ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 8
— L'entraînement n'aura pas lieu aujourd'hui. D'ici match contre l'Australie, il est interdit de sortie du hall du camp.
Alors ça, c'était inattendu.
— Mais coach ! Le match est dans deux jours, nous devons nous renforcer et-
— Je ne veux rien entendre. Maintenant aller dans vos chambres, à moins que vous ne vouliez vous faire remplacer de l'équipe, ce qui ne me dérangerait absolument pas.
Un soupir las s'échappa de mes lèvres, je me retournai, s'il n'y avait pas d'entraînement, alors je n'allais pas rester ici, bloqué à essayer de contester les ordres du coach.
Kidou continua d'essayer de convaincre le coach, suivi d'Endou, bientôt, je n'entendit plus la conversation, j'étais déjà en train de monter les escaliers vers ma chambre.
— Hey, Sato !
Je me mordit la langue, pourquoi est-ce que cet imbécile venait me parler. Sérieusement ? C'était même pas la première fois, en plus.
— Qu'est-ce que tu veux Fudou ?
Je me retournais vers lui, il s'approcha dangereusement de moi avec son fameux sourire carnassier aux lèvres, c'était agaçant.
— Tu comptes essayer de braver les ordres du coach et sortir ?
— C'est hors de question, soupirai-je, je ne vais pas risquer ma place dans l'équipe stupidement.
— Mouais, c'est pas drôle, mais je suis d'accord.
Je levai les yeux au ciel. Ce garçon avait la capacité de m'énerver plus que tout.
— Bref.
Je rentrai dans la chambre, désireux de m'éloigner le plus rapidement possible de lui et de tout ce qui le concernait. Dans ma chambre, je soupirai un bon coup. Donc, j'allais passer deux jours dans ma chambre, sans rien faire ? Ça allait être d'un ennui mortel. Oh oui, ça allait être long.
Deux heures. Ça faisait deux putain d'heure que j'étais enfermé dans ma chambre, dans mon lit, à m'ennuyer comme si j'étais dans une pièce complètement vide. J'avais l'impression que le temps passait
quatre fois plus lentement, et ça commençait à m'agacer. J'avais mal à la tête à cause des musiques qui s'enchainaient les unes après les autres, dans mon casque. Mon corps était complètement engourdi, après une semaine à m'entraîner presque tout les jours, j'avais maintenant l'impression de revenir quatre mois plus tôt.
Une notification s'afficha à mon téléphone, d'un mouvement paresseux, je l'attrapai pour voir ce que c'était. Un rappel pour mon rendez-vous à l'hôpital cet après-midi. J'avais presque oublié que j'étais censé y aller, pour voir si je serais apte à jouer un match, et pour s'assurer que j'étais en bon état. Je ne voyais vraiment pas pourquoi j'avais besoin de ça, j'étais guéri depuis un long moment maintenant, je n'avais plus aucun problème. Physiquement, en tout cas.
Je reposait mon téléphone à côté de ma tête et fermait les yeux. Même si j'essayais, je n'arriverais pas à m'endormir, je n'avais rien pour faire passer le temps, ça commençait à sérieusement m'énerver. Je me tournai sur le dos dans mon lit, fixant le plafond. Il était blanc. Un blanc ennuyant et triste, avec des traces noires dessus, qu'est ce qu'elles faisaient là ? Je n'en avait strictement aucune idée, mais elles étaient là, et c'était vraiment moche.
Je restais dans cette position un long moment, enfin, ça me semblait être une éternité, mais si ça se trouve ça n'avait duré que cinq minutes, même si elles en paraissaient comme 2 heures.
Quand l'heure de manger arriva enfin, ce qui me semblait être une éternité plus tard, un soupir de contentement m'échappa, j'allais enfin pouvoir faire quelque chose, même si ce n'était que manger, c'était déjà pas mal.
En sortant de ma chambre, je croisai Kazemaru qui vint marcher à mes côtés, en se plaignant du fait que nous ne pouvions pas jouer et qu'il sentais déjà qu'il était en train de rouiller, et aussi que la mâtinée avait été interminable.
Une fois dans la cantine, nous nous assîmes ensemble, et Fubuki nous rejoint bientôt, suivi d'Endou, de Tachimukai et Utsunomiya. Un soupir discret s'échappa de mes lèvres, c'était ça, l'inconvénient d'être un tant soit peu ami avec Kazemaru et Fubuki : leurs amis venaient toujours avec nous quand on était ensemble, et ça devenait rapidement trop bruyant pour moi. Enfin, même si je n'étais pas ami avec eux, ces trois là venaient souvent d'eux même vers moi, de vrais rayons de soleil, mais pas dans le bon sens du terme. Juste aveuglant et énervant.
— C'est trop nul qu'on ne puisse pas jouer aujourd'hui, ni demain ! Je sais pas ce qui lui passe par la tête au coach, mais c'est trop bizarre ! s'exclama Endou en prenant une grande bouchée de riz.
— C'est clair, l'équipe n'est pas encore au point, il aurait fallu qu'on puisse s'accorder encore plus, et on ne peut même pas le faire maintenant ! fit Tachimukai à son tour.
— Cet après-midi je sors ! Le coach ne le remarquera même pas, je n'en peux plus de rester enfermé dans ma chambre, c'est trop long ! annonça le capitaine, l'air déterminé.
Un soupir s'échappa de mes lèvres, je posais ma tête contre ma main, jouant distraitement avec mes baguettes, c'était peine perdue. Le coach surveillait juste devant les portes du hall pour empêcher quiconque de sortir, peu importe les raisons.
Peu importe les raisons ? En y repensant, me laisserait-il même sortir pour mon rendez-vous à l'hôpital ? J'espérais bien que oui, de toute façon, si je dois jouer, il faudra bien que lui même soit sûr de mon état pour me laisser aller sur le terrain.
— Takeshi ? Tu ne manges pas ?
Je relevai mon regard vers Utsunomiya qui venait de me parler.
— Si, si.
— C'est trop nul qu'on ne puisse pas jouer, pas vrai ? Vraiment je m'ennuie dans ma chambre ! marmonna-t-il.
Je hochai de la tête en mangeant mollement ce qu'il y avait dans mon assiette.
— D'ailleurs, Takeshi ! Tu es attaquant, n'est-ce pas ? Tu as une super technique ? Je ne t'ai jamais vu en utiliser une, mais tu es super fort ! Je suis sur que tu en as une ! s'exclama-t-il avec un grand sourire.
Je tournai le regard, j'avais en effet une super technique, mais pour une raison que je ne connaissais pas, j'étais mal à l'aise avec le fait de l'utiliser, et ce, depuis mon accident, je n'avais pas pu la refaire. Pas que je n'y arrivais pas, j'étais presque sûr que si je le voulais, j'y arriverai, mais j'avais littéralement un bloquage qui m'empêchais même d'essayer.
— Oui, j'en ai une.
Les yeux d'Utsunomiya s'illuminèrent, un grand sourire étira ses lèvres, il se redressa d'un coup.
— Tu pourras me montrer ? Moi je n'en ai pas encore, j'aimerais tellement en avoir une ! Tu me montreras, hein ? Tu me montreras ?
Son excitation soudaine me donna l'impression qu'il avait pompé toute mon énergie qui était déjà très peu présente. Je hochai de la tête, pas très motivé.
— Trop bien ! J'ai hâte ! Enfin, ça devra attendre qu'on ai gagné le match contre l'Australie parce que la... on peut pas s'entraîner, il termina sa phrase en enfouissant sa tête dans ses mains.
Ce garçon me donnait vraiment une impression étrange, trop étrange, c'était vraiment quelqu'un de lumineux, il était toujours très gentil et motivé, très amical avec les autres aussi, mais quand il jouait au foot, il devenait plus sérieux, sans pour autant ne pas être joyeux. Et il y avait quelque chose, c'était normal pour un attaquant de vouloir marquer des but, n'est-ce pas ? Mais chaque fois que je le voyais le ballon au pied, devant les cages, il faisait la passe. Chaque fois, je ne l'ai vu tirer aux buts uniquement trois fois durant les matchs d'entraînement que l'on faisait. C'était très consternant. J'avais un étrange sentiment de déjà-vu que je ne saurais expliquer.
Environ quarante cinq minutes plus tard, je partis de la table pour retourner à ma chambre, ça commençait à devenir trop bruyant. À vrai dire, je n'étais pas vraiment ami avec qui que ce soit à cette table, à part peut-être un peu Kazemaru et Fubuki. Alors quand Endou avait commencé à me poser des questions, j'ai prétendu être fatigué pour remonter à ma chambre. Je n'avais absolument pas envie de parler avec eux.
Une fois de nouveau allongé dans mon lit, un très long soupir m'échappa, c'était reparti pour une très longue après midi sans fin. Heureusement que mon rendez-vous viendrait couper ça, dans une heure et demie. Mais en attendant, je devais trouver quelque chose pour m'occuper avant que je ne devienne encore plus fou.
Je m'assis au bord de mon lit et allumai ma musique d'un geste automatique. Je regardai le sol, le sol était aussi moche que le plafond. Juste un sol marron, sans vie. Bon en soit, les murs n'étaient pas mieux, ils étaient vert pâle. En fait, toute la chambre était vraiment vide, sans vie, c'était exactement comme je m'imaginais les chambres d'hôpital psychiatrique. Même à l'hôpital, ma chambre me convenait mieux, malgré les odeurs d'antiseptiques. La seule chose qui me donnait un peu de réconfort dans cette chambre, c'était les cadres photo sur mon bureau.
Je sortis de mon lit pour m'asseoir sur la chaise de mon bureau, attrapant un des cadre. C'était une photo de moi quand j'étais tout petit, à peine six ans. Je ne me ressemblait plus du tout, un petit garçon avec la peau pâle, de grand yeux émeraude et un sourire plus grand que la moitié de mon visage, et des cheveux courts, noir de jais. Toujours avec mon éternel ballon au pied, ce garçon, il ne pouvait pas être moi, parfois je regardais mes photos, et je me disais que ce n'était pas moi. J'avais tellement changé en moins de dix ans. Autant physiquement que mentalement, mais après tout, c'était ainsi, tout le monde changeait, n'est-ce pas ?
Sur cette photo, il y avait une femelle, une très belle femme, de long cheveux bruns, exactement les même yeux émeraude, empli d'une leure douce, et un sourire qui l'était tout autant. Elle était réellement magnifique.
Je posais ma joue sur le bureau, le cadre dans ma main, un soupir m'échappa.
— Tu me manques maman, soupirai-je.
Ça commençait à devenir long, je ne l'avais pas vu depuis bien trop longtemps, je n'avais pas vu son sourire qui réchauffait habituellement mon cœur, et ses yeux qui me regardait, rempli de douceur, sa voix cristalline. Tout chez elle me manquait, et plus le temps passait, plus j'avais peur de ne jamais pouvoir la revoir. Les médecins disaient qu'après six mois de coma, il y avait déjà peu de chance qu'elle se réveille, et si elle le faisait, elle en aurait des séquelles.
Je reposai le cadre sur mon bureau, mes doigts caressèrent doucement la photo, puis je me relevai, je n'arrivais plus à le supporter.
Je ne reverrais sans doute jamais ma mère, je ne l'entendrai plus jamais me parler, ni son rire, elle ne me caressera plus jamais les cheveux comme elle avait l'habitude de le faire. Et tout ça, c'était à cause d'une seule et même personne. Je n'allais pas bien, c'était indéniable, je ne devrais pas me mettre en colère pour tout et n'importe quoi comme ça, mais c'était ainsi, je me mettais en pétard pour chaque minuscule inconvénient, et ce n'était pas normal. Et ça aussi, c'était à cause de lui. Tout était à cause de lui. Et il ne saurai jamais à quel point je le détestais, à quel point j'aimerais que ce soit lui, à ma place, pour qu'il comprenne ce que je vis. Ce c'était pas juste, ce n'était pas juste du tout. Pourquoi c'était à moi que ça arrivait, pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre ?
Un goût de sang se répandit dans ma bouche, un affreux goût métallique, je venais de me mordre la lèvre inférieure un peu trop fort, et maintenant ça saignait. J'étais en colère, encore. Pourquoi est-ce ce que je n'arrivais pas à me contrôler ? Jamais ? Pourquoi, hein ? Je ne comprenais pas, et ça m'énervait encore plus, c'était une boucle vicieuse qui me plongeais toujours plus profondément dans ma rage.
Et ma colère qui montait doucement emmena les larmes à son tour, elles vinrent doucement border mes yeux puis couler le long de mes joues. J'en avais sérieusement marre de ne pas savoir me contrôler. T'es qu'un gosse immature qui ne sait pas se gérer.
Je sortis de ma chambre et traversai le couloir pour me rendre aux douches communes, histoire de me calmer, et de me débarrasser de cet affreux goût de sang.
Quand je vis mon reflet dans ma glace, je fronçai des sourcils, je faisais vraiment peine à voir, avec mes cernes noires, mes yeux injectés de sang, les larmes qui en coulaient et ma lèvres en sang. Je crachai dans le lavabo le sang qui stagnait dans ma bouche et pris ma brosse à dent pour en retirer le goût.
J'aimerai que tout redevienne comme avant, avant l'accident, que rien ne se soit passé. J'avais l'impression d'être seul à en avoir des séquelles, pourquoi il fallait que ce soit moi ? Je me posais cette question tout les jours, tout le temps.
Après avoir fini, je me débarbouillai le visage avec de l'eau froide afin de faire disparaitre mes larmes et pris un moment, appuyé au bord du lavabo pour essayer de me calmer. Après un long moment à essayer de respirer le plus lentement possible, je put enfin ressortir de la pièce en étant un minimum capable d'aller à mon rendez-vous. Prendre l'air me ferait probablement du bien. Je l'espérais, en tout cas.
Après être rapidement retourné dans ma chambre pour enfiler un jean et un pull, je ressortai. Dans le couloir, je croisais un groupe, juste à la sortie des escaliers, qui remontaient. Endou, Gouenji, Kidou, Kazemaru, Utsunomiya et Tachimukai. Qui avaient l'air dépités.
— Takeshi ? Qu'est-ce que tu fais ? demanda Endou.
— Je sors, dis-je simplement.
— C'est peine perdue, le coach ne laisse personne sortir.
Je ne répondis pas et passai à côté du groupe, j'entendis Gouenji claquer de la langue, ce qui m'agaçai, je n'aimais pas ce garçon de base, je le trouvais arrogant, il se croyait bien trop fort. Même s'il l'était en effet.
Je descendis rapidement les escaliers, en sachant très bien que les regards de tout les garçons du groupe étaient posés sur moi. En bas, je trouvai le coach assis, sur une chaise contre le mur, en train de lire, je me plaçai juste en face de lui.
— Sato ?
— Takeshi, le corrigeai-je, je dois sortir. J'ai un rendez-vous à l'hôpital, je rentrerai directement après et je ne m'attarderai pas, c'est pour que le docteur s'assure que j'aille bien.
Il me toisa un instant, impassible, puis hocha de la tête.
— Très bien.
Me m'inclinai légèrement pour le remercier, puis le dirigeai vers la sortit. J'entendis les plainte outrés d'Endou qui criait à l'injustice, et sans vouloir en entendre plus, je sortis pour aller directement à l'hôpital.
Après une trentaine de minutes à marcher, et environs dix chansons plus tard, j'arrivai enfin. Une secrétaire m'emmena dans la chambre où était le docteur qui s'occupait de moi.
— Bonjour, Takeshi, me sourit-il. Installe toi, je t'en pris, ça ne sera pas bien long, je dois juste vérifier si tout ira bien.
Après environ quarante minutes d'examens, de questions, et de vérification, le docteur me dit enfin que c'était terminé, il alla s'installer à son bureau pour écrire quelque chose à l'ordinateur.
— Très bien, ça devrait aller, mais si tu sens que ça ne va pas, tu t'arrêtes immédiatement, c'est compris ? Je peux te faire confiance ?
— Oui.
— Alors comme ça, tu joues ton premier match contre l'Australie, apparemment, c'est une très bonne équipe. Tu te sens près ?
— Je suppose que oui, mais le coach... ne nous autorise pas à nous entraîner, pour les deux prochains jours, on n'a même pas le droit de sortir du bâtiment.
Le docteur fronça des sourcils.
— C'est étrange, mais il doit avoir ses raisons. Le temps n'est pas trop long, sans entraînement ?
— Ah, ça. Disons que je n'ai jamais eu autant l'impression que le temps passait aussi lentement.
Il hocha de la tête, un sourire amusé aux lèvres, il appuya sur un bouton de l'ordinateur, des papiers sortirent d'une imprimante qui était juste sous le bureau.
— Tu vas bien trouver un moyen pour te faire passer le temps dans ta chambre. Je suis sûr que tu peux même t'entraîner au foot comme ça.
— Je n'en suis pas si sûr, marmonai-je.
— Bien, nous en avons fini. Je te raccompagne à la sortie.
Nous nous levâme et traversâmes les couloirs jusqu'à l'accueil, mais juste avant de me laisser partir, il me tendit une enveloppe, dans laquelle il avait mis les papiers qu'il avait imprimé.
— Tu donneras ça à ton entraîneur, d'accord ?
Je hochai de la tête et pris l'enveloppe qu'il me tendait. Et après un bref au revoir, je pus retourner au camp. Le trajet du retour me pris un peu plus de temps – ou alors c'était moi qui marchait moins vite qu'à l'aller – car je n'y arrivai qu'au bout de quarante minutes.
Quand j'arrivai, le coach était toujours là, sur cette même chaise, en train de lire le même livre. Je courbai légèrement le dos devant lui, lui donnai l'enveloppe et le remerciai de m'avoir laisser sortir avant de remonter dans ma chambre. Sans croiser personne, pour mon plus grand bonheur.
Une fois dans ma chambre, l'ennuie repris de plus belle, et le temps se remis à couler très lentement. Trop lentement. Mon docteur avait raison, je devais bien trouver un moyen de faire passer le temps.
En ouvrant le placard qui était dans le coin de la chambre, j'y trouvai un ballon. Il était là, avant ? Je ne me souvenais pas qu'il y en avait un avant. Après, je n'avais pas vraiment fait gaffe.
Bon, déjà j'avais un ballon, c'était pas mal, maintenant je devais trouver quoi en faire, et ça, c'était plus compliqué, surtout dans cette petite chambre.
Mais bon, foutu pour foutu, je devais bien trouver quelque chose pour m'occuper, alors après un instant à chercher à faire quelque chose d'intéressant pour m'améliorer, je commencai à faire des jongle. Ça n'allait pas m'aider beaucoup, mais peut être que ça le donnerai une idée à force.
C'était ainsi que mon entrainement improvisé et très restreint commença.
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