ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 29
— Ta mère n'était pas là lors de l'accident, ce jour-là, ce n'est pas la raison pour laquelle elle est dans le coma à l'instant présent
Je reste muet, ne comprenant absolument pas ce qu'il veut dire. Je fronce des sourcils.
— Qu'est-ce que vous voulez dire ? demande une nouvelle voix, et je me rends alors compte que Fumiko était derrière l'homme, je ne l'avais même pas remarquée.
— Tu m'as l'air de croire que ta mère était dans ton collège le jour de cet accident, mais ce n'est pas le cas.
— Alors comment...
— C'est un accident de voiture qu'elle a eu. Sur la route de l'hôpital, c'est pour ça qu'elle est ici, quand elle a appris que tu étais ici, elle s'est précipitée pour venir te voir, c'est à ce moment-là qu'elle a eu un accident qui l'a mise dans cet état.
Ma gorge se serre, plus personne ne parle l'espace d'une dizaine de secondes, puis l'homme reprend :
— Est-ce que tu as réellement des souvenirs concrets de ce jour-là ? Tu sais ce qui s'est passé ? Tu t'en souviens ? il enchaîne, je suis toujours incapable de répondre.
Je tourne un regard abasourdi vers Fumiko, elle me regarde fixement, je cherche désespérément une réponse dans ses yeux indéchirable.
— Tu le savais ? je murmure, la gorge serrée.
— Je pensais que toi aussi, Takeshi. Tu ne me parles jamais, tu ne m'as jamais dit ta version des faits.
— Tu le savais... j'ai vécu dans un putain de mensonge pendant six mois.
Je me tourne, fixe l'infirmière qui se tient en silence dans un coin, sans se faire remarquer, je regarde ensuite l'homme en face de moi, puis Fumiko et enfin maman, je refais ce parcours deux fois de plus. La tension est palpable et l'atmosphère pesante. Mon cœur est comprimé.
— Six mois de...
je me tais, réalisant. Je me lève d'un coup, le regard rivé sur maman, un peu perdu, je prend une respiration, puis une deuxième, avant de me tourner, je passe entre l'homme et Fumiko et traverse les couloirs presque en courant, j'entends mon nom être appelé, deux fois, puis j'entends des pas derrière moi.
— Takeshi, qu'est ce que tu fais, où tu vas ? c'est l'infirmière d'un peu plus tôt qui pose sa main sur mon épaule.
— Je dois retourner au centre d'entraînement...
— T'es sûr que ça va aller ? On peut te ramener, t'es sûrement pas...
— Non, c'est bon, je vais rentrer à pied je dois prendre un moment pour réfléchir.
Mes pensées sont un peu floues, je ne suis pas sûr que j'arrive à réfléchir très clairement, je me retrouve un peu perdu, face à un mur sans rien pour réussir à surmonter. Un peu tremblant je me retourne.
— Est-ce que je peux vous demander votre nom ?
Un sourire étire doucement ses traits contractés, son regard s'adoucit.
— Honoka.
Je hoche de la tête en forçant un sourire. Je pense pouvoir me souvenir de celui là. Je sors de l'hôpital et reste un moment debout, sur le trottoir, incertain de mes prochaines décisions. Je dois retourner au centre mais j'ai l'impression d'en être incapable, j'ai déçu les seuls personne qui comptaient un minimum pour moi, les autres me détestent depuis le jour où ils m'ont vu, je suis un incapable au football, je me demande sérieusement ce que je fais ici.
Je commence à errer sur les trottoirs en direction du centre, je marche lentement, je m'arrête toutes les trois minutes, j'ai tellement peur d'y retourner, j'ai peur.
Et le pire de tout ça, c'est que je ne sais même pas la vérité de toute l'histoire. Je suis parti, parce que j'avais peur que ce soit vrai, mais pour quelle raison est-ce qu'un adulte me mentirait comme ça ? Aucune raison, c'est ça, il n'y a aucune raison.
Ça fait donc six mois, depuis mon réveil que je vis dans un mensonge constant.
