40 • NOT TODAY
davia sters
MANDAG
09:06
Apres un week-end enfermée chez moi à dormir et à ne rien manger à part une petite salade, je marche lentement dans la cour du lycée, les yeux rouges et les traits creusés. En une semaine, j'ai perdu trois kilos. N'étant pas vraiment en surpoids, je commence à manquer de forces, mais je fais comme si de rien n'était. Les gens me détaillent dans chacun de mes mouvements lents, j'ai l'impression d'être une bête de foire. Il faut dire que mon petit spectacle de mercredi matin a dû en surprendre plus d'un, d'après Eva et Solveig, c'était assez... effrayant. Génial, j'ai dû passer pour une folle.
Avant que j'ai le temps de passer les portes d'entrées, quelqu'un me bloque la route en se postant devant moi, suivie par toute sa bande de chiennes. J'enlève un écouteur alors qu'Ava Fister me détaille de haut en bas comme si j'étais un monstre. J'ignore ce qu'elle a, mais depuis mercredi, elle refuse de me laisser tranquille. Pendant le week-end, j'ai reçu une dizaine de messages d'elle avec de faux smileys et de fausses formules de politesse pour savoir si j'allais bien. Je n'ai pas répondu.
- Bonjour Davia chérie, je m'attendais à ce que tu me répondes quand même ! déclare la fausse blonde d'un ton mi-hypocrite mi-supérieur. Quand je suis méchante avec toi, tu le prends mal et tu t'énerves et quand je fais un effort pour être gentille, tu te fâches aussi !
- Ne me fatigue pas aujourd'hui pot d'peinture.
Je la bouscule légèrement pour pouvoir entrer dans le bâtiment qui semble si étouffant. Je ne perds pas de temps et pars en cours de Norvégien. Ma prof me demande si je vais mieux, je lui réponds rapidement d'un simple geste de tête, avant de partir m'assoir dans le fond de la classe. Pour une fois dans ma vie, je suis en avance et seule dans la salle, puisque ma prof descend faire des photocopies. Je remets mon écouteur et augmente le volume de la chanson pour fermer les yeux.
Des mains se plaquent devant mes yeux et je sursaute, par surprise. J'enlève mes écouteurs en coupant ma musique et je sens des lèvres qui se posent dans le creux de mon cou. L'individu y laisse des petits baisers mouillés avant de descendre jusqu'à la clavicule, et c'est là que mon cerveau fonce à toute vitesse. Ce n'est pas Chris. Les mains s'enlèvent et mon premier réflexe et de regarder si la porte est fermée. C'est le cas.
- Coucou, babe.
D'un geste brusque, je me lève de ma chaise et frappe le bras de l'individu qui ricane méchamment. Je me retourne et ma mâchoire s'entrouvre légèrement.
- Avoue, tu t'attendais à voir ton prince charmant n'est-ce pas ? ricane William.
Je n'en reviens pas et fronce les sourcils, le cœur battant un peu plus vite.
- À quoi tu joues ? demandé-je froidement.
Il se rapproche de moi et je recule, prise de peur. Qu'est-ce que ce connard, qui a violé ma meilleure amie, vient faire dans une salle vide et fermée avec moi ? Bien vite, je suis coincée entre le mur et son corps bien plus grand que le mien. Je le foudroie du regard.
- Chris n'avait pas menti quand il me disait que tu avais un regard brûlant.
Chris lui a parlé de... de nous ? Je vais de surprises en surprises et je sais déjà que cette putain de journée est totalement foutue.
- Je te le répète et je ne le redirai pas une troisième fois. Qu'est-ce que tu veux, William ? Tu veux me violer, comme avec Solveig ? Tu veux quoi, te venger du petit jeu de la semaine dernière ? J'écoute.
Sans que je m'y attende, ses mains bloquent mes poignées au dessus de ma tête et je tente de lui envoyer mon genoux dans les parties intimes mais il colle son corps au mien et je serre les dents, tentant par tous les moyens de m'échapper. Ses lèvres glissent une nouvelle fois le long de ma mâchoire mais cette fois, un sentiment d'insécurité me ronge de l'intérieur. Ce type n'est définitivement pas normal.
- Tu vas m'écouter attentivement, c'est clair Davia ?
Il chuchote à mon oreille comme s'il parlait d'un secret d'état. Je ne réponds pas.
- Je ne t'aime pas, et ça n'a fait qu'empirer depuis que tu m'as humilié et fait perdre la seule personne que j'aimais, à savoir Noora. Elle m'a quitté à cause de tes conneries, j'espère que t'es contente.
- C'est d'ta faute, pas de la mienne si tu la trompes.
Sa prise sur mes poignées se resserre et m'arrache une grimace.
- C'est moi qui parle, pas toi. Je trouve que t'ouvres bien trop souvent ta gueule. Je ne sais pas ce que Chris te trouve, sérieusement, mais passons. Chris est mon meilleur ami, je pense que tu l'as compris. Et je vais gentiment te prévenir pour cette fois: ne t'approche plus jamais de lui, c'est clair ?
- Pourquoi tu me demandes une chose pareille ?!
- Apparemment, dès que tu es proche des gens, tu les éloignes de ceux qu'ils aiment. Tu as déjà éloigné Noora de moi, je ne te laisserai pas faire avec Chris. Je me fous de ce que tu ressens pour lui. Il est avec Ava alors arrête de lui tourner autour. Tu joues les victimes, surtout après ton petit spectacle pathétique de mercredi, mais tu n'es qu'une belle salope. Ava est aussi mon amie et je te laisserai pas briser leur couple. J'ai vu la vidéo qu'elle a sur toi, c'est pas vraiment joli, donc, tu ferais mieux de faire ce que je te dis et rester loin.
