34 • QUIT

davia sters


LØRDAG
09:00

Je n'ai pas dormi de la nuit. Pourtant, j'étais fatiguée et mes pieds étaient ruinés à cause des chaussures à talons que j'avais porté toute la soirée. La vérité est que je me sens assez mal par rapport au jeu stupide que j'ai lancé. Certes, nous avons obtenu des réponses à nos histoires mais je ne peux pas m'empêcher de penser que je n'aurais peut-être pas dû organiser un jeu aussi trash. Pour ma défense, j'étais sous l'emprise d'alcool, et j'étais tellement énervée contre Ava, Sana, William et... et Chris que je voulais faire quelque chose de grand. J'ai eu ce que je voulais.

Chris.
Ce prénom tourne en boucle dans mon esprit depuis que j'ai reçu son foutu message. Ce message, je l'ai relu peut-être une centaine de fois, dans mon lit, dans le noir. En le lisant, je me demandais toujours ce qu'Ava pouvait bien avoir de si important sur moi pour que Chris soit obligé de se plier à ses ordres, mais une fois que je me lançais dans une réflexion par rapport à ce nouveau problème, mes yeux accrochaient la dernière phrase et ne pouvaient se résoudre à s'en défaire.

« Je t'aime. »

Impossible. Il a dû dire ça sous le coup de l'émotion, quand la tension du stupide jeu que je commandais est redescendue. Impossible. Pourtant, une autre partie de moi-même crépite de plaisir en lisant ces trois mots, croyant déjà sûrement que le tour est joué. Mais je sais très bien que c'est loin d'être terminé, au contraire, ça ne fait que commencer. C'est impossible, Christoffer Schistad ne peut pas aimer une personne comme moi, je suis trop... bien trop... froide et distante. Je fais des blagues de mauvais goût, je pratique souvent l'humour noir et mon caractère tire plutôt sur le renfermement personnel et la dépression que le social. Comment est-ce possible ? Chris est une sorte d'opposé, pourtant si semblable... Je crois que j'ai peur, mais je suis euphorique et triste en même temps.

- C'est ça l'amour.

Je sursaute sur ma chaise et manque de faire tomber ma tasse de thé. Eva me sourit et s'assoit en face de moi, buvant un café fumant. Je ferme les yeux en me rendant compte que je viens de me taper un long monologue que je croyais pourtant silencieux, à haute voix. Quelle vie de merde.

- Pff, ça n'a rien à voir.

- J'ai déjà été amoureuse tu sais, je sais ce qui se passe quand le garçon que tu aimes t'envoie ce genre de choses. Tu ne dors pas de la nuit et tu t'imagines les pires trucs, les meilleurs, mais pas trop non plus, tu essaies de rester réaliste par peur du mensonge ou du foutage de gueule. Et c'es chiant, qu'est-ce que c'est chiant...

J'observe la rousse qui touille sa boisson chaude, et bois ses paroles comme je le faisais pour les seules personnes qui m'intéressaient vraiment, mon père et mon grand-père.

- Il n'empêche que tu en redemandes, poursuit Eva en me faisant un clin d'œil rêveur. Tu t'accroches à lui comme jamais personne auparavant, tu finis par baisser ta garde et s'il est sincère, tu vis des moments de pur bonheur... C'est si beau d'être amoureux. Tu as quelqu'un sur qui compter, sur qui te reposer et parler si tu ne vas pas bien... C'est ce qui est en train de t'arriver.

Le temps d'assimiler ses paroles, mon instinct défensif reprend le dessus et je serre les dents, baissant les yeux vers mon thé qui reflète mon visage endormi et frustré.

- Tu dis n'importe quoi, et puis, de qui es-tu tomber amoureuse pour être autant renseigner sur le sujet ?

Eva posa son menton dans la paume de sa main, l'air toujours rêveur.

- Je suis sortie deux ans avec Jonas, c'était vraiment le gars parfait. C'est moi qui l'ai trompé, malheureusement.

