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TRISTESSES DE LA LUNE.

DAEGU__
Zione restaurant.

Le bout brun de sa clope vient se loger entre ses lippes sèches. Il tira cette dernière de son index et de son pouce avant d'extirper la fumée blanche de son gosier, recrachant cette dernière depuis ses poumons enfumés. À la fin de son expiration, il laissa un crachat venir rejoindre le bitume. Les bras croisés, devant la chaussée, il regardait les divers véhicules passer devant lui, et frôler de justesse son corps, laissant son tablier, blanc, légèrement souillé, sali de quelques tâches noires, voler dans la brise fraîche qui vient caresser les mèches violettes apparentes sous sa casquette bleue nuit avec une légère écriture significative. Au lieu de se détendre, comme il devait le faire à chaque pause, son esprit divaguait sur les précédentes nuits passées avec sa belle amante aux bourses bien remplies. Il aurait pu penser à l'argent qu'il se faisait à chaque fin de rencontre, mais au lieu de ça, il pensait à son corps dénudé qu'il prenait plaisir à maltraiter selon les désirs de la jeune femme, alors que son sexe triomphant ne faisait que soulager ses pulsions et fantasmes cachés. Elle lui disait tout, et il faisait tout ce qu'elle lui chuchotait suavement à l'oreille. Et, il voyait au fur et à mesure, que les exigences de sa cliente augmentait en flèche, elle dévoilait de plus en plus ses vraies pensées lugubres aux yeux enchantés de Yoonjae. Il ne pouvait pas la juger, car il aimait cela, et qu'il avait choisi d'accomplir le désir des femmes par le billet de la luxure.

Mais il se rendait petit à petit compte, que la dite Hye-rim, aux allures soignées et coincées, se montrait autrement au lit. Elle qui paraît si douce et si innocente à première vue était une vraie tigresse qui savait ce qu'elle désirait au fond. La jouissance obsédait son être, cette femme. Elle ne pensait qu'à jouir, et jouir dans les bras de Yoonjae ne faisait qu'amplifier son désir virant à l'obsession.

Il savait qu'elle n'était pas heureuse dans son mariage et encore moins sans la chose qui la faisait vivre. Le sexe. Yoonjae arrivait même à se poser la question si cette femme ne devenait pas tout petit à petit, et même à grande vitesse, accro à cela. Il se dirait égoïste, si il disait haut et fort et même à lui même, qu'elle n'était dépendante qu'à lui, et qu'elle ne pouvait se passer de lui. Mais il ne savait pas la vérité alors il ne pouvait pas cracher cela sans preuve.

Il n'allait pas se plaindre, après tout, elle lui donnait des choses, le traitait avec amour en lui achetant des objets et lui offrant des avantages inimaginables, contre son silence et sa présence. Yoonjae n'était pas seulement là pour assouvir ses désirs sexuels incontrôlés. Mais aussi répondre à une certaine présence masculine qui manquait terriblement à la brune. Cette présence qui tendait une oreille pour écouter ses craintes et ses regrets. Une main qui caressait sa peau frêle et séchait ses sanglots les plus sordides. Et une bouche, qui sortait toujours les bons mots, et phrases philosophiques ou exemples dont elle avait besoin. Hye-rim était avant tout, la femme d'un politicien, et comme ce dernier n'était jamais là, ou que quand il faisait acte de présence, il ne pensait pas les plaies de sa femme et préférait vider la dernière bouteille d'alcool dans la cuisine, alors elle trouvait un certain confort et une certaine douceur, finesse, subtilité, de parler de ses passions, politiques ou bien autres envers Yoonjae.

Et encore une fois, ce dernier n'avait aucun jugement là dessus, elle pouvait tout lui dire. Ce dernier était de nature fermé, et savait ce qu'il devait dire à la minute près mais aussi à la seconde où la jeune femme avait besoin de partager ses opinions sur un sujet. Après tout, il avait été formé pour ça, pendant des mois.

Yoonjae travaillait dans un restaurant à la plonge, et ce dernier n'aimait pas forcément son métier mais cela était nécessaire pour pouvoir payer les études supérieures de sa sœur. Cette dernière était âgée de seulement dix neuf ans, et ne se doutait pas un seul instant que son frère faisait ce genre de magouille. Elle l'avait bien vu travailler dans le restaurant et descendait de temps en temps dans ce dernier pour étudier, histoire de prendre un café ou un bon jus d'orange pour remonter ses vitamines. Mais pas une seule seconde elle s'était doutée que son frère faisait autre chose la nuit. Car oui, hélas, un moment donné, son salaire devenait beaucoup trop peu, il ne pouvait plus assurer le logement pour les deux et en même temps ses études. Et il se devait de trouver une solution au plus vite. Alors il avait donc décidé de regarder sur quelques sites quelques métiers qu'il pouvait faire à mi-temps. Et spécialement le soir. Et sans trop de recherche, il était tombé sur annonce qui parlait de prendre soin de vieilles femmes ou bien de femmes mûres, il avait pensé tout d'abord à s'occuper d'elle avec quelques aides ménagères ou bien la garde des enfants. Mais au fur et à mesure, qu'il descendait en faisant glisser la molette de la souris sur la page du site, ses yeux ne pouvaient que s'agrandir.

