C H A P I T R E - Q U A T O R Z E

Un vrai duel de regard se produit entre Adam et moi, au fur et à mesure qu'il se rapproche de ma personne. Il commence par serrer vigoureusement la main de mon accompagnant, qui grimace sous la forte poigne du bouclé. Ensuite, il se positionne devant moi et je suis obligée de lever légèrement la tête afin de pouvoir rencontrer son regard ténébreux.

Je lui offre mon sourire le plus hypocrite et décide de lui claquer une bise rapide. Ni vu, ni connu. Puis, je fais abstraction de sa présence un peu trop envahissante à mon goût. La petite Ivy s'agrippe à la jambe du brun, ce qui l'interpelle. Il ricane doucement lorsque la blondinette le supplie de lui donner un bout de barbe à papa, au risque de s'écrouler sur le sol, tant elle a faim. Ma nièce est un vrai clown.

Pendant ce temps, Jon me rapproche de lui, comme pour m'inciter à nous en aller. Il sait pertinemment que cette situation est insoutenable pour moi. Je me dois de garder la face devant mes proches alors que d'un côté, j'ai tout simplement envie de me terrer au fin fond d'une grotte et de ne plus jamais en ressortir.

Afin de le rassurer, j'exerce une pression sur sa main et lui souris doucement. Il dépose un tendre baiser sur ma tempe et bien sûr, cela n'échappe pas au public environnant.

« Tu nous caches quelque chose, sœurette ? demande Joshua, l'air taquin.»

Je suis tentée de lui répondre que Jon est son beau-frère, rien que pour admirer la réaction du bouclé. Mais, dans un sens, cela n'est pas très sympa pour mon meilleur ami. Il n'a pas à être mêlé encore plus dans cette histoire déjà assez compliquée à gérer de mon côté. 

C'est pourquoi, je décide de jouer la mystérieuse en renchérissant : 

 «En quoi ça te regarde ? 

— J'avoue, elle fait ce qu'elle veut. Si elle est heureuse avec un autre, alors tant mieux, lance Adam. »

Je n'en crois pas mes oreilles. Vient-il de faire un sous-entendu à notre plausible relation ? Non, c'est impossible. Il m'a bien fait comprendre qu'il n'y aurait jamais rien entre nous. Il faut que j'arrête d'espérer, ça finit toujours par me faire un mal de chien.

« T'as raison. Jon est un gars bien, contrairement à Alessandro.

— Josh ! Laisse Alessandro là où il est, s'il te plaît, grondé-je. »

Remettre mon ex sur le tapis est la dernière chose que je souhaite. Je n'aime pas que l'on parle de cette façon de lui. Certes, il n'a pas été des plus sincères envers moi et j'ai beaucoup souffert de cette relation, mais je n'ai pas envie de salir son image. Je ne suis pas comme ça.

Quant à mon meilleur ami, il ne sait plus où se mettre. C'est assez délicat puisque nous ne partageons qu'une amitié formidable. Il doit être atrocement embarrassé ; il se situe entre un homme pour lequel je ressens quelque chose d'interdit et mon frère, mon sang, l'un des piliers de ma vie.

« On y va ? chuchote mon asiatique préféré. »

Je hoche la tête et me prépare à saluer tout le monde, lorsqu'Adam décide de prendre la parole. Qu'est-ce qu'il veut encore ?

« J'organise une petite soirée privée en boîte ce soir. Vous n'avez qu'à venir tous les deux, dit-il en me fixant.

— Avec plaisir ! me coupe Jon. »

Adam est tout aussi surpris que moi, je ne m'attendais clairement pas à ce que mon ami réponde quoique ce soit.

« Très bien, je vous envoie l'adresse. »

Puis, j'embrasse mes proches un à un avant de partir à grandes enjambées vers la sortie.

« Tu m'expliques ce que tu viens de faire ?

— Je t'ai laissé une chance de lui prouver qu'il a eu tort de te traiter comme une vulgaire poupée.

— Pardon ?

— Ce soir, tu vas lui faire regretter.

— Je ne le ferai pas puisque je n'irai pas à cette fête pourrie.

— Tu n'as pas le choix, miss ! »

Il tire de nouveau sur mon bras afin que je le rattrape. Dans quel pétrin me suis-je encore fourrée ?

×××

Positionnée devant ma valise à moitié remplie, je peine à trouver une tenue décente pour ce genre de soirée. Selon Jon, je suis obligée de sortir le grand jeu, sinon cela ne sert strictement à rien que je sorte de cet appartement, qui n'est même pas le mien par ailleurs. 

« Ne me dis pas qu'il n'y a pas une robe qui traîne là-dedans ?

— Je n'avais pas prévu de rester autant de temps ici. Je n'ai pas emmener toute mon armoire, m'agacé-je. 

— Bon, laisse-moi faire. Va prendre une douche et t'épiler. Ce soir, tu ne rentres pas seule !»

Je lève les yeux au ciel, peu convaincue par ses propos. Il extrapole toujours tout. Adam se trouvera une nana pour la soirée et il ne me prêtera aucune attention. J'en suis persuadée. 

Ne voulant pas énerver l'asiatique, je choppe des sous-vêtements dans mon bagage et file sous la douche. J'essaie de me détendre en fredonnant quelques paroles apprises avec soin lors de mon enfance. 

Sans m'en rendre compte, je m'imagine être aux côtés d'Heather. Elle aurait très bien pu me donner quelques conseils afin que tout se déroule parfaitement du début à la fin. Heather était très friande des histoires d'amour. Elle adorait regarder toutes sortes de films à l'eau de rose, fantasmant sur chacune des relations. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi fleur bleue qu'elle. Elle était tout simplement unique, un vrai petit bijou précieux. 

Des perles salées viennent se mélanger à l'eau chaude qui sort du pommeau. Cela faisait un petit moment que je n'avais pas pensé à elle ainsi. Parfois, j'ai peur d'oublier à quoi elle ressemble. J'ai peur d'oublier chaque recoin de son visage. J'ai peur d'oublier tout ce que j'ai vécu auprès d'elle. J'ai tout simplement peur de l'oublier, dans son entièreté. 

Heather aura toujours sa place quoiqu'il arrive au plus profond de mon cœur, c'est indéniable. Pourtant, avec le temps, j'ai l'impression de l'abandonner. Comme lorsque je suis partie il y a quelques mois de cela. 

Des coups contre la porte me sortent de mes pensées. Je coupe l'arrivée d'eau et m'enroule dans la serviette posée sur le rebord du meuble. 

Je jette un coup d'œil au miroir embué. Ne voulant pas alerter Jon de mon état déplorable, j'essaie d'enlever toutes traces de pleurs en passant mes doigts sous mes paupières. Il continue de taper contre le bois, s'impatientant. 

« Deux minutes. Je suis encore nue ! »

En deux-trois mouvements, je revêts mes sous-vêtements et enfile un long tee-shirt, appartenant encore à Alessandro. 

« Il t'en a fallu du temps ! s'exclame mon meilleur ami, lorsque j'ouvre la porte. »

Sans que je ne demande quoique ce soit, il me jette un pantalon moulant noir et une brassière décolletée de la même couleur. 

« C'est la tenue parfaite ! »




Et voilà le quatorzième chapitre ! J'espère qu'il vous aura plu 

xoxo

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