À l'extérieur.

Loin, bien loin de l'Exodus, dans une petite ville ravagée par la guerre et la mort, dans les sous-terrains surveillés en permanence, se trouvait un jeune homme, avec des centaines d'autres. Et des femmes. Beaucoup de femmes, qui étaient là-bas par envie ou désespoir, les deux se rejoignant au bout du chemin.

- Les plans avancent ? demanda le jeune homme brun en s'appuyant contre la table en bois sale au milieu de la pièce.

Une jeune femme brune avec une frange mal coupée soupira.

- À la vitesse d'une fourmi. Comment veux-tu qu'on trouve de nouveaux chemins si tu nous interdis de sortir ? Personne n'est devin ici, Lay. Et à part vérifier que nos plans actuels sont exacts, on ne peut pas faire grand chose de plus.

Le prénommé Lay soupira à son tour. Vivre sous terre n'était déjà pas vraiment son but de vie, mais la tension qui régnait ici l'épuisait davantage. Il aimait le grand air et les aventures, seulement, désormais il devait être prudent, il avait une centaine de personnes sous ses ordres.

- J'en conviens, Seulgi, mais que veux-tu que je fasse de plus ? Nous avons déjà assez perdu de monde. Je refuse de laisser d'autre amis et frères partir comme ça, les jeter dans la gueule du loup.

- Alors que fait-on ? intervint un autre garçon assit derrière un écran d'ordinateur bien vieux pour son époque. On reçoit des appels chaque jour, on ne peut pas rester les bras croisés.

Lay serra les poings et observa les dizaines de cartes agrafées aux murs qui l'entouraient. Sur l'un d'eux, une liste, s'étendant du plafond au sol terreux, lui faisait toujours autant froid dans le dos, même après tous ces mois passés, toutes ces années. Des prénoms étaient rajoutés presque toutes les semaines, alors c'était pour ça que Lay avait décidé de ne plus laisser sortir personne.

- Vous connaissez mon objectif.

Seulgi et le garçon parurent désespérés.

- Lay, putain, il existe autre chose que l'Exodus, il y a des centaines de gens dehors qui se font massacrés tous les jours et qui attendent notre aide, pourquoi tu regardes sans rien faire ? Nos alliés sont entraînés, ils le sont tous les jours, les risques de les perdre sont faibles, tu te dois de les envoyer aider les civils, il y a des enfants qui...

- Ça suffit ! hurla le leader en tapant du poing sur la table. Seulgi, pour l'amour de Dieu, arrête de remuer le couteau dans la plaie. Je t'ai déjà expliqué mon point de vue et je l'ai fait devant tous les autres également, ils étaient d'accord avec moi, donc arrête. Tu as accepté de rentrer ici et de respecter les ordres, mes ordres, donc fais le.

Seulgi serra les dents. Elle détestait travailler en équipe, au fond d'elle, elle savait depuis le début que c'était une erreur de rejoindre la rebellion de ce Lay sorti de nul part. Elle passa devant lui en crachant ses mots comme l'aurait fait un véritable serpent:

- Je peux comprendre que tu veuilles défendre et sauver tous ces gays, mais pas que tu restes focalisé seulement sur eux et l'Exodus. Quand tu nous auras donner la véritable raison, j'arrêterai de gueuler, mais en attendant, je ne peux pas supporter qu'il y ai des enfants qui meurent chaque jour au dessus de nous.

- La ville est abandonnée ! hurla Lay alors que la porte claquait derrière Seulgi.

Il soupira, alors que l'autre garçon se levait à son tour pour sortir de la pièce.

- Tu sais que j'aime pas particulièrement Seul', mais là mec, elle a raison. J'suis désolé.

- Je m'y attendais Sehun.

Il resta seul dans la salle éclairée grâce à l'écran d'ordinateur et à une vieille lampe trouvée dans une décharge il y avait des mois de ça. Lentement, il s'avança devant la liste des prénoms et toucha des doigts deux d'entre eux, se promettant solennellement d'aller les libérer un jour ou l'autre.

- Tenez bon les gars, restez en vie...

