ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 27

Trois jours sont passés. J'ai fait un effort considérable sur les entraînements, le soir quand il fait nuit, le matin tôt. Et j'ai l'impression de stager au même niveau sans cesse. Je fais de mon mieux, et ce n'est jamais suffisant.

Rien ne va, rien ne marche pour moi, et je ne comprends pas pourquoi.

— T'es encore devant cette vidéo Takeshi ? Chaque fois que je rentre dans ta chambre je te vois devant. Tu n'en as pas marre à force, tu dois la connaître par cœur ?

Je lance un regard à Kazemaru qui vient s'asseoir sur mon lit, puis ferme l'ordinateur et me tourne vers lui.

— Je te l'ai déjà dit, et je te le répète, tu étais parfait pendant ce match, pas besoin de te triturer le cerveau par rapport à ça. Lâche cette vidéo.

Parfait n'est absolument pas le mot approprié pour ma façon de jouer pour ce match là, non. C'était vraiment atroce. Un attaquant jouant en défense de manière médiocre, et qui une fois retourné en attaque est incapable d'exécuter correctement sa super technique ? Loin d'être parfait.

Chaque fois que je regarde mes actions dans cette vidéo, tout est tellement mauvais. Ma façon de défendre, les passes, les attaques. Plus je la regarde, plus j'y trouve des défauts.

— Takeshi ?

— C'est bon, Kazemaru. J'ai compris, ça va.

— C'est pour ton bien que je dis ça, Takeshi. Tu te surmènes, ce n'est pas ça qui va t'aider.

— Au contraire, si je m'entraîne plus, je m'améliorerai.

Il lève les yeux au ciel, se redresse et se rapproche de moi.

— Tu ne te rends vraiment pas compte de ce que tu es capable de faire, tu te sous-estime. Je t'assure, tu n'as pas besoin de faire tout cas, il tente de me rassurer.

Tout le monde me dit ça, peut être qu'ils ont raison, que je ne me vois pas comme eux me voient, mais ce n'est pas suffisant, mes capacités ne sont pas satisfaisantes, je dois être meilleur. Sinon...

Sinon... et bien je ne sais pas, mais j'ai cette impression dérangeante que si je ne suis pas assez fort, quelque chose arrivera. Une impression ridicule, sûrement.

— Allez, viens manger, lâche cette vidéo pour ce soir, ça ne te fais pas du bien.

Il se lève et sans plus attendre, attrape mon bras et me force à le suivre dans la cantine. Je n'essaie pas de l'arrêter, et me contente de me laisser faire sans rien dire. Je suis trop fatigué pour tenter de me débattre.

Le repas se passe lentement, trop lentement pour moi. Les bruits m'envahissent, m'empêchent de me concentrer, je n'ai pas le goût, et j'ai envie de recracher chaque bouchées que j'avale. Endou, qui est à côté de moi, ne fait que de me donner des coups d'épaules, il parle fort en plus de ça, très fort, et tout m'agace, j'aimerai tous les faire taire, les empêcher de bouger, de faire du bruit avec leurs bouches, avec leurs couverts, avec leurs chaises, de s'agiter dans tout les sens.

Quand le repas se termine enfin, je me lève tellement vite que j'en ai presque le vertige, Kazemaru doit s'en apercevoir puisqu'il passe sa main dans mon dos, mais d'une manière comme s'il voulait le faire discrètement. Je ne fais aucune remarque, puisque son contact a le don de me détendre presque immédiatement.

— C'est bientôt l'entrainement, je me demande ce que je coach va nous faire faire ! Il parle fort pour couvrir tout les autres bruits, et ce qu'il m'a dit, ce n'était pas une question, il ne veux pas forcément me parler, juste me distraire.

Comment fait-il pour savoir exactement ce dont j'ai besoin et à quel moment ? Comment s'y prendre, comment dire, comment agir ? Bon sang, je n'aurai jamais pensé à dire ça mais qu'est ce que j'adore ce garçon.

