l'énergie occulte.
Une énergie occulte qui lui retourna l'estomac d'une telle violence qu'elle chancela contre son partenaire.
- Rin ? Tu- l'interpella Megumi.
La jeune femme prit appui sur son épaule pour se redresser.
- Ça va pas, le coupa-t-elle. Dépêchons-nous, je veux partir d'ici le plus rapidement possible.
Elle jeta un regard défiant aux fourrés obscurs par-dessus son épaule et poursuivit sa progression, accélérant progressivement la cadence au point que le vent claquait à ses oreilles tandis qu'elle martelait frénétiquement le sol givré du sentier forestier.
Sans se départir de son allure, la chamane plissa les yeux apercevant le cadavre d'un lapin mort, au pied des escaliers de roche qui escortaient le lieu sacré.
Arrivée à ce niveau, l'influence occulte se faisait si aiguisée que l'air la quitta quelques secondes.
Chose qui n'avait pas échappé à la ridicule petite créature fonçant sur la jeune femme aussi brusquement que ses ailes de moucheron lui permettaient. D'un couinement jubilatoire, elle se prépara à piquer, dard aiguisé pointé en direction du dos de la chamane, et s'élança.
Rin ne prit même pas la peine de se retourner.
La mâchoire canine se referma sur sa proie d'un coup sec, et la détonation qu'elle produisit caressa les tympans de la chamane dans la mélodie délicieuse du dernier souffle de l'ennemi.
Le familier d'ébène termina sa course à ses pieds dans une gerbe de neige, et frotta son museau mouillé contre la paume de la jeune femme, frétillant de fierté, dans l'attente d'une récompense qu'elle lui donna volontiers en le gratifiant d'une caresse.
Soudainement, son instinct s'agita.
- Les voilà qui se décident à sortir de leur trou, l'informa Megumi.
La jeune femme redressa la tête.
Autour d'elle, le monde grésillait.
Une armée de têtes de mouches éclopées tournoyaient joyeusement autour d'eux en se confondant à la brume environnante, leur visages difformes affichant une expression de complaisance malsaine.
L'adolescent analysa brièvement la situation, dos à sa partenaire, prêt à lâcher un familier sur la colonie de créatures hostiles à tout moment.
Des Fléaux sortaient des arbres de toute part.
Leur souillure crasse saupoudrait impitoyablement les résinifères et profanait le refuge, y semant chaos et désolation.
Les bois se désagrègaient sur son passage, pourrissaient en carcasses amorphes à une vitesse immodérée et cascadaient en tas de cendres à l'odeur nauséabonde contre le terrain glissant du sanctuaire.
Et les résidus de feuilles craquelées n'arrangeaient pas les choses, tantôt glissant en essaim entre les branches, voltigeant dans l'atmosphère humides en cohorte désordonnées ou encore entravant sans répit la vue des exorcistes placés au centre de l'hôtel, ramassé sur eux-mêmes, à l'affût du moindre mouvement esquissé par la horde de calamités.
Rin prit une profonde inspiration. D'une impulsion, elle dégaina son wakizashi et en saisit le pommeau, le positionnant de manière à pouvoir frapper un uppercut avec le tranchant de sa lame.
Et elle laissa son énergie occulte déferler.
La force s'abattit comme un raz-de-marée à l'intérieur de la jeune femme, et Rin n'en stoppa l'afflux que quand elle fût sur le point d'imploser, jusqu'à ce que l'extrême concentration qui la caractérisait n'enfouisse son malaise pour s'emparer de la chamane.
Car pour elle plus que quiconque, toute lutte était une question de vie ou de mort. Et dans une telle situation, le manque de rationalité signifiait le trépas.
Chose que Rin ne pouvait pas se permettre.
Chaque parcelle de ses muscles semblait tendue à l'extrême.
Ses respirations étaient régulières et grondantes.
Et ses pupilles flamboyaient d'une intensité qui ne voulait dire qu'une seule chose.
Elle devenait le chasseur.
D'un bond, elle se coula dans le dos d'une des innombrables créatures et la faucha de sa lame imprégnée d'occultisme.
Dans la foulée, une unique jambe touchant le sol, Rin pivota dans une volée de mèches et embrocha une rangée de bestioles qui périrent dans un concert de succions mortifères.
Nul sang n'était versé pendant qu'elle décimait un à un les mauvais esprits.
Leur faciès se déformaient de douleurs au contact de l'acier froid du couteau, mais ne restait qu'un tas de poussière après son passage.
La chamane tournoyait, virvoletait, gravitait entre les fléaux, distribuant les coups fatals à quiconque rencontrait l'instrument de mort enfermé dans sa poigne.
Enclochés sous un dôme délétère, calamités et exorcistes jouaient une symphonie macabre au rythme effréné qu'aucun chef d'orchestre n'aurait pu mener à la baguette.