Ça fait six mois que j'attise la haine sans aucune raison.
Mais je ne comprends pas, je ne comprends absolument pas, c'est vrai qu'en réalité, concrètement, je n'ai aucun souvenir des évènements du jour, seulement des cauchemars, encore et encore et encore. C'est tout. Juste des cauchemars.
Je vis dans le mensonge depuis si longtemps.
Je décide de m'asseoir sur un banc, et reste ici pendant un moment, la vie des personnes autour de moi continue de passer, tout le monde vit dans sa petite bulle, tout le monde à ses propres problèmes, tout le monde à ses propres angoisses, et personne ne se soucie des autres. Pourquoi faire ? Pourquoi se soucier de la vie parfaits inconnus, pourquoi s'excuser quand on bouscule un inconnu dont le nom nous est même étranger ?
Sauf que pour toi, ce ne sont pas de parfaits inconnus.
Je finis par me relever et recommencer à marcher, je prends des chemins qui ne sont même pas censés mener au centre, je passe d'un trottoirs à l'autre, j'évite les autres groupes d'adolescents, j'arrive dans les alentours du centre après avoir erré dans la ville pendant tant de temps que je ne pourrais même pas le restituer. Je reste devant un moment, sans oser rentrer, mais comme je ne vois personne sur le terrain d'entrainement, je me convainc finalement de passer le portail.
Je borde lentement le terrain, je m'arrête et attends un moment, personne dans les environs, je ne sais même pas quelle heure il est, ils pourraient être en train de manger, ou alors il est encore plus tard, et c'est simplement l'heure de repos, et tout le monde vaque à ses propres occupation.
J'entre finalement dans le bâtiment, et entend des éclats de voix dans un couloir. Curieux, je décide de m'approcher.
— Coach, je pense que je ne devrais plus faire partie de l'équipe. Ma présence... engendre des problèmes, et je n'ai même pas les capacités attendues pour le football... je devrais juste... partir, ce serait plus simple.
— Non, attendez !
Je ne sais même pas ce qui m'a pris, pourquoi j'ai dit ça, surtout quand c'est lui qui veut quitter l'équipe. Je devrais en être ravi.
Mais ce n'est pas le cas.
Cette idée me retourne l'estomac.
Et je ne sais même pas pourquoi.
Le coach et Reize se tournent tout deux vers moi. Un moment de flottement s'installe avant que l'adulte ne se tourne, dos à nous.
— La réponse est non, Midorikawa, il clôt la conversation.
Sans un mot de plus, il part dans le sens opposé, nous laissant de nouveau seuls tous les deux dans le couloir. Un long moment de silence passe, c'est tendu, il me regarde, et je le regarde en retour, et plus ça passe, plus je suis inexplicablement en colère, contre qui ? Je ne sais pas. Contre lui parce que je suis censé le détester, contre moi parce que je suis intervenu ? Contre le coach ? Je ne sais pas, je suis simplement en colère. Mais il y a autre chose.
Six mois de mensonges.
Je ne sais absolument pas quoi faire, je suis perdu, et je crois que j'ai peur de ce qu'il va se passer par la suite.
Je m'approche, lentement, avant de me retrouver en face de lui. L'ambiance est toujours aussi tendue entre nous. Lui, à l'air étonné, il a l'air perdu. Tout aussi perdu que moi, ce qui est incompréhensible. Il y a à peine quelques heures, après tout, il a explosé, et s'est défoulé sur moi. Et maintenant, je me dresse contre sa décision de quitter l'équipe. Bon sang mais qu'est ce qu'il m'a pris ?
Et d'un coup ça part, je ne sais pas ce qu'il me prend, ni pourquoi je fais ça, mais je lui donne une claque, je crois que je n'en avais même pas envie, ça ne me fait même pas du bien, mais je le fais quand même. Et ma réaction à cela est inexplicable, ma colère décuple et je me mets à pleurer, encore, encore.
