ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 19
— Une minute jeune homme, tu ne comptais tout de même pas partir comme ça, j'espère ?
L'ironie du sort, c'est que je m'y attendais. C'était tellement évident. Bien sûr que je ne pourrais pas partir comme ça.
Je me tourne pour faire face à l'homme qui me sert de père, et je me fige. Ce serait mentir de dire que je ne suis pas littéralement effrayé.
— Alors, tu ne réponds plus ?
— Tu ne peux pas m'empêcher de partir d'ici.
— Oh que si je le peux, je te signale que c'est moi qui m'occupe de toi, c'est moi qui ai ta garde, qu'est-ce que tu crois ?
Il me rend fou, littéralement fou, je n'en peux plus de lui, et de tout ce qui l'entoure. Je veux partir, je vais partir.
— T'as dit que tu t'inquiètais pour moi non ? Alors laisse moi tranquille, dégage de ma vie, ne reviens plus jamais et peut être que là, j'irais enfin mieux, tu me dis que fais ce qui est le mieux pour moi, mais je ne crois pas que me détruire mentalement soit la bonne chose à faire !
Je suis presque choqué de moi-même quand ma bouche se referme après avoir prononcé ces paroles, et c'est la première fois que je vois cette expression sur le visage de mon père, je suis étrangement satisfait.
— Tu te sens pousser des ailes, jeune homme ça ne me plait pas.
— Ce qui me concerne, ne concerne que moi, et uniquement moi, ça t'étonne, qu'après toutes ces années, je dise enfin quelque chose sur ce que tu m'a fait subir ? J'ai toujours souffert à cause de toi, et c'est maintenant que ça change.
Je déglutis, avant de reprendre.
— Je partirais d'ici, que tu le veuille, ou non, je ne resterais pas plus de temps ici, je ne te laisserais pas tenter de me détruire pour mieux me contrôler, je ne te laisserais pas essayer de me manipuler, me faire croire que tu fais ce qui est de mieux pour moi, me faire croire que mon état est de la faute de maman et je-
Je me fais soudainement arrêter par mon père, qui m'attrape par le col de mon pull, m'étranglant presque. Il est bien plus grand que moi, et sa force s'ensuit, il me plaque contre le mur, ma tête cognant violemment, je laisse s'échapper un gémissement de douleur.
— Tu veux faire comme bon te semble ? Alors fais-le, tu veux retourner faire ami ami, jouer au foot comme un enfant, et finir le cœur brisé ? Très bien, tu veux que je n'intervienne plus dans ta vie ? Très bien, mais crois moi, ça ne s'arrêtera pas ici, tu sais bien que je serais toujours une partie de ta vie, je serais toujours la majeure partie de tes souvenirs, et tu ne pourras pas m'échapper, tu te rendra vite compte que c'est moi, qui suis là pour toi depuis tout ce temps, et quand tu reviendras, je serais là, parce que je serais toujours la pour toi, quoi que tu dise.
Il me lâche, et recule de quelques mètres, il est en colère, il essaie de le cacher.
Je reste immobile quelques secondes, et lui également, puis j'attrape mon sac, et je sort de la maison, mais sur le perron, je m'arrête et me tourne.
— Tu n'as jamais été mon père, je soupire, tu n'es que l'homme qui à permis que je vienne dans ce monde, rien de plus.
Je referme la porte derrière moi, cette porte que je n'ai jamais pu fermer auparavant, et puis je fais ce que j'ai toujours voulu faire depuis mon enfance, je cours, le plus vite possible, à m'en arracher les poumons, à m'en faire mal aux jambes, je cours, comme le garçon que j'étais avant aurait aimer courir, je fuis, pendant de longues minutes, je ne m'arrête pas, avant que mes jambes ne menacent de me lacher, à ce moment là, je m'arrête enfin, à bout de souffle. Le jour est presque tombé désormais, il n'y a déjà presque plus personne dans les rues, je prends un moment, assis à un arrêt de bus pour me calmer.
Je ne saurais pas dire ce que je ressens, je ne suis ni triste, ni en colère, je ne suis pas non plus heureux, peut-être juste soulagé d'être parti, enfin, mais je ne saurais pas vraiment dire ce que je ressens vraiment.
Après un petit moment, je vois un bus arriver. Je n'avais pas pensé au fait que je serais si loin du centre, mais de toute façon, même à trois heures, je serais tout de même parti de là bas, je ne pouvait juste plus supporter d'y rester. Je monte dans le bus, qui est vide, ce doit être le dernier de la soirée. Je pars m'asseoir au milieu, et le bus redémarre.
