48 • KNOW BETTER
davia sters
ONSDAG
23:30
Le diable s'acharne. Mais cette fois-ci j'ai les yeux ouverts. Je suis consciente, Eva et Solveig me font de grands signes et tentent de me parler pour stopper mes larmes, mais rien ne marche. Elles croient que je suis triste et que j'appréhende la venue de Diana, mais en réalité, je suis terrifiée. Pas de Diana, non, mais de tous les démons qui la suivent comme son ombre. Dès qu'elle va passer la porte, on aura beau me certifier qu'elle est guérie, tout va recommencer. Les démons vont me trouver et me bouffer, comme ils l'ont fait avec elle. C'est tellement simple pour eux, tout est tellement simple... Ils travaillent pour le diable qui rugit dans ma tête et m'écrase le cerveau avec ses ailes sombres, je suis vouée à l'échec. J'ai peur.
- Davia, calme-toi, t'es pas obligée de voir Diana, tu veux venir chez moi cette nuit ? propose Solveig le regard paniqué.
Il y a de quoi, je suis assise au sol, complètement recroquevillée sur moi-même, devant un bar où les passants me regardent bizarrement. Je crois que même le serveur s'est déplacé pour savoir si tout allait bien. Je fais pitié, à pleurer comme une merde, mais je n'arrive plus à m'arrêter. Putain, qu'est-ce qu'il se passe dans la tête de ma mère pour avoir accepter de ramener Diana à la maison ?! Elle doit être timbrée, apparemment c'est dans les gènes. Et mon combat de plus en plus difficile avec le diable ne fait que confirmer que j'appartiens bien à cette famille de dingues. Fais chier putain, fais chier.
Je cherche à tâtons mon paquet de cigarettes dans les poches de ma robe noire mais ne le trouve pas. J'ai les mains tremblantes, les larmes me brouillent la vue mais si je veux avoir une chance de me calmer, il faut que je fume une cigarette. J'ai la force d'appeler Eva qui se retourne immédiatement, alors que Solveig est au téléphone.
- E... Eva... Mes... mes clopes... tu les as ?...
Eva semble paniquée, peut-être même plus paniquée que moi.
- Je... Je fume pas Davia, et non je n'ai pas tes cigarettes, attends hum... Sol ? Tu as des cigarettes ?
Celle-ci ne semble pas entendre et je tremble de plus en plus.
- J'ai besoin de clopes Eva, je, je... putain il faut que je fume ! hurlé-je sans le vouloir.
- Davia ? appelle Solveig.
Je me mets à hurler tout un tas de choses que je n'entends même plus, alors que mes sanglots redoublent d'intensité, je suis désespérée, je déteste cette situation.
- Arrête ça tout de suite calme-toi putain ! crie Solveig en quittant son téléphone.
Je plaque les mains sur mes oreilles, tentant de couvrir les... les voix avec mes propres hurlements.
« Diana est de retour... Elle va t'enterrer vivante... Tu te rappelles, hein Davia ? Tu te rappelles de ce jour n'est-ce pas ? Rappelle-le toi, salope. »
- Ta gueule putain, tais-toi, tais-toi ! hurlé-je le souffle court. Vas t-en, casse-toi putain vas t-en !
- Davia bordel calme-toi c'est nous, tu nous vois n'est-ce pas ?! s'écrie Solveig en me prenant les poignets.
J'ai les yeux fermés, et je comprends que c'est bien le diable qui me parle et m'insulte. Je ne veux pas me rappeler, en aucun cas je ne veux me rappeler de ce jour, jamais, jamais, jam...
- Davia !
Son parfum, sa chaleur, son étreinte, son souffle brûlant contre ma peau pâle, ses yeux traversés d'effroi, ses lèvres fines et son corps serré contre le mien... Il est là. J'ignore comment Chris est arrivé ici mais je m'en fous, je pleure en silence dans ses bras alors qu'il me berce comme il peut, les bras tremblants. Je le rends faible, dans le mauvais sens du terme. Je suis une merde.
- Calme-toi, je t'en prie...
Sa voix me procure un long frisson qui repousse le diable et ses ténèbres loin de moi. Je suis folle. Complètement folle, mais je ne peux rien y faire, je ne sais pas me battre contre des démons, personne ne sait.