Apparemment il n'est pas au courant que tout est faux entre eux, mais je ne compte pas lui dire, pour le moment, je veux juste me barrer d'ici le plus vite possible, et le frapper jusqu'à ce qu'il soit au sol cet abruti.
- Est-ce que c'est clair ?
Je ne réponds rien, ne le regardant même pas.
- J'ai dit, est-ce que c'est clair ?
Son genoux vient dans mon ventre et je me bouffe la lèvre inférieure pour ne pas lâcher un cri de douleur. Mais ce mec est complètement barge ma parole ! Je hoche la tête, les dents serrées, et il me lâche juste à temps, alors que les premiers élèves rentrent en cours. En se reculant, il m'adresse un clin d'œil et finit par partir, me laissant avec une vive douleur dans le ventre et une envie folle de tout briser autour de moi.
Oh mon Dieu, pourquoi tout est si compliqué autour de nous Chris ?
MANDAG
12:00
Je me dirige vers le réfectoire avec Eva et Solveig qui s'inquiètent encore pour moi. Elles n'arrêtent pas de me demander si je vais bien ou si je veux quelque chose, je leurs souris juste, n'ayant aucune envie de parler. Une fois assises, elles entament une discussion, me laissant en pleine contemplation devant ma putain de salade. Les menaces de William repassent en boucle dans ma tête. Putain, mais de quelle vidéo parlent-ils tous à la fin ?!
Cette situation est insupportable. Chris me lance des petits regards de la table où il déjeune avec Ava qui n'arrête pas de parler et William, qui m'envoie un regard glacial.
- Au fait, Didi, hum... Pourquoi tu n'es pas venue en cours en début de semaine dernière ? Tu as eu un problème ? demande timidement Solveig.
- On s'est inquiétées, mais du coup on a pas pu en parler...
Je serre les dents. L'enterrement est demain soir à vingt heures, et ma mère débarque le matin même. Je ne suis même pas sûre d'avoir la force d'y aller. Alors que mon cerveau ignore leur questionnement, mes yeux sont braqués sur le sourire provocateur qu'affiche Ava en me scrutant du regard.
Elle me tire la langue comme une véritable pute avant de se pencher sur la table pour pouvoir embrasser Chris. Celui-ci a un mouvement de recul mais Ava ne lâche pas sa prise. Il ne répond même pas au baiser et au bout de quelques secondes, Ava se rassoit et se tourne vers moi.
"Il est à moi.", souffle t-elle dans ma direction.
À ce moment-là, je pète un câble.
Je ne vais pas me laisser faire, non, pas aujourd'hui. Je ne vais pas avoir peur de leurs menaces, non, pas aujourd'hui. Je ne vais pas rester sans rien faire alors que le garçon dont je suis amoureuse est prit au piège, non, pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je vais me battre, peut importe les conséquences.
Je me lève, les yeux toujours rivés sur Ava.
- Mon grand-père est mort, déclaré-je pour répondre aux questions de mes deux amies.
- Oh mon Dieu !
- Attends, Davia, qu'est-ce que tu fa...
Je marche droit en direction d'Ava qui m'envoie un doigt. C'est de trop. Je ne vais pas me faire humilier par cette pute, non, pas aujourd'hui. Une fois à sa hauteur, je ne me retiens pas et mon poings atterrit dans sa tronche.
Elle tombe par terre sous le coup.
William se lève, fou de rage.
Chris se lève et contourne la table.
Je fixe Ava qui couine au sol.
William fait aussi le tour de la table et me bouscule pour me prendre fermement le bras.
- Je t'aurais prévenu salope, crache t-il.
- Will, qu'est-ce que... tente Chris qui ne comprend pas pourquoi son meilleur ami m'insulte.
Celui-ci aide Ava à se relever et sans leurs laisser le temps de réagir, je prends le sac d'Ava et cours m'enfermer dans les toilettes, dans l'espoir de trouver une cassette ou une clé USB qui renfermerait toutes mes réponses. Rien.
- Davia ?! Ouvre-moi, c'est Chris !
Sans réfléchir, j'ouvre la porte de la cabine et il rentre, claquant la porte derrière lui. Une demie-seconde après, nos deux corps sont serrés l'un contre l'autre et nos lèvres sont scellées, comme si une force nous attirait l'un vers l'autre. C'est un baiser pressé, tendu, passionné et désespéré. Nos langues dansent ensemble et mes mains tirent quelque peu ses mèches châtains, alors que les siennes se baladent sur ma taille et mes hanches, pour finir par s'échouer sur mes joues en feu.
Nous refusons de nous décoller l'un de l'autre, craignant qu'une fois séparés, les évènements ne s'enchaînent trop vite pour nous et que nous soyons loin l'un de l'autre beaucoup trop longtemps. Au diable la vidéo et les menaces, tant que je suis avec Chris.
À bout de souffle, nos lèvres se séparent mais nos corps ne se quittent pas pour autant.
- Je crois que j'suis amoureuse de toi, soufflé-je.
Il ne répond rien, un grand sourire prend place sur son visage et il scelle une nouvelle fois nos lèvres ensemble.
« Si tu savais comme je suis heureux, chérie, malgré tout ce qui tourne autour de nous, je suis le plus heureux du monde. Je sais que c'est cliché mais c'est la vérité. J'suis prêt à grimper la plus haute montagne, à traverser l'océan ou à me laisser mourir dans le feu juste pour toi Davia, c'est dingue mais c'est ça. Ils diront que c'est seulement un amour de jeunesse débile, sans intérêt. Ils diront qu'on aime et qu'on aime plus rapidement à notre âge. Ils diront que nous sommes stupide, ils diront ce qu'ils veulent, je m'en fous. Tu es à moi et je suis à toi. Pour toujours. »
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