ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 3
Quand je suis rentré chez Fumiko, elle m'attendait à la porte, et je lui ai souri, en murmurant que j'avais réussi, que j'étais membre de la sélection japonaise. Elle avait ouvert les bras, et m'avait enlacé, et je l'avais acceptée, parce que j'étais heureux, parce que c'était mon rêve, et parce qu'il s'était réalisé.
– J'en étais convaincue, j'ai toujours su que tu pouvais en faire partie. Je suis fière de toi Takeshi, m'avait-elle chuchoté.
Ce moment repassait en boucle dans ma tête depuis que je m'étais réveillé ce matin alors que j'étais en train de faire mon sac.
Dans mon sac de sport, toute mes tenues de sports, mes chaussures, et mon nouveau maillot, ce magnifique maillot qui m'appartenait désormais.
Dans mon sac de voyage, après avoir mis toute mes affaires, je n'oubliais pas d'y glisser mon cahier d'écriture et mes photos.
– Takeshi, je viens de finir ta trousse de toilette !
– Merci ma...
Je me tue et baissa la tête vers le sol.
– Fumiko... terminais-je finalement dans un murmure.
Mes mains commencèrent à trembler malgré moi, je serrai mes poings. Et la colère m'envahi. Encore. Je le détestait, je détestait Reize pour ce qu'il m'avait fait. Il aurait pu rester chez lui, avec sa petite famille parfaite et me foutre la paix, mais non, il fallait qu'il soit membre de la sélection japonaise, il fallait qu'il revienne comme si de rien et n'était et que tout le monde le pardonne ?
J'essuyai les larmes qui coulaient de mes yeux et me relevai pour aller vers la salle de bain. Fumiko y était, avec son éternel sourire, elle me tendit ma trousse de toilette.
– J'y ai mis ta brosse et ton sèche cheveux, dans un petit sachet il a des médicaments au cas où, et des bandage et de la crème pour tes cicatrices.
– Merci beaucoup, Fumiko, lui sourit-je faussement.
Je sorti de la pièce pour ranger ça dans mon sac, j'étais rentré pour dormir et voir Fumiko, même si elle avait sûrement déjà eu l'info grâce à la presse, mais j'avais tenu à la voir, à rester un soir de plus avec elle, alors que tout les autres étaient restés au camp.
En fait, je n'avais surtout pas envie d'y aller, je n'étais pas vraiment près à devoir passer des moments avec pleins d'autres personnes, devoir manger dans une cantine avec eux et passer mon temps libre avec eux, mais je n'avais pas vraiment je choix.
Fumiko m'avait bien proposé de m'emmener tout les jours au camp d'entraînement, mais je ne voulais pas la déranger ou l'épuiser inutilement. Et puis, j'ai toujours culpabiliser qu'elle s'occupe autant de moi alors qu'elle n'était même pas de ma famille.
Mon regard se posa sur mon miroir. Sur mon visage, mes deux cicatrice étaient toujours là, elle n'avaient pas disparu pendant la nuit, et elle ne disparaîtront sûrement jamais. Tout ça à cause de lui...
J'enfilais ma veste de survêtement et pris mes deux sacs avec moi avant de descendre dans le salon.
– Ton casque est sur la table à manger, je t'ai racheté un chargeur hier comme l'ancien est au bord de la mort.
– Merci.
Je souris, elle avait remarqué. Elle faisait toujours attention aux moindres détails. Comment faisait-elle ?
–Tu veux que je t'emmène au centre ?
– Non c'est bon, je vais marcher, mais merci.
Elle me sourit, en acquiesçant, après une dernière étreinte, je partis, allumant ma musique, comme d'habitude.
– Takeshi ! s'exclama une voix derrière moi.
Je tournai à peine la tête pour voir quelqu'un courir vers moi.
– Ah, Toramaru.
–Toi non plus tu n'es pas resté au centre hier soir ?
– Non.
Silence. Je baissai le volume de ma musique, puis descendis mon casque sur mes épaules.
– Tu joues super bien, dit Toramaru, en regardant en face de lui. Je t'ai vu, pendant le match hier, c'était impressionnant.
Je n'avais pourtant pas vraiment fait pas meilleur performance.
– Merci.
– Mais... mais il y a quelque chose dans ton jeu. Je ne saurais pas le décrire mais c'est étrange.
Je fronçai des sourcils. Il avait quand même remarqué quelque chose.
– Toramaru, tu as quel âge, déjà ?
– Onze ans, je suis en cm2 !
Onze ans, à peine. Il était très jeune et avait déjà une très bonne technique, autant en football qu'en observation. Mais il avait quand même un blocage.