- Je... Je veux voir p... papi... hoquetai-je.
J'ignore pourquoi je sors ça maintenant, alors que c'est l'annonce de l'arrivée de Diana qui m'a mise dans tous mes états, mais, pour ne pas changer, toutes mes pensées sombres affluent vers mon grand-père. Comment peut-il me manquer autant, alors que cela ne fait que dix jours qu'il est mort ?
- Je sais mon ange, je sais... Mais c'est impossible... Viens avec moi.
Je hoche simplement la tête, même si la réponse de Chris vient m'assassiner d'avantage. "C'est impossible". Chris me lève et je ne vois même plus Eva et Solveig, c'est ridicule. Je m'arrête pour les chercher et elles me sourient du mieux qu'elles peuvent, alors je m'éloigne de Chris et pars les prendre dans mes bras, où nos larmes coulent une nouvelle fois.
- Chris va s'occuper de toi poulette, chuchote Solveig en me frottant le dos.
- Tu nous appelles quand tu vas mieux, hein, réplique Eva en me souriant gentiment.
- Merci, soufflé-je.
Sérieusement, si elles n'avaient pas été là, où est-ce que j'aurais fini ? Je ne les ai jamais remercié, mais elles sont tellement importantes pour moi...
- Sol, je suis désolée que tu ne puisses plus dormir chez moi...
- Ne t'en fais pas, elle vient avec moi, ma mère n'est toujours pas là, rit Eva.
Nous avons un peu la même situation, un père parti et une mère travaillant plus qu'elle ne devrait. Je la remercie, je les remercie toutes les deux et rejoins Chris qui m'embrasse le front avant que nous nous montons dans sa belle voiture. Lorsqu'il démarre, je suis tellement épuisée, on ne sait pour quelle raison, que je tombe de fatigue presque immédiatement et pars dans un sommeil lourd, remplis de trous noirs.
TORSDAG
00:00
- Tu es certain que je ne dois pas appeler de docteur ? Chris, il me semble qu'elle est très pâle pour être en parfaite santé.
- Elle est juste très fatiguée maman, elle a eu des jours difficiles ces temps-ci.
- Pauvre petite...
J'entrouvre les yeux pour tomber nez à nez avec une dame que je ne connais pas mais qui me sourit gentiment. Rien qu'au premier regard, cette femme dégage tellement de bienveillance que j'en suis déstabilisée et toune automatiquement vers Chris qui me sourit aussi, mais avec un peu plus d'éclat de tristesse. Ça me fend le cœur, mais je ne dis rien.
- Tu vas mieux chérie ? Tu veux un cachet ? demande la femme en continuant de sourire tout aussi sincèrement.
- Hum, non, merci ça va.
- Dav, voici ma mère et maman et bien, tu la connais déjà c'est Davia.
La mère de Chris serre ma main dans la sienne et un petit sourire se dessine automatiquement sur mes lèvres alors que je me redresse dans le lit de Chris qui reste debout, appuyé contre son bureau. Il observe la scène avec attention, un peu comme je le faisais quand il avait mangé avec ma mère et moi l'autre soir. La seule différence est que Chris ne se méfie pas de sa mère, il a juste l'air d'être heureux.
- Je suis contente de te voir enfin, je vais passer pour le gros cliché mais Chris m'a beaucoup parlé de toi, rit-elle.
Je ris aussi parce que je la trouve tellement reposante et agréable, que j'en oublie les terribles problèmes qui m'attendent quand je rentrerai chez moi demain. Je tourne la tête vers Chris et nous échangeons un long regard, comme là fois où je sortais d'hôpital et que je l'avais croisé avec Ava. Sauf que cette fois-ci, ce n'est pas un regard rempli de désespoir mais simplement de paix.
- C'est pas grave, toute notre histoire est un cliché, soufflé-je alors que j'adresse un clin d'œil malicieux à Chris.
« Bordel Davia. Je te jure que s'il n'y avait pas eu ma mère dans cette putain de chambre, je n'aurais pas laisser filer ce clin d'œil aussi facilement... Tu me rends dingue. »
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