Le sifflement du wakizashi de la jeune femme faisait office de vents tandis que la mélodie du garçon sonnait basse et agressive.
Les grognements bestiaux résonnaient au milieu du cliquetis de griffes et crocs déchiquetant leurs adversaires, mêlés à coassements batraciens et cris d'agonie désespérés qui composaient les chœurs.
Le nombre de nuisances diminuait considérablement sous les coups meurtriers du tandem, si bien que les étudiants évoluaient à présent au milieu d'une dizaine de fléaux mineurs.
C'est peut-être bien ce qui sauva la jeune femme.
Chaussures maculées de terre, slalomant adroitement entre les arbres calcinés, la concentration de la chamane augmentait encore d'un cran tandis qu'elle se préparait à fondre sur un esprit.
Ses nerfs étaient mis à rude épreuve par l'entité inconnue que représentait le fléau qu'ils traquaient ; la créature devait rôder dans les alentours du sanctuaire, laissant les exorcistes s'épuiser sur ses congénères pour les achever dès qu'ils laisseraient entrevoir le moindre signe de faiblesse.
Ses yeux s'écarquillèrent soudainement sous l'effet de la panique.
Bam.
Le projectile la repoussa contre une poutre de l'hôtel à une vitesse fulgurante.
Son corps s'effondra contre le parterre de pierre dans un bruit sourd, et sa tête éclata brutalement contre un angle de la structure.
- Rin ! glapit Megumi, le visage crispé.
D'un geste, le jeune homme entrecroisa les mains, et un rapace macchabée surgit de son dos dans un ramage menaçant.
Un sifflement strident retentit et l'oiseau de proie déploya ses ailes rougeoyantes, fendant l'air pour se poster aux côtés de celle qui l'appelait.
Le pouls de Rin se soulevait de manière frénétique tandis qu'elle agrippait fermement les serres de l'animal, luttant pour conserver un rythme cardiaque décent.
Du givre sale tâchait ses vêtements et son visage était couvert d'hémoglobine depuis l'arcade sourcilière,
effusion de liquide contenue par une pellicule de gelée recouvrant la surface de la coupure.
Si elle n'avait pas matérialisé les projectiles de glace pour qu'ils la percutent, elle serait sans doute morte.
Rin rejoua mentalement la scène.
Elle dans les airs, s'apprêtant à ôter la vie d'une énième tête de mouche quand le malaise la reprit plus fort encore qu'à son arrivée dans la forêt.
Son cerveau, toujours en état de transe, envoyant un signal précipité au reste de son corps.
L'ombre difforme se découpant dans le brouillard à une vitesse alarmante.
Et son dos coincé entre l'hôtel du temple et un bloc de glace.
La créature comptait donc bien les prendre à revers, et sa manœuvre avait failli réussir, Megumi et elle en étaient conscients.
Il les toisait, montagne de poils désordonnés fulminante de sueur et de hargne, gueule ouverte retroussée en un rictus hostile que la lueur carmin de ses pupilles emplifiait.
Un filet de liquide s'échappait de sa mâchoire carnassière et ses griffes aiguisées étincelaient d'un flux translucide odorant.
La chamane analysait ces informations tandis qu'elle prenait de la hauteur, suspendue dans le vide, aux griffes du familier.
Le danger que représentait ce fléau n'était que modéré, elle le savait bien. La jeune femme avait triomphé de malédictions bien plus puissantes.
Et pourtant, elle en avait peur. Son instinct l'identifiait comme une menace.
Mais elle s'exposait au danger en cédant à la panique.
Alors elle fit converger l'angoisse dans l'océan de son émulation occulte, remplissant tout son être.
Et de sa conscience s'effaça tout, excepté l'adversaire se dressant face à elle.
Malgré son apparence bestiale, il avait préféré se tapir et attendre sa proie plutôt que de l'attaquer de front.
Le museau de la bête était allongé à l'image d'une hyène et elle semblait vouloir intimider son adversaire, grognant contre le ténébreux sans pour autant l'approcher.
- Megumi, c'est un charognard ! cria-t-elle depuis les hauteurs.
Il semble faible au corps à corps, attaquons-le ensemble de front sans lui laisser le temps de répliquer !
Le garçon leva le pouce.
- Ouais ! J'me charge des derniers moucherons au passage !
Nué !
Les ailes de l'oiseau fouettèrent l'air, puis il piqua à toute vitesse sur la calamités dans une violence inouïe.
L'énergie occulte de la chamane convergea dans ses jambes et elle assena un coup féroce au ventre de la créature, dont la peau fragile était assaillie sans relâche par les loups d'ombres de l'invocateur.