Lui, halète, les yeux écarquillés, il garde son regard posé sur moi, je renifle en essayant de sécher mes larmes, mais mes efforts sont vain. On dirait un gamin, arrête de pleurer. Ça ne marche pas.
— Takeshi...
Je relève le regard vers lui, et il a l'air purement et profondément étonné. Comme s'il venait de se rendre compte de quelque chose.
— C'était toi...
Je fronce des sourcils, qu'est ce qu'il raconte ? Je ne comprends absolument pas où est-ce qu'il veut en venir, à quoi il fait allusion.
— Le... le collège Wasureru... Une des premières cibles de l'Académie Alia
C'était mon collège, avant qu'il ne soit détruit.
— Je ne comprends absolument pas ce que tu veux dire.
Il penche légèrement la tête et lève les mains, sans me toucher, il les place devant mon visage, comme s'il essayant de cacher ma cicatrice sur ma joue, et l'autre de l'autre côté, vers mon cou.
— Je me souviens de toi... Je me souviens de ce jour-là.
Je recule de quelques petits pas, je suis complètement largué.
— Écoute, je ne comprends absolument pas.
— Quand j'ai perdu contre Raimon, Père était furieux. Il nous a presque enfermé, il était complètement fou, à ce moment-là. Et les semaines suivantes, nous nous sommes retrouvés à perdre peu à peu nos souvenirs des évènements, comme s'il avait fait quelque chose à... à nos cerveaux.
Je n'ai aucun souvenir du jour de l'accident. Et lui ne semblais pas en avoir non plus jusqu'à il y a deux minutes. Quelque chose s'est passé dans sa tête, quelque chose a déclenché des souvenirs, quelque chose en moi.
Six mois de mensonges.
— Qu'est ce qui s'est passé ?
Cette situation n'a aucun sens, je me retrouve en face du garçon que je déteste – que je suis censé détester – depuis des mois, à lui demander ce qui s'est passé le jour où il a gâché ma vie, parce que je viens de me rendre compte qu'en réalité, je ne sais rien. Je me base sur des cauchemars, sur des angoisses et sur des fragments de souvenirs qui ne sont même pas réels en vérités.
— Un des tout premiers collèges visés par l'attaque. Nous sommes arrivés, c'était une des toutes premières fois. Et nous nous sommes retrouvés en face d'un garçon. Aux cheveux noir et aux yeux verts, remplis de larmes. Dix autres joueurs à ses côtés, près à se battre pour sauver leur collège. Tu... Tu nous a proposé un match, si vous gagniez, nous partions. Mais au bout de quinze minutes à peine, tous les autres joueurs ont abandonné et ont fui, tu t'es retrouvé seul.
Je ravale ma salive, je sens mon sang battre dans mes tempes, j'ai mal à la tête, j'ai l'impression de basculer, que tout s'effondre autour de moi.
— Et pourtant, tu as continué de te battre, malgré tout.
Des fragments de souvenirs reviennent petit a petit, j'ai de nouveau la nausée. C'est pas possible, ça doit être un mensonge.
— Tu n'étais plus capable de te lever, tu as perdu, et nous, nous avions une mission à accomplir, détruite. Semer la peur. Mais tu as tout de même tenu à sauver ton collège, tu as pris une décision complètement insensé. Tu t'es précipité vers le collège, dans l'espoir de... je ne sais pas, de sauver quelqu'un ? J'ai...
— Tu as essayé de m'en empêcher.
Je sens une main autour de mon bras, je m'en dégage. Ce n'est pas la réalité, ce n'est pas ce qui est en train de se passer. C'est ce qui s'est passé.
— Je n'ai pas réussi. Je ne pouvais pas insister, je n'étais pas censé être... comme ça, j'étais censé être mauvais.
— Tu as essayé de m'en empêcher. Bordel.
Je me tourne et soupire en appuyant mon visage dans mes mains. Bordel de merde. C'est pas possible, non, c'est impossible, ce n'est pas possible.
Six mois de mensonges, et de haine inutile.
