ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 25
J'attrape la balle que Kazemaru m'envoie avec un appel imperceptible, mais bien rapidement en essayant de refaire la passe, le ballon part à l'opposé de là où je voulais. À ce moment-là, un coup de sifflet résonne, et je crois entendre un "fin de l'entraînement", mais je n'en suis pas vraiment sûr. Dans tout les cas, je me doute que c'était le cas quand tout le monde se précipite pour rentrer à l'intérieur.
Une fois à l'abri de la pluie torrentielle, nous nous effondrons presque tous sur les tables de la cantine, trempés et épuisés.
— Bon sang mais quelle idée de nous faire nous entraîner sous une telle pluie ? râle Fudou.
— Encore, sous une petite pluie pourquoi pas mais la c'est à peine si on y voyait, et entendre ? Impossible ! s'exclame Tsunami.
— J'ai tellement froid, se plaint Toramaru.
Je pousse un soupire et me lève de table.
— Je devrais aller prendre une douche, je murmure à l'intention de Kazemaru. Il tourne son regard vers moi et hoche de la tête, avant de se lever à son tour.
— Moi aussi, allons-y avant que tout le monde n'y pense, je ne veux pas attendre quarante minutes comme la dernière fois.
Je n'ai jamais eu à attendre pour prendre une douche, je suis toujours le premier arrivé et souvent le premier sorti. Les autres prennent le temps après les entraînements pour discuter, je ne tiens pas personnellement à ça.
Kazemaru et moi quittons la cantine et montons vers les douches à l'étage. Je suis épuisé. J'ai mal dans chaque petites parcelles de mon corps, en plus de me sentir lourd à cause de mes vêtements imbibés d'eau et de mes cheveux trempés, ils me collent au visage, j'ai envie de me les arracher, je n'en peux plus.
Une fois ma douche rapidement terminée, je dois attendre Kazemaru qui a (je l'espère) bientôt terminé. Je prend ce court instant pour observer mon reflet. Je ne l'ai pas fait depuis un moment, je crois. Pas avec attention en tout cas. C'est peut-être pour ça que je n'arrive pas à dire avec certitude si mes cernes se sont atténuéees et que ma peau à repris des couleurs ou si c'est juste mon imagination.
— Je ne l'avais jamais remarqué, ta cicatrice.
Kazemaru apparaît dans le miroir derrière moi, ses cheveux détachés dégoulinant, une serviette autour du cou. Je fronce des sourcils et mon premier réflexe est que mes yeux descendent sur la cicatrice qui raye ma joue, de ma bouche jusqu'à ma mâchoire, puis je soupire, et relève les yeux de l'autre côté de mon visage. D'un geste, presque hésitant, je repousse les cheveux, également mouillés, en arrière.
— Je veux dire, je l'avais remarqué, enfin, aperçue, mais je n'ai jamais posé la question, je n'étais pas sûr, et c'est un peu indiscret.
Je hausse des épaules. Je fais en sorte de cacher celle qui peuvent être cachés. Je déteste ces cicatrices, toutes celles sur mon corps sans aucune explication. Mais il y en a que je ne peux pas couvrir.
Je tourne lentement la tête, il y en a une petite dans mon cou aussi, dont je recouvre une partie avec mes cheveux, elle est fine, pas comme celles sur mon visage ou sur mon bras.
— Tu as du souffrir.
Je tourne mon visage vers Kazemaru, quand Toramaru et Endou entrent dans la salle. Nous sortons après les avoir salués.
— Tu n'imagine pas à quel point je les déteste, je soupire quand nous rentrons enfin dans ma chambre.
— Je crois bien que si, soupir Kazemaru en s'asseyant contre le mur, sur le lit. Je fais de même.
— Qu'est ce que tu veux dire ?
— J'ai été l'un des leurs a un moment donné.
Mes sourcils sont tellement froncés que j'en ai mal au visage.
— Quand nous avons du les affronter, j'ai abandonné le reste de l'équipe. Je n'étais pas suffisamment fort, pas assez entraîné, et mentalement... c'était trop compliqué pour moi. Nous étions contre des surhumains. C'était impossible. Et quand j'étais au fond du trou, un homme est venu me voir. Il m'a proposé du pouvoirs, de la force. Les capacités de me battre, d'être meilleur. J'ai accepté.