Dans une ruade, la bête tenta de mordre le volatile mais déjà celui-ci s'envolait, hors de portée, rasant la cime des arbres de son imposante envergure.
Le familier survola son maître, et la chamane en profita pour l'interpeller.
- Fais gaffe, je crois que ses griffes et ses crocs sont empoisonnés, il essaye de mordre !
Le garçon acquiesça, et, en quelques foulées agiles, s'empressa de mettre de la distance entre le Fléau et sa personne.
De son côté, l'oiseau revint à la charge, et plusieurs minutes s'écoulèrent de ce petit manège, le mauvais esprit pliant peu à peu face à la myriade de coups qu'il encaissait sans répit.
Soudain, Rin lâcha l'animal et chuta gracieusement pour se réceptionner au sol dans une roulade acrobatique.
La seconde suivante, le Fléau périssait entre les serres du familier dans un hurlement déchirant.
Et il se désintégra dans une déflagration si violente que les cendres de l'hécatombe voltigèrent jusqu'à la cime des arbres survivants, seules témoins de la tare qu'exerçaient les malédictions dans les bois.
La légère pluie d'impuretés se mélangeait aux flocons pour entourer les exorcistes, se déposant délicatement sur le sol jusqu'alors immaculé de la forêt pour le souiller.
Rin les observa tomber silencieusement tandis qu'elle entreprenait de s'épousseter.
C'est tout ce que l'exorcisme était.
C'est tout ce qu'elle était.
Et ça la rendait malade.
Son partenaire arriva dans sa direction et elle tendit le poing pour qu'il y pose le sien, sans grand espoir cependant face au visage du garçon.
Celui-ci le repoussa dans un accès de colère et agrippa brusquement les épaules de la jeune femme, l'obligeant à le regarder dans les yeux.
- Tu te fiches de moi ?
Rin déglutit.
- T'aurais pu mourir, reprit-il sur un ton lourd de reproches. Tu vas vraiment rester là et faire comme si de rien n'était ?
- J'ai un peu rouillé depuis le temps, tu sais bien. Je réaffûte mes sens, ça va revenir.
- Ça a intérêt, je te préviens. Je te connais, Rin. Je sais que tu es forte. Mais si tu veux continuer à exorciser sans utiliser tes sorts, alors assure toi que cela soit sans risque ou entraîne-toi assez pour que cela le devienne.
La jeune femme sourit.
- Ok. Même si je me fais ce genre de fléaux les doigts dans le nez, ajouta-t-elle tout de même.
L'adolescent pinça son arête nasale, partagé entre l'agacement et l'amusement que la chamane lui procurait.
Au final, il choisit seulement de tourner les talons et de lui enjoindre d'un ton las :
- Allez, viens, maintenant.
Et il n'en fallut pas plus à Rin pour emboîter le pas du jeune homme et prendre le chemin du retour.
Cependant, quelque chose clochait, pensa-t-elle tandis qu'elle suivait mécaniquement son compagnon entre les fourrés.
C'était ce sentiment de malaise qui semblait lui être exclusif, ce que l'absence de réaction du ténébreux indiquait.
Ce même pressentiment qui l'avait poussée à craindre le Fléau canin, défait quelques minutes plus tôt, bien qu'il fût de rang inférieur à la chamane.
Et cette sale impression ne s'était pas dissipée, même après avoir exorcisé la créature.
Distraitement, son regard balaya les environs, recouvrant les inégalités du terrain, détaillant la forme des arbres et s'enfonçant dans les replis de leurs branches.
Et du coin de l'œil, quasiment dans son dos, elle ne rata pas la gerbe de feuilles se soulevant sans raison apparente dans un remous de terre froide.
Elle ne savait pas ce qui l'avait poussé à abandonner son camarade sur place, à se mettre à courir frénétiquement dans la direction du mouvement alors qu'elle avait senti le danger, mais pourtant, c'est ce qu'elle fit.
Rin s'élança à toute allure entre les arbres, prenant appui sur leur troncs pour décupler sa vitesse, remontant la trace occulte de la créature qu'elle supposait être humaine.
Le vent claquait au visage de la jeune femme, fouet gelé dont elle n'avait cure.
Des branches lui griffaient les joues tandis que de grosses gouttes aux couleurs de la liqueur volaient dans son sillage, mais elle s'évertua à réduire la distance qui la séparait du fuyard, jusqu'à ce qu'elle soit capable de distinguer l'ombre mouvante évoluant sous le rideau sylvestre.
D'une inflexion, elle projeta sa lame sur l'inconnu à la manière d'un couteau à lancer, et, croyant avoir l'ascendant, poursuivit sa course.
Grossière erreur.
La douleur lancinante qui lui transperça la cuisse la fit hoqueter de surprise et ralentir la cadence, occasion en or de s'enfuir que l'inconnu saisit habilement.