Je m'éloigne lentement, incapable de faire autres chose que de m'éloigner. Fuir. C'est ça que je sais faire de mieux, fuir, je sais fuir, je dois fuir.
— Takeshi...
Alors je fuis. Je cours, à nouveau, je ne sais faire que ça de toute façon. Je sors du bâtiment, et je ne croise toujours personne. Je m'arrête un moment devant le terrain et expire, tremblant. Je ne sort pas du camp, en revanche, je bifurque et part à pas rapide vers la rivière.
Mon cerveau est complètement embrumé, qu'est-ce qui se passe ? Tout ça, ça ne peut pas être réel, je ne peux pas y croire, c'est impossible. Non, c'est impossible. Je ne peux pas, je ne veux pas y croire.
— Et bien, et bien Takeshi, tu as fait grande impression ce matin, qu'est ce qui t'es arrivé d'un coup ?
C'est la voix de Fudou qui me parle, je le cherche du regard, sans le trouver, puis je me rappelle de sa manie énervante de grimper dans les arbres, je lève la tête et croise son regard. Son expression, son visage, il m'énerve tellement.
— Vas te faire foutre.
— Eh bah, t'es vraiment en colère, qu'est ce qui se passe dans ta tête ?
Je décide de l'ignorer, mes émotions sont déjà en pétard, je ne veux pas accentuer les choses à essayer de discuter avec lui. Dans tout les cas, je n'ai rien à lui dire.
Je continue mon chemin pendant trois petites minutes avant de m'asseoir sur l'herbe, au bord de la rivière. Ça m'arrive souvent de venir ici pour m'évader, et quand j'ai besoin de réfléchir, et là, maintenant, j'ai vraiment besoin de réfléchir.
Je n'arrive pas à croire que la raison qui me tient en vie depuis mon réveil, il y a six mois n'est qu'un mensonge en réalité. C'était la haine qui m'animait en réalité. La colère, c'était l'émotion prédominante, toute mes journées, c'était ça, même depuis que je fais partie de la sélection nationale, mais maintenant ? Qu'est ce que je suis censé faire ? Comment je suis censé me battre ?
J'enfonce mes ongles dans mes joues, j'ai l'impression que ma tête va éclater, je voudrais juste que tout cela cesse. J'en ai marre de me débattre, d'essayer de continuer ce combat avec moi-même, avec mes pensées.
La vérité c'est que je suis seul, et que je déteste cette solitude qui m'oppresse, qui m'angoisse.
Au bout d'un petit moment, je sens une présence à côté de moi, quelqu'un s'assoit, et souffle tout doucement.
— Si un jour on m'avait dit que je remercierai Fudou pour quelque chose, j'aurai ris à la gueule de la personne, mais bon, comme il m'a dit où tu étais, on va dire que ça passe.
— Ichirouta...
— Ça va pas fort, on dirait, me coupe-t-il.
Un silence passe, je ravale ma salive, j'ai été un connard avec lui, et pourtant il est toujours là. Je devrais m'excuser, je le sais, mais les mots ne sortent pas de ma bouche.
— C'était une journée difficile, pour toi, et pour moi, il finit par soupirer, on s'est tout les deux emportés, mais ça va.
— C'est de ma faute j'aurai pas dû-
— Takeshi.
— Je suis désolé, je m'excuse enfin, d'une petite voix.
Ichirouta sourit et penche la tête. Il m'avait déjà pardonné depuis longtemps.
Je déglutis et pose mon menton sur mes genoux après avoir entouré mes bras autour de mes jambes.
— Ça t'es déjà arrivé, que tout ce en quoi tu croyais, tout ce qui te donnait envie de continuer à te battre ne soit qu'une illusion ?
Il me regarde avec insistance, je le sais, et ça me met mal à l'aise, au bout d'un moment, il tourne la tête vers la rivière, et mes épaules se détendent. C'est mieux qu'il ne me regarde pas, je me sens moins... oppressé ?
— Je suis allé à l'hôpital ce matin après être parti, je commence.