— Tu as accepté... je murmure en fixant les draps, un peu perdu.
— Même si ce n'était l'espace que de quelque jour, et un seul match. J'ai fait du mal, j'ai joué contre mes propres meilleurs amis, j'ai failli les blesser, j'ai été avec ceux que je combattais au départ, Takeshi.
Je garde mes yeux sur les draps blanc, mes mains jouent nerveusement avec les plis de mon coussins.
— On a appuyé sur un point sensible quand j'étais au plus bas. On m'a manipulé, en me proposant des pouvoirs. De la manipulation pure et dure. Takeshi.
Je vois parfaitement où il veut en venir en me racontant tout cela, et je déteste ça.
— Je ne te demande pas de devenir leur meilleur ami au monde. Simplement de parler avec eux, de les comprendre comme tu me comprends moi, et je sais que tu le fais, Takeshi.
Je ne répond toujours pas, et je ne releve pas mon regard vers mon ami. Le silence tombe, durant un long moment, avant que je ne sente les draps bouger. Kazemaru se relève.
— Réfléchis-y, Takeshi. À tout à l'heure.
Sans un mot de plus, il quitte ma chambre. Je reste dans un silence lourd pendant un moment, avant de me relever, je commence à chercher mon casque, pour faire taire tout ce qui se passe dans ma tête, mais au bout de quatre tiroirs je me souviens d'où il est. En bas, dans la salle de repos. Génial, je l'ai oublié.
Sauf que actuellement, j'en ai vraiment besoin, alors je sort de ma chambre et descend. Les couloirs sont sombres, et silencieux, en contraste avec ce qui se passe dans ma tête depuis ce que Kazemaru m'a dit.
Quand j'arrive devant la salle, la porte est entrouverte, et il y a de la lumière à l'intérieur. Quelqu'un est déjà là, malheureusement, je n'ai vraiment pas la tête à parler maintenant.
Et surtout pas à lui. C'est ma première pensée quand, en ouvrant la porte, mon regard croise les yeux émeraudes de Gran.
— Bonsoir, Takeshi.
Je ne réponds pas, et attrape mon casque que j'avais oublié sur un des canapés, sans plus attendre, je me dirige vers la sortie, mais je n'ai pas le temps avant que le rouge n'attrape mon bras, je le repousse en faisant volte face.
— On doit parler.
— Je te l'ai déjà dit, et je te le répète, je ne veux pas parler avec toi.
— S'il te plaît. Je ne te demande pas de m'adorer, simplement de m'écouter, juste cinq minutes.
Les comprendre comme tu me comprends moi.
Un long soupire m'échappe. Puis je lui intime de commencer d'un signe de tête. Qu'il se dépêche.
— Tout les événements qui ont eu lieu il y a quelques mois, je sais... je sais très bien que ça a été très compliqué. Pour toi, pour les autres, mais ça l'a été pour nous aussi.
Il se tourne, dos à mois, fait quelque pas dans la pièce, semblant chercher ses mots, avant de se tourner de nouveau.
— Quand tout à commencer, nous n'étions que des enfants. Notre père...
— Père ?
— Le directeur de l'orphelinat dans lequel nous vivions tous, reprend-il. Notre père était un modèle, un sauveur, il... il était toujours gentil, il nous offrait des cadeau, il était toujours avec nous. Et quand la météorite est tombé, et qu'il à découvert ses effets... tout a complètement changé pour nous. Il a voulu créer une armée. Et nous étions ses soldats.
Quand je sens un goût de sang dans ma bouche, et que je me rend comte que je me suis mordu, je me tourne, incapable de le regarder plus longtemps.
— Nous étions des enfants, inconscient de ce qui se préparait. Tout ce que nous voulions, c'était le remercier de tout ce qu'il avait fait pour nous. Le rendre fier, alors nous avons fait ce qu'il nous a demandé. Nous avons suivi des ordres, sans savoir ce qu'il préparait en réalité.
De la manipulation pure et dure. La voie de Kazemaru résonne dans ma tête, je tente de la faire taire, en vain. Son discours, et celui du garçon dans la pièce résonnent et se répondent.