– Tu as un grand potentiel, Toramaru, mais tu l'exploites mal.
– Quoi ?
Je souris, il comprendra bientôt, j'en étais certain.
– Euh Takeshi...
– Mmh ?
– L'entraînement commence dans dix minutes... je crois qu'on va être légèrement en retard.
Je sortis oin téléphone. Merde. En effet, nous allions très clairement en retard.
– Si on cours au moins ça nous fera un échauffement, je suppose, soupirai-je.
Et sans plus attendre, on se mit à courir vers le centre d'entraînement, esquivant les piétons qui, de temps en temps, nous criaient une injure quand on passait un peu trop près. Toramaru avait un grand sourire au lèvres, je l'enviais, il était encore très jeune, et insouciant. Et j'espérais bien qu'il le resterait, je ne pouvais pas m'imaginer son sourire être gâché.
Une quinzaine de minutes plus tard, nous arrivions enfin, épuisés, et en retard. Évidemment.
– Bo... Bonjour, désolé du retard, balbutia Toramaru en s'inclinant devant Endou. Il y avait du monde sur la route...
– Vous ne vous donneriez pas autant de mal si vous restiez ici la nuit, la cuisine est vraiment délicieuse, en plus ! remarqua Kabeyama Heigoru, derrière nous.
– Mais je n'arrive pas à dormir quand je ne suis pas chez moi.
Fudou émis un ricanement dernière nous.
– Ta maman doit te chanter des berceuses pour t'endormir, c'est ça ?
Je serrai les poings.
– Ferme là, Fudou.
Tsunami se mis à la hauteur de Toramaru et lui conseilla de ne pas l'écouter.
– Moi je reste à partir de ce soir, intervins-je
– Ah, alors suis moi, je vais te montrer ta chambre tout de suite pour que tu puisses t'installer, me dit Kino Aki, une des manageuses, en s'approchant de moi.
Elle me dépassa et m'emmèna dans le bâtiment, me montrant rapidement le réfectoire et les douches communes.
– Et voilà ! Ici, c'est ta chambre. À côté il y à celle de Fudou, ici celle de Kazemaru, et en face celle de Midorikawa.
C'est une blague ? Elle veut que je sois aussi proche de Reize et de Fudou ? En même temps ?
– Merci, grommelai-je.
J'entrai dans la chambre, c'était une petite pièce avec un lit simple, un bureau et une petite armoire, dans laquelle je posais mon sac. Je rangerai et organiserai ça ce soir.
Je fermai la porte afin d'enfiler mon maillot, puis je me rendais rapidement sur le terrain, ou tout le monde était déjà présent devant le coach. Il fit un discours rapide avant qu'on ne commence l'entraînement.
Durant les trente premières minutes, je réussi à me faire un aperçu de la manière de jouer de certaines personnes. Tobitaka Seiya. Ce garçon à l'allure de rebelle était soit un débutant, soit absolument pas concentré, mais je pencherais plus pour la première option, vu le niveau. Utsunomiya Toramaru, je ne l'avais pas vu tirer au but, pas une seule fois, il faisait toujours la passe à Gouenji Shuuya, qui avait l'air aussi étonné que moi, à chaque fois. Kiyama Hiroto, Gran. Il n'avait certes, pas volé sa puissance. C'était un très bon buteur, malgré tout ce qu'il avait fait
Tsunami récupéra le ballon des pieds de Kurimatsu Teppei, j'avais presque oublié ce garçon. Il était très effacé, je lui récupérai le ballon avec aise et courus vers les buts.
Kabeyama se plaça devant moi, près à récupérer le ballon.
– Sato, la balle !
Pourquoi à chaque fois que je me retrouvais en position de difficulté, la seule personne qui le demande ce ballon c'est Reize ? Pourquoi ?
Je me tournais, tout le monde était marqué par des joueurs, alors je me décidai d'essayer de dribler Kabeyama, avec difficulté, mais je réussi. Je me préparais à tirer et frappa dans le ballon. Endou arrêta mon ballon.
– T'as une sacré force Takeshi, bien joué ! s'exclama-t-il, un sourire aux lèvres.
Puis il envoya le ballon à Hijikata Raiden. Je me retournais pour retourner à ma position, lançant un regard désintéressé à Kidou, qui me regardait les sourcils froncés, avant de croiser le regard de Reize qui me regardait avec insistance.
– Pourquoi tu ne m'as pas fait la passe ?
Sans répondre, je tournai la tête vers Tachimukai qui venait d'arrêter un tir de Fubuki.
– Midorikawa, Sato, retournez à vos positions, nous interrompit Kidou.
Et je m'exécutai immédiatement, ravis de pouvoir m'éloigner le plus vite possible de lui.
