24 • SCREAM

davia sters


TORSDAG
20:00

J'ai l'impression que ma mère veut à tout prix me foutre mal à l'aise. Et quand je parle de foutre mal à l'aise, elle fait tout pour faire que je la déteste, j'ignore à quoi elle joue mais c'est très mal et je trouve ça dégoûtant. Une sorte de vengeance personnelle je suppose, allez savoir. Depuis le début du repas, je n'ai ouvert la bouche. Je triture mes nouilles avec le bout de mes baguettes alors que Chris et ce qui me sert de mère sont en pleine conversation sur l'importance des passions dans la vie. Même si je ne parle pas, j'écoute attentivement quand Chris déclare qu'il veut devenir danseur professionnel, travailler pour les plus grandes stars.

- C'est un projet vraiment très intéressant, répond ma mère en lui faisant un sourire qu'elle réserve pour les étrangers (c'est à dire poli), je suis pour ce genre d'activités, c'est très créatif.

Je manque m'étouffer avec mes nouilles. Pardon ? Depuis quand ma mère trouve que la danse ou le chant sont des activités très créatives ? Je contiens ma rage mais je sais qu'une allusion de plus et je vais exploser. Chris me regarde du coin de l'œil tandis que je lance un regard par la baie vitrée donnant sur le jardin.

- Tenez, Davia a toujours chanté quand elle était petite, je trouvais ça tellement bien ! Malheureusement elle ne chante plus depuis des années, c'est dommage, sa voix était tellement géniale !

- Vraiment ? s'intéresse Chris sans savoir qu'elle ment comme une vipère.

S'en est trop pour moi et je me bouffe la lèvre pour contenir ma colère. Ma mère semble voir mon humeur changeante et elle me fixe un petit moment, avant de poursuivre:

- Elle chantait tout le temps avec son père, quand il était encore avec nous bien sûr. Elle a tout arrêté après son départ, ça m'a beaucoup attristé.

- C'est bon, t'as fini ton monologue pitoyable ? attaqué-je en la foudroyant du regard.

Ma mère lève un sourcil, visiblement amusée de la situation.

- C'est une conversation tout à fait normale, jeune fille.

- Tu mens. T'as bu, encore.

Je me lève sous les yeux spectateurs de Chris qui se pince les lèvres, visiblement il ne sent pas à sa place. J'ouvre violemment la porte de la commode où l'on range les assiettes pour en sortir de derrière plusieurs bouteilles d'alcool, alias la cachette de ma mère pour ses provisions.

- Maintenant ça suffit, on arrête tout, déclaré-je très calmement.

Elle se lève à son tour.

- Davia, repose ça tout de suite et reviens à table sur le champ.

Sa voix est glaciale mais je n'ai pas peur. Elle est allée beaucoup trop loin ce soir, surtout devant Chris.

- Pour t'entendre raconter des mensonges pendant encore une heure ? Non merci ça m'a largement suffi. Pourquoi faut toujours que tu racontes n'importe quoi pour te protéger devant les gens ? T'as peur qu'ils sachent ce qu'il s'est vraiment passé avec papa, c'est ça ?

- Davia. Arrête immédiatement.

- T'as peur qu'ils sachent pourquoi je me suis vraiment arrêtée de chanter ? Pourquoi je ne veux jamais recevoir personne quand t'es là ? Parce que j'ai peur de ce genre de repas où tu délires complètement, j'en ai vraiment ma claque. Tu veux vraiment savoir, maman ? J'ai honte de toi.

- STOP ! Moi aussi je peux dire que j'ai honte de toi ! Comment oses-tu me parler de la sorte devant un inconnu ? Comment, nom de Dieu, je t'ai élevé ?! Il me semble que jamais, ton père ou moi, ne t'avons appris à régler tes comptes en public !

- Tu te fous de moi ?! Tu es en train de régler tes comptes envers moi, envers quelque chose dont ce n'est même pas ma faute, depuis une heure ! Je te déteste, t'entends ça ?!

Ça y est, je cris. Chris me fixe, il se sent mal à l'aise et je le sais, c'est l'effet que ma mère produit sur chaque personne qu'elle croise. Y compris moi. Comme elle semble sous le choc de mes derniers mots, je continue à attaquer:

- Je ne me suis jamais arrêter de chanter parce que papa est parti, mais parce que tu me rabaissais tous les jours quand tu m'entendais chanter, en disant que je ferais mieux de me concentrer sur mes études ! Tu détestes les métiers de l'art et de la scène, pourquoi tu fais la faux-cul devant Chris ?! Elle n'aime pas la danse, je suis désolée Chris. Elle n'aime rien, même pas son mari, puisqu'il en a eu marre et qu'il est parti à cause d'elle, et j'attends impatiemment mes dix-huit pour le faire à mon tour ! Je t'interdis de rejeter la faute sur m...

- C'est de ta faute s'il est parti, pas de la mienne ! crie ma mère en me foudroyant du regard. C'est toi qui est à l'origine de tout, quand t'es née tout a été brisé entre Michael et moi, tu parles de choses que tu connais pas, t'étais qu'une gamine à l'époque et tu l'es toujours ! Tu comprends rien à rien alors que j'essaie de maintenir ton éducation, même à distance !

- Tu m'expliques ce que tu maintiens en étant six mois sur douze aux quatre coins de monde depuis des années ? Je te déteste mais tu vas arrêter de me détruire devant les autres, j'en ai assez, j'en ai putain d'assez maman.

Je monte les escaliers deux à deux tandis que j'entends ma mère se confondre en excuses répugnantes à Chris. Je claque la porte de ma chambre et crie un bon coup en jetant tout ce que m'avait offert ma mère, tableaux coûteux, babioles, fringues... Tout me sort par les yeux. J'en ai assez de cette vie. De tout le monde, elle me rend folle.

Je saisis un sac de sport et y fourre quelques affaires et une veille photo de papa, puis mon sac de cours et prends mon téléphone pour dévaler les escaliers à toute vitesse.

- On peut savoir où tu vas ?! crie ma mère du séjour où se trouve toujours Chris.

- Je m'en vais.

- Et où tu comptes aller ?! Tu n'as que seize ans Davia ! Je t'interdis de partir !

- TU NE M'INTERDIS RIEN DU TOUT QUAND JE TE VOIS DEUX FOIS PAR MOIS, hurlé-je en sortant à l'air frais.

Je marche rapidement dans mon quartier et envoie un message expliquant ma situation à Solveig.

Sol: Viens tout de suite chez moi, j'appelle Eva.

Je refoule mes larmes quand j'entends quelqu'un courir après moi. C'est Chris. Il me retourne et j'ose à peine le regarder.

- Qu'est-ce qu'il vient de se passer Davia ? souffle t-il en cherchant mon regard.

- La goutte d'eau qui a fait débordé le vase, c'est rien.

- Tu vas aller où ?

- Chez Solveig.

- Tu m'appelles si tu ne vas pas bien ?

Je ricane en le regardant enfin.

- Et pourquoi je ferai ça Chris ?

Il se pince les lèvres en me regardant droit dans les yeux.

- Parce que je veux m'assurer que tu ailles bien.

- Seulement si toi aussi tu m'appelles quand tu ne vas pas bien.

- Marché conclu, dit-il sans hésiter.

Il me tend son petit doigt que je lie avec le mien, une promesse déjà rompue d'avance.

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