38 • TOUCH IT
christoffer schistad
ONSDAG
10:50
- Davia ? Hei, tu m'entends ? Si tu m'entends fais-moi un signe babe...
Elle est allongée par terre, les sourcils froncés, la bouche entrouverte comme si elle manquait d'air et les larmes coulent toutes seules sur ses joues. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, c'est vraiment étrange, c'est comme si elle était en plein cauchemar.
Je prends sa main dans la mienne, je crois que mon visage trahit mon angoisse et ma panique. J'attends que, comme dans les films, elle me serre la main, pour me prouver qu'elle m'entends ou je ne sais quoi... Rien ne se passe. Au lieu de ça, elle toussote un peu, comme si elle étouffait, ça ne fait qu'augmenter mon angoisse. Je lui tapote les joues et lui prends les épaules pour la secouer, alors que mon corps tremble presque de peur.
Je sortais de cours parce que je venais de me faire virer par mon prof de maths, j'étais bien décidé à dégager du bahut le plus vite possible pour me reposer chez moi, quand j'ai vu Davia à l'autre bout du couloir. Si la situation avait été normale, je l'aurais amené dans la salle 34, pour être seul avec elle, mais quand je l'ai vu tituber, j'ai vite compris que quelque chose n'allait pas. Quand j'ai avancé vers elle, Davia a reculé comme si je lui faisais peur.
Et puis, sans que j'ai le temps de la rattraper, elle est tombée par terre, en criant "pitié". Incompréhensible. Je reviens à la réalité et la secoue un peu plus fort, espérant une quelconque réaction normale de sa part. Alors que je serre sa main glacée entre mes doigts brûlants, elle s'arrête de bouger et je l'imite, paralysé. Alors que je vais pour sortir mon portable histoire d'appeler les urgences, elle se met à hurler et ses larmes redoublent.
Bordel mais qu'est-ce qu'il t'arrive babe ? C'est comme si tu étais en plein combat intérieur, je t'en prie, laisse-moi t'aider contre tes démons, nous avons les mêmes ...
- Davia, Davia calme-toi ! Aidez-moi elle fait une crise de panique ! À l'aide !
Je me mets aussi à crier sous la panique et quelques secondes après, ma prof et le prof de norvégien de Davia sortent en courant, visiblement affolés, de leurs salles. Derrière eux, je peux voir Eva, Solveig et une vingtaine d'autres lycéens qui sortent, curieux. Bien vite, les deux profs tentent de m'écarter mais je persiste à ne pas lâcher la main de Davia. L'un d'eux appelle une ambulance alors que mon prof de maths, analysant plus rapidement la situation, déclare:
- Il lui faut du sucre, à mon avis elle fait de l'hypoglycémie, et de l'eau aussi. Quelqu'un a de l'eau ?
Eva est la première à réagir et tend d'un geste brusque sa bouteille à demie-pleine, avant que le prof n'essaie de faire boire Davia qui semble déjà beaucoup plus calme qu'il y a deux minutes. Ma tension redescend et je suis assez soulagé, mais c'est de courte durée. Visiblement, personne n'a quelque chose de sucré, mais ce n'est pas le plus grave. L'ambulance est sur la route alors que Davia semble de nouveau effrayée. Cette fois-ci, sa main serre la mienne, mais je garde ça pour moi.
- C'est bon, elle se calme...
J'ignore ce qu'il se passe au fond d'elle mais c'est comme si je pouvais ressentir tout ce qu'elle est en train de vivre, c'est assez étrange. Je comprends qu'elle a besoin d'aide, et mon premier réflexe est de me pencher discrètement vers elle pour lui embrasser la joue et lui parler rien qu'à elle, pas besoin que tous ces blaireaux (sans compter Eva et Solveig) entende mes mots.
- Davia, babe, tu m'entends ? Sers ma main si c'est le cas, s'il te plait...
Je souris doucement en sentant ses doigts qui pressent les miens, c'est une sorte de soulagement. Sa lèvre inférieure tremble légèrement et ses sourcils exprime son anxiété mais elle m'entend. Alors, poussé par une force inconnue, je fais tout pour l'aider dans son combat.