Et le pire dans tous ça, c'est qu'il y avait carrément une formation à faire pour pouvoir professer. Il avait cru halluciner et avait prit quelques mois avant de se décider de participer. Alors tous les soirs, il allait dans un petit bâtiment non loin des hôtels, et apprenait, sur une table, crayon en main en notant chaque détail sur comment il devait se comporter et qu'est-ce qu'il allait en tirer en échange. Il avait su les parfaits conseils à faire et comment se tirer d'affaire et bien évidement les quelques règles, il ne devait jamais refuser quelque chose, toujours employer une politesse d'Achille et obéir au doigt et à l'œil et bien évidemment ne rien divulguer à propos de cette activité à qui que ce soit. Mais en échange, il était traité comme un roi, et ça, c'était ça qui l'avait intéressé et forcé à continuer la formation. L'argent.

Et puis après quelques mois de pratique, il pouvait enfin passer à l'attaque. Il s'était donc créé un profil sur ce fameux site et avait du prendre des photos plutôt osées, et faire une description qui devait mettre en valeur ses qualifications. Malgré qu'au début il trouvait ça ennuyeux et idiot de devoir mettre à jour sans cesse des photos de sa personne, il avait commencé à s'y habituer, et cela ne lui faisait plus rien, ça devenait une habitude.

La rencontre entre Yoonjae et Hye-rim, n'avait donc eu rien d'innatendu et d'anodin. On lui avait lancé son dossier et ce qu'elle aimait. Puis par la suite, il avait contacté la jeune femme sur le site, il avait reluqué quelques photos, elle lui plaisait, mais il trouvait ça frustrant de ne pas pouvoir lui parler face à face et juste regarder pendant quelques jours ces photos. Car, il y avait une des choses qu'il avait apprit, ne jamais accoster la cliente. Donc, c'était elle qui devait venir à lui, et puis elle avait le choix, chaque jour ont lui proposait des photos, et profils de plusieurs jeunes hommes. Et elle avait choisit Yoonjae, car c'était le seul, qui n'avait pas souri sur ses photos, un regard las, et un faciès contracté. Et étonnamment ça lui plaisait de voir un homme aussi froid en apparence. Elle l'avait donc accosté, avait demandé un rendez vous. Elle l'avait trouvé très poétique et cultivé mais aussi humble et naturel. Il n'en faisait pas trop, ne se vendait pas et avait déjà commencé à énumérer ses défauts avant ses qualités.

Leurs discussions avaient toujours lieu le soir, après vingt deux heures. Ils parlaient pendant des heures et des heures et il apprenait un peu plus sur la jeune femme. Lors de leur premier rendez-vous, Yoonjae s'était simplement habillé, ne voulant pas trop en faire. Et pendant le rendez-vous ils avaient simplement parlé. Il lui avait dit que cela ne lui dérangeait pas de répondre à ces services et elle lui avait dit qu'elle ne couchait pas le premier soir. Il avait simplement acquiescé d'un mouvement de tête.

La conversation avait tourné autour de la jeune femme toute la soirée même si cette dernière essayait sans cesse de relancer la balle du côté de l'améthyste, mais ce dernier ne se livrait pas beaucoup, changeant de sujet. Il était très mystérieux, et Hye-rim appréciait ceci, ça avait le don de l'exciter sans même avoir senti la caresse de son amant. Elle aimait l'inconnu et elle ne savait toujours rien de lui, et pourquoi il s'était inscrit sur cette application.

Au fil des mois, leurs rendez-vous étaient de plus en plus fréquent et cachés du publique, et la jeune femme lui avait expliqué pourquoi. Ils changaient sans cesse d'hôtel et parfois de ville, mais cela était plus rare. Et Yoonjae repartait toujours avec quelque chose entre les mains que ce soit des liasses ou des accessoires. Il se rendait bien compte que cela faisait de lui un vulgaire toutou, la queue entre les jambes. Mais il n'en avait rien à foutre, il faisait tout ça pour assurer une réussite à sa sœur, et qu'elle puisse brandir fièrement son diplôme devant les yeux ébahis du jeune homme. Mais il restait encore un petit chemin à faire avant ça.


Après toutes ces pensées, il laissa sa fameuse cigarette rejoindre le sol, la fumée vient s'envoler dans les airs avant qu'il n'écrase cette dernière de sa semelle. Il laisse un léger grognement, puis voit un de ces collègues le rejoindre, les mains dans les poches et un énorme sourire rectangulaire sur le visage.

__Alors, tu prends beaucoup trop de temps pour une pause, dis moi.
__Et alors ?
__Non, rien, ce soir, je me demandais, t'as tante vient te chercher ?
__Ma tante ?
__Et bien... La femme de l'autre jour avec la grosse bagnole, c'est pas t'as tante ?
__Ah.... Euh ouais, non elle vient pas...., répond t-il rapidement avant de rejoindre l'intérieur.

L'autre jeune homme fronça les sourcils avant de faire une petite mine ne comprenant pas vraiment son collègue, qu'il trouvait légèrement bizarre depuis quelques temps, déjà qu'il l'était en temps normal.

Yoonjae, sera un personnage qui sera beaucoup représenté dans d'autres romans. Un peu comme Mario qui change de métier. Donc ne soyez pas perturbé de le voir dans d'autres histoires, parfois il y aura un lien, et parfois non.

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