— Je pense qu'on va faire des exercices de renforcement, genre de la course ou du renforcement musculaire. Oh, ça c'est un enfer, je déteste ça, ça fait toujours mal aux abdos et aux cuisses après.

Nous arrivons dans le couloir où sont nos chambres pendant que Kazemaru me raconte la fois ou Endou les a forcé à faire des exercices d'abdominaux pendant une heure et demi complète, un calvaire, d'après lui.

— Bon, l'entraînement commence dans trente minutes, tu te prépares, et on se rejoint ensemble. Et je te préviens, si je t'attrape encore en train de regarder cette vidéo, je te botte les fesses. D'accord ?

Je ne réponds pas, et me tourne vers la porte de ma chambre.

— Takeshi, d'accord ? il insiste.

— Oui Kazemaru, c'est compris.

— Et pour la quatrième fois, je te l'ai déjà dit, si tu m'appelles encore par mon nom, je te botte les fesses une deuxième fois.

Sans un mot de plus, Kazemaru part vers sa chambre. Je soupire et rentre dans la mienne afin de me préparer. Et évidemment, avant d'enfiler mon maillot, je passe vingt minutes assis par terre, dans le noir, dans l'optique de calmer tout mes sens, de reprendre contenance et de recharger du mieux que je peux mes batteries sociales.

Rapidement, j'enfile mon maillot et redescend vers le stade. Presque tout le monde est déjà là. Je repère Kazemaru, avec Fubuki, Kiyama et Reize. Je reste debout un moment, avant de m'asseoir sur le terrain, un peu à l'écart. Le coach ne tarde pas à arriver. A ce moment-là, tout le monde est présent.

— Bien, aujourd'hui je vous laisse le champ libre, c'est votre propre entrainement. Vous pouvez vous mettre en groupe ou seul. L'entrainement se finira à 17 heures 30 précisément. Allez-y.

Je lance un regard à côté de moi et croise les yeux surpris de Toramaru. Tout le monde a l'air un peu surpris. Le coach n'est pas du genre à nous laisser le champ libre. Il nous donne au minimum un domaine d'entraînement, mais là, rien du tout.

Après, je ne vais pas dire que ça ne m'arrange pas, ainsi, je peux m'entraîner encore plus sur ma super technique. Plus je m'entraîne, mieux j'y arriverai. J'espère en tout cas.

Sans plus attendre, tout le monde se disperse en petits groupes, pour ma part, je prends simplement un ballon, en prenant bien soin d'éviter le regard de Kazemaru ou de Fubuki. Ils ne seraient sans doute pas ravis de ma décision.

Je dois vraiment réussir, j'ai besoin de réussir.

Mais peut-être que j'en demande un peu trop.

   Deux heures, ça fait deux heures que j'essaie, en vain. Rien ne marche, j'ai beau tout donner, tout ce que je peux, encore, et encore et encore, chaque fois que j'ai le temps, et ça ne marche pas, je ne m'améliore pas, même pas un tout petit peu. Je n'en peux plus. Malgré mes efforts, rien ne marche, c'est tellement dur, c'est trop dur.

Je n'en peux plus. J'ai mal, partout, j'ai mal aux jambes, au ventre, j'ai mal à la tête, j'ai du mal à respirer. Je n'en peux plus.

Encore. Encore, j'essaie encore, mais je n'y arrive pas, toutes mes tentatives sont vaines, une demi-heure de plus passe, et toujours aucun résultat.

Je finis par m'asseoir sur l'herbe, une serviette sur la tête. Personne n'est là, personne ne peut me voir, mais j'ai tellement honte. Je suis un piètre joueur, je n'y arrive pas, je n'arrive à rien. Rien, rien, rien.

— Takeshi.

Je sens des bras lentement passer autour de mes épaules, un soupir m'échappe.

— Kazemaru...

— Je savais bien que je ne devais pas te laisser seul. Je suis là, maintenant.

J'appuie ma tête contre le biceps du bleu et laisse le temps à mon cerveau de se calmer. Je cale ma respiration à celle de mon ami, il reste silencieux, et ne desserre pas son emprise.

