55 • BEGIN

christoffer schistad


LØRDAG
11:04

- Mon père m'a appelé cette nuit. Je pars à Paris dans deux semaines.

J'entrouvre la bouche tandis que ma main pale lâche sans que je m'en rende compte les doigts fins de Davia qui observe ma réaction d'un air qui se veut indifférent. Sauf que je perçois toute la tempête qui se déroule sous son masque d'indifférence. Elle est terrifiée et en colère contre je ne sais qui, alors que de mon côté, mon monde en reconstruction s'écroule sous une bourrasque de vent un peu trop forte. Je recule d'un pas, totalement assourdi par la fracassante nouvelle. C'est une tornade dévastatrice qui m'emporte loin avec elle, loin de Davia. Décidément, tout était écrit d'avance et c'était dit que notre histoire serait vouée à l'échec.

- Je suis désolée, souffle la brune en se rendant sûrement enfin compte de la terrible bombe qu'elle vient de lancer. C'est juste que... que c'est insupportable, tout est devenu tellement effrayant ici en seulement une année, tout a empiré et...

- Et quoi Davia ? Je suis aussi dans cette ville. Et je suis aussi dans ta vie, apparemment je suis autant effrayant que tes démons n'est-ce pas ?

La colère l'emporte petit à petit sur la raison et mes poings se serrent.

- Non, non bien sûr que non ! Tu es le seul qui n'est pas contaminé Chris, c'est moi le poison, si je reste encore, je vais finir par te tuer !

Ses mots sont tels des poignards dans mon corps. Ils veulent me faire tomber à terre et mon sang se répand au sol mais je tiens bon.

- Pourtant tu es devant moi avec tes affaires, et je sais pertinemment que tu comptais rester avec moi, comment tu expliques ça Davia ?!

- Le poison s'accroche toujours à ses victimes, souffle t-elle en reprenant ses deux sacs.

- Où tu vas ?

- Chez Solveig, on se voit lundi. De toute façon je te l'avais dit mais tu n'as rien voulu entendre.

- Qu'est-ce que ça veut dire encore ?! cris-je.

Davia se retourne dans l'entrée et m'adresse un regard désolé.

- Je t'avais dit que je faisais du mal aux gens pour ne pas qu'ils m'en fassent en retour. Je suis désolée.

La porte d'entrée claque et une demie-seconde plus tard, le premier vase explose contre le mur.

MANDAG
12:00

Après un week-end passé enfermé chez moi à broyer du noir, je suis de retour au bahut pour l'avant-dernière semaine de cours. L'ambiance est particulière, ça fait un mois que des soirées de dingues s'organisent pour la période du Russ et l'effervescence de l'approche des vacances rend chaque heure de cours insupportable. Il fait assez beau et chaud, personne n'a envie de passer sept ou huit heures enfermé entre quatre murs, surtout les terminales, qui avons envie de voir autre chose que la peinture fade que nous regardons depuis trois ans. Le bac stresse aussi la plupart des gens mais pas moi. Je sais de quoi je suis capable et ce n'est qu'une formalité. Si j'ai l'air de me foutre de mes études, c'est juste parce que je n'ai pas besoin de bûcher en dehors du lycée, les choses les plus importantes s'enregistrent automatiquement dans mon cerveau durant les cours, et je sais que j'aurai le bac facilement.

À vrai dire, ce qui me stresse le plus en ce moment, et ceux depuis des mois, c'est Davia évidemment. Cette fille m'a rendu totalement dingue, peut-être pas toujours dans le bon sens du terme. Je n'arrive plus à me distraire avec mes potes, dès que j'ai du temps libre je ne pense qu'à elle, et plus récemment à notre dernière dispute. Avec le recul, même si j'ai encore beaucoup de mal à m'y faire, je me rends compte que nous gueuler dessus n'était peut-être pas la meilleure solution. On aurait dû en parler posément, et peut-être qu'elle serait rester plus longtemps avec moi.

Je soupire de frustration, assit à la table des Penetrators dans la cafétéria. Du coin de l'œil, j'observe Davia, Solveig et Eva qui mangent dans un semblant de bonne humeur à l'opposé de la salle. Je trouve ça étrange que son père ayant disparu depuis un bon bout de temps l'appelle en pleine nuit juste pour lui proposer de déménager dans un autre pays avec lui, mais je n'ai évidemment pas eu le temps d'en parler à Davia.

Mes potes parlent activement de la prochaine fête qui se déroulera visiblement dans le bus de Vilde et Noora, et ils parlent déjà de qui ils aimeraient se taper. L'un d'eux me tape l'épaule.

