C H A P I T R E - S I X

Le lendemain

Maman prépare le dîner tandis que je regarde mes mails. L'agence ne me lâche pas d'une semelle, me donnant de plus en plus de tâches à réaliser.

En cette période, notre site Internet regorge de nombreuses collections toutes plus folles les unes que les autres. Bien que j'aime mon métier, je suis épuisée. Ma patronne me considère comme son meilleur élément et m'attribue tout ce qu'il y a de plus compliqué à gérer. Je n'ai aucune minute de répit, même lorsque je m'absente une journée.

Je note dans mon téléphone tout ce que je dois encore faire : vérifier les stocks grâce à notre plateforme, prévoir des shootings photos, caser les rendez-vous administratifs, faire de nouveaux patrons pour les couturières. Cette montagne de conditions va me rendre folle. Littéralement.

« Tu ne veux pas lâcher ton téléphone cinq minutes ? »

Ma mère me regarde, un torchon à la main. C'est pourquoi je décide de laisser le travail de côté pour passer un peu de temps avec ma génitrice.

« Désolée, j'avais deux trois trucs à régler.

— Tu travailles énormément, ma puce. Tu n'as pas vu comme tu as maigri !

— Ne dis pas de bêtises, maman. Je suis toujours la même qu'avant.

— Je pense pourtant le contraire. Depuis que tu t'es installée en Californie, je ne te reconnais plus.

— Comment ça ?

— Tu ne m'appelles presque plus, tu ne te nourris visiblement pas assez, tu sembles éteinte, toujours avec une mine triste.

— Je m'en excuse, ce n'est absolument pas volontaire. C'est juste que j'ai du travail à la pelle, et c'est parfois difficile de trouver des moments pour moi. Mais, ne t'en fais pas, je vais bien, mamounette, fis-je, en la prenant dans mes bras. »

À cet instant, j'aimerais que mes paroles sonnent vraies. Ma mère me connaît comme sa poche, elle ne me croira jamais. Pourtant, mes dires semblent la convaincre puisqu'elle n'en dit pas plus.

« Bon, va mettre la table, on est quatre, ce soir.

— Quatre ?

— Ton père a proposé à Adam de venir dîner, puisqu'il a réparé sa vieille voiture. Je lui ai déjà dit qu'il fallait s'en débarrasser, mais il n'en fait qu'à sa tête, souffle-t-elle. »

Mon cœur s'est arrêté lorsque ma mère a prononcé ces deux syllabes. Il me suit à la trace, ce n'est pas possible.

Bordel de cacahuètes, ce dîner va être vraiment étrange.

×××

Alors que nous sommes bien sagement installés dans le canapé, la sonnette retentit dans toute la maison. Ma mère s'empresse d'aller ouvrir à notre cher invité. Pendant ce temps, je me sers une coupe de champagne afin d'arrêter de psychoter. A tous les grands remèdes, l'alcool est mon meilleur ami !

Des pas se rapprochent de plus en plus de là où nous sommes, mon père et moi. Maman plaisante avec le brun comme à son habitude. Mes parents l'ont toujours adoré, même lorsqu'il entraînait mon frère dans ses conneries.

Une fois, nous étions tous les trois dans la chambre de mon frère, les deux garçons jouant aux jeux vidéos. Ils faisaient souvent des paris à l'époque, disant que cela rajoutait un peu de piment au jeu. Ce jour-là, ils avaient donné un gage pour le perdant. Celui qui ne gagnait pas la partie devait se raser la tête avec la tondeuse de mon père. Mon frère a perdu et a dû se tondre la tête. Bien sûr, il s'est loupé. Mais, ça a bien fait rire ces deux idiots.

Lorsque notre mère a vu Josh, elle est devenue verte. J'ai même cru un instant qu'elle allait tourner de l'œil. Il s'est pris un savon et Adam a lui aussi été puni, jusqu'à ce que les deux adultes se soient assurés qu'ils retiennent bien la leçon. Franchement, ces deux-là étaient de vrais zouaves.

« Bonjour, tout le monde ! fait Adam, en entrant dans la pièce. »

Mon père se lève afin d'aller le saluer. Quant à moi, je m'enfonce un peu plus dans le fauteuil, souhaitant au plus profond de moi-même disparaître. Pourquoi faut-il que cela m'arrive ? Il ne pouvait pas rester tapi dans l'ombre durant mon séjour ?

« Salut, la mioche, dit le brun, en me frottant les cheveux. »

Je râle comme à mon habitude et il rigole. Son rire communicatif me fait vite retrouver mon sourire. Telle une gamine, je lui flanque un coup dans le bras.

« T'es chiant.

— Toujours en train de se chamailler ! constate ma mère.

— Tu aimes quand je suis chiant, déclare Adam, un sourire en coin. »

Je vais te le faire avaler ton stupide sourire en coin, qui te rend atrocement séduisant. Mais je ne fais rien, si ce n'est lever les yeux au ciel. Il m'exaspère.