Il reste silencieux, il me laisse continuer. Je ne le suis quasiment jamais confessé comme je m'apprête à le faire. Je prends une profonde inspiration :
— Ce n'est pas de sa faute si ma mère est à l'hôpital. Elle n'était pas sur les lieux ce jour-là, elle a eu un accident en venant vers l'hôpital, en vérité. Et il... il ne voulait même pas me faire du mal en vérité. Il a essayé de ne pas le faire en tout cas. Mais il a avait... une mission à accomplir.
Je laisse s'échapper un halètement.
— C'est plus de ma faute que de la sienne, si elle est dans cet état, en réalité.
Ichirouta intervient, cette fois. Il se tourne vers moi.
— C'était un enchaînement de situations que tu ne pouvais pas contrôler. Ce n'était pas ta faute si un accident à eu lieu. Personne ne pouvait le prévoir.
— Si je n'étais pas-
— Et tu ne pouvais pas contrôler le fait que tu irais à l'hôpital ou non, ce n'est pas de ta faute Takeshi. Ça arrive, c'est la vie.
Il se tait, je ne lui donne aucune réponse, il se replace face à la rivière. Un long moment passe en silence, puis d'une voix étranglée, j'avoue :
— J'ai été un connard pathétique, j'ai agi comme une enflure, je m'en suis pris à lui pour des événements passés dont il ne se souvient presque plus et qu'il regrette. Tout ça pour un mensonge.
— Tu croyais que c'était la réalité.
— Et je me suis trompé, ça n'effacera pas mes actions.
— Il a mal agis aussi, il n'est pas tout blanc, personne ne l'est.
Il essaie de faire en sorte que je ne culpabilise pas, mais il ne pense pas ce qu'il dit, ce qui me fait culpabiliser encore plus en réalité.
Je suis en colère contre moi-même. Je m'en veux affreusement, je sais qu'il a fait des choses mal, mais j'en ai fait aussi, et Ichirouta aussi, quand j'y pense, mais je ne peux pas m'arrêter, je voudrais juste disparaitre, laisser tout le monde tranquille, en paix.
Mon ami passe un bras autour de mes épaules, j'appuie ma tête contre son épaule, renifle et tente de ravaler mes larmes. Il pose sa propre tête sur la mienne, et ce geste à l'effet de m'apaiser. Maman faisait la même chose.
On reste comme ça un long moment, à regarder la rivière couler. Le vent souffle tout doucement. J'écoute les sons autour de moi, et ça me permet de m'apaiser, autant que je le peux.
Au bout d'un moment, nous finissons par nous relever, je suis épuisé, à bout de force. Heureusement, cet après midi l'entraînement est de nouveau libre pour tous, je reste donc avec Ichirouta, lui ayant confessé que je préférais être isolé de tout les autres.
Nous nous entraînons paresseusement en faisant des passes et quelques exercices de défense, avec une pose toute les trente minutes, et c'est tout ce que nous faisons durant les trois heures d'entrainements.
— Je ne comprends pas ce qui passe par la tête du coach, pourquoi est-ce qu'il nous laisse nous entrainer comme on veut depuis trois jours, c'est complètement insensé, soupire mon ami en envoyant la balle vers moi
— Peut-être qu'il a complètement la flemme, ou alors il prépare quelque chose et on va morfler, je marmonne en contrôlant la balle avant de lui renvoyer.
On fait encore quelques passes avant qu'il ne soit l'heure de terminer l'entrainement, nous nous asseyons dans l'herbe un moment et nous nous étirons sans grande conviction, c'est Ichirouta qui brise le silence qui dure depuis quelques minutes alors que nous étions en train de marcher dans
le couloir.
— Il n'est pas rancunier, tu sais.
C'est tout, après ça il me fait un signe de main et entre dans sa chambre. Je souffle légèrement puis marche jusqu'à la mienne en rasant les murs. Dans ma chambre, je m'assois par terre, contre un mur, essayant de me motiver pour aller prendre une douche, mais rien que l'idée de devoir me remettre sur pied est trop difficile pour moi.