- T'es toujours avec Davia mec ? me demande t-il un sourire pervers collé aux lèvres.

Mes poings se serrent et je le fusille du regard en me retournant.

- Ouais, pourquoi ? craché-je froidement.

- Bah parce que si ça n'avait pas été le cas, crois-moi que j'aurai tenté ma chance direct ! éclate t-il de rire.

- Mec, t'abuses, tu parles de sa meuf là, déclare passivement un autre.

- Et puis c'est pas une fille pour toi, poursuit froidement Greg.

Mon regard se tourne vers ce petit con qui avait été humilié durant la fête de Davia la dernière fois.

- Ça veut dire quoi ça ? demandé-je en sentant les nerfs monter.

Greg m'envoie un regard froid et boit une simple gorgée d'eau avant de se racler la gorge.

- J'ai juste pu voir qu'elle n'en valait pas la peine.

- C'est à cause du jeu qu'elle a organisé la dernière fois ? demande un autre. On a tous vu les vidéos mais on n'en a jamais parlé, qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé ?

- Rien du tout.

- Si, elle s'est fait plaisir et elle a humilié tout le monde, Sana, Noora, William, Ava et moi. Mais elle n'a pas eu les couilles de s'en prendre à son chéri, ricane méchamment Greg. D'ailleurs moi non plus j'ai pas compris comment elle me draguait deux secondes avant pour ensuite m'afficher comme ça, une vraie... vous voyez tous ce que je veux dire.

Certains hochent la tête alors que ma tension monte en flèche.

- Non, moi je ne vois pas. Donc précise le fond de pensée, j'aurai une bonne raison de te foutre mon poings dans la gueule, craché-je hors de moi.

- Ta copine a un problème et elle est beaucoup trop belle pour ne pas être dangereuse, alors elle détruit tout ce qui l'entoure et on la considère comme une salope.

- Une salope que j'ai bien envie de me faire en tout cas, poursuit le petit con de tout à l'heure.

Je me lève brusquement, furieux.

- C'est quoi votre putain de problème ? Vous traitez ma copine de pute, vous êtes à l'aise, tranquille ?

- C'est la v...

- Toi ta gueule ! hurlé-je à l'intention de Greg.

Avant que j'ai le temps de lui coller mon poings en plein visage, quelqu'un envoie son genoux dans ses bijoux de famille et Greg se plie en deux, le souffle coupé. Davia lance un regard circulaire à notre table avant de s'arrêter sur l'autre con qui voulait apparement coucher avec elle.

- Dommage pour toi, la salope beaucoup trop bonne couche seulement avec les bons coups.

Sur ce, elle me prend la main et on sortit du réfectoire pour courir s'enfermer dans la salle 34. Une fois la porte fermée à clefs, on se regarde un long moment avant d'éclater de rire. Ça fait longtemps que ça ne nous était pas arrivé. J'ai les larmes aux yeux tellement je ris de bon coeur et Davia se tient le ventre, un véritable sourire sincère accroché à ses fines lèvres.

Je me rapproche doucement d'elle pour la coincer entre le mur et mon corps, alors que nous reprenons nos esprits.

- Comme ça je suis un bon coup ?

- Je devais lui fermer le clapet, c'est tout ce que j'ai trouvé, répond la brune en me regardant droit dans les yeux.

Même après tout ces mois, ses grands yeux bleus électriques continuent de m'envouter et m'impressionnent toujours autant. Ses lèvres légèrement rosées sont carrément un appel au viol et je plaque les miennes sur les siennes, trop impatient.

Énième baiser, énièmes caresses, énième tempête, énième explosion.

- Je suis désolée pour samedi, je me suis mal exprimée, j'ai pas voulu dire que tu me faisais du mal comme les autres, non, loin de là. Et pour ce qui est de mon père... J'ignore encore si je vais prendre la bonne décision, déclare soudain Davia alors que nous sommes désormais assit par terre, contre le mur.

- C'est moi qui m'excuse de t'avoir crier dessus sans demander plus d'infos. Je suis sûr que tu as... de très bon arguments pour partir en France, chuchoté-je en caressant lentement son épaule.

- Mais ça va te faire du mal.

- Si ça te rend heureuse de partir, je ne t'en empêcherai pas. Si tu es heureuse et bien je le serai aussi.

Aucune réponse, peut-être car il n'est pas nécessaire de rajouter quelque chose, par peur que l'instant ne soit gâché avec des mots inutiles. Nous nous contentons de rester immobiles, dans le noir, seuls, mais à deux.

Parce qu'il n'y aura toujours que nous deux.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top