-

- Pourquoi est-ce que je te vois dans mes cauchemars ? chuchota Taemin les larmes aux yeux.

Kai, totalement déstabilisé et prit de court, desserra progressivement son emprise sur les épaules tremblantes du blond devant lui. Il était complètement abasourdi et ne savait quoi répondre. Pour la première fois depuis le début du mensonge, il ne trouvait pas de solution, pas de quoi alimenter son alibi. Face à son silence, Taemin ne tint plus et éclata en sanglots, ce qui affola davantage le brun. Il commença à le frapper par petits coups, n'ayant plus vraiment d'énergie pour lutter contre Kai, tout en lui reprochant toute la misère du monde. Et Kai se laissa faire.

- Réponds, souffla le plus petit. Réponds putain, je veux des réponses, je deviens barge, j'ai pas été élevé comme ça, j'ai toujours raconté tous mes problèmes à mes parents et...

- Alors tu te souviens ? lâcha Kai du bout des lèvres.

Se pouvait-il que Taemin connaisse déjà la réponse mais qu'il veuille seulement tester les limites de Kai ? Non, impossible, il n'était pas comme ça. Pourtant, Kai prit peur et chercha la moindre trace de vérité dans les yeux de l'autre.

- Me souvenir de quoi ? s'écria Taemin sans le vouloir. Dans mes cauchemars j'assiste au meurtre de mes parents par les mains de Taehyung... Et je ne peux rien faire ! Ils sont tués par mon propre frère et je me contente de chialer comme un bébé ! Et puis... et puis...

Il ne trouvait plus ses mots, il perdait la tête et Kai ne semblait pas réagir. Comme d'habitude, pensa Taemin.

- Je t'ai vu. Avec Taehyung. Je sais pas quand ni où exactement mais vous étiez ensembles et vous aviez l'air d'être amis. Je sais pas comment c'est possible mais je me souviens de ça. Et... on était ensemble dans une école...

Kai décrocha. Il savait. Mais est-ce qu'il avait deviné la suite des événements ? Connaissait-il réellement toute l'histoire jusqu'à son arrivée à l'Exodus ? Il espérait que non.

- C'est tout ce dont je me souviens. Et tu m'as menti, chuchota le blond comme à bout de souffle.

Kai attendait la suite. Le regard de Taemin se voila de fatigue et de tristesse et il manqua tomber par terre, ses maigres jambes se dérobant sous son propre poids. D'un geste de réflexe, Kai le rattrapa de justesse et ils tombèrent presque tous les deux, couchés l'un sur l'autre. Kai sentit sa tête lui faire mal et son ventre se nouer.

- Tu m'as... menti. Tu as dit qu'on ne se connaissait pas d'avant. Pourquoi t'as fait ça ?...

- Je... Je ne sais pas, mentit-il en détournant le regard.

Il savait qu'il allait faire une énorme bêtise s'il continuait à fixer le visage fin de Taemin. Celui-ci, les yeux à moitié fermés, ne lâchait pas du regard le visage du brun tout près de lui. Même s'il savait qu'il lui avait menti, il se sentait étrangement en sécurité auprès de lui.

- Tu me détestais, c'est ça ? Je t'ai fait souffrir ?

Kai entrouvrit les lèvres, sentant son cœur se fissurer peu à peu. Pour la première fois depuis son arrivée ici, il avait envie de tout lâcher et de pleurer, encore et encore.

- Je dois forcément t'avoir fait du mal pour que tu veuilles que ça soit à mon tour de souffrir de la sorte, souffla Taemin en fermant les yeux sous la fatigue. Si c'est le cas...

Il laissa sa phrase en suspens alors que Kai faisait un effort surhumain pour ne pas verser une seule larme.

- Je suis désolé, finit de dire Taemin avant de tomber de fatigue.

Ses membres en sous nutrition ne le portaient plus et son pauvre cœur avait besoin de repos, du moins jusqu'à ce que son cerveau ne le bombarde d'affreux souvenirs. Kai l'observa longtemps, très longtemps, immobile, ne sachant quoi faire et pensant à un tas de choses à la fois.

- Si je t'ai menti c'est parce que... je voulais te protéger, Tae'.