Je suis épuisé, la journée a été tellement difficile, il s'est passé tellement de choses, et je ne me rends compte que maintenant que je suis complètement vidé.
Après avoir réuni tout les efforts du monde pour me lever et prendre une douche, je peux enfin m'effondrer sur mon lit je reste dans la même position, mon casque sur les oreilles et la musique à fond jusqu'à ce qu'il soit l'heure de manger. Je ne m'attarde pas au self, et remonte directement après avoir fini mon repas, puis me rallonge de nouveau dans ma chambre, complètement sombre.
Dans mon lit, je me tourne, fixant un point imaginaire sur le mur, dont la couleur est toujours aussi l'aide.
J'ai vécu durant six mois complets depuis mon réveil après l'accident, à faire des cauchemars bourrés d'illusion, j'ai cru à des mensonges, et depuis j'ai mal agis à cause d'une haine complètement irrationnelle. Et maintenant, je me retrouve complètement perdu, que faire, quoi faire et comment faire ? Comment suis-je censé agir ?
Depuis que je l'ai revu, le jour où nous avons tous été réuni pour la sélection nationale, tout a changé, pour la troisième fois en quelques mois. Une première fois, le jour de l'accident, la deuxième fois quand je me suis réveillé un mois plus tard, et ce jour-là, la troisième fois.
Je n'aurais jamais cru pouvoir le revoir, et mes sentiments se sont exacerbés. Ma haine, ma colère, mon stresse. Ma douleur, une certaine tristesse, mais il y avait toujours autre chose. Parce que je n'avais jamais été entouré d'autres personnes avant, j'avais des amis désormais, et des gens que je ne supportais pas, sans pourtant les détester, et puis il y avait lui.
Tout était tellement compliqué, c'était tout nouveau, je me suis tenu devant lui, j'ai dormi à moins de dix mètres de lui, j'ai mangé dans la même salle, joué dans la même équipe. Et c'était tellement étrange. Irréel. Je me suis mis en colère, énormément, j'avais toujours envie de lui en coller une, et maintenant que c'est fait, je n'en suis même pas satisfaite, même pas un petit peu. Au contraire.
Je ne sais plus quoi penser de cette situation.
Je finis par me relever en frottant mon visage de mes mains, je soupire très longuement puis me lève et sort de ma chambre. En fermant la porte, je m'appuie contre elle et ravale ma salive. Fixant la porte en face. Il n'est pas rancunier.
Il a fait des mauvaises choses, j'ai pardonné Kiyama. Je n'en ai même pas tenu rigueur à Ichirouta. Il était jeune, manipulé et il ne s'en souvient presque plus.
Soudain, la porte s'ouvre, il en sort et me regarde.
— Ça fait dix minutes que tu es ici, devant la porte.
Il ne me regarde même pas dans les yeux, sa tête est tournée vers un point invisible dans le couloir.
— Comment-
— J'ai entendu ta porte, mais aucun bruit dans le couloir, alors que d'habitude tu pars très rapidement, c'était pas difficile à deviner.
Il tourne ses yeux noirs vers moi, verrouille son regard dans le mien. J'expire lentement, mon cœur bat un peu trop fort et un peu trop vite. J'enfonce mes ongles dans la paume de ma main, ma gorge est serrée, et mon ventre suit.
— Si tu as quelque chose à me dire, tu peux entrer.
J'ai fui la dernière fois que nous devions parler, je ne peux pas me défiler toute ma vie.
Il me regarde quelques secondes de plus, puis brise le contact et rentre de nouveau dans sa chambre. Je soupire, et le suis.
✩ˎˊ˗
Bienvenue dans le chapitre qui m'a donné envie de commencer cette fanfiction, j'espère qu'il vous à plu, parce que moi, je L'ADORE vraiment, je trouve qu'il rend plutôt bien, en comparaison avec comment que je l'imaginais dans ma petite tête, c'est plutôt bien réussi.
Merci énormément d'avoir lu, prenez soin de vous, à plus <3 !
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