C H A P I T R E - P R E M I E R
365 jours, une année, des milliards d'heures, de minutes et de secondes. Pourtant, le temps s'est écoulé à une vitesse folle. Je n'ai même pas eu le temps de cligner des yeux, que me voici déjà le premier janvier, une flûte de champagne à la main, célébrant les fiançailles de mon frangin.
« Ellie, chérie, viens prendre une photo, m'appelle ma mère. »
Agacée, je me lève tout de même, ne voulant pas attirer les foudres de ma génitrice. Je me positionne sur un côté, et Joshua passe son bras autour de mes épaules.
Maintenant écrasée contre son torse dur, je ne peux plus me défiler.
« Trois, deux, un, cheese ! »
Un clic se fait entendre, et le flash vient agresser mes yeux bleus. Je fronce les sourcils, ma vision étant altérée par des tâches blanches.
« Que vous êtes beaux, mes chéris.
— Merci, maman. »
Joshua me sourit, heureux que je sois ici. Il faut dire que nous ne nous voyons que très rarement. Habitant à quelques kilomètres d'eux, il m'est difficile de partager des moments aussi importants avec ma famille. Mais, je suis bien trop occupée par mon travail.
« Tatie Ellie ! »
La copie de mon frère me saute dessus, visiblement excitée. Je m'accroupis à sa hauteur et la serre dans mes bras.
« Tu ne devrais pas être en train de dormir, à cette heure-là ?
— Si, mais papa m'a dit que je pouvais rester ici. Hein, papa ?
— Bien sûr, trésor.
— Et bien, si papa le dit, alors tu en as de la chance.
— On peut danser ?
— À vos ordres, capitaine ! »
Ma nièce tire sur ma main, et je la suis sur le dancefloor. Elle me demande de la faire tourner, et je m'exécute. Je ne peux rien refuser à ce petit bout de quatre ans.
×××
Assise sur un tabouret, je me masse les pieds. Pour l'occasion, j'ai mis de nouveaux talons et je me retrouve avec les voûtes plantaires en feu. Mes chaussures tombent sur le parquet et je grimace, tant la douleur est pénible.
« Mademoiselle McLister ? »
Cette voix, je la reconnaîtrais entre mille. Rapidement, je lève la tête vers mon interlocuteur et me pends à son cou.
Déstabilisé, il arrive tout de même à nous maintenir en équilibre. J'hume son parfum aux effluves boisées et ferme les yeux.
« Comment va ma blonde préférée ? dit-il, en se détachant de moi. »
J'en profite pour le détailler. Ses cheveux bruns toujours en bataille, ses sourcils broussailleux, ses yeux noisette, son nez long et fin, sa bouche pleine et rosée, son grain de beauté sur la joue, Adam n'a pas changé d'un poil. Sauf qu'avec l'âge, il a gagné de la barbe, ce qui lui donne un côté plus viril. Il est vraiment beau.
« Ça va, comme d'habitude. Et toi ? Ça fait un bail !
— Nickel, je profite de la vie. Tu fais quoi, maintenant ?
— J'exerce en tant que styliste, à Los Angeles. Et toi ?
— Oh, je ne savais pas que tu avais quitté notre petite campagne. Josh ne m'a rien dit, ce cachottier ! rigole-t-il. »
Son rire sonne merveilleusement bien à mes oreilles et me donne envie de sourire. Adam m'a manqué.
« Sinon, pour répondre à ta question, je bosse dans un garage. Je m'éclate à retaper et à vendre des vieilles voitures, avec mon vieux. »
Lorsque nous étions plus jeunes, Adam parlait souvent du fait qu'il voulait travailler avec son père lorsqu'il serait en âge de le faire. Il faut croire que ses plans n'ont pas changé.
Le brun s'assoit à mes côtés, posant son coude nonchalamment sur le bar.
« Et tu es seule ?
— Comment ça ?
— Tu as un copain ? »
Le rouge me monte aux joues et je tousse abondamment. Adam me regarde, la tête penchée sur le côté, le regard visiblement inquiet.
« Tout va bien ?
— Hum, oui... J'ai un... chat dans la gorge, conclus-je, peu sûre de moi.
— C'est vrai que les températures chutent énormément en ce moment, ça ne m'étonne pas. »
Je lui souris maladroitement et laisse mon regard vagabonder dans la salle. Les gens semblent heureux de se retrouver, enfin pour la plupart. Les fêtes de famille sont rares chez nous. Nous préférons être en petit comité, qu'entourés de personnes que nous n'affectionnons pas plus que ça. Mais aujourd'hui est un jour spécial et les retrouvailles sont inévitables.
« Donc...
— Oui ? fais-je, en posant mes yeux sur lui.
— Tu n'as pas répondu à ma question, dit-il en se grattant la nuque.
— On s'en fout, non ?
— Oui, oui. Bien sûr, s'empresse-t-il d'ajouter. »
Je ne peux m'empêcher de penser à Alessandro, mon bel Apollon. Dès que nous nous sommes rencontrés, à un gala de charité, le feeling est tout de suite passé. Nous nous sommes rapidement rapprochés, c'est comme si nous étions deux aimants. Enfin, c'était jusqu'à ce qu'il me trompe avec ma collègue et amie, qui plus est.
Cette trahison m'a vraiment atteinte, je ne pensais pas une seconde que cela allait arriver un jour. Mais bon, la vie en est faite ainsi, avec ses hauts et ses bas.
« Tu veux danser ?
— Mais, il n'y a personne sur la piste !