- C'est bon, tu m'entends Davia... Tout va bien, tout va bien...
Je dépose lentement mes lèvres sur son front brûlant, et progressivement ses sourcils s'abaissent et elle reprend un air paisible, comme si elle venait juste de s'endormir près de moi. Je souris enfin.
ONSDAG
12:00
Je sors enfin de cours, impatient de me rendre à l'hôpital où Davia a été amenée par ambulance après son étrange malaise. Je ne perds pas de temps et fonce vers la sortie. J'ai été incapable d'écouter le moindre mot de mon prof qui s'acharnait avec ses théorèmes à la con. Pendant une heure, je n'ai pensé qu'à ce qui était arrivé à Davia et l'épisode se rejouait sans cesse dans ma tête.
Alors que je glisse une cigarette entre les lèvres tandis que mes Rangers noirs martèlent la cour du lycée pour rejoindre la sortie, on m'appelle et je me fige en reconnaissant la voix de crécelle d'Ava. Putain de merde, je l'avais oublié elle.
- Chrisou ? Tu ne m'attends pas ?
Elle glisse sa main de force dans la mienne qui tenait un briquet, et dépose furtivement ses lèvres colorées sur ma joue pale. Je lève les yeux au ciel.
- Tu vas où, si pressé ? demande t-elle un grand sourire hypocrite collé au visage.
Je ne peux pas lui dire que je vais voir Davia, sinon c'est nous jeter dans la gueule du loup d'avance.
- Je dois manger avec mon père ce midi, il est à cheval sur les horaires, je dois me dépêcher.
C'est en parti vrai, j'ai bien rendez-vous avec mon père qui m'a proposé ce dîner pour qu'on puisse parler et mettre les choses au clair depuis sa dernière perte de contrôle. Je ne compte juste plus y aller, j'ai mieux à faire.
- Oh, alors tu ne vas pas passer ton après-midi avec moi mon chou ?
Ses surnoms à la con me donnent mal à la tête.
- Non, je viens de te dire que je ne pouvais pas, répondis-je les dents serrées.
Ava m'adresse un sourire que je n'aime pas du tout.
- Dans ce cas tu vas appeler ton père et décommander, n'est-ce pas chéri ? Je suis beaucoup plus importante à tes yeux qu'un simple dîner parmi tant d'autres avec ton père non ?
"Non". Mais je ne peux pas lui dire ça, encore une fois, elle exerce une pression sur moi que je ne peux pas lui faire subir à mon tour, c'est déloyal mais j'ai choisis de le faire pour Davia, et je ferai tout, pour elle.
- Si tu veux.
Ces trois mots ont du mal à passer mes lèvres. Elle me sourit, toujours hypocritement, avant de se hisser sur la pointe des pieds pour me dire quelques mots à l'oreille.
- Comme ça, nous pourrons faire l'amour après le repas, n'est-ce pas Chris ?
- Non je ne pense pas.
C'est au dessus de mes forces.
- Tu crois ?
Son regard est enflammé et joueur, je déteste ça, cette fille me répugne, elle m'empêche d'aller rendre visite à la fille qui fait saigner mon coeur pour m'obliger à coucher avec elle, alors que je donnerai tout pour être loin de cette situation. Je déteste Ava.
- Quel dommage.
- Laisse-tomber, allons manger, babe.
Je lui prends la main de force et la traîne dans un kebab. Elle est contente cette pute. Une heure après, je suis au dessus d'elle dans son lit qui pue le parfum de marque, en train de coucher avec elle alors que toutes mes pensées sont tournées vers Davia.
J'espère qu'elle est réveillée.
J'espère qu'elle va bien.
J'espère qu'elle n'a plus peur.
J'espère qu'elle pense à moi.
J'espère qu'elle m'aime autant que moi je l'aime, c'est à dire à en avoir mal.
Sans que je m'en rende compte et alors qu'Ava est en plein orgasme, quelques perles salées coulent sur mes joues.
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