Mais après dix minutes de jeu, nous nous retrouvâmes exactement dans la même position. Tout le monde était marqué, sauf Reize, et je me retrouvais encore seul à devoir dribler deux défenseurs, et je ne marquais pas.
Je regardai le coach, je savais qu'il m'observait depuis un moment et fronçai des sourcils
Et une troisième fois, c'était la troisième fois que ça arrivait, pourquoi, mais pourquoi bordel ?
– Sato, passe moi la balle ! demanda une troisième fois le vert, obstiné.
Tu veux tant que ça la balle, Reize ?
– Et bien attrapes la !
Et je lui lançai la ballon, avec la même force que si je tirais aux buts, il essaya de le rattraper mais se le pris en pleine cuisse, et le ballon sortit du terrain, il tomba à terre.
– Pardon, j'ai peut être tiré un peu fort, fis-je platement, en le regardant de haut.
Le voir, assis au sol en se tenant la cuisse et les autres joueurs s'approcher de lui me fit quelque chose, quelque chose de bizarre, je ne savais pas pourquoi.
– Midorikawa, tout va bien ? demanda Endou.
– Oui ça va, j'ai pas grand chose.
Tsunami se tourna vers moi.
– Tu aurais pû le blesser !
– Cette passe ne m'avait pas l'air bien compliqué à rattraper, remarqua Fudou qui était maintenant juste à côté de moi. Il me sourit, je me contentais de regarder Reize, sans rien répondre à personne.
L'entraînement se termina peu après. Alors que j'étais assis sur le terrain, finissant ma bouteille d'eau d'une traite, Kazemaru se rapprocha de moi.
– Salut.
Je levais le regard vers lui, il m'aida à me relever.
– Tout vas bien ?
– Mmh. Je me demandais juste pourquoi est-ce qu'il s'est passé trois fois d'affilé la même situation. Vous avez tous marqué un joueur, sauf R- Midorikawa.
Kazemaru tourna la tête vers le coach Kudou.
– C'est lui qui nous à demander de le faire.
Je fronçai des sourcils et regardait également l'homme. Qu'est ce qui lui passait par la tête ?
Je ne répondis rien et toute l'équipe rentra à l'intérieur. J'allais directement vers les douches, il me fallait une douche, une douche brûlante, pour me calmer.
Lorsque j'arrivai dans la pièce, il n'y avait évidemment personne. Ils étaient tous dans le réfectoire à parler de l'entraînement, mais d'ici vingt minutes, il y aurait sûrement du monde.
J'allumai l'eau de la douche. Le temps qu'elle passe de froide à chaude m'exasperai, chez Fumiko, c'était presque instantané. Quand elle fut enfin chaude, je pu la laisser couler librement sur ma peau.
J'étais fatigué, ce entraînement avait été trop long, en plus de ça, je n'avais pas pas eu de vrai entraînement en équipe depuis bien longtemps. Depuis mon accident en fait.
Avant, j'étais dans l'équipe de football de mon collège, je m'entraînais beaucoup, presque tout les jours, j'adorais le football de tout mon cœur, et ma mère aimait me voir jouer. Mais depuis que les “aliens”, Reize, avaient détruit le collège, je n'y étais plus jamais allé. En fait, le collège n'était pas très reconnu, ni pour son club de foot, ni pour des élèves ou des résultats. C'était un petit collège un peu inconnu, donc l'administration n'avait pas mis beaucoup d'efforts dans la reconstitution. Je crois qu'il n'était toujours pas complètement fini.
Même s'il était reconstruit, je n'y serai pas retourné dans tout les cas. J'en étais complètement incapable. Ça me faisait trop mal, rien que l'idée de revoir ce collège. Je supposais que ça me replongerai dans l'horreur de l'accident.
Mais maintenant, depuis ce événements, je ne pouvais plus vraiment jouer au foot comme avant. Je jouais dans le jardin de Fumiko, parfois sur le terrain près de chez elle. Je ne pouvais pas vraiment jouer correctement, je n'ai eu quasiment aucun contact depuis ces six derniers mois. Cinq mois, en fait. J'avais passé tout un mois dans le coma, après l'accident.
Je n'était quasiment pas sorti de ma chambre durant quelque semaines, je refusais de voir qui que ce soit, même Fumiko, et elle avait compris, évidemment.
Après j'avais finalement pris sur moi et je suis sorti de temps en temps, faire les courses pour Fumiko, me balader le long de la rivière, la musique dans les oreilles.
Et j'ai finalement repris le foot il y a trois mois, j'avais du mal, j'avais perdu beaucoup de ce que je savais faire, mais ça m'était revenu, peu à peu.