— Eh bien, nous serons les premiers. »
Il saisit ma main et me tire jusqu'au centre de la pièce. Je zieute partout autour de moi, mal à l'aise. Une musique relativement douce s'enclenche et Adam dépose ses mains sur ma taille. Ce contact m'électrise de la tête aux pieds.
Bordel de cacahuètes, j'ai encore une fois trop bu !
Adam et moi nous connaissons depuis que j'ai des boutons, soit depuis notre adolescence. C'est le meilleur ami de Joshua, donc il était souvent à la maison. À cet âge, j'étais déjà en train de fantasmer sur ce jeune garçon, mes hormones étant en ébullition. D'ailleurs, mon premier bisou lui a été destiné. Enfin, pas directement. On va dire que j'ai placardé une photo de lui sur le mur de ma chambre et me suis exercée. Rien que d'y penser, j'ai un haut-le-cœur. Gamine, j'étais vraiment étrange.
Pourtant, bien que je sois attirée par lui, Adam m'a toujours considérée comme sa petite sœur. Il me disait souvent que j'étais jolie, mais sans plus. En même temps, nous avons quatre ans de différence. Ça peut paraître peu, mais nous concernant, cela fait beaucoup. Alors, je me contentais de le regarder fricoter avec les plus belles nanas de la Terre.
Jusqu'à ce que je parte pour étudier. J'ai absolument tout plaqué du jour au lendemain, n'emportant que mon sac à dos fétiche.
Mes valises se sont déposées sur le sol Californien. La première fois où j'ai foulé le bitume de cette si jolie ville, j'ai tout de suite su que ce serait ici et pas autre part. Ainsi, j'ai suivi mon instinct et me suis inscrite dans une école de stylisme dans laquelle j'ai eu mon diplôme, l'année précédente.
Cela n'a pas été simple au début et je me suis offerte de nombreux refus. Mais je n'ai pas démérité. Être styliste était l'un de mes plus grands rêves et même si c'est dur, même si j'ai eu envie de tout abandonner, j'ai persévéré. J'ai cravaché durant plusieurs mois, suppliant les écoles de me laisser ma chance. Et puis, cela a payé.
Maintenant, je bosse dans une grande entreprise et c'est loin de me déplaire. Là-bas, j'y ai fait de merveilleuses rencontres et de mauvaises également. Insouciante, je me suis laissée influencer par des personnes qui n'en valaient pas plus la peine que cela. Malheureusement, je l'ai compris bien trop tard.
Aujourd'hui, je ne me préoccupe plus de ces poisons, malgré le fait que je travaille dans la même boîte qu'eux. Je sais pertinemment qu'ils jacassent dans mon dos, mais je m'en contre-balance.
« Laisse-toi guider, chuchote-t-il. »
Gênée, mes mains s'enroulent alors autour de son cou. Adam mène la danse et je me laisse faire. Nous ne nous lâchons pas du regard, ce qui me rend toute chose. Cette réaction n'est absolument pas normale. Saperlipopette ! Que se passe-t-il ?
Il retire une de mes mains et me fait tourner à l'aide de celle-ci. Je rigole, n'étant pas du tout prête à ce qu'il fasse cela. Des couples se sont joints à nous et profitent de ce moment hors du temps.
La musique touche bientôt à sa fin, me faisant réaliser que je ne souhaite pas que cela se termine. À la fin de celle-ci, le beau brun fait une révérence, me remerciant. Le sourire aux lèvres, je décide de faire durer cet instant.
« Buvons un verre à nos retrouvailles ! m'exclamé-je. »
Adam hoche la tête et je pars chercher de l'alcool et des verres. Sur mon passage, je croise des regards haineux, comme d'habitude. Avec le temps, j'ai compris que ma famille m'enviait pour x ou y raisons. Ils sont tout simplement jaloux de ma réussite alors qu'ils n'auraient même pas misé un dollar sur moi.
Je remonte le salon à la recherche du petit bar. Heureusement que j'ai enlevé ces échasses de douze centimètres. Arrivée à mon but, je chope la bouteille de vodka et des verres à shot. Ça devrait le faire.
Le sourire aux lèvres, je rebrousse chemin afin de rejoindre Adam. Je me fais accoster par différentes personnes auxquelles je ne prête aucune attention. C'est vrai, pourquoi jouer les hypocrites ? Ce n'est absolument pas dans ma nature. Je clame haut et fort ce que je pense même si cela peut blesser.
Alors qu'il me reste quelques mètres avant d'arriver aux côtés du brun, je remarque qu'il n'est plus seul. Bien au contraire, il est en très charmante compagnie.
Je repère qu'il s'agit de ma chère cousine que je ne peux blairer. Elle a toujours aimé s'accaparer tout ce qui est en relation avec moi. Nous ne nous portons pas dans nos cœurs, pour ne pas dire que nous nous détestons.
Adam semble vraiment prendre du plaisir à parler avec elle, on peut entendre d'ici son rire. Que peut-elle bien lui dire pour qu'il s'esclaffe ainsi ?
Agacée, je fonce droit vers eux, prête à rentrer dans le tas s'il le faut. Je m'assoie sur la chaise à côté du brun, qui ne me prête d'ailleurs aucune attention. Sympa.
Au bout d'un certain temps qui me semble une éternité, je m'éclaircis la gorge volontairement. L'écervelée se penche vers l'origine du bruit et sourit faussement.
« Ellie ! s'exclame-t-elle, enjouée. »
C'est l'hôpital qui se fout de la charité, non d'un chien !
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