davia sters

FREDAG
21:00

L'appartement de William est gigantesque, il tient plus d'une villa majestueuse que d'un vulgaire appart', comme l'avait sous-entendu Christoffer. J'observe attentivement le salon rempli de gens que je ne connais pas ou seulement de vue. Les filles ne sont pas encore arrivées, je suis donc la première, génial.

Je me dirige difficilement vers le bar en bois qui sépare la cuisine américaine du salon où dansent et discutent une cinquantaine de jeunes, pour me servir un verre d'alcool. Ouais, j'ai de gros problèmes avec l'alcool mais j'arrive à les gérer. Je me sers un gobelet rouge sur la pile et le remplis habilement de panaché pour commencer doucement, mais si je m'écoutais, la bouteille de Jack Daniel's serait déjà dans mes mains.

Je respire un grand coup et me retourne pour faire face à la salle. Pour l'amour de Dieu j'espère ne pas croiser Chris ce soir, je n'ai absolument pas envie de lui parler. Et d'ailleurs, je ne veux pas croiser Ava et sa bande non plus, elles vont me casser la gueule.

Je reste plantée à côté du bar une bonne dizaine de minutes, à scruter attentivement le salon et les gens qui s'y trouvent, quand mon regard en accroche un autre marron profond. Comment voulez-vous que je crois en Dieu après ça ? Chris m'envoie un petit clin d'œil suivi d'un baiser du bout des lèvres et je mets deux doigts dans ma bouche, comme si je les suçais, ce qui le fait froncer les sourcils. Je reste quelques secondes dans cette position, mon regard déterminé plongé dans le sien, perdu, puis retire lentement mes doigts et replie l'index pour laisser apparaître devant ma figure un joli doigt d'honneur. Je lui fais mon sourire le plus hypocrite et il sourit en coin, mi-étonné, mi-joueur. Sauf que Chris, je n'ai pas du tout envie de jouer avec toi.

Je finis par m'éloigner du bar quand je tombe sur Solveig, Vilde et Noora.

- Hei ! Ça va ? me sourit gentiment Vilde.

- Hum, ouais et toi ?

Il faut vraiment que je fasse des efforts dans mes relations amicales.

- Super ! Je suis trop contente d'être ici, on est à une fête de terminale vous vous rendez compte ? Il n'y que nous qui sommes conviées, les autres niveaux n'ont pas été mis au courant !

- Sérieux ? s'étonne Noora en fronçant les sourcils. Mais pourquoi nous avoir invité juste nous ?

"J'ai ma réponse", pensais-je en visualisant les messages insistants de Christoffer.

- On s'en fout, c'est grâce à Will, c'est le principal ! s'écrie à son tour Solveig en tapant dans ses mains. Mon dieu qu'est-ce qu'il est beau...

Deux regards meurtriers, deux ! Je lève les yeux au ciel devant l'insouciante de ma meilleure amie. Comment ne peut-elle pas voir que Vilde et Noora sont folles amoureuses de lui mais de façons différentes ? Vilde serait prête à tout pour plaire à Will et quant à Noora, elle accapare toute l'attention du terminale depuis une semaine. Il faudrait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte. Okay, Chris m'a peut-être mît sur la piste mais bon... J'avais déjà remarqué ce qui se tramait.

- Solveig, je peux te parler deux minutes ?

Elle fronce les sourcils mais me suit à l'extérieur, dans le couloir.

- Tu vois pas que Vilde et Noora sont amoureuses de Will ?

La blonde ouvre grand la bouche.

- Tu déconnes ? Attends, elles me l'auraient dit, ça fait deux semaines que je parle de Will non-stop !

- Ouais beh justement, arrête ! Sol... Tu l'aimes aussi ?

Pas de réponse, on se tait parce qu'un nouveau groupe de term entrent dans l'appartement. Je soutiens fermement le regard de ma meilleure amie.

- Non, enfin... C'est compliqué. Je suis attachée à lui et je sais que lui l'est à moi mais... Je crois qu'on ne veut rien d'officiel tu vois ? On se voit que pour coucher tu sais.

- Hum... Donc tu ferais mieux d'arrêter d'en parler devant Vilde et Noora, elles vont finir par te fusiller sur place. Et puis entre nous, William choisira Noora.

- Tu crois ?

- J'en suis sûre. Ça va allait ?

- Oui, oui, ne t'en fais pas. C'est pas la première fois qu'on me l'a fait à l'envers et puis, j'ai plein de nouveaux gars que je peux draguer ce soir, allons-y ! s'écrie Solveig en retrouvant son grand sourire sincère.

Elle m'attrape par le bras et m'entraîne dans le salon, brandissant fièrement son gobelet de bière. Je m'écarte de la piste de danse et me sers cette fois-ci un bon verre de whisky en y mettant deux glaçons.

- Des glaçons, sérieusement ? Je t'ai connu plus hardcore que ça chérie.

Son souffle s'échoue sur la peau de mon cou et sa proximité me fait frissonner. Son parfum enivre mes narines et je me surprends à fermer quelques instants les yeux pour ne pas perdre pieds. Bordel, qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Je me tourne vers Chris.

- J'ai rarement vu un type aussi collant Schistad.

- Je sais, je suis rarement un gars que l'on croise souvent, répond t-il en m'adressant un clin d'œil.

Il boit une gorgée de son verre tout en me fixant, ce qui est extrêmement gênant.

- Tu as parlé à Ava ?

- Non et je ne le ferai pas, il n'a rien à expliquer.

- Si, bien au contraire ! Porte tes couilles un peu !

- J'aimerai que ça soit toi qui le fasse.

La gifle part toute seule, ce qui attire l'attention des quelques personnes autour de nous. Chris n'enlève pas pour autant son sourire agaçant.

- Quelle tigresse.

- Je ne veux pas qu'Ava nous voie ensemble.

- Ava n'est pas là ce soir, elle avait un dîner de famille.

Il s'approche dangereusement de moi, me faisant reculer jusqu'au mur le plus proche. Heureusement que les autres sont retournés à leurs occupations.

- Ce soir il n'y a que toi et moi, babe.

- Et ta bite en chaleur. Va trouver une pute à baiser et lâche-moi, est-ce que tu piges que tu m'agaces à toujours me coller comme ça ? Je ne t'aime pas et ça ne changera jamais, va t-en, laisse-moi respirer s'il te plait.

Ses yeux noirs me fixent et me perturbent tellement nos visages sont proches. Pourtant, je reste de marbre comme si mon cœur ne battait pas à cent à l'heure et soutiens son regard intimident. Au bouts de quelques instants, il se recule contre toute attente et m'adresse un dernier clin d'œil avant de s'en aller trouver ses amis.

Bordel, mais à quoi joue t-il ?