davia sters

MANDAG
09:34

- T'as quoi maintenant ? me demande Solveig alors que nous traînons dans les couloirs.

- Anglais, et toi ?

- Espagnol, grimace la blonde en jouant avec ses écouteurs. Je déteste cette langue.

- Ouais mais Noora est dans ta classe, elle peut t'aider.

- Mouais... Au fait, tu sais que Noora est venue me voir pour me parler de William ? s'excite Solveig en souriant de toutes ses dents.

- Ah bon ?

Je feins d'être étonnée pour lui faire plaisir, elle croit détenir un potin extrêmement croustillant, je ne veux pas lui enlever ce plaisir.

- Oui ! Elle m'a expliqué qu'il se passait un truc entre Will et elle, et elle m'a dit qu'elle hésitait à aller en parler à Vilde. En même temps c'est grave dur, elle est amoureuse de William.

- Elles le sont toutes les deux, répondis-je en haussant les épaules.

Solveig va pour répondre quand un gars aux cheveux blonds et bouclés s'approche de nous en compagnie d'un second gars lui ressemblant quelque peu mais un peu plus grand.

- Hum... Excusez-moi mais... T'es Solveig Dez non ?

Ma meilleure amie hoche la tête, les sourcils froncés.

- J'suis Isak, et lui c'est Even, enfin bref on s'en fout...

Il va pour continuer mais son ami nous fait un grand sourire et nous sert poliment la main en souriant.

- C'était pour te dire que... beh que tu devrais aller faire un tour aux casiers, des photos circulent sur toi et c'est vraiment pas cool. Celui qui a fait ça est un connard, désolé.

- N'y fais pas attention, reprend Even en s'approchant et en fixant Solveig. Ces gars veulent juste attirer l'attention sur eux.

Solveig court vers les casiers alors que je reste avec les garçons.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Un gars a imprimé des photos de ta pote à demie-nue, ça devait être à la soirée de William, vendredi.

J'entrouvre la bouche, plus que surprise. Putain de merde.

- Mais vous étiez là ? demandé-je. Je ne vous ai pas vu là-bas !

- Non, mais ma meilleure amie si, peut-être que tu la connais, Eva ?

- Bien sûr que je la connais. On connaît toute la bande, on en fait en quelque sorte parties. J'en reviens pas... Mais qui a fait ça à Sol ?!

Isak hausse les épaules, visiblement mal à l'aise pour mon amie.

- C'est hyper grave, à chaque fois qu'on prononce son nom on a les images en tête... Tout le bahut pense qu'elle est une salope.

- Je t'interdis de dire ça ! Si j'apprends que c'est l'un de vous qui lui a fait ça, je vous brise les couilles, on est bien clair ? les menacé-je sévèrement.

Ils esquissent des sourires gênés mais adorables. Even passe son bras autour des épaules d'Isak en riant.

- Ça ne risque pas d'être nous ma belle, vendredi soir on était dans une chambre d'hôtel, si tu vois ce que je veux dire...

- Ah, oh... Je vois. Okay, alors je retire ce que j'ai dit. Et je ne suis pas du tout homophobe. Vive les gays.

Ils rigolent et je les salue avant d'aller rejoindre ma meilleure amie dans le couloir des casiers. Plusieurs gars rigolent à côté d'elle, alors que Solveig est en pleurs. Je n'en reviens pas, elle ne pleure jamais d'habitude ! Je la prends dans mes bras et fusille les gars du regard.

- Vous avez rien d'autre à foutre ? Dégagez !

- Hé, calme-toi ma jolie, c'est pas de notre faute si ta pote est une chaudasse ! réplique un gars sûrement en terminale.

Je lâche Solveig pour aller foutre mon genoux dans les bijoux de famille de ce connard. Il tombe à terre, se tenant l'entrejambe en jurant, tandis que ses potes sont visiblement paniqués.

- Mais bordel... Qu'est-ce que vous attendez pour la défoncer ?!.. déclare le gars à terre.

- Mec, c'est une fille, on va pas la frapper quand même ! répond l'un de ses ami les sourcils levés.

- J'en ai rien à foutre, elle vient de me briser les couilles bordel de merde !

- Beh arrête de donner des ordres à tes chiennes et redresse-toi si tu veux tellement m'en mettre une ! cris-je, folle de rage que l'on manque de respect à ma meilleure amie.

Le principal intéressé se relève difficilement et tente de me foutre un coup de poing mais il atterrit dans la paume de la main de quelqu'un à côté de moi. Les cris s'arrêtent dans le couloir et je soupire en reconnaissant son parfum.

- On peut savoir ce qui se passe ici et pourquoi t'aller frapper une fille ?

La voix de Chris est glaciale. Je n'ose même pas le regarder. S'il pense que je ne me souviens pas de ce que avons fait vendredi soir et de ses mots doux, il se trompe. Mon cerveau est parfaitement en ordre, ce qui est encore plus gênant, surtout que j'essaie de cacher du mieux que je peux mon suçon avec mes cheveux.

Les gars en face de moi se tuent, sauf celui aux couilles brisées.

- Mec, elle m'a niqué les couilles, fais pas le con, cette fille est une garce !

- Et ta mère c'est une garce ? Dégage d'ici et lâchez ces photos, elles ne vous concernent pas. Dégagez ! cri Chris voyant que personne ne bouge.

Les gars se barrent en me regardant de travers et je rejoins Solveig en l'aidant à détacher toutes ces putain de photos.

- On va trouver le connard qui a fait ça, ne t'en fais pas, la rassuré-je mais elle continue de pleurer.

Chris détache lui aussi des photos et je ne comprends pas son soudain changement de comportement. Est-ce parce qu'il pense que l'on s'est rapprochés au point d'être amis, même au bahut ? Il me tend les photos et je les déchire sous son regard insistant. Du genre, "il faut qu'on parle", tout ce que je déteste. Il s'adresse ensuite à Solveig.

- Sol, t'as couché avec qui vendredi soir ?

Je fixe ma meilleure amie, attendant une réponse de sa part mais elle met un temps fou à venir.

- Alors ? insiste Chris en s'approchant.

- Pourquoi tu veux l'aider ? Tu la connais pas.

Chris me fixe à mon tour, l'air impassible, mi-blasé, mi-énervé.

- Parce que je connais chacun des gars qui était présent chez Will, alors ça me concerne indirectement.

- Ouais beh bien indirectement alors, ricané-je, ce qui m'attire les foudres de Chris.

J'ignore pourquoi je me fous de sa gueule de la sorte, j'en sais rien, peut-être la peur de la conversation qui m'attend avec lui. Solveig renifle et je redescends sur terre.

- Solveig, fais un effort et dis-nous, on pourra t'aider que si on connaît le gars avec qui t'as...

- William.

Gros blanc.

- J'ai couché avec William vendredi soir.

C'est le blanc le plus long et le plus embarrassant que j'ai connu de toute ma vie.