— Ça va ?

Il ne cesse jamais de me poser cette question, tout le temps, et je repons toujours que ça va, mais la vérité, ce n'est absolument pas ça. Non, c'est ça la vérité, non ça ne va pas. Non. Comment est-ce que je pourrais aller bien ?

— Oui, je soupire. Et je mens, encore, toujours. Je n'y arrive pas.

Mais je n'ai pas besoin de dire la vérité pour qu'il me comprenne. Il me comprend toujours. Pendant un moment, il ne répond pas, il se contente de se rapprocher un petit peu plus de moi, il pose sa tête contre la mienne.

— Qu'est-ce qui se passe ? murmure-t-il.

Je prends un moment en fermant les yeux.

— Je suis en colère, je réponds lentement.

Et je dis la vérité. Je suis en colère, tellement en colère, parce que je suis un incapable, pas même fichu de réussir une technique simple. Je suis en colère.

Plus que de la colère, c'est de la haine, je me hais, je hais tout mes efforts qui ne marchent pas, je hais la façon dont mon corps réagit aux efforts, et je hais le fait que je me mette dans cet état pour ça.

— Eh... Takeshi.

C'est quand Kazemaru se détache de moi et bouge pour se mettre en face de moi que je me rends compte que je me suis mis à pleurer. Encore, encore. Pourquoi est-ce que je ne suis pas fichu de contrôler mes émotions ?

— J'en peux plus, j'y arrive pas....

Je frissonne et serre mes bras avec mes mains. Kazemaru pose les siennes dessus.

— Alors on va faire autre chose, d'accord ? En s'obstinant, tu n'y arriveras encore moins. Tu vas venir t'entraîner avec nous, au lieu de te malmener. C'est d'accord ?

Je hoche lentement de la tête. Mon regard s'encre dans les yeux noisettes de mon ami. Il me sourit, et m'aide à me relever.

— Tu... es avec qui ?

— Ryuuji et Hiroto sont en train de s'entraîner tout seul, à l'écart de tout le monde, il répond simplement en commençant à marcher.

Je le rattrape rapidement pour marcher à ses côtés. Ce n'était pas là question que j'ai posé, et pourtant c'est la réponse que j'attendais. Évidemment.

Nous arrivons bientôt sur le terrain principal. Kazemaru reste près de moi quand nous marchons vers un petit groupe, composé de Toramaru, Tsunami, Endou et Tachimukai.

— Ça tombe bien, il nous manquait un joueur ! s'exclama Toramaru, quand il nous vis arriver.

Il s'approche de moi et posa sa main sur mon épaule.

— Tu vas jouer contre moi cela dit. Je vais t'écraser ! Je joue avec Mamoru et Josuke, toi avec Ichirouta et Yuuki ! C'est parti !

Avec tout son entrain, il attrapa le bras de ses deux coéquipiers et choisi son côté du terrain. Un terrain coupé en deux pour un trois contre trois.

Je soupire et hoche de la tête quand Tachimukai me demande si ça va. Il m'offre un sourire étincelant puis court vers ses cages.

— On fait des passes et des entraînements d'attaque et défense mais jamais de vrai match depuis tout à l'heure. Ils sont contents de pouvoir jouer, me sourit Kazemaru.

— Ravi de pouvoir aider, je réponds en attrapant le ballon.

— Ah, et Takeshi, j'ai laissé passer cette fois; mon nom, mais je te l'ai dit, utilise mon prénom avant que je ne te frappe.

— C'est parti on commence ! s'exclama Endou.

Les matchs en trois contre trois, c'est pas forcément le plus intéressant, c'est tellement différent qu'un match à onze. Ici, je ne peux faire la passe qu'à une personne en retrait. Je ne peux pas faire une passe au gardien, et en contrepartie, je n'ai que deux joueurs à passer pour atteindre les cages. C'est en quelque sorte quelque chose d'intéressant, et c'est marrant, mais ce n'est pas non plus un réel entraînement.