Jurant de frustration, la chamane se retourna et enfonça le poing le plus profond qu'elle pût dans le responsable de son échec.
La tête de mouche se désintégra autour de son poignet tandis que Rin entreprenait d'écarter les mèches rembarrant son visage écorché.
Il restait encore des Fléaux, et, trop préoccupé par le pressentiment qu'elle ressentait, elle n'y avait prêté attention que trop tard.
La chamane récupéra son wakizashi, tombé un peu plus loin.
Le bout de sa lame était recouvert de sang.
Maintenant, elle en était sûre : l'inconnu était bien humain.
Et c'était de lui qu'émanait cette énergie néfaste qu'elle sentait depuis son entrée dans la forêt.
Elle se retourna, attendant le Fushiguro qu'elle savait proche à l'écoute de ses bruits de pas.
Le jeune homme ne tarda pas à la rejoindre, la mine inquiète.
- Que s'est-il passé ? J'ai envoyé Nué à ta poursuite mais impossible qu'il puisse t'aider sous les arbres.
- On était observés, répondit Rin.
Depuis le début. Mon sale pressentiment, ça venait de cette personne.
J'ai essayé de la rattraper, mais il a réussi à s'enfuir. C'est vraiment pas normal ce qu'il se passe, conclut-elle.
Le garçon réfléchit.
- Ça serait un maître des fléaux ?
Dans ce cas, il serait bon d'avertir monsieur Gojõ le plus rapidement possible.
Rin lui répondit par un silence.
Elle baissa la tête, lèvre inférieure entre les dents, mitigée.
L'étudiante n'était pas sûre qu'alerter l'exorciste soit l'idée du siècle, bien que cela soit ce qu'ils devraient faire spontanément.
Le chemin du retour fût silencieux, lourd d'interrogation et de perplexité pour l'un, rempli d'appréhension et d'incertitudes pour l'autre.
Le visage désemparé de leur chauffeur à la vue du sien aurait presque pu faire rire Rin, si elle n'avait pas eu autre chose en tête.
Le visage collé à la fenêtre de sa portière, elle rumina pendant la majeure partie du trajet.
Maudissant son incompétence, s'inquiétant de l'individu qu'elle avait pris en chasse, redoutant les éventuels effets de la piqûre maudite subie plus tôt.
Sur la route, son camarade et elle dressèrent brièvement un bilan à l'attention de l'adjoint, mais taisèrent d'un commun accord la présence humaine qu'ils avaient perçu dans les bois.
Sitôt rentrée au campus, elle se délassa sous une douche fumante qui eut pour effet d'éloigner temporairement ses inquiétudes, à l'instar de la buée qui s'échappa de la pièce tandis que l'eau roulait sur son corps tendu.
Après s'être accordée ce privilège, la semi-classe un entreprit de refermer ses plaies, appliquant son sort d'inversion sur les coupures superficielles qui ornaient son faciès.
Elle se dévisagea longuement dans le miroir de la petite salle de bain, l'air épuisé.
Les griffures avaient disparu, et son teint était cireux.
Rin palpa son front du bout des doigts, et la béatitude de son arcade sourcilière se dessina à son toucher.
La chamane opéra avec prudence, pour laisser apparaître une fine cicatrice au coin de son œil en échange de l'absence de douleur.
Elle soupira.
❄︎
- Hellooo ! Lança Satoru, tandis qu'il força sans ménagement sur la poignée de porte du Fushiguro.
Je t'ai manqué ?
Ce dernier lui jeta un regard noir, excédé de son professeur et de sa manie à débarquer dans sa chambre à toute heure de la journée, sans le prévenir au préalable.
Rin était à ses côtés, la tête reposant sur ses cuisses, et le jeune homme la sentit sursauter contre lui tandis que l'enseignant refermait la porte.
- La miss est là aussi ! Vous ne vous lâchez jamais, ma parole !
Rin se redressa contre le bras du jeune homme pour faire face à l'exorciste. Elle avait le visage blême, des cernes ornaient le coin de ses yeux.
- Comment ça-
La tête lui tournait. Le monde devenait flou.
Ses bras la lâchèrent.
Et elle tomba, roula contre les jambes de l'adolescent, puis s'effondra lourdement contre le sol de parquet abîmé de la chambre.
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*Non-exorciste chargé de repérer les fléaux et dresser les rideaux.
Hello !
Pour ce chapitre, la bagarre était au programme, accompagnée de suspicions !
Des pronostics sur l'origine de cet étrange sentiment qui à suivi Rin tout le long de son passage à Shizuoka ?
Personnellement, j'ai vraiment hâte de vous en dévoiler plus sur sa présence à l'école et ses antécédents !
N'hésitez pas à laisser un avis en commentaire !
À plus tard,
Yuu
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