- Et avec qui, si ce n'est pas indiscret ?

Eva semble redescendre sur terre et se racle la gorge.

- Oh, personne d'important. Tu devrais aller voir Chris. T'as même pas répondu à son message.

- Je ne peux pas.

- Et pourquoi ça jeune fille ? Tu as peur ?

- Non, je ne peux juste pas l'approc... Non rien, me ravisé-je en me rappelant qu'Eva n'est pas au courant de l'histoire.

La rousse hausse finalement les épaules et se lève pour ranger sa tasse. Elle repart chez elle une heure après et je me retrouve seule chez moi. Je m'ennuie, c'est samedi après-midi et je suis toute seule. Solveig se repose chez elle et je ne peux évidemment pas voir Chris. Cette histoire d'infos qu'Ava possède sur moi me dérange fortement. Qu'est-ce que cette salope a encore fait ?

En pensant à Ava, mes pensées se dirigent directement vers Alexander et je déglutis difficilement. Je n'en reviens pas qu'elle ai trouvé son nom. Je ne parle jamais de ma vie privée, de mon passé, de ma famille, comment a t-elle bien pu trouver cette info ? Je prends soudain peur. Si Ava a découvert l'existence d'Alexander, qu'a t-elle découvert d'autre ?

Je me lève du canapé et fais les cent pas dans mon salon. Je n'ai jamais été très sage, j'étais toujours la fille un peu rebelle avec des parents un peu dingues et une famille pas très unie. Se pourrait-elle qu'elle ai trouvé l'existence de... Non, non impossible, c'est tout bonnement impossible. Personne ne connaît son existence. Personne ne peut découvrir qui elle est et personne ne le découvrira jamais.

- Oh bordel, soufflé-je, frustrée.

Pour me détendre, je passe l'après-midi devant des séries bidons que je n'écoute que d'une oreille. J'ai tellement de questions sans réponses... Il faut que je sorte pour me changer les idées. Vers vingt heures, je commande chinois et mange tranquillement devant un programme télé inintéressant puis pars me préparer. J'enfile un jean noir et un haut blanc assez flottant avec une paire de talons, même si j'ai encore un peu mal aux pieds, me maquille un peu et pars, direction la boite de nuit la plus proche.

TØRSDAG
22:09

Samedi soir à Olso, le centre-ville est bondé, comme tous les centres-villes du monde ce soir-là. La boite dans laquelle je suis ne fait pas exception. Il y a une foule dense sur le dance-floor et je m'installe au bar, commandant une boisson. Le barman me regarde en louchant, sûrement en se demandant mon âge mais je lui adresse un simple clin d'œil et il me renvoie un sourire en me préparant mon mojito. Ce soir, pas d'embrouilles, je suis seule en club et je compte bien m'amuser pour évacuer toute cette pression que je me suis moi-même causer avec mes conneries que je trouve désormais puériles. Ma boisson à la main, je commence à me balancer en rythme de la musique, mordillant nerveusement ma paille. Je finis le verre d'une traite et le pose sur une table au hasard.

Soudain, alors que je me relève après avoir laisser mon verre sur la table basse, quelqu'un m'empoigne fortement le bras et m'entraîne avec lui (vu la force) dans un couloir à l'écart de la salle principale. Je tente de me débattre pour que cet imbécile me lâche mais sa poigne reste de fer. Je suis plaquée contre le mur le plus proche, dans une obscurité totale, quand son corps se colle au mien et ma respiration se coupe soudain.

Je suis paralysée, mes yeux demeurent grands ouverts sur la personne en face de moi. Son visage s'approche de mon cou et son souffle s'échoue lentement sur ma peau soudain brûlante, et c'est seulement quand il entrouvre les lèvres que mon coeur manque d'exploser:

- J'ai choisi le pire moment pour tomber amoureux de toi on dirait, souffle Chris avant de se jeter sur mes lèvres.

« Je t'aime. »

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