— Quand nous nous sommes rendus compte, c'était trop tard. Il était devenu complètement fou, et nous étions tombés dans son piège, plus de retour en arrière possible. Mais nous le regrettons, Takeshi. Je sais que ça n'excuse rien, mais... comprend nous. Ou en tout cas, comprend Ryuuji. Lui, comparé à moi, n'a rien fait de mal à part suivre les ordres, il n'a pas eu le temps de se rendre compte. Moi, j'avais eu tout le temps.
— Il m'a fait du mal.
— Je sais. Je le sais bien, et je ne peux pas te convaincre du contraire. Mais il regrette, il regrette tellement et réellement, s'il te plaît.
Il a presque l'air désespéré, il se fiche que j'ai une dents contre lui, il n'est inquiété que par Reize. Tellement de compassion... Pourquoi est-ce qu'il fait ça, bon sang ?
Il soupire puis s'assoit.
— Tout est tellement compliqué depuis. Pour lui. Pour nous tous, et pour toi aussi. Je le sais, avec... ta mère...
Je me tourne vers lui.
— Tais toi, arrête, ne t'avise pas de parler d'elle.
— Excuse moi, excuse moi. Je voulais dire que ces derniers mois, nous avons ensemble essayer d'aller mieux, de nous en sortir. Et je sais parfaitement que c'est ton cas, je le ressent. Et c'est le cas de Ryuuji.
— Arrête de me parler de lui, bordel, tu ne comprends pas que je n'en rien à faire ?
— C'est faux. Tu n'en à pas rien à faire ne ment pas.
Je ferme puis rouvre les points, commençant à m'impatienter, et à m'énerver. Cette conversation est bizarre, je ressens des émotions confuses, et étranges, et je déteste ça.
— Fais juste un effort s'il te plaît. Il va mieux, ne gâche pas tout pour lui, je sais que ce n'est pas facile à faire, sachant tout ce que tu as subit, mais s'il te plaît, je veux qu'il continue d'aller bien. Je veux que ce soit toujours le cas. Ignore le, si c'est plus facile pour toi. Mais s'il te plais.
Nos regards se croisent. Je déglutis.
— Et toi ? je demande lentement.
— Je me fiche de ce que tu pense de moi, continue de m'appeler Gran, continue de me détester, de m'en vouloir. C'est mérité, mais je veux le mieux pour Ryuuji, c'est plus important.
Un silence tombe nous nous regardons un instant, avant sur je ne pose mon casque sur mes oreilles.
— Je crois qu'on a fini pour maintenant, je conclus la conversation, avant de sortir et de retourner à ma chambre.
J'allume ma musique, mais malgré le son qui est déjà à fond, les pensées qui me passent par la tête ne s'éteignent pas. Mes deux conversation, avec Gran et avec Kazemaru ont fait quelque chose, elles ont enclenché quelque chose en moi, et je ne sais pas quoi, je ne peux pas dire ce que c'est, mais ça me donne un sentiment étrange, un malaise dans mon être.
Les mots s'accrochent dans mon cerveau, ne se détachent plus, et toute mes tentatives pour ne plus y penser ne fait que de m'y accrocher encore plus. Tout me fait que de me ramener vers Reize au final.
Durant des heures, mon cerveau m'enfonce dans une spirale de pensées, qui m'empêche de faire quoi que ce soit, je reste allongé en boule dans mon lit toute la soirée, et je n'ai pas la force d'aller manger quand en vient l'heure, puis la nuit continue de se dérouler, je ne sais pas si je m'endors au bout d'un moment ou pas, mais ce que je sais, c'est que quand le soleil se lève, mes yeux s'ouvrent, et je suis épuisé.
✩ˎˊ˗
Les choses bougent, les choses bougent.
J'ai tout écrit aujourd'hui parce que je n'ai pas touché à cette histoire depuis une semaine, alors que je devrais être en train de réviser mes contrôles, lol.
J'aime bien ce chapitre, et globalement, on entre dans un moment de l'histoire que J'ADORE (dans ma tête en tout cas.) mais je me dis que c'est bientôt fini donc ça me rend un peu triste quand même.
N'hésitez pas, comme d'habitude à me donner votre avis !
Merci d'avoir lu, prenez soin de vous, à plus <3 !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top