44 • I WANNA BE YOURS

davia sters


TIRSDAG
23:30

Nous sommes allongés tous les deux, nos mains liées, sur un grand lit inconfortable, mais ça, on s'en fout. Nous avons atterris dans un vieux motel aux allures bizarres et avec de vieux néons roses et rouges, après avoir rouler pendant deux heures hors d'Oslo. De ça aussi, nous n'en avons rien à faire ce soir.

Les paupières fermées, je savoure les légers mouvements qu'exercent les doigts froids de Chris sur l'épiderme de ma main, alors que les dernières notes d'une veille chanson d'Arctic Monkeys passent à la radio.

- La soirée spéciale Arctic Monkeys continue avec un titre phare du groupe, voici "I Wanna Be Yours" !

Un léger rictus prend place sur mes lèvres, et je sais que Chris aborde le même sourire à côté de moi.

- Il me semble qu'une scène du passé se répète chérie, souffle t-il.

Sa voix me procure une multitude de frissons, mais j'essaie de passer outre.

- J'ai appris que ta chanson préférée était "One For The Road" ce soir-là, répondis-je.

- Et toi "Mad Sounds".

- Et tu m'as ensuite dit que maintenant que tu écoutais "I Wanna Be Yours", tu hésitais à dire que "One For The Road" était ta préférée.

- Et tu as répondu qu'Alex Turner était un génie.

- Et tu m'as ensuite expliqué que tu n'aimais pas grand monde, donc tu ne disais que rarement "Je t'aime".

- Et toi tu m'as dit que tu ne le disais jamais, et que tu faisais du mal aux gens pour ne pas qu'ils puissent t'en faire.

- C'est la vérité, tu devrais avoir peur.

- Je n'ai pas peur. Et toi tu fais désormais partie du peu de gens auquel je dis "Je t'aime".

Je souris et ouvre lentement les yeux. Je suis surprise de le trouver à seulement quelques centimètres de moi, me surplombant de tout son corps en appui sur ses coudes pour ne pas m'écraser. Nos souffles se percutent et une demie-seconde plus tard, nos lèvres se scellent et mes mains parcourent sa nuque et ses mèches brunes. À bout de souffle, nous nous séparons, beaucoup trop tôt à mon goût.

- D'ailleurs je t'ai menti quand je t'ai dit que je le disais seulement à mes parents. Je n'aime que ma mère. Mon père est alcoolique.

Je fronce les sourcils face à la soudaine déclaration de Chris. Il me sourit simplement et je n'ai pas le temps de réagir que ses lèvres sont de nouveau contre les miennes. Mon esprit se vide et j'ai l'impression d'être dans une bulle avec Chris, bercée par la voix rauque d'Alex Turner. Tous mes anciens soucis s'envolent au loin et les futurs n'arrivent plus à m'atteindre. Ses lèvres se posent lentement dans mon cou et je tente misérablement de retenir un violent frisson quand je sens que Chris aspire doucement ma peau pour y laisser une marque violente. Une nouvelle fois, je me jette la première sur ses lèvres légèrement rosées et les positions s'inversent. Je suis désormais assise sur son bassin, l'observant alors que son torse se soulève à un rythme irrégulier, comme le mien. Il se passe quelque chose d'indescriptible, mais il est là.

C'est effrayant mais exaltant en même temps. Je déboutonne lentement sa chemise blanche qu'il a porté pour la cérémonie, et ses lippes s'étirent en un petit rictus malicieux et sensuel. Je l'ignore et il finit le travail, dévoilant son torse parfait.

- Bien foutu Schistad.

- Tu gâches tout Sters, tais-toi un peu.

Je vais pour protester mais sa main se plaque sur ma bouche et il se relève pour s'assoir près de moi. Ses doigts froids finissent le long de mon dos et attrape habillement la fermeture éclair de ma robe noire, je me mords la lèvre pour garder un peu de bon sens et les fines bretelles glissent le long de mes bras.

Nous ne disons rien, nous nous contentons d'écouter la lente musique qui se joue en fond, alors qu'on se retrouve tous les deux en sous-vêtements. Je déglutis difficilement, est-ce que je devrais lui dire ? J'en sais rien. Putain, je devrais lui dire. Pour me donner du courage, j'embrasse une nouvelle fois ses lèvres alors que ses mains dégrafent lentement mon soutien-gorge. Mon premier réflexe est de me plaquer contre Chris pour me cacher le plus possible. Il émet un léger rire.

- Pourquoi tu te caches ?

- Je... je sais pas, chuchoté-je.

Mon dieu ce moment est gênant.

- T'as pas besoin de faire ça, t'es belle.

Encore plus gênant putain.

- Hum... Chris ?

- Oui ?

Mon visage est toujours contre son épaule, je n'ose même plus le regarder. Je déglutis difficilement avant de prendre mon courage à deux mains.

- Je... Je t'ai aussi menti, je... je l'ai jamais fait.

Je prie pour qu'il est une bonne réaction. En même temps, est-ce qu'il est possible d'avoir une bonne réaction dans ce cas-là ? Soit il part et je reste dans ma honte, soit il reste et je prends encore plus peur. Lentement, ses deux mains encerclent mes joues alors que ses coudes restent encrés sur le matelas, et il me fixe intensément, alors que je n'ose même pas le regarder. J'ignore s'il existe une situation plus gênante que celle dans laquelle je suis actuellement.

- Davia ? Regarde-moi.

- C'est cliché.

- Je sais mais je m'en fous.

J'ose croiser son regard et mon coeur s'enflamme tellement il est puissant face à moi.

- Tu as peur ?

- Hum, un peu.

Beaucoup même, mais je ne vais pas lui dire par fierté.

- Tu me fais confiance ?

- Oui.

- Ça va aller.

Si tu le dis. Quelques minutes après, plus aucun tissu ne recouvre mon corps et je vois rouge, mais ne dis rien. Tout va très vite, c'est bizarre mais plaisant et rapidement, le moment tant redouté se présente.

Chris me sourit tendrement et m'embrasse le front.

- Tu veux qu'on arrête ?

- T'es fou ? ricané-je.

Il rit à son tour et m'embrasse la commissure des lèvres.

- Tu me fais confiance ? répète t-il comme s'il commençait à douter de la réponse.

- Oui, depuis longtemps, je te l'ai juste jamais dit.

- Je t'aime.

Il se fond en moi et moi en lui. Dix mille sensations traversent mon corps à ce moment-là, tout est très étrange. Je vole haut dans le ciel, mais je me débats dans le plus bas enfer. Je cours et je dors, je suis tellement bien. J'ai l'impression d'être à mille endroits en même temps, mais toujours à la même place, avec Chris. Toujours avec lui, parce qu'il n'y aura jamais que lui.

- Je t'aime, je t'aime, je t'aime...

« Tu me fais voler si haut, oh mon Dieu Davia. Si haut, si haut, si haut dans le ciel... Tu es mon plus beau trip, tu es tellement belle, tellement tout et rien à la fois. Tu es à moi, tout ton corps est à moi et à personne d'autre. Je vole si haut quand je suis avec toi, putain, recommençons jusqu'à l'épuisement, encore et encore, je me fous de ce qui pourrait arriver demain, je veux juste sentir ton souffle s'échouer contre ma peau frissonnante. Si haut, si haut... »

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