« Tu veux une coupe de champagne, Adam ?

— Non, merci, Anne. Je conduis.

— Oh, mais qu'il est sérieux. Tu vois, ma chérie, c'est un homme comme ça qu'il te faut. »

J'avale ma délicieuse boisson de travers, me faisant tousser abondamment. Le comble, dans tout ça, c'est qu'Adam s'occupe de me tapoter dans le dos. Ils veulent tous ma mort ou quoi ?

« Au fait, pourquoi Alessandro n'est pas venu ?

— On s'est séparés. »

Cette annonce laisse un silence glacial dans la pièce. Je n'avais pas prévenu mes parents de ma rupture avec celui qui est responsable de tous mes maux. Ce n'était absolument pas l'occasion pour leur annoncer ça. Et bien sûr, chez les McLister, nous ne faisons pas les choses normalement.

« Tu l'as quitté ?

— Oui.

— Tu as bien fait, ma puce. Cet homme n'était pas fait pour toi !

— Henri ! réprimande ma mère.

— Tu n'as peut-être pas tort, murmuré-je. »

Adam me regarde avec compassion, il était malheureusement déjà au courant, n'ayant pas su tenir ma langue lors de la soirée chez mon aîné.

Ses cheveux retombent sur son front, me donnant l'envie de les remettre en place. Argh ! Pourquoi ai-je ces réactions ?

« On passe à table ?

— Je meurs de faim ! s'exclame le brun à mes côtés.

— Le dernier dans la cuisine a perdu, dis-je. »

Ni une, ni deux, nous courons à grandes enjambées vers le saint-graal, jouant des coudes afin de passer en premier. Alors que j'allais déposer un pied sur le carrelage couleur marbre de la cuisine, mon corps est propulsé sur une épaule large. Il n'a pas fait ça. 

« Adam, lâche-moi. On va voir ma culotte, fis-je, rougissante.

— On est uniquement tous les deux. Au pire, je serai le seul à la voir. »

Des bouffées de chaleur me montent au visage, le rendant encore plus rouge qu'il ne l'était déjà. Il va me rendre folle.

« Tu comptes me reposer quand ? demandé-je, en faisant des formes dans son large dos.

— Quand j'en aurais décidé.

— C'est pas une réponse, ça.

— Tu devras t'en contenter. Sinon, continue, j'adore ça. »

Mon ventre se retourne et ma main reste en suspend. Adam me fait descendre et je me retrouve les deux jambes de part et d'autre de son bassin. Gênée, je regarde partout, sauf lui.

« Pourquoi tu me fuis comme ça ?

— On est peut-être un peu trop... proches.

— Ah bon ? répond-il, en se rapprochant encore un peu plus de moi. »

Je peux sentir son souffle chaud sur ma peau dénudée, j'en ai la chair de poule. À quoi joue-t-il ?

Mes yeux rencontrent enfin les siens, une sensation agréable réchauffe mon corps entier. Nous restons ainsi durant quelques secondes, dans notre bulle. Je décide de rompre le contact visuel en premier, n'arrivant plus à faire face à son regard de braise. Déboussolée, j'enfonce mon visage dans sa large épaule, en profitant pour humer son parfum.

« Tu ne veux pas me reposer ? Je dois être atrocement lourde, chuchoté-je. »

Une de ses mains passe derrière ma nuque, électrisant chaque petite cellule qui me compose. Cela faisait un moment que je n'avais pas ressenti cet effet, notamment depuis Alessandro.

Son visage me vient en mémoire encore une fois telle une violente claque. Je dois arrêter de penser à lui alors qu'il s'en fiche complètement de moi.

Adam passe son pouce sur ma joue de façon très attendrissante.

Ma respiration est plus rapide qu'elle ne devrait l'être et les battements de mon cœur s'accélèrent. Je sens aussi le sien, battre contre ma poitrine. Qu'est-ce que nous sommes en train de faire ?

Son visage s'avance vers le mien et ses lèvres pulpeuses s'ouvrent légèrement. Je suis tétanisée, partagée entre l'envie de l'embrasser comme si ma vie en dépendait, ou reculer et me terrer chez moi, jusqu'à la fin de mes jours.

Il commence par déposer un doux baiser sur ma mâchoire, remontant petit à petit vers le coin de ma bouche. Je reste stoïque, mes pensées embrouillées. Le pire, c'est que j'apprécie vraiment la manière dont il a de m'embrasser. C'est doux, mais bestial à la fois.

« Qui est arrivé en premier, les jeunes ? questionne ma mère, en entrant dans la salle. »


Un mot pour Adam ?

Et pour Ellie ?

Qu'en avez-vous pensé ?

On se retrouve avec la suite de cette soirée mercredi ! D'ailleurs, le chapitre sera posté au matin puisque je ne serai pas dispo en ce vingt-cinq décembre haha 🍒

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