Je n'ai jamais trouvé le silence aussi apaisant, ça fait quatre jours que je suis baigné dans un silence oppressant au possible, mais maintenant je suis loin, et même si je préfèrerai avoir de la musique avec moi, ce silence à quelque chose de réconfortant.
Après une quinzaine de minutes, le bus s'arrêta. Le chauffeur se tourna vers moi.
— Terminus, tout le monde descend.
Un soupir m'échappe, je le lève et m'approche de la sortie du bus, mais avant que je ne puisse partir, le chauffeur m'arrête.
— Eh, jeune homme, est-ce que tout va bien ?
Je fronce des sourcils, cette demande, venant d'un parfait inconnu, ça veut vraiment dire que je suis dans un état pitoyable. Je hoche la tête, puis sort du bus. Le froid m'envahi soudainement, je n'avais pas fait attention avant, je n'avais pas le temps, mon esprit était trop flou pour y penser. Je mets ma capuche, enfoui mes mains dans mes poches, et commence à marcher.
En une vingtaine de minutes, j'arrive enfin au centre, et ici, rien n'a changé. J'ai d'un coup un peu plus chaud, ça fait quatre jours que je n'ai pas ressenti ça.
Après au moins trois minutes à rester immobile, à ne rien faire, je prends une longue inspiration, et je rentre enfin à l'intérieur. Mais avant de retourner directement dans ma chambre, je vais dans le bureau du coach, après tout, je ne suis même pas sûr qu'il m'accepte de nouveau. Je rentre à l'intérieur, et fait face au coach, pendant une bonne trentaine de secondes, nous restons silencieux. Je prends une profonde inspiration, mais il m'arrête.
— C'est bon, je sais. Tu peux aller dans ta chambre.
Je sentirais presque les muscles de mes épaules se détendre, je me penche vers lui.
— Merci, coach.
Puis je sort, et monte rapidement dans ma chambre, mais, à peine après avoir posé mes affaires, une masse d'adolescents rentre dans ma chambre, inondant la pièce de paroles décousue, je recule et me prends les jambes dans mon bureau alors que Endou et Toramaru envahissent un peu trop mon espace vital.
— Takeshi, tu vas bien ?
— Qu'est ce qui s'est passé ??
— On s'est inquiétés pour toi !
— Est-ce que-
Je n'entends même plus ce qu'on me dit, c'est beaucoup trop de bruit d'un coup, trop de personnes différentes, je ne suis pas sur de pouvoir gérer ça maintenant alors que je viens seulement de rentrer.
— Les gars, les gars, Takeshi doit être fatigué, et si on le laissait se reposer ce soir, et on lui posera nos questions demain matin, quand il sera en pleine forme.
Tout le monde se tu d'un coup et se tourna vers Kazemaru, avant d'acquiescer et de sortir, sans rien dire de plus, Kazemaru ferma la porte, et se tourna vers moi. Je laisse s'échapper un soupir tremblant, et m'approche de deux petits pas, et c'est lui qui fait le reste du chemin, sans attendre, il me serre tout contre lui, passe un bras autour de ma hanche, et l'autre autour de mes épaules, je pose ma tête contre son cou, et nous restons comme ça, un moment.
J'aimerais pleurer, j'aimerais laisser s'échapper toute les larmes de mon corps, mais rien ne sort, à aucun moment, nous sommes maintenant sur mon lit, toujours dans les bras l'un de l'autre, il fait ce geste rassurant que faisait souvent maman, me caresser les cheveux.
Je n'ai plus froid, plus du tout, au contraire, une douce chaleur à envahi tout mon corps, je me sens bien, tellement bien.
Et pour la première fois depuis maintenant quatre jours, je m'endors, d'un vrai sommeil, un doux sommeil réparateur, et pour la première fois depuis des semaines, rien ne vient gâcher ma nuit, ni cauchemars, ni rêves, rien. Rien du tout.
✩ˎˊ˗
B
oum, chapitre un peu plus court cette semaine, mais je l'aime plutôt bien, donc j'espère que ça ne vous dérange pas.
(Spoiler alerte : c'est juste que je suis nul pour gérer mon temps et avec le shiptober j'ai absolument pas écrit cette semaine, et ce weekend je devais réviser genre- 5 éval (donc trois que j'ai demain) dooonc, voilà)
Takeshi a enfin quitté son père qui n'était pas si gentil que ça, au final, mais tout va bien maintenant, n'est-ce pas ?
Merci d'avoir lu, prenez soin de vous, à plus <3 !
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