Peut être que c'est mieux en vérité, ça fait deux heures et demi que je me surmène, Kazemaru a raison. C'est reposant, en quelque sorte de pouvoir faire autre chose.

Après environ une heure de plus, à faire quatre matchs différents, on fini par s'écrouler au sol et passer les vingt dernières minutes d'entraînement à discuter indolemment au bord du terrain, sur l'herbe. Quand le coach reviens pour nous signaler la fin de l'entraînement, nous faisons mine de rien, comme si nous étions en train de nous étirer.

Sur le chemin pour retourner dans nos chambres, Kazemaru passe son bras autour de mon épaule en me racontant la façon dont il a arrêté un tir décisif lors d'un match avec Raimon. Il parle doucement, mais assez fort pour que je ne puisse me concentrer simplement sur sa voix.

Je prends une douche tiède et rapide, puis écoute de la musique pendant une trentaine de minutes avant que Kazemaru ne rentre dans ma chambre et s'effondre dans mon lit, comme chaque soir avant de manger. C'est devenu une petite habitude entre nous.

Cette fois, ce n'est pas lui qui engage la conversation, mais moi. Mais alors que j'étais en train de lui poser une question, je me rends compte qu'il ne m'écoute pas.

— Kazemaru ?

Il ne répond toujours pas et reste le regard rivé sur la fenêtre.

— Kazemaru ? j'insiste.

Toujours rien. Bien sûr.

— Ichirouta.

Un sourire s'étire sur ses lèvres, il tourne lentement sa tête vers moi, en appuyant sa joue contre sa main. Je retire tout ce que j'ai dis, je le déteste. Je déteste ce garçon.

— Je t'écoutais, tu peux reprendre où tu en étais, il sourit avant de ricaner.

Je soupire et lui tourne le dos, sans parler pendant un petit moment. Puis je fini par céder.

— Et donc, pourquoi est-ce que le coach nous laisse faire ce qu'on veut pendant quatre heures d'entraînement sans aucune supervision à ton avis ?

Il hausse les épaules en se tournant sur le dos pour regarder le plafond.

— Je ne sais pas trop. Je pense qu'il doit avoir une idée en tête, mais je ne vois pas trop où ça peut le mener, si on pouvait être n'importe où avec n'importe qui, on aurait aussi très bien pu aller flanner en ville. Il a de la chance d'avoir des joueurs motivés. Quoique, c'est possible que Fudou soit parti.

Il clôt sa phase par un petit rire, que je rejoins.

— En tout cas, nous, on a été très efficaces à l'entraînement. Tout le monde fait des efforts et s'améliore, c'est très bien.

— Pitié on croirait entendre Endou.

— Je trouve ses discours très encourageants.

— Ils me donnent envie de vomir, je soupire en tournant sur ma chaise.

Il lève les yeux au ciel avec un sourire. Avant de se lever et de s'étirer.

— Allez, allons manger ! J'ai trop faim !

Je me lève à mon tour, enfile une veste et sort de ma chambre. Le bleu prend quelque secondes puis me rejoint. Je lui demande pourquoi, et il me répond qu'il refaisais simplement mon lit.

— On a passé une super journée ! il s'exclame avec un grand sourire.

Quand je retourne dans ma chambre et que j'ouvre mon tiroir, la clé USB est introuvable.

Je déteste vraiment ce garçon.

✩ˎˊ˗

Youhouuu ce chapitre est enfin fini !!

Vous voulez savoir la raison derrière les QUATRES semaines de retard ? C'est drôle vous allez voir, le chapitre était ABSOLUMENT PAS censé ressembler à ça, mais je trouvais que les évènements passaient trop vites et en plus j'arrivais pas à écrire ce que je voulais écrire, donc j'ai décidé de faire un chapitre où il se passe "pas grand chose" de plus, avant de réellement passer dans ce que j'attends depuis des mois.

Remerciez Eden de m'avoir motivé à ne pas abandonner, ça m'a donné envie d'écrire, et donc je vous poste ce chapitre ce soir.

Bref, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez penser !

Merci d'avoir lu, prenez soin de vous, à plus <3 !

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