J'aurais pu continuer une vie normale, une vie sans aucun accros, être la personne que j'étais avant, tout aurait pu continuer normalement. Mais non, non parce que Reize était arrivé dans ma vie et a tout gâché. Et maintenant il revient en tant que “Midorikawa” ? Comme si de rien n'était.
Pourquoi ? Pourquoi ? C'était ce que je me demandais depuis que je l'avais revu, je n'arrivais pas à penser à autre chose, pourquoi ? Pourquoi était-il revenu dans ma vie, pourquoi ? Je restais bloqué sur ça, je le détestais.
Je coupai l'eau de la douche après avoir passé sans doute beaucoup trop de temps à me morfondre. Quand je sortis de la cabine , il y avait d'autres personnes dans la douche, Kazemaru, qui m'adressa un léger sourire, et Tobitaka, toujours en train de se peigner les cheveux.
Sans m'attarder, je retournais dans ma nouvelle chambre.
Après un certain temps à ranger mes affaires et organiser ma chambre, Haruna me prévint que c'était l'heure de manger.
Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas passé de repas aussi bruyant. Tout le monde parlait de l'entraînement et de supers techniques avec entrain. Moi je me contentais de manger en écoutant Kazemaru parler avec Endou et Gouenji, à la table juste à côté de moi, leurs discussions était surtout portée sur le nouveau coach.
À peine mon repas terminé, je me relevai pour retourner à ma chambre.
– Takeshi, tu pars déjà ? Tu ne veux pas rester discuter ?
– Non merci.
Je commençais à avoir mal à la tête a cause de tout ce bruit. Je sortit sans rien rajouter pour monter dans ma chambre.
Alors que je m'apprêtais à entrer dans ma chambre, on m'interpella.
– Sato !
C'était définitif, quelque chose s'accharnait sur moi. Sur les seize personnes dans cette équipe, il fallait que ce soit lui qui vienne me parler. Vraiment ?
– Quoi ?
Je ne me retournais pas, j'étais toujours face à la porte.
– Je peux te parler par rapport à l'entraînement, tout à l'heure ?
– Non.
Lui parler, et puis quoi encore ? Je tournai légèrement la tête pour le regarder. Une boule se forma dans ma gorge, il se rapprocha.
– Sato, je-
– Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans ma réponse ? Je t'ai dit non.
– Je ne comprends pas pourquoi tu agis ainsi, pourquoi t'as fait ça pendant l'entraînement ?
Un sourire se forma sur mes lèvres. Mais un sourire énervé, il osait se poser la question, comme si ce n'était pas évident.
– Tu ne comprends pas ? Laisse moi rire ! m'exclamai-je en me retournant complètement vers lui. Il recula d'un pas. On n'est pas coéquipiers, et je ne te considérai jamais comme tel, je te déteste, ça non plus tu ne le comprends pas ?
Ses yeux s'écarquillèrent, il se recula d'un pas de plus.
– Mais-
– Tais-toi, le coupai-je une nouvelle fois.
C'était trop pour moi quand je sentit mes yeux s'humidifier, je fit volte-face et entrai dans ma chambre, en claquant la porte derrière moi.
Mes jambes me lâchèrent et je glissai le long de la porte, tremblant. Aller, respire, calme toi, Takeshi.
Je ramenai mes jambes contre ma poitrine et posai ma tête contre mes genoux. Il ne savait pas qui j'étais, mais moi, si, je savais bien qui il était. Ce garçon, comment pouvait-il agir comme si j'étais son ami, comme si de rien n'était. Et pourquoi tout le monde faisait comme s'il n'avait rien fait non plus ?
Difficilement, je me relevai pour m'effondrer dans mon lit un peu plus loin. Respire.
Faire face à Reize, c'était trop dur pour moi. Je croyais en être capable, je croyais être capable de me tenir sur le même terrain que lui, je croyais que ma colère me permettrait de lui parler, mais non, je ne pouvais pas. J'en étais incapable.
Je me redressai et attrapai ma trousse de toilette. Un soupir m'échappa quand j'y trouvai mes médicaments, Fumiko y avait pensé, aussi, elle m'en avait racheté. Ils me servaient à réduire le stresse et à m'aider à dormir. Elle n'aimait pas que je prenne ces médicaments à cause des effets que ça avait sur moi, parfois, mais elle me les achetait toujours quand je n'en avait plus.
J'avalai une pilule et me rallongeai dans mon lit, elle fit vite effet, mes paupières se fermaient petit à petit, jusqu'à ce que je m'endorme.
Mais encore une fois, cette nuit ne